dimanche, février 28, 2021
L'idolâtrie de la vie (O. Rey)
vendredi, février 12, 2021
A l'aube de la Résistance (François-Marin Fleutot)
En nos temps d'universelle lâcheté, où les jeunes ne sont ni les moins soumis ni les moins bêtes, ce livre fait du bien.
En ce temps là, c'est dans les pensions de famille accueillant les étudiants de Montpellier ou de Lyon que s'organisait la toute première Résistance, celle de l'automne 1940.
Au centre, un homme, comme, probablement, on n'en fait plus. Avocat maurrassien (mais rejetant Maurras sans aucune hésitation, sitôt son pétainisme connu), royaliste, il s'est fait un nom en giflant le ministre Pierre-Etienne Flandin en représailles des accords de Munich, c'est un colosse de 1 m 92 : Jacques Renouvin.
La première Résistance est un désordre de courages (1), cela tombe bien : à 35 ans, Renouvin est un organisateur hors pair.
Il prend l'engagement de ne pas tuer de Français, et le plus étonnant est qu'il y parvient.
Il organise les « kermesses » qui font sa réputation : simultanément, ou avec un échelonnement d'une heure (tous les goûts sont dans la nature), les boutiques de collaborateurs ou les officines de la collaboration sautent, un peu partout en zone libre.
On notera sa technique d'évaluation de ses subordonnés. Il organise une première opération dont il est le chef. Il évalue les comportements des uns et des autres. Ensuite, il participe à une deuxième opération comme simple complice, en laissant agir celui qu'il a désigné comme chef.
Il devient vite un des hommes les plus recherchés de France (il y avait foule pour le titre d'ennemi public numéro un à l'époque. Gilbert Renault, futur colonel Rémy, catholique maurrassien, trouve asile dans un bordel avec son épouse et leurs quatre enfants).
Entretemps, Renouvin se marie (ce qui n'est pas sans poser quelques petites difficultés pratiques : comment publie-t-on les bans d'un fugitif ? Finalement, ça sera un mariage religieux seulement. Il sera régularisé civilement, une fois que les deux époux seront en prison).
Quand les Allemands prennent en main en 1942 la police en zone sud, l'activité des Résistants devient encore plus difficile. Jacques Renouvin est arrêté en gare de Brive, suite à une trahison, en gare de Brive le 29 janvier 1943.
Son fils Bertrand a l'étrange honneur de voir le jour à la prison de la Santé, où sa mère, également Résistante (c'est comme cela qu'ils se sont rencontrés), est incarcérée. Comme, dans la famille, on est opiniâtre, Mireille Renouvin obtient le droit de le présenter à son père au moment où son convoi part pour l'Allemagne.
Il y a des familles de traitres congénitaux comme les Giscard d'Estaing ou les Mitterrand. Il y a aussi des familles d'acier, comme les Renouvin (Pierre Renouvin, le frère, a perdu un bras et les doigts de la main restante au Chemin des Dames. Il fut un historien des relations internationales réputé).
Jacques Renouvin, torturé pendant des mois, meurt en déportation de ses blessures. Comme dit une vieille expression que notre époque oublie, il a bien mérité de la patrie.
Alors que nous sommes gouvernés par authentiques pervers, des technocrates sans coeur et sans âme, incapables d'autre chose que de détruire, un homme d'action désintéressé, ça fait du bien.
Edmond Michelet, qui fut son ami, s'est battu pour conserver sa mémoire.
Nota : on peut regretter le titre trompeur. Il s'agit en réalité d'une biographie de Jacques Renouvin. Par exemple, l'auteur ne parle pas de la manifestation du 11 novembre 1940 à Paris.
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(1) : comme disait André Malraux, qui fut un Résistant très très tardif.
jeudi, février 04, 2021
Ian Fleming (C. Destremau)
Le portrait qu'en trace Christian Destremau est assez peu sympathique.
C'est un raté, alcoolique qui vécut au crochet de sa mère jusqu'à ce que ses romans d'espionnage lui apportent la fortune, peu avant sa mort, la cinquantaine venue.
Le type qui a réussi, dans la famille, c'est l'ainé, Peter (il a même réussi à coucher avec Ella Maillart !). Lui, il a toutes les qualités, il est même un peu trop parfait.
Ian n'est pas attachant parce qu'il ne s'attache pas, il papillonne. Comme beaucoup, il n'aime que lui-même. Et encore, pas tellement.
Pendant la guerre, il trouve une place d'espion de bureau qui l'occupe et en fait momentanément autre chose qu'un riche oisif. Mais, là encore, l'homme d'action et le vrai espion, c'est son frère Peter.
Au fond, Ian est un personnage en carton.
Mais n'est-ce pas le cas de son héros, Jean Bon (« Mon nom est Bon. Jean Bon », un peu ridicule, ne pensez vous pas ?).
La psychologie en est très sommaire. Il détruit sans jamais construire. Il n'est pas très subtil. Il collectionne les femmes mais elles lui échappent plus vite encore.
C'est quand même cette littérature de gare (après tout, James Bond est agréable à lire le temps d'un voyage en train) qui a sauvé Ian Fleming de la déchéance.
James est aujourd'hui attaqué parce qu'il a tous les défauts : mâle, blanc, viril, patriote.
Cette haine est une haine du monde actuel puisque le monde que nous connaissons a été entièrement construit par eux : les mâles (et leurs épouses) blancs, virils, patriotes. On serait bien en peine de trouver plus d'une poignée de découvertes et d'inventions qui ne viennent pas d'eux.
Reprenons.
En s'installant en Jamaïque, dans sa résidence nommée Goldeneye, Ian Fleming trouve une stabilité qui le rend moins antipathique.
C'est là qu'il écrit ses premiers James Bond.
Ce type peu attachant va accoucher d'un héros qui n'est pas vraiment sympathique.
Et le cinéma lui fait enfin gagner beaucoup d'argent, quelques années avant sa mort.