lundi, mars 31, 2014

La soirée électorale à la télé, vue par le Figaro

Je trouve cet article très bien (certains commentateurs du Figaro n'ont pas compris que les anglicismes "manageriaux" étaient ironiques. Heureux les pauvres d'esprit !) :

Municipales : pourquoi les politiques parlent comme des consultants

Soirée électorale : le "The Voice" de la politique

Les trois quarts de la politique française étant décidés à Bruxelles ou ligotés par des traités internationaux (1)et les politiciens français étant d'accord pour ne pas remettre en cause ces entraves qu'ils chérissent, il est bien compréhensible qu'ils en soient réduits à discuter de la couleur du papier peint de la chambre à coucher, enrobant le tout d'un jargon destiné à cacher leur vacuité au profane (Cela fonctionne-t-il encore ? J'en doute, j'ai comme l'impression que le profane-électeur-contribuable a enfin compris qu'il se l'était fait mettre profond).

D'après ce qu'on m'a dit, seul Henri Guaino (2) a tenté de parler de politique (la France, la nation, la souveraineté, les frontières ... Que des gros mots). Il a eu l'air aussi déplacé qu'un pet sonore pendant une audience de la reine d'Angleterre. D'ailleurs, les autres invités ont pris la tronche horrifiée de circonstance.


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(1) : Dois-je en faire la liste ? Immigration, défense, commerce, monnaie ...

(2) : je rappelle toujours que la première fois de ma vie où j'ai entendu parler d'Henri Guaino, c'est comme signataire d'un article dans Les Echos où il expliquait que l'endettement de l'Etat français n'était pas grave puisque les Français, eux, n'étaient pas endettés. Sous-entendu, bien évidemment : l'Etat pourra piquer le fric des Français en cas de nécessité.

C'est le genre d'article qui, à mes yeux, entache une réputation de manière définitive et irréparable.

Le signataire d'un tel article et moi ne pouvons avoir les mêmes idées.

Ca ne m'empêche pas d'avoir de la l'estime pour la personne, à défaut d'en avoir pour ses idées.






dimanche, mars 30, 2014

Les vraies causes de l'abstention aux municipales

On évoque souvent des causes nationales pour expliquer l'abstention aux municipales.

C'est moins sacrilège que de dire que, dans nos jolis petits villages de France gérés par des élus de proximité si dévoués, il pourrait y avoir des raisons locales de ne pas voter.

Deux articles du Figaro pointent pourtant ces raisons locales de l'abstention :

1) La corruption endémique. Quiconque s'intéresse à la vie d'une ville française connaît des histoires de beau-frère ou d'ami du maire qui a fait une opération immobilière particulièrement juteuse. Jack-pot gagné grâce son seul flair, bien entendu, puisque personne, même pas le préfet, n'a porté plainte.

Vous me direz qu'il en a toujours été ainsi, Topaze, de Pagnol, ne date pas d'hier.

Oui, mais ... d'une part, avec les progrès du cynisme et, d'autre part, avec les progrès du champ d'intervention de l'administration, le phénomène a pris des proportions fabuleuses, pharaonique, interplanétaire, cosmique.

2) Le scrutin de listes. Encore ce problème des institutions qui me turlupine tant. Le scrutin de listes dépossède les habitants de leur liberté de choix et remet le pouvoir aux partis. Il faut avouer que cela n'incite pas à aller voter.

D'autant que le scrutin de listes joue main dans la main avec la corruption : tout ce petit monde se tient par la barbichette.

Et voilà pourquoi votre électeur est muet.

samedi, mars 29, 2014

La cuisine de l'Elysée est-elle dégueulasse ?

Nicole Bricq, ministre, a été captée disant à Jean-Marc Ayrault que le déjeuner à l'Elysée avec Xi Jinping était «dégueulasse». Elle a présenté ses excuses.

Cette anecdote appelle de ma part plusieurs remarques :

1) Je suis terrifié par ce monde où les conversations privées deviennent de plus en plus difficiles. Ceci s'ajoute aux affaires Buisson et Sarkozy.

A ceux qui s'offusquent de ce que N. Sarkozy ou N. Bricq disent en privé, je réponds que c'est le propre des conversations privées que de pouvoir s'y lâcher.

En privé, on doit pouvoir parler sans retenue, dire sans crainte «les juges de Bordeaux sont des bâtards», «la cuisine de l'Elysée est dégueulasse», «Machin est un gros con», «Mort aux juifs», «Mort aux Français» ...

Les choqués ont une solution simple pour ne plus être choqués : ne plus écouter aux portes.

C'est pourquoi je ne suis pas sûr que le ministre ait eu raison de présenter ses excuses.

2) Il est tout à fait possible que, vu comme les ministres socialistes ont mauvais goût en matière d'habillement et d'art subventionné, Nicole Bricq ait un goût de chiotte en matière de gastronomie.

3) Il se peut que, tout simplement, la cuisine de l'Elysée soit dégueulasse. Le prix ne fait pas toujours la qualité.

1,6 milliard, 65 millions, 12 millions

On estime à 1,6 milliard le nombre d'hommes morts sur le sol de France depuis la nuit des temps.

Malgré l'explosion démographique des temps modernes, les 65 millions de Français vivant aujourd'hui ne représentent que 4 % de ce chiffre.

Quant au 12 millions de Français d'origine étrangère, ils sont à 0,7 %.

Cela invite à relativiser certaines revendications très bruyantes, non ?

vendredi, mars 28, 2014

Djihad

Un article intéressant :

Djihad en Syrie, l'opium des losers

On n'est pas loin de mes opinions :

Je comprends les jeunes djihadistes français

Libeté, égalité, djihad

Je vous rappelle cet article fondamental :

Islam en France : espérons que Jacques Ellul s'est trompé. Malheureusement, il s'est rarement trompé.

Ma conviction est simple : l'Islam n'a pas sa place en France.

L'Islam est une religion intrinsèquement conquérante, je n'ai pas envie d'être conquis, je n'ai pas envie que mon pays soit conquis. Donc l'Islam n'a pas sa place en France.

Concrètement, alors que les collectivités et l'Etat financent partout des moquées en contradiction avec la loi de 1905, j'interdirais les mosquées sur le territoire français. Et je ferai de la renonciation à l'Islam une condition d'accès à la nationalité française.

Ce n'est pas de la haine, je m'en fous complètement de l'Islam en dehors de mon pays, c'est de l'auto-défense.

jeudi, mars 27, 2014

Brown Speedback : un projet intéressant

Visiblement, David Brown partage mon point de vue (Ma Ferrari préférée et Ma Ferrari préférée (2)) sur la laideur affligeante des productions automobiles contemporaines.

D'autre part, il en a soupé du manque de fiabilité des classiques (car il a les moyens, lui).

Il tente donc de faire une voiture moderne, sur base de Jaguar XKR, avec une carrosserie à l'ancienne :


La tentative me semble intéressante.

L'article complet ici.

1914 : notre perspective faussée

La guerre de 14 fut une folie.

D'où il découle inconsciemment que nos aïeux furent des fous.

Pour échapper à cette accusation inconsciente, nous préférons une autre accusation, moins infamante : nos aïeux furent des moutons, amenés à l'abattoir par des politiciens stupides et des militaires sanguinaires. Les politiciens et les militaires sont, au sens précis du terme, des boucs-émissaires : on les charge des péchés de la tribu entière. D'où les chromos à la Tardi, qui font plaisir à la génération actuelle mais sont de pures constructions idéologiques.

Pour nous débarrasser de l'accusation inconsciente envers nos aïeux d'avoir été soit des fous soit des moutons, nous devons d'abord l'exprimer : ce sont les quelques lignes qui précèdent. Maintenant, nous devons l'analyser.

Ce que nous savons ne nous raconte pas du tout la même histoire. On parle pudiquement de consentement à la guerre. Soyons plus nets : en 1914, pour autant qu'on puisse le savoir, avec toutes les nuances et les prudences d'usage, il y avait, majoritairement, une approbation de la guerre. Ils n'étaient pas des moutons, mais des citoyens en armes.

Alors, revient, consciemment cette fois, la question «Nos aïeux étaient-ils fous ?».

Non, ils n'étaient pas fous, ils étaient mal informés, ils commettaient une erreur d'analyse tragique.

La guerre de 14 fut une folie. C'est exact, mais ceci est une connaissance rétrospective. L'anachronisme, principal écueil de l'historien.

Nos aïeux n'étaient pas fous, tout simplement parce qu'ils ne savaient pas qu'ils s'engageaient dans une folie. C'est le sempiternel «les hommes font l'histoire mais ils ne savent pas l'histoire qu'ils font». Ils croyaient s'engager dans une guerre de 1870 nouvelle mouture. Même si cela nous dérange, quelques centaines de milliers de morts pour défendre sa patrie, sa terre et sa liberté ne leur semblait pas un prix excessif. Personne n'avait envisagé qu'on compterait les morts par millions.

Pour les Européens de 1914, la guerre n'étaient pas une expérience personnelle, 1870 était loin dans le temps. La guerre de Sécession, la guerre des Boers et la guerre des Balkans de 1912, qui auraient pu servir d'avertisseur, étaient loin dans l'espace.

Nos aïeux n'étaient ni des fous ni des moutons, ils étaient des hommes dans l'erreur. Nous, tout fiers de notre savoir rétrospectif, pouvons nous jurer que nous ne nous ne faisons jamais d'erreur ?

Bien sûr, mon attitude humble, partant du principe qu'il n'y a aucune raison que nos ancêtres fussent plus cons que nous, n'a aucune chance d'être entendue. Elle est si contraire à la pente de notre époque. Nous adorons rien tant que faire la leçon aux hommes du passé et nous complaire dans une supériorité factice.

On pourrait reporter l'accusation de folie aux quelques hommes, Guillaume II et Clemenceau entre autres, qui, une fois connue la nature folle de cette guerre, firent des offres de paix à des conditions qu'ils savaient inacceptables pour l'ennemi. Ceci est une autre histoire. Au lieu de porter sur des millions d'hommes, elle concerne une poignée. Nous en parlerons une autre fois.

mercredi, mars 26, 2014

Le problème de François Hollande ? Il est socialiste

Je l'écrivais déjà avant son élection : le problème fondamental de François Hollande est politique. Son problème (et le nôtre), c'est qu'il est socialiste.

Ce diagnostic est absolument inaudible pour la classe jacassante, qui de gauche à «droite», est tellement imprégnée des mots, des concepts et des idées socialistes qu'elle ne peut envisager d'autre politique que sous la forme de l'«ultralibéralisme», ce croquemitaine pour enfants débiles.

C'est pourquoi elle se concentre sur le pinaillage et les doctes analyses à propos du caractère de François Hollande. Cet élément joue probablement, mais de manière tout à fait marginale.

Ma Ferrari préférée (2)

Quand j'ai écrit le billet sur Ma Ferrari préférée, je n'avais pas en tête que c'était son anniversaire.

Le Figaro s'en est souvenu : La 275 GTB, un chef d'oeuvre d'élégance.

Vous remarquerez que le mot qui vient naturellement sous la plume du journaliste est «élégance», tout ce qui manque aux Ferrari actuelles, monstres bodybuildés pour clients ayant un chéquier à la place du cerveau.

mardi, mars 25, 2014

Bulle médiatique Juppé

Des «analystes» se demandent, avec des airs pensifs et des fronts plissés, si Alain Juppé ne pourrait pas être le candidat de la droite en 2017.

Il a toutes les caractéristiques pour plaire à la classe jacassante : crâne d'oeuf, propre sur lui, technocrate de fond, européiste de compétition, islamo-soumis, accumulant un million de points au Monopoly du politiquement correct.

Manque de pot, toutes ces caractéristiques qui font faire pipi de joie dans son petit slip à la classe jacassante sont précisément celles qui mettent l'électeur populaire de droite hors de lui.

Ah, que la vie serait mieux faite si l'on pouvait se passer de demander l'avis de ce connard d'électeur ...

Juppé ne sera pas plus président de la république que ne le furent Delors, Rocard, Balladur, Jospin, Royal, tous chouchous de la classe jacassante, qui a la particularité d'être une boussole qui indique le sud.

Vers le tripartisme ?

Dimanche, certains, dont Eric Zemmour, soutiennent que nous nous dirigeons vers un tripartisme UMP-PS-FN pour remplacer le bipartisme UMP-PS.

C'est impossible de manière stable : la division en partis dépend du mode de scrutin.

En Grande-Bretagne, c'est le scrutin uninominal à un tour qui fait qu'il y a deux gros partis. La situation à trois partis peut exister, comme en ce moment, mais seulement de manière transitoire.

En France, c'est le scrutin uninominal à deux tours qui fait qu'il y a à gauche et à droite un gros parti et un petit parti sur les bords (c'est le schéma classique PS-PC et RPR-UDF).

Sauf à changer le mode de scrutin (manoeuvre politicarde qui n'a rien d'impossible, vu les vicieux qui nous gouvernent), il ne peut y avoir en France de tripartisme durable.

Si l'UMP est intelligente (ce qui reste vraiment à démontrer), elle a presque tous les atouts pour éliminer le FN : les structures, l'expérience, les finances. Mais un obstacle idéologique se dresse sur sa route : il lui faut impérativement guérir de sa bruxellose. Difficile, mais peut-être pas impossible : l'ambition inassouvie fait parfois réaliser des exploits.

Tranche vie palaisienne

Ca se passe chez Koltchak :

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Hier soir, le bureau centralisateur installé en mairie était rempli. On y trouvait des membres des diverses listes, leurs supporteurs et des anonymes du commun. Une brave dame était là.

Classe populaire, chômeuse, ayant d’énormes difficultés à boucler les fins de mois. Elle parlait de ses problèmes avec quelques personnes, de son énervement à voir les roms envahir les rues de la ville, commettre divers délits et incivilités qui pourrissent la vie quotidienne des gens.

A ce moment, elle a été apostrophée par une retraitée bien mise sur elle, permanentée de frais, connue pour son implication dans la mouvance de la gauche extrême. Et voilà cette brave chômeuse qui se fait publiquement et vertement tancer pour son manque de solidarité, son discours de haine de l’autre, etc.

Certains auraient pu s’écraser devant un tel aplomb, mais pas cette petite dame qui lui répondit simplement : «Mais j’en ai rien à foutre de vos histoires, je suis dans la merde, et je suis Française ; je ne vois pas pourquoi je devrais subir tout ça alors qu’eux lorsqu’ils seront expulsés du terrain qu’ils occupent, ils devront être logés, etc.»

Gros silence, puis la retraitée gauchiste a préféré battre en retraite que de continuer.
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On s'amuse bien à Palaiseau !

Ce genre de dialogue est devenu exceptionnel : les deux mondes ne se côtoient plus depuis que les socialistes méprisent de toutes leurs forces les Français de base (et de souche), c'est-à-dire le peuple français.

Les socialistes de 2014 sont des fonctionnaires et des petits (voire des grands) bourgeois honteux, leur monde aseptisé et protégé est à mille lieues de la vie du Français dit moyen.

Les socialistes que je connais (dont un palaisien ! Il se reconnaîtra) sont du genre à prendre une sortie dans le métro avec la même attitude qu'une expédition de six mois dans la jungle de Papouasie-Nouvelle Guinée.

Je pense que si on leur révélait qu'il y a des gens qui prennent tous les jours le métro, il faudrait une cellule de soutien psychologique pour les aider à surmonter le choc.

Cependant, comme ils n'en ont pas grand'chose à foutre des autres (c'est pour ça qu'il vote socialiste : pour déléguer leur devoir de solidarité et s'en débarrasser à bon compte), ils se remettraient assez vite.

lundi, mars 24, 2014

Ma Ferrari de route préférée

Voici ma Ferrari préférée :



A mes yeux, l'équilibre parfait entre la force et la finesse.

Je ne vous étonnerai pas en vous disant que je trouve les Ferrari modernes hideuses, une insulte au bon goût. Agressives, anguleuses, tourmentées, des voitures de footballeurs, et ce n'est vraiment pas un compliment.

Mais comme ma Ferrari préférée cote dans le million d'€, je me contenterai de ce qui dans la production moderne s'en rapproche le plus :



Nous ne sommes plus qu'à 60 000 €.

Je vais passer parmi vous avec un chapeau. Soyez généreux.

Addendum :

Puisque j'en suis à parler de l'esthétique des Ferrari ... Dans les quatre catégories de Ferrari de route (supercar, coupé 2 places, coupé 4 places, berlinette), les dernières que je trouve réussies sont : la F50, la 575M, la 456 et la 355 (une merveille). La 612 et la 430, parce qu'elles ont encore une certaine fluidité et des rondeurs, sont supportables.

Dans la gamme actuelle, la LaFerrari (rien que le nom est con comme un balai) et la FF sont des échecs esthétiques sans rémission. La 458, sans être totalement laide, n'est pas vraiment belle, on comprend Eric Clapton qui s'est fait faire une carrosserie inspirée de la BB512.

Il reste la F12, à la ligne bien trop tourmentée et complexe.

Si j'avais des moyens illimités pour acheter une Ferrari neuve, cela serait une F12 avec une carrosserie inspirée de la 275 GTB.

Pour vous dire le fond de ma pensée (les ferraristes vont hurler), je trouve Porsche bien mieux inspiré en moment. Par exemple, la nouvelle 911 Targa arrive à la fois à évoquer un modèle historique et à être moderne, à paraître puissante sans être agressive, à avoir une ligne à la fois simple et unique. En un mot, elle a de l'élégance, ce n'est pas seulement une voiture pour footballeurs, émirs et vedettes du show-biz décérébrés.

L'élégance, voilà ce qui manque en ce moment à Ferrari.

Peut-être que les tensions entre Ferrari et Pininfarina n'y sont pas étrangères.

Le ras-le-bol de la politique politicienne : les causes profondes

Abstention, vote FN : le ras-le-bol de la politique politicienne

Le constat :

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On se souvient de la difficulté à s'implanter de la IIIe République, gangrénée par les affaires de corruption (scandales de Panama et des décorations), ou d'atteinte à la liberté d'opinion (affaire des fiches). Pourtant, malgré tout, il restait clair que ces pratiques, lorsqu'elles étaient mises en lumière, pouvaient faire tomber un gouvernement ou un ministre et heurtaient une morale laïque partagée par tous. Qu'elles aient été moins ou aussi fréquentes qu'aujourd'hui, ces pratiques étaient à tout le moins considérées comme anormales et condamnables. Aujourd'hui, un gouvernement ne tombe plus pour une sombre histoire d'écoute et d'atteinte à la liberté ; un parti politique qui finance sa campagne de façon malhonnête garde pignon sur rue ; sans parler des glauques affaires sexuelles d'un ancien candidat à la présidence. Les Français sont-ils choqués ? Sans doute.

Mais rien ne se passe. Ils en ont pris leur parti. Ces affaires ne sont au demeurant que la partie immergée d'un iceberg qui met en péril le navire de notre démocratie: c'est le sentiment que les hommes politiques ne cherchent qu'à conquérir, garder ou retrouver le pouvoir, en servant les intérêts du camp qui les soutient, sans attention au bien commun ; que les promesses électorales sont systématiquement non tenues et que les électeurs ne sont pas considérés comme des citoyens à qui l'on doit la vérité et le respect.
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L'analyse :
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 Pourquoi cet effondrement des principes qui garantissent la légitimité de notre démocratie? C'est là qu'un passage par l'histoire des idées s'impose. Comme l'avait montré Leo Strauss, la fracture de la politique moderne a consisté, avec Machiavel, dans le fait d'abandonner l'exigencede vertu au service du bien commun qui était le but de la politique traditionnelle. Non sans arguments, Machiavel, puis Hobbes, Locke et les Lumières ont considéré que l'écart entre l'objectif des Anciens et leur pratique était trop important. Il a donc fallu abaisser le seuil d'exigence de la conduite politique: remplacer l'objectif de bien gouverner par celui de prendre ou garder le pouvoir, troquer la quête de la vertu pour la recherche de la force et de la ruse (Machiavel) ; chercher la division et la neutralisation des pouvoirs pour garantir la paix civile (Montesquieu). Toutes ces stratégies ont abouti sur le plan des institutions à une démocratie qui a pu fonctionner sur des mécanismes électifs garantissant l'expression des diverses opinions et sur des institutions permettant l'équilibre ou l'alternance des pouvoirs. Mais ces institutions étaient ancrées sur d'anciens réflexes, et notamment sur la création d'une élite, ou pourrait-on dire d'une aristocratie certes non héréditaire, mais encore marquée par le souci d'un bien commun, d'un certain esprit de service, d'un souci d'honnêteté (pensons à de Gaulle payant les factures d'électricité de l'Elysée relatives à sa consommation personnelle!). L'effondrement des principes éthiques, la mise entre parenthèse de la notion de bien commun, la foi en un complet relativisme des conceptions du bien ont réduit à néant cet héritage. Désormais, plus rien ne vient obliger les politiques, rien ne vient transcender leurs objectifs de carrière, leurs accords partisans, leur appétit de pouvoir. La démocratie a oublié ce que Rousseau avait rappelé : elle peut encore moins vivre sans vertu, au sens des qualités requises pour agir en fonction du bien, que l'aristocratie ou la monarchie. Les Anciens le savaient, les Modernes tant qu'ils ont gardé cette mémoire le savaient encore. Les postmodernes que nous sommes l'avons oublié. La démocratie s'est recroquevillée sur un mécanisme purement procédural. Seul compte le sacre de l'élection pour légitimer le pouvoir alors que la politique ancienne savait que, quel que soit le mode de désignation des gouvernants, leur légitimité tenait à leur souci du bien commun. Cette exigence s'est perdue. L'adhésion aux institutions, le sentiment d'appartenance au corps social, risquent de se dissoudre dans le triomphe de l'individualisme, du consumérisme et du relativisme. Retrouver le souci du bien commun est devenu une urgence politique.

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Cette analyse tombe pile-poil dans les idées d'un livre dont je suis en train de vous écrire la recension : Modérément moderne, de Rémi Brague.

Brague soutient que la modernité est intellectuellement et spirituellement stérile. C'est un parasite qui se nourrit d'idées et de valeurs produites avant lui, jusqu'à ce qu'il les aient tuées (c'est pourquoi la modernité est parasite et non héritière), après quoi il ne reste plus qu'un champ de ruines.

L'article ci-dessous fournit un exemple concret de cette mécanique infernale : pour fonctionner, la démocratie moderne a besoin que ceux qui sont investis du pouvoir aient encore une conception aristocratique de leurs devoirs. Mais la démocratie moderne détruit les valeurs aristocratiques (1). A la fin, il ne reste plus rien, ni démocratie, ni aristocratie.

On peut dire la même chose du libéralisme moderne. Il a besoin, pour fonctionner, que l'homme ne soit pas la mesure de toute chose, autrement dit, il a besoin de Dieu. Mais le libéralisme moderne sape l'idée de Dieu. A la fin, il ne reste plus ni Dieu ni libéralisme.

Enfin, l'exemple le plus flagrant n'est-il pas l'«art» contemporain ? Il s'est construit en se moquant de l'art classique. Le homard en plastique de Jeff Koons ne vaut rien s'il n'y a pas de château de Versailles pour l'y pendre. Le LOHOOQ de Duchamp a besoin que Leonard ait d'abord peint la Joconde. A la fin du processus, aujourd'hui, il ne reste plus rien : l'art est mort et il n'y a plus qu'un marché spéculatif pour trous-du-cul friqués à la François Pinault, qui ont moins de goût que ma concierge.

Vous avez compris l'idée.

Il va devenir urgent que je termine mon billet sur Brague, mais je viens de vous en dévoiler l'essentiel.

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(1) : vous qui vous plaignez que les politiciens n'aient plus ces valeurs, qui sont, de fait, aristocratiques, seriez vous prêts à voter pour un aristocrate (à supposer qu'il en reste) et qui se comporterait comme tel ?

Dieu rit des prières qu'on lui fait pour écarter des maux dont ... Antienne connue.

Je crois que les Anglais peuvent encore voter pour un aristocrate et que c'est ce qui les sauve.

Municipales : illustration du problème des institutions

Les résultats des élections municipales, agglomérés au niveau national et exprimés en pourcentages des inscrits, sont :

• Abstention :    36 %

• Gauche :         27 %

• Droite :           32 %

• FN  :                5 %

En lisant ces chiffres, les deux conclusions logiques sont :

• Un désaveu des partis dits de gouvernement, puisqu'il y a presque un Français sur deux qui ne veut pas voter pour eux.

• Un désaveu plus spécifique du parti au pouvoir.

Or, quand tout cela est passé au filtre des institutions, qu'obtient-on ?


• Une opposition triomphante (Je trouve généralement Laurent Pinsolle ridicule avec son gaullisme réchauffé et son équipe de nains de de Debout La Raie Publique, mais, pour une fois, je suis d'accord avec lui : L'opposition ne devrait pas réjouir trop vite).

• Un parti au pouvoir qui garde tous ses pouvoirs, à part quelques villes.

Autrement dit, par la magie des institutions, le résultat en termes politiques est très sensiblement différent de l'analyse brute de votes.




dimanche, mars 23, 2014

Apocalyse Première Guerre mondiale (D. Costelle, I. Clarke)

J'ai regardé ces DVDs documentaires. L'idée de coloriser et de sonoriser des images d'époque n'est pas si mauvaise.

Certes, on prend les spectateurs pour des imbéciles, sous-entendant qu'ils ne sont pas capables de se projeter dans des images muettes en noir et blanc. Mais n'est-ce pas, hélas, la vérité ?

En revanche, il faudrait pouvoir couper le commentaire qui est plus qu'indigent, franchement tendancieux :

comme le fait remarquer Eric Zemmour, il y a de la commisération, voire du mépris. Le sous-texte est : «Ils étaient bien gentils, nos arrière-grands-parents, mais qu'est-ce qu'ils étaient cons de faire la guerre ! Nous sommes vachtement plus intelligents, nous savons qu'il faut toujours sauver la paix à tout prix».

• il y a un net parti-pris politique. J'ai bondi en entendant «les industriels poussent à la guerre, espérant mater ainsi les revendications ouvrières». Si le commentaire avait dit «certains industriels», on pouvait en discuter, mais non, «les industriels», tous. Les vilains mangeurs de bébés d'ouvriers. Ce n'est pas une phrase isolée, j'en ai relevé pas mal dans le même ton.

Ca me rappelle Le montage de Volkoff, où un propagandiste à la solde du KGB se bat sur ce genre de détails.





Tiens, je viens de trouver cela sur Apocalypse Deuxième Guerre Mondiale :


Retour sur Apocalypse, la 2ème guerre mondiale par tevvv

Et pour une fois (notez l'exploit), je vais citer le Monde Diplodocus : Lionel Richard. J'avais moi aussi été choqué par le commentaire tendant à faire passer Hitler pour un imbécile : si Hitler est un imbécile, l'histoire devient incompréhensible. On ne peut plus expliquer comment il a conquis l'Allemagne et l'Europe en vingt ans et est allé jusqu'à Moscou.

Je me demande si ce que je critique, ce n'est pas l'idée même de documentaire télévisuel. Un documentaire pour montrer deux lions qui baisent puis qui se goinfrent une antilope, c'est dans les capacités de la télévision. Mais des sujets vraiment complexes comme les deux guerres mondiales, je ne suis pas sûr du tout.

La télévision a un débit d'information très faible. On apprend beaucoup plus en 5 heures de lecture qu'en 5 heures de documentaire. Lisez par exemple John Keegan (pour l'analyse) ou Maurice Genevoix (pour le récit). Puis regardez Apocalypse avec les connaissances ainsi acquises.

Allons, je me suis tout de même amusé : j'ai relevé les erreurs factuelles et les phrases tendancieuses, c'est stimulant.

Tyrannie molle ou tyrannie dure ?

L’erreur de la tyrannie molle, un concept au service des Maîtres Par Bruno Bertez

J'ai toujours autant de mal avec le style et certaines idées de Bruno Bertez, mais ses articles suscitent toujours d'intéressantes réflexions.

J'emploie beaucoup sur ce blog l'idée de totalitarisme mou. J'ai donc pris cet article directement pour moi.

Pour tout vous avouer : quand j'ai commencé à utiliser cette idée, je pensais «totalitarisme» tout court, j'ai ajouté «mou» pour ne point trop vous choquer, amis lecteurs. Bruno Bertez a raison, je me suis dégonflé, je n'ai pas assumé ce que je pensais vraiment.

Car, ce qui caractérise le totalitarisme, ce ne sont pas les moyens, plus ou moins durs, le goulag ou France Info en continu, mais la volonté : changer la nature humaine. Se faisant, ne plus distinguer entre public et privé et vouloir gouverner tout l'homme, d'où le terme totalitarisme.

Or, encore plus que le gouvernement Sarkozy, le gouvernement Hollande tombe exactement dans cette définition du totalitarisme.

samedi, mars 22, 2014

Ukraine, que faire ?

Raymond Aron raconte que, jeune normalien revenant d'un séjour en Allemagne, il a fait un exposé de la montée du nazisme au ministre des affaires étrangères. Le ministre l'a écouté et lui a demandé «A ma place, qu'est-ce que vous feriez ?» et il s'est trouvé sec.

Pour ne pas rester dans la situation du spectateur critique, que ferai-je à propos de l'Ukraine si j'étais ministre ?

1) Je temporiserai. La Crimée est russe. Je laisserai le temps passer pour désamorcer la situation.

2) Je profiterai d'un discours solennel, par exemple celui des commémorations du débarquement, pour déclarer publiquement aux Russes que, du point de vue de la France, l'expansion de l'UE vers l'est est terminée et que, désormais, la France s'opposera à Bruxelles à tout mouvement de coopération vers les pays de la sphère russe non validé par la Russie. Et je ferai même un peu de publicité autour du premier refus de ce genre.

3) Mais je signifierai aussi que ce qui est acquis est acquis et je renforcerai la coopération militaire avec les pays de l'est déjà dans l'UE.

Bien sûr, mon plan suppose que nos politiciens mènent un politique étrangère soucieuse des intérêts de la France et, pour être franc, je ne crois pas que cela soit le cas, ni à droite ni à gauche.

Des visions idéologiques, des représentations erronées, des influences néfastes et, je le pense, tout simplement un manque de patriotisme empêchent que cela soit.

Au moins, j'aurai pris date.

Hitler, on connait mais Staline, qui est-ce ?

Petit fil de commentaires :

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  • Moi aussi, la dictature du bien de gauche, le 2 poids 2 mesures j en peux plus.. (pere dodu); comment on fait pour les dégager tous ces gens de mauvaise foi?



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        Il faut commencer par ne pas voter pour eux, par ne pas acheter leurs journaux et par ne pas regarder leurs télés.
        Cela peut sembler simpliste, mais vous remarquerez que si tous les Français se tenaient à ces simples consignes, nos problèmes seraient réglés depuis longtemps.



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            C'est ce que je fais, sans oublier leurs radios.



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                J'ai une faiblesse, j'écoute France-Info tous les matins, et, pour me réveiller en buvant mon café, je note mentalement, voire à haute voix pour ma pauvre femme (ma partenaire hétérosexuelle), tous les cas de propagande en faveur des idéologèmes semi-officiels. Ça me requinque. Il y a très très longtemps, j'écoutais le soir Radio Tirana, me délectant des exploits du camarade Enver Hoxha. J'ai lu dans Le Monde les articles louangeurs sur la RévoCul dans la ChinePop, d'Alain Bouc, correspondant à Pékin du Quotidien de Référence. Ce sont des exercices assez formateurs. Après on peut passer à la biographie de Kim Il-sung, avec illustrations en couleurs. Ensuite on est blindé à vie.



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              Ce biais, à des degrés variables, est pan-occidental. Lisant une rubrique nécrologique du critique d'art américain Hilton Kramer, qui détestait entre autre l'art conceptuel, etc., je vois qu'on lui reproche non seulement ses positions esthétiques, qu'on peut mettre en cause tant qu'on voudra, mais... son anticommunisme. Aux Etats-Unis toujours, il est fréquent de regarder la période de la Guerre froide avec des lunettes teintées en rouge.



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                  Dans mon pays, depuis 70 ans, il existe un parti communiste, des boulevards Lénine, alors qu'il n'existe pas de parti nazi. ni d'avenue Benito Mussolini. Tout le monde trouve ça sain, normal, et, en somme "républicain". On en connaît l'origine, mais tout de même...



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                      Dessiner des moustaches à la Hitler sur le portrait d'un homme de droite, c'est un acte idéologiquement méritoire. Je n'ai jamais vu personne dessiner les moustaches de Staline sur quelque portrait que ce soit. D'ailleurs est-ce que Staline a existé ?



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                          Un blogueur a détecté "des similitudes pour le moins troublantes" :

                        **************

                        On peut gloser assez longtemps sur les raisons de ce deux poids-deux mesures entre le communisme et le fascisme et donc, entre les communistes et les fascistes (oui, il y avait des types bien chez les communistes mais aussi chez les fascistes : si l'on admire Aragon, on est mal placé pour critiquer Brasillach).

                        Pour moi, la chose est claire, je renvoie dos à dos ces deux idéologies mortifères et leurs zélateurs. Cela veut dire, par exemple, que si certains estiment que Jean-Marie Le Pen a sa place en prison, hé bien, Jean-Luc Mélenchon doit y aller aussi.

                        Si l'on s'en tient à la seule comptabilité macabre, le communisme a fait beaucoup plus de morts que le fascisme. Et je ne vois pas pourquoi tuer des enfants parce qu'ils sont juifs serait pire que de tuer des enfants parce qu'ils sont ennemis de classe.

                        Mais, hélas, ce deux poids-deux mesures existe, c'est ainsi.

                        Lionel Jospin, premier ministre, a tenu ce propos scandaleux : «je suis fier d'avoir des communistes dans mon gouvernement». On n'imagine pas un premier ministre déclarant je suis fier d'avoir de fascistes dans mon gouvernement». Alors qu'à mes yeux, cela se vaut, c'est exactement symétrique.

                        C'est ainsi qu'on essaie de faire passer les anti-communistes pour des ringards alors qu'on réactive sans cesse l'anti-fascisme. C'est d'autant plus paradoxal que les fascistes ne courent pas les rues depuis 1945 alors que des communistes, il y en a encore qui passent à la télé.

                        Mais, tant pis, je m'accommode très bien de ma ringardise (j'en suis même fier  !), alors je le réaffirme : le communisme est une peste, une lèpre, une infamie, tout à fait digne du nazisme. Et s'il passe par hasard sur ce blog un écolier égaré par l'Education Nationale, je suis prêt à lui fournir tous les éléments de comparaison pour qu'il puisse, chose que ne lui apprendra jamais l'EN, se faire son propre jugement.

                        Cela me fait donc rire d'entendre ceux qui traitent sans retenue Nicolas Sarkozy de fasciste s'offusquer de se faire traiter d'agents de la Stasi. Surtout qu'on peut à bon droit défendre que François Hollande est plus proche de la Stasi que Nicolas Sarkozy du fascisme.