jeudi, août 31, 2006

Ségolène déjà candidate du PS ?

Je sais, on me dit, Balladur et Rocard étaient donnés vainqueurs par les sondages.

Pourtant, je commence à croire que S. Royal sera candidate du PS aux présidentielles : je ne me méprends pas sur ses défauts, mais il suffit de regarder ses adversaires.

Jospin est pitoyable (vieilli ? Fatigué ?). Fabius démago au point que ça fait vomir. DSK intelligent mais pas assez mordant.

Le seul risque que court Mme Royal, c'est que ces trois là arrivent à s'entendre, ce qui paraît mal parti.

Ajout du 3 septembre : les éléphants qui font campagne sur le thème "Ségolène, c'est de l'image, pas du contenu" prouvent qu'ils sont socialistes, hélas pour eux à l'ancienne mode. Ils n'ont toujours pas compris que l'élection présidentielle élit un homme et non un programme. Les idées du candidat sont assez secondaires.

NewsFrance - Une étude dévoile l'ampleur de la violence à l'école Reuters

NewsFrance - Une étude dévoile l'ampleur de la violence à l'école Reuters

PARIS, 31 août (Reuters) - Les violences graves à l'école créent une situation très préoccupante dans plusieurs centaines d'établissements en France, selon des données officielles publiées par Le Point cette semaine mais contestées par le ministère de l'Education.

L'Education nationale a recensé 82.007 faits graves en 2005-2006 dans 7.924 collèges et lycées. Les violences physiques avec armes (29,7%) sont les événements les plus nombreux, suivis des insultes et menaces graves (26%).

Viennent ensuite bizutage, dommages aux biens, fausses alarmes, jets de projectiles, suicides et tentatives, trafics divers. Les violences sexuelles (1.050 événements recensés) sont relativement rares.

Ces données proviennent d'une base de données officielle du ministère de l'Education, baptisée Signa, que le Point a obtenu de consulter après un an et demi de démarches et un recours à la commission d'accès aux documents administratifs (Cada).

Ces données étaient jusque-là tenues secrètes, même pour les chercheurs. L'importance du phénomène qu'elles révèlent pourrait expliquer cette discrétion, d'autant que Signa ne recense que les faits ayant fait l'objet d'un signalement à la police, la justice ou les services sociaux.

En 2005-2006, le nombre de faits recensés était quasi-stable (+1%) mais l'augmentation était de 12% en 2003-2004. Les lycées professionnels, avec 15 faits en moyenne par an, sont les plus touchés, devant les collèges (14,8) et les lycées (10).

En 2005-2006, les violences ont donné suite à des procédures internes aux établissements dans 88% des cas et à des plaintes pénales dans 23% des cas.

Un spécialiste interrogé par Le Point, l'universitaire Eric Debardieux, estime que le phénomène est en expansion depuis une dizaine d'années en France, avec un durcissement du types de violences.

"Nous sommes face à une délinquance identificatrice, territoriale selon l'origine, le quartier, très anti-institutionnelle et anti-scolaire. on s'attaque aux locaux, aux enseignants mais aussi aux pompiers, aux médecins, aux transports publics", dit-il.

Le ministre de l'Education Gilles de Robien a critiqué, lors de sa conférence de presse de rentrée, la présentation de ces chiffres sous forme de palmarès.

Il a également nié que ces chiffres démontrent une augmentation du phénomène : "L'analyse des données montre que cette hausse de 1% (en 2005-2006) est due pour moitié à l'amélioration du taux de déclarations et pour moitié a l'augmentation du nombre des violences", a-t-il dit.

Il a estimé que ces études ne devaient pas servir d'"outil pour stigmatiser tel ou tel établissement". [En effet, ce n'est pas la peine de stigmatiser tel ou tel établissement : les parents bien informés savent très bien éviter les écoles mal famées à leurs bambins, quant aux autres, ils n'ont qu'à s'informer. Vive la République !]

lundi, août 28, 2006

A propos de Gunter

L'imposture Grass

Günter Grass , l'artiste immoral

Deux destins allemands

On retrouve là le schéma des Sartre et consorts : pour se faire pardonner un mauvais engagement, ou un engagement très faible, on s'engage à fond dans une autre connerie. On répète la même bêtise en croyant faire autre chose. Répétition bien connue des psys.

Qu'en conclus-je ? Ca ne fait que renforcer mon dégoût de la "vraie gôche". J'abhorre les moralisateurs, les bien-pensants, les Savonarole aux petits pieds.

Vivent les relativistes, les modestes !

Le salut viendra-t-il d'Outre-Manche ?

Jack Straw a déclaré que le modèle multicuturel britannique était mort dans les attentats de juillet 2005.

S'il y a bien une qualité britannique, c'est le pragmatisme.

Le multiculturalisme est une escroquerie, un mensonge. Il est temps de s'en apercevoir.

Vox Populi

Les larmes de St Lionel

Je vous ai déjà signifié, en vous copiant le texte Martine aux outrages, tout le bien que je pensais de l'usage, terroriste, des larmes en politique.

Nous avons eu droit à un nouvelle épisode de mauvaise foi lacrycrimale ce week-end.

Le numéro de St Lionel devant les jeunes socialistes (je ne savais même pas que ça existait ! Je croyais à un oxymore.) inspire un mot : "Commediante"

En effet, ces larmes ne venaient pas après une pénible explication, mais comme rideau de fumée pour masquer les vraies questions : Lionel Jospin est toujours "droit dans ses bottes", comme dirait un autre psycho-rigide (bien minable en matière d'auto-satisfaction celui-là, en comparaison de St Lionel).

Le saint patron de la gauche plurielle maintient n'avoir fait que des erreurs électorales mais il prétend défendre avec cinq ans de retard un "bon bilan". Il ne lui apparaît toujours pas que, au-delà des effets d'image, son bilan est, aux yeux d'une majorité de Français, notamment les plus exposés, mauvais (1).

N'ayant pas fait une vraie analyse de son échec, il se condamne à répéter les mêmes erreurs, même si il cède au ridicule sentimentalisme dans l'air du temps. Il est pathétique : "Tragediante".

(1) : il a gouverné pour le peuple de la fonction publique en croyant que c'était tout le peuple ! Erreur à peine croyable.

vendredi, août 25, 2006

Le roi Chirac en son Liban

Le roi Chirac en son Liban

La Fance a bien du mal à se défaire de la monarchie absolue !

Sûrement un reste de la révolution, qui a interdit, par sa violence, une transition raisonnée, et qui a donc laissé le travail inachevé.

jeudi, août 24, 2006

"Guerre de civilisations" or not "Guerre de civilisations" ?(2)

J'ai oublié une précision :

Le journal bien-pensant de gauche s'étonnait de la montée de l'extrême-droite en Europe.

Il n'y a pourtant absolument rien de surprenant : si l'on abandonne la stupide vision "antiraciste" qui voit dans le racisme européen une tare congénitale, et non un produit des circonstances, c'est assez facile à comprendre.

Les sondages montrent (cf par exemple migration watch) que les Européens sont en majorité opposés à l'immigration, et notamment extra-européenne. C'est pourtant la politique inverse qui est poursuivie par les gouvernements, quoi qu'on en dise.

Alors pourquoi s'interroger la bouche en coeur sur les votes "protestataires" anti-démocratiques ? Qui a commencé à ignorer la démocratie ?

A gouvernements lâches, oppositions grandes gueules.

NB : je partage l'idée de De Gaulle : il faut accepter un peu d'immigration pour montrer que "c'est grand, c'est généreux, la France", mais point trop n'en faut.

La proportion d'immigrés en France (10 % de la population d'après l'INSEE) est la plus élevée de son histoire (les histoire de "France, terre d'immigration", c'est de la foutaise pour bobos : l'immigration massive est une nouveauté), mais, surtout, c'est la concentration dans certaines zones, la "ghettoïsation" de certaines populations (pourquoi les asiatiques ne semblent déranger personne ?), qui pose problème.

"Guerre de civilisations" or not "guerre de civilisations" ?

Je vais encore choquer notre bien-pensance vénusienne, mais je suis de plus en plus pessimiste :

La fin des illusions

Plus j'en apprends sur l'Islam, plus je suis un fondamentaliste islamiste à la mode de T. Darlrymple :

All or nothing

A cette lumière, l'idée de DSK de compenser la baisse de natalité par l'immigration (qui serait par la force des choses musulmane) me paraît d'une folle inconscience :

Retrouver la volonté de faire

Nous y perdrions valeurs, propérité, sécurité.

D'autant plus qu'en réalité, contrairement à une pétition de principe répandue, les politiques natalistes fonctionnent.

Maintenant, ceci étant dit, une fois qu'on a pris acte que l'Islam pose problème, il ne faut pas en conclure que les musulmans sont le problème, je pense qu'au contraire ils sont la solution : eux seuls peuvent faire évoluer la pratique de l'Islam.

Encore faut-il qu'ils soient dans de bonnes conditions pour y parvenir :

- minoritaires

- soumis à la loi (et que la loi ne cède rien sur les valeurs au nom d'un angélisme multiculturaliste)

- prospères ou en espoir de prospérité

C'est loin d'être gagné !

mardi, août 22, 2006

France : Sir Robin ?

Attribuer la palinodie de la politique française au Liban à la couardise, à la peur d'émeutes dans nos banlieues islamistes, me peine ; mais je crains que cela soit fort proche de la vérité. Ce texte est transmis par Ludovic Monnerat (voir Entre le combat et la sécurité) :

La France entre deux feux

Quant à accuser les militaires français de lâcheté, je crois que le problème est plus grave : les militaires sont des gens qui ont une éthique très forte. C'est pourquoi l'armée est le service de l'Etat qui s'est de loin le plus radicalement réformé ces dernières années et sans trop de protestations.

Or, la Nation ne tient pas ses promesses de dotation : les difficultés d'équipement, d'entraînement et de maintenance des armées françaises sont récurrentes.

Je crains que le gouvernement, et à travers lui le pays, ne perde petit à petit le respect des militaires.

Ce n'est qu'un ressenti de ma part, mais il m'inquiète.

Le tabou des tabous : l'opération Demi Vérité

Opération Demi vérité

Le tabou français : l'Etat est inefficace parce qu'avant tout au service des fonctionnaires (1), le service de la société est second. Et, dans ce tabou, il y a un tabou : c'est à l'éducation nationale, où l'enseignant, ou, plus exactement, les syndicats enseignants, sont au centre du système, que cette règle est la plus ravageuse.

(1) : on en trouve mille exemples, des horaires d'ouverture des guichets aux monceaux de paperasses à remplir (tout ce qui est rempli par l'administré, c'est ça de moins à remplir par le fonctionnaire).

La querelle du pédagogisme

La querelle du pédagogisme oppose deux écoles de pensée :

> Les constructivistes, péjorativement appelés par leurs adversaires "les pédagogistes", considèrent que "l'apprenant doit construire lui-mêmes ses savoirs" et que leur vision répond au problème de "massification" de l'école, que tout autre attitude est élitiste (une insulte dans leur bouche).

> Les empiristes ne voient pas de raison autre qu'idéologique de bouleverser de fond en comble des méthodes qui fonctionnaient et auraient pu être améliorées plutôt que jetées à la rivière et demandent donc qu'on privilégie ce qui a prouvé son efficacité, plutôt que des théories fumeuses.

Je serais mal venu de me targuer d'une fausse impartialité : je suis avec les empiristes, qui me semblent être du coté du bon sens et de la finesse (tout vouloir bousculer, c'est un comportement de nouveau converti, de cuistre, de butor).

Ce débat est animé du fait de l'enjeu : l'école, c'est-à-dire l'avenir, mais aussi parce qu'il ravive une fracture très ancienne et toujours présente de la vie intellectuelle française , la querelle des Anciens et des Modernes.

Résumons cette querelle par l'apologue de Swift : l'araignée, qui tire tout son fil d'elle-même, est la représentante des Modernes et l'abeille, qui butine modestement des fleurs qu'elle n'a pas créées pour en faire son miel, celle des Anciens.

On retrouve cette césure sous diverses formes, par exemple en politique, entre les socialistes qui sortent de leur tête une société idéale toute armée et les conservateurs, qui se contentent d'améliorer l'existant. Bien entendu, la parenté intellectuelle entre socialisme et constructivisme est rien moins que fortuite.

Le blog d'Evelyne Charmeux (obligeamment signalé par François Delpla) est parfaitement illustratif : on y trouve la polémique avec JP Brighelli sur l'enseignement de la grammaire.

Brighelli argue que les règles de grammaire, pour arbitraires qu'elles puissent sembler, sont un dépôt du temps qu'il faut respecter et que leur apprentissage permet de structurer l'expression de la même manière pour tous, effaçant les signes d'origine sociale.

Mme Charmeux répond que ces règles sont arbitraires, que les apprendre sans support est ennuyeux et difficile et que mieux vaut les découvrir par soi même.

L'argument comme quoi les règles de grammaire seraient intuitives est absurde : un enfant de 6 ans parle sans apprendre la grammaire certes, mais un adolescent de 16 ans qui n'a pas appris la grammaire parle à peu près comme un enfant de 6 ans (nombreux exemples connus ! Zyva, hé bouffon d'ta race !)

Grâce à ces absurdités, on finit avec l'ORL (ironie subtile d'un plaisantin du ministère ?), c'est-à-dire l'Observation Réfléchie de la Langue, qui transforme les élèves en petits grammairiens amateurs, aussi bien que ma boite de Petit Chimiste m'a transformé en Alfred Nobel (mais m'a permis de provoquer une quantité de dégats impressionnante, tout comme l'ORL d'ailleurs).

Toujours cette idée à la con (appelons les choses par leur nom) de faire découvrir ce qu'on ferait mieux d'enseigner ; comportement qui est à l'enseignement ce que l'abandon de poste devant l'ennemi est à la chose militaire.

On retombe là dans le travers des utopistes de toutes époques : raisonner à partir d'un homme nouveau, qui n'existe pas encore et n'existera jamais. Pour le commun des mortels, apprendre comporte une part d'ennui et de difficulté ; l'homme capable d'apprendre sans ennui et sans difficulté n'existe pas, et découvrir par soi-même des règles que d'autres pourraient vous enseigner est perte d'un temps précieux (1).

On remarquera que la charmante (?) Charmeux vit dans les nuées de l'empyrée pédagogique, elle semble totalement insensible à l'expérience pourtant à portée de quiconque est en contact occasionnel avec de purs produits de notre système scolaire : une expression pauvre pour exprimer des idées confuses. Si vous vous lancez dans un sujet un peu complexe (tout est relatif) et demandant un rien de concentration, vous ne rencontrez plus que regards bovins, dans l'attente de la sonnerie salvatrice.

Je connais un professeur d'histoire qui a frolé la dépression nerveuse le jour où il a demandé à sa classe de troisième "Qu'y a-t-il eu entre la IIIème et la Vème républiques ?" Après qu'on lui a répondu "Un roi, m'sieur ?", "Louis XVI" et je ne sais plus trop quoi, il a fini par souffler avec les doigts, mais personne n'a été capable de compter quatre doigts. Désintérêt, désinvolture, dans une école-garderie ? Probablement. Mais tout de même : quand on voit ce qu'on voit, on se dit qu'on a raison de penser ce qu'on pense.

Concluons sur une note optimiste : dans la querelle des Anciens et des Modernes, ce sont les premiers qui ont fini par l'emporter. Mais quand le bon sens prévaudra, combien d'élèves auront été dégoutés de la la lecture, de l'écriture, du calcul et de la réflexion personnelle et seront devenus de parfaits gibiers à Star Ac' ?

(1) : cela ne veut point dire que je suis contre des travaux de découverte et le travail personnel, mais il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs : quand les bases manquent, on ne peut construire.

"Si le niveau scolaire baissait, ça se saurait" (rires -jaunes- du public).

Voici deux sujets d'histoire proposés en 1890 au "certif" (c'est-à-dire à des enfants de 12 ans) :

Expliquez à un ami en quoi consiste la tolérance en matière de religion et
pourquoi il faut la pratiquer. Vous lui direz par quel roi et à la suite de quelles guerres
a été rendu l'édit de Nantes, quel autre roi a révoqué cet édit et quelles furent les
conséquences de cette révocation.

Quelqu'un a dit que si Louis XVI avait eu assez de clairvoyance et d'énergie
pour accomplir les réformes qui lui étaient proposées par ses bons ministres,
notamment Turgot, la France eût fait l'économie d'une révolution. Expliquez cette
opinion et dites ce que vous en pensez.


Comme les élèves de lycée de 2006 que j'ai interrogés ne savent pas placer dans l'ordre avec certitude Louis XIV et Napoléon, c'est sûr que le niveau monte !

Voici un sujet de français de 1927 (toujours au "certif", dans une école rurale) :

En vous rendant à l'école vous avez rencontré un mendiant. Décrivez son
costume, ses gestes. Sentiments que vous a inspirés cette vue.


Voici une copie qui a obtenu 7,5/10 :


"Allons, en classe, me dit maman, huit heures et demie ont sonné." Je prends
ma gibecière et m'achemine sans hâte vers l'école. Tout à coup, à l'entrée du village, je
me trouve face à face avec un mendiant. “Quel est cet homme tout déguenillé, me dis-je,
jamais je n'en ai aperçu, ce doit être un mendiant.”


Il est vêtu d'une longue redingote toute trouée, sans doute quelque personne
peu charitable la lui a donnée, n'en ayant que faire. Ses coudes sortent par les
manches ; il a un pantalon de couleurs diverses car il a été raccommodé bien des fois.

Des souliers éculés laissent apercevoir ses pieds salis par la boue ou la poussière du
chemin. Il ne porte point de chaussettes. Il tient à la main un bâton sur lequel il se
soutient. Une barbe hirsute le rend repoussant, elle se mêle à ses cheveux graisseux,
tous les deux sont blancs. Son visage est profondément ridé. Un chapeau assez neuf le
garantit mal du soleil. A ses pieds est couché un chien que le mendiant tient par une
ficelle attachée à son collier. Sur le dos il porte un bissac.

“Tiens, le voilà qui va se mettre à déjeuner.” Il prend un morceau de pain
dans son sac et tout en tremblant en découpe une tranche, qu'il mange avec un
morceau de lard qui sent le moisi ; ses mains tremblent, il peut à peine manger.

Lentement, il referme sa sacoche, et reprend sa marche tout courbé sur son bâton.

En le voyant je songe à toutes les misères qu'il a endurées dans sa vie ; je
pense combien de fois il a couché à la belle étoile, il n'a pas toujours eu un bon repas,
aussi je le plains et je le soulagerais si je le pouvais.

Mais l'heure approche, je passe en le saluant et en mettant une obole dans sa
casquette.


Le vocabulaire comme l'orthographe sont aujourd'hui hors de portée d'un lycéen moyen contemporain. Je veux bien qu'on m'explique que les candidats au certificat d'études étaient sélectionnés, mais tout de même ...

Enfin, ayant appris à raisonner sur des problèmes de trains qui se croisent et de baignoires qui se vident que mon père trouvait dans des manuels d'avant-guerre achetés dans les brocantes, je suis bien prêt à parier que des élèves de terminale S qui savent mécaniquement dériver une fonction seraient bien en peine de résoudre les plus ardus.

C'est un quasi-préjugé de ma part puisque je n'ai testé que dans un domaine très restreint, celui de l'aviation, les capacités scientifiques de lycéens : je suis surpris, et épouvanté, d'entendre de jeunes pilotes ( moins de 20 ans) tenir des "raisonnements" qui sont de parfaits contresens, et, surtout, avoir beaucoup de mal à saisir le raisonnement remis dans le bon sens.

A ma connaissance, cela n'a pas d'influence sur la sécurité de ces pilotes aux commandes, mais sait-on jamais ?

Voici ce qu'en dit le mathématicien Laurent Lafforgue :

En mathématiques, jauger le niveau des bacheliers, en particulier dans la filière dite scientifique, est hors de portée de la plupart des parents, car les programmes usent de mots savants, qui les impressionnent et leur donnent l'illusion qu'on apprend à leurs enfants des mathématiques avancées.

La réalité est tout autre. Ces mots neservent plus à des raisonnements, et ne donnent plus lieu à des démonstrations ; ils ne sont même pas définis avec précision, la clarté et la rigueur ayant disparu des manuels.

Pour les élèves, les mathématiques qu'on leur enseigne se réduisent à l'apprentissage de procédures stéréotypées, qu'ils doivent reproduire comme des automates. Les problèmes consistent en de longues listes de questions dont chacune appelle une réponse immédiate, qui le plus souvent est contenue dans l'énoncé de la question suivante, quand ce n'est pas dans celui de la question posée.

C'est à tel point qu'il n'y a plus besoin de rédiger, que les élèves n'en prennent jamais l'habitude, et que les étudiants des universités scientifiques sont incapables de l'acquérir, car il est trop tard. A vrai dire, rédiger serait bien difficile pour des lycéens qui ne maîtrisent pas la langue française et sa grammaire, dont la connaissance est indispensable pour comprendre ou formuler des phrases abstraites. Or, il n'existe pas de mathématiques sans raisonnement et sans rédaction, ce qui signifie que les prétendues mathématiques du baccalauréat dit scientifique n'ont pas de substance. L'arithmétique élémentaire de l'ancien certificat d'études était certes limitée dans ses ambitions, mais avait une réelle valeur aux yeux du mathématicien professionnel que je suis. En effet, les questions posées étaient concises et exigeaient, pour être résolues, un raisonnement en plusieurs étapes que le candidat devait trouver lui-même et expliquer. Autrement dit, il fallait développer un raisonnement discursif, et raconter par écrit une sorte de petite histoire mathématique. Cela ressemblait bien plus à un authentique travail de mathématicien, ou de scientifique, ou à un travail professionnel, que les actuels problèmes des lycées.

Ici encore, on pourrait soumettre de vieux problèmes d'arithmétique du certificat d'études à des bacheliers “S”. Des élèves à qui on a prétendu apprendre des notions savantes, mais qui se révèleraient incapables de résoudre ces problèmes et de rédiger leurs solutions, feraient la preuve du vide caché sous le pédantisme des programmes.

dimanche, août 20, 2006

Ségolène Royal, malheureuse victime de vapeurs tiermondistes

Mme Royal a déclaré :

Voyez ce qu'organise le ministre de l'intérieur, l'immigration choisie, mais qu'est ce que cela veut dire ? On irait piller la matière grise de ces pays après avoir pillé pendant des années et des années leurs matières premières en tant que pays colonisé ? Mais c'est insupportable

Ce qui est insupportable, à mon sens, c'est que Mme Royal croit encore à cette idiotie comme quoi l'occident aurait pillé et pillerait encore le tiers-monde (voir les travaux de J. Marseille). Les matières premières que nous importons, nous les achetons me semble-t-il, non ?

Ce qui est insupportable, c'est que Mme Royal fasse dans la démagogie à propos de l'immigration : le co-développement est une vaste fumisterie ; premièrement, les freins au développement sont internes, les aides extérieures sont, suivant les situations, inefficaces ou néfastes (lorsqu'elles renforcent la corruption) ; deuxièmement, il y a un problème d'échelle de temps ; même si, par hypothèse, le co-développement n'était pas de la foutaise, ses effets ne se feraient pas sentir avant longtemps, alors que les problèmes dimmigration se posent aujourd'hui.

En fait, face aux problèmes dimmigration, il n'y a que trois possibilités :

> l'immigration dite choisie, qui est en fait une immigration imposée. Elle suppose un appareil policier et douanier important, des violences, mais c'est la solution choisie par la plupart des pays.

> la solution libérale : immigration libre avec suppression de tous les systèmes collectivistes et de "non-discrimination", qui jouent le rôle d'aspirateur à immigrés non productifs.

> la "solution" socialiste : l'hypocrisise bien pensante et multi-culturaliste, qui consiste à laisser l'immigration anarchique se développer, puis à réprimer de temps en temps, quand l'insécurité, les ghettos et tous les problèmes liés à cette immigration anarchique mettent trop visiblement les Français "de souche" hors d'eux-mêmes (phénomène naturel d'énervement que la gauche flétrira des mots les plus infamants en y englobant au passage ses adversaires de droite ; vérifiant une fois de plus cet axiome de la politique française depuis vingt ans : les plus grands pourvoyeurs de votes d'extrême-droite sont les ani-racistes patentés, ce qui est compréhensible puisque c'est leur gagne-pain.)

D'où on en conclut que la "nouveauté" de Mme Royal n'est que feu de paille. Mais vous n'êtes pas surpris, je pense ?

samedi, août 19, 2006

L'illusion de la faiblesse

Bon, j'ai encore piqué ça à Ludovic Monnerat, mais ça fait tellement plaisir de s'extraire des pseudo-analyses des bas de plafond partisans que je ne résiste pas [mes commentaires entre crochets] :

L'illusion de la faiblesse

La capacité du Hezbollah à survivre aux assauts partiels de Tsahal a relancé l'intérêt pour les mouvements paramilitaires pratiquant la guérilla et le terrorisme. La Syrie a annoncé son intention de créer un mouvement similaire, le monde arabo-musulman acclame ceux qui ont "tenu tête à l'entité sioniste", alors que nombre d'experts pontifient sur la prétendue supériorité des forces irrégulières face aux armées conventionnelles. De toutes parts est propagée l'impression d'une défaite militaire et stratégique d'Israël, coupable d'avoir gravement sous-estimé les capacités du Hezbollah et de s'être attaque à plus fort que lui. On en viendrait presque à oublier les pertes terribles de la milice chiite, les combattants aguerris et les stocks de munitions qu'elle mettra des années à remplacer, et l'annihilation qu'elle a frôlée [les chiffres qui traînent sur les blogs libanais établis à partir de coups de fil aux hopitaux et aux morgues (et non des communiqués des parties en présence) le Hezbollah aurait perdu environ 3000 combattants aguerris et il ne lui en resterait plus que quelques centaines.] !

Au-delà de la capitalisation politique de cette saignée, à laquelle Nasrallah et consorts se livrent aujourd'hui mais qui sera bien vite diluée dans les tourbillons de l'actualité, il est bon de rappeler certaines réalités. Premièrement, la branche armée du Hezbollah est largement équipée et entraînée comme des forces non conventionnelles de type militaire, avec par exemple des appareils de vision nocturne, des armes de précision et des missiles antichar très performants ; une organisation tirant des TOW ou des Kornet ne répond pas vraiment au stéréotype de la guérilla populaire. Autrement dit, le Hezbollah a mené un combat d'infanterie basé sur l'usure, les actions dispersées de petites unités s'appuyant sur un terrain renforcé, le cumul des accrochages censés être furtifs et mortels pour une armée lente et lourde.

Le problème, c'est que la plupart des unités de Tsahal n'ont pas tardé à faire la différence entre le Hezbollah et les bandes armées palestiniennes, entre des unités irrégulières prêtes à se battre jusqu'à la mort et des essaims de combattants majoritairement ineptes, de sorte que ces accrochages ont presque toujours tourné au bain de sang pour la milice chiite. Si Israël a abusé de la puissance aérienne et en a payé le prix politique, son emploi de l'infanterie - bien plus que des blindés - contre le Hezbollah a été judicieux. La réactivité, la mobilité et la précision des fantassins israéliens leur ont permis de sortir vainqueurs d'un combat très difficile : celui consistant à entrer dans un secteur lourdement fortifié, face à un adversaire préparé depuis des années à le défendre, pour rechercher ce dernier et le détruire [Israel a tout de même souffert de pbs logistiques et stratégiques et, comme - faut-il le rappeler ?- c'est une démocratie, on en parle et on en débat abondamment dans la presse.].

Deuxièmement, le sacrifice quasi automatique des combattants n'est une méthode applicable que lorsqu'un immense réservoir est disponible, que si un peuple entier est prêt à se battre jusqu'au bout. Malgré les perceptions propagées dans ce sens par le Hezbollah, ce dernier ne constitue qu'un pan très minoritaire de la société libanaise [le Hezb est peut-être majoritaire parmi les chiites qui sont une minorité ; seul l'appui de politiciens non-chiites (Aoun, Lahoud) aux ordres de la Syrie ,lu iassure une place politique supérieure à son poids électoral] ; et si cette dimension sociétale lui confère une force considérable, elle n'existe que par la faiblesse du Liban.

Conçu comme un Etat dans l'Etat, avec son armée, sa télévision officielle, ses services sociaux, ses filières d'éducation (et d'endoctrinement), le Hezbollah est une structure parasitaire qui exploite une situation donnée, se protège derrière la souveraineté libanaise en cas de besoin, mais ne doit sa survie qu'au manque de capacités ou de volonté des véritables Etats [le Hezb par ses méthodes rappelle la Mafia]. A commencer par celui d'Israël.

C'est le troisième élément à prendre en compte : les tergiversations politiques et la timidité opérative des Israéliens sont la principale cause de leur succès limité. Ils ont réagi rapidement face à l'ouverture stratégique que le Hezbollah leur a fournie sur un plateau, mais ils n'ont pas su pleinement adapter le rythme et la modalité des opérations au caractère ponctuel de cette ouverture. Ce qui est une constante : dans un affrontement du fort au faible, ce sont les faiblesses du fort qui sont décisives, et pas les forces du faible. Le Hezbollah a tout jeté dans la bataille, a sacrifié ses meilleurs hommes comme ses meilleurs équipements, pendant qu'Israël, malgré un soutien populaire très fort, s'est longtemps escrimé à éviter tout ce qui pouvait ressembler à une opération massive. Jusqu'à accepter une résolution de l'ONU qui place la communauté internationale devant ses responsabilités.

Derrière les grandes déclarations du monde arabo-musulman se cache la réalité de cette retenue, et de son raisonnement essentiel : la volonté de ne pas être lié, de conserver toute sa liberté d'action pour faire face aux prochaines étapes du conflit [il ne faut pas perdre de vue que la plupart des gouvernements arabes voit la claque que s'est prise le Hezbollah comme une bonne chose]. Déjà, les Israéliens ont tiré les leçons de leur imprudence en relançant les projets de défense antimissile et antiroquette sur leur frontière nord ; déjà, ils étudient la manière de mieux protéger leurs chars contre les missiles modernes, tout en exploitant la mine de renseignements capturée. La carte Hezbollah ayant été jouée, maîtrisée, analysée et bientôt totalement contrée, elle perd son intérêt à court et moyen terme dans le jeu iranien [je n'en suis pas si sûr : si le Hezbollah en tant que force armée disparait pour un certain temps, il pourrait bien profiter de la reconstruction et de l'argent iranien pour se renforcer politiquement. Toujours l'effet pervers d'un baril à 70 $]. Au contraire, le jeu israélien reste dans l'ombre, ses capacités incertaines, sa volonté imprévisible, surtout en rapport avec un jeu américain qui peut soudain abattre ses propres cartes [on, au moins ceux qui sont hypnotisés par lé télé, a peu oublié le nucléaire iranien, alors qu'il sous-tend toute l'affaire libanaise, il risque de faire un retour fraccassant avant la fin 2006].

[J'ajoute qu'il y a un article dans l'IHT sur la victimologie des medias qui a empêché toute compréhension par le grand public.]

L'effet de serre rend-il con ?

Sans commentaire :

EFFET DE SERRE

Les vaches australiennes et néo-zélandaises produisent trop de méthane. Des scientifiques australiens et néozélandais ont annoncé, vendredi 18 août, le lancement d’une étude de plusieurs millions de dollars visant à réduire les flatulences des vaches, considérées comme
une cause du réchauffement climatique.


Le bétail produit en effet quantité de méthane que ces chercheurs veulent limiter en créant une race de vaches à « haut rendement énergétique ». A les en croire, certaines données scientifiques semblent montrer que si les animaux sont plus efficaces dans la production de
lait, ils produisent moins de méthane.


Depuis quelques années, bétail et cultures– en particulier les rizières – ont été montrés du doigt en raison de leurs émissions de gaz à effet de serre. – (AFP.)

Intégration ou désintégration ?

On a souvent parlé de l'échec de l'intégration "à la française". On constate maintenant les difficultés du "Londonistan".

Est-ce que la difficulté fondamentale n'est pas d'essayer d'intégrer des populations musulmanes en Occident, quelle que soit la méthode ?

Je sais bien que cette question est taboue, que je risque aussi d'être estampillé "fait le jeu de l'extrême-droite". Mais il n'y a pas de question illégitime.

Quand je lis que certains parlent déjà de nous comme de "l'Eurabie" et des Français blancs comme de futurs "dhimmis", je m'interroge.

Pourtant, je reste convaincu que les problèmes d'intégration viennent d'obstacles et de conflits très concrets (familles, logements, école, travail, ...) mais je doute de plus en plus.

Je suis mal à l'aise quand je pense que la phrase de De Gaulle : « Nous sommes avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne.» ferait aujourd'hui scandale.

These ludicrous lies about West and Islam

jeudi, août 17, 2006

Les cuistres administratifs, les abrutis d'Etat, les ampoulés du rapport

Une maxime bien connue de l'administration française est "Pourquoi faire en un jour ce que tu peux étaler sur six mois ?"

Ce n'est en soi pas bien grave : comme il y a toujours trois fonctionnaires où un seul suffirait amplement, sauf bien entendu dans les endroits où on aurait vraiment besoin de fonctionnaires, endroits où, par une étrange tradition, il n'y en a aucun, il suffit de faire des rapports pour occuper le temps.

Les Français ont donc l'habitude loufoque de payer des impôts qui tombent dans un grand trou noir ; coutume étrange qui ne peut s'expliquer que par l'espérance insensée de voir sortir du trou un jour quelque chose de positif. En réalité, de ce grand trou noir sort quelquefois, comme une flatulence, un emmerdeur, qui estime avoir pour mission sacrée de se mêler de la vie de gens qui ne lui ont rien demandé.

A coup de contraventions, de circulaires, de permis de construire, de permis de détruire, de permis d'habiter, de permis d'expulser, de permis de polluer, de permis de dépolluer, d'autorisation de tourner à droite, d'interdiction d'aller tout droit, de taxe sur l'air qu'on respire, de prélévements sur l'air qu'on expire, de prévention de la rage de dents, d'encouragement à l'élevage de vieux, d'incitation à l'éducation des chiens, de contrôle de la pression des pneus, de certificat de bonnes moeurs et de divorce sanglant, d'allocations pour bonne ponderie, de subventions pour faire ceci et défaire cela, de promotion de l'égalité des chances au Loto, d'obligation de parité entre hommes et femmes dans les écoles de tricot, de contrôle fiscal remontant jusqu'à la septième génération, de contrôle du sang dans l'alcool et d'un tas d'autres choses, le rejeton du trou noir pourrit la vie de ses pauvres victimes.

Les Français, domptés, soumis, révoltés par bouffées éphémères et sans conséquence, supportent le joug. Mais il est une chose intolérable, car elle vrille les oreilles, use les yeux et liquéfie le cerveau : le langage technocrato-administratif, véritable monstre des profondeurs du Léviathan étatique, bourreau du beau langage, vil assassin du bel esprit, septembriseur de la conversation, Landru des bons mots, Galliffet de l'humour.

D'où naît cette Gorgone, cette hydre, ce Minotaure beuglant ? Du tréfonds de l'administration, de sa raison d'être : ne rien faire tout en donnant l'impression d'agir, ne rien penser tout en ayant l'air savant, dormir en paraissant réfléchir ; bref, de l'impérieuse nécessité d'allonger, de délayer, de dire en cents mots ce qui se dirait en trois, de dire en cinquante mots ce qui va sans dire.

Voici un exemple, et même pas des pires, pour les plus téméraires d'entre vous (les parents sont priés de protéger les enfants) :

Le seul recours au mécanisme régulateur des prix ne permet pas de veiller, dans les meilleure conditions, à éliminer les processus d'externalisation des puissances, qui constituent l'une des principales raisons de l'émergence des problèmes de pollution et de nuisances ou de dégradation du mode de vie.

Traduisons en français cette bouillie de mots : la liberté économique ne suffit pas à éliminer la pollution.

Grandiose découverte ! Fabuleuse idée ! Pauvre France !

mercredi, août 16, 2006

L'islamo-fascisme ?

On parle beaucoup ces derniers temps d'islamo-fascisme ou de fascisme vert, encore il y a peu dans Les Echos.

Cette expression vient des néo-conservateurs et n'est pas sans fondement : certains groupes islamistes n'ont absolument rien à envier au fascisme.

Cependant, elle est dommageable parce qu'elle voile les nuances nécessaires, d'autant plus nécessaires que c'est dans les fractures d'un monde musulman très divisé que la réforme et la modernisation pourront s'introduire.

> Le Hezbollah : si il y a une organisation qui mérite bien le qualificatif de "nazislamiste", c'est elle : embrigadement, idéologie haineuse, agressivité, propagande manichéenne redoutablement efficace, démonstrations de masse, nihilisme (1) etc. Il est d'autant plus navrant d'entendre des Libanais, dont des chrétiens comme Michel Aoun, et même, quelle horreur, des Français la qualifier de "Résistance". Le Hezbollah ne résiste pas, il agresse.

Pas de négociation possible car il poursuit un but chimérique (la destruction d'Israel, et non comme le croient naïvement quelques cons la "restitution" des fermes de Chebaa, qui sont revendiquées par la Syrie) et dépend d'intérêts étrangers (donc mieux vaut négocier avec ses maîtres qu'avec lui).

Avec lui, une seule politique : la suppression, par tous les moyens (et pas seulement militaires, mais aussi économiques et sociaux).

> Le Hamas : même idéologie que le Hezbollah mais avec des nuances. Il poursuit un but atteignable (un Etat palestinien) et un but chimérique (la destruction d'Israel). Il doit y avoir de quoi négocier sur le but atteignable pour soulager l'hystérie autour du but chimérique.

> Al Qaida : se rapproche par certains cotés (agressivité, but chimérique) du Hezbollah. Mais c'est une organisation sunnite.

Aparté pour F. Delpla : il semblerait que le complot découvert en GB soit réel mais que le dévoilement aux medias ait eu lieu sous la pression des Américains, les Britanniques étant partisans de laisser le complot mûrir. Certains Américains évoquent les élections de "mid-term" en novembre.

> L'Iran : future puissance nucléaire. Là, franchement, il y a de quoi avoir la trouille : agressivité, armement, argent, influence et "viva la muerte" local, tous les éléments y sont pour être emmerdé à vaste échelle. Ceux qui comparent avec la montée en puissance de l'Allemagne hitlérienne ont au moins raison sur un point : rien de ce qui a été fait ces dernières années, à tort ou à raison, n'a entravé l'émergence de ce danger public.

On est arrivé à la fin de la mise en garde de Montaigne. De toutes choses les naissances sont foibles et tendres. Pourtant faut-il avoir les yeux ouverts aux commencements : Car comme lors en sa petitesse, on n'en descouvre pas le danger, quand il est accreu, on n'en descouvre plus le remede.

A propos de l'Iran, je ne sais pas ce qu'il faudrait faire : les spécialistes qui détaillent les intrigues de palais pour nous expliquer que le pouvoir iranien est plus fragile qu'on ne croit me rappelle les éminents germanistes qui étaient convaincus à intervalles réguliers jusqu'en mai 1945 que Hitler était sur le point d'être renversé par tel ou tel complot.

Je pense que l'épreuve de force pure et simple joue en faveur des mollahs, en renforçant leur pouvoir ; c'est d'ailleurs pourquoi ils sont volontiers provocateurs.

Alors négocier ? Mais quoi ? La viste de GW Bush à Téhéran !?

> La Syrie : son cas est beaucoup plus simple : il s'agit d'une dictature essayant de survivre, quitte à s'accrocher à la dernière idéologie en vogue. Tout est négociable, pourvu que cela renforce le pouvoir en place.

Bref, nous sommes dans la merde. Nous, les Européens, sommes plus concernés, par quelque bout qu'on prenne le problème, par le Moyen-Orient que les Américains, et pourtant, on ne nous entend guère. Et quand on nous entend, c'est soit par le bruit de nos querelles, soit par la France qui fait son intéressante en soutenant de fait le Hezbollah. Rien de très réjouissant.

Pour ceux qui croient à une défaite israelienne (2) et s'intéressent à l'avenir (sombre) du Liban : ONU : Le double piège libanais (les analyses de Ludovic Monnerat sur l'Irak ont été validées par les événements, ce qui incite à prêter attention à ses opinions).

A noter : certaines mauvaises langues américaines et israeliennes disent que la France soutient le Hezbollah par peur de ses arabes de banlieue. Je trouve le propos excessif, mais, hélas, je n'en suis pas sûr.

(1) Nasrallah, quand un de ses fils a été tué à la guerre, a demandé à ses amis d'envoyer non pas des condoléances mais des félicitations.

(2) peu m'importe qu'Israel gagne ou perde (quoique ...) mais l'insistance des medias français sur la "défaite" d'Israel me semble un signe de parti-pris. L'honnêteté m'oblige cependant à dire que les journaux israeliens se posent aussi beaucoup des questions.

Une leçon de libéralisme (économique seulement, 'faut pas charrier) venue de l'empire rouge, on aura tout vu

La Chine constatant que ses efforts pour préserver les tigres à coup d'interdiction de la contrebande sont vains a décidé d'inverser le raisonnement.

Constatant que veaux, vaches et cochons ne sont pas protégés et pourtant ne sont absolument protégés, les autorités chinoises ont décidés que les produits du tigre (dents, griffes,fourrure, etc.) pourront être commercialisés légalement.

Le "chiffre d'affaire" sur un tigre est estimé à 40 000 $, ce qui suscite des vocations d'éleveurs.

L'ironie est que cette solution est depuis longtemps préconisée par les libéraux (1) et appliquée avec succès pour les éléphants dans certaines réserves africaines.

(1) : et anathème chez la plupart des écolos. Mais je suis depuis longtemps convaincus que les écolos n'ont pas vraiment à coeur la nature mais cherchent simplement des habits neufs à un vieux programme politique : ce sont des pastèques, verts dehors, rouges dedans.

lundi, août 14, 2006

Exercice de politiquement correct

Cet exercice a été proposé par Umberto Eco en s'inspirant de STUPID (Scientific and Technical University for Politically Intelligent Development), une association qui s'est fixée comme but la promotion du"politiquement correct" et qui demande par exemple que les panneaux routiers soient traduits en cinq langues dont le Braille.

A signaler : STUPID est jumelée avec ACNE (American Collage Network for Educators) pour promouvoir le collage comme moyen universel et révolutionnaire d'apprentissage. Voilà qui n'aurait pas déplu aux Meyrieu divers et variés des grandes années constructivistes !

Traduire en politiquement correct la phrase suivante :

Le pompier a appuyé son échelle sur l'arbre, a grimpé l'échelle et descendu le chat.

Attention, ce n'est pas si facile que ça en a l'air, quelques pistes :

> le pompier est un homme blanc, mais il faut préciser que ça aurait pu être une femme ou un noir.

> L'échelle porte atteinte de manière irréparable à l'arbre sans défense.

> En grimpant à l'échelle sans difficulté, le pompier provoque une détresse psychologique chez les handicapés.

> Les droits du chat sont attaqués par l'intervention non sollicitée (par le chat) du pompier.

Bonne chance à tous (et à toutes)

Liban : ce n'est qu'une trêve

Aucun des problèmes fondamentaux ayant conduit à la guerre actuelle n'a été réglé par la résolution 1701 :

> Hezbollah : il restera armé en-dehors du Liban sud. Mais il semble tout de même avoir beaucoup souffert.

> Liban : la soumission du gouvernement au Hezbollah, poursuivant des objectifs "non-libanais" semble peu modifiée, sauf retournement de l'opinion.

> Syrie : aucune raison ne lui a été donnée qui ferait qu'elle aurait intérêt à ne plus soutenir le Hezbollah.

> Iran : de son point de vue, sa stratégie est gagnante, pourquoi s'arrêterait-il ?

> Israel : au vu des points précédents, il n'a guère de raisons de se sentir plus en sécurité qu'avant la guerre.

> USA : en fait d'infliger une leçon à l'Iran, c'est plutôt le contraire qui est arrivé.

Seule nouveauté, de mauvais augure : une force d'interposition internationale, composée en partie de Français, va se retrouver prise dans le "bourbier" libanais (scénario connu).

On voit là à mon avis un des mauvais effets de la démocratie d'opinion, où le sentimentalisme écrase la compétence, et de la victoire médiatique du Hezbollah.

Je suis surpris : j'aurais cru Bush plus ferme.

Pour toucher immédiatement la vile monnaie de poser en sauveurs, des dirigeants (Chirac en premier, Blair, Bush, Olmert, Siniora) auront renoncé à toute anticipation politique.

Comme toute querelle non vidée, celle-ci reprendra un jour ou l'autre et, alors, nous regretterons de ne pas l'avoir laissée se vider en son temps et de nous être inutilement, et au prix du sang, interposés. A moins, bien entendu, que, l'amnésie étant foudroyante en nos contrées, nous ayons d'ici là oublier nos propres respansabilités.

Le piège d'une force d'interposition

Dans une guerre, il y a un prix à arrêter les combats trop tard, mais aussi à arrêter les combats trop tôt et, surtout, par une combinaison qui ne résoud rien.

Le scénario de la repise des combats est déjà écrit, seul le calendrier est inconnu : quelques mois/années pour que le Hezbollah reconstitue compétences et arsenal, des tirs sur Israel que les Casques Bleus sont impuissants à empêcher, une riposte d'Israel que nos bonnes âmes qualifient aussitôt "d'aveugle et de disproportionnée".

Scénario optimiste (peu probable à mon sens, mais sait-on jamais ?) : les Libanais commencent à en avoir leur claque du Hezbollah et de discrètes concessions, puis une restitution du Golan, sont faites en faveur de la Syrie.

On notera que l'affaiblissement du Hezbollah en tant que force armée (1) pourrait favoriser ce scénario optimiste.

(1) : ne croyez pas les racontars sur une "défaite" d'Israel : sur le plan politique, il est encore trop tôt pour juger. Mais sur, le plan militaire, c'est clairement une victoire d'Israel : entre un quart et la moitié des combattants expérimentés du Hezbollah ont été tués (évaluation des journaux israeliens, qui, n'en déplaisent à certains, sont plus fiables que les journaux français).

Reste à savoir si une victoire militaire est suffisante ; d'autant plus que la question des roquettes, qui ne peut être résolue qu'en occupant le terrain, est toujours ouverte.

dimanche, août 13, 2006

L'Etat culturel, essai sur une religion moderne (M. Fumaroli)

Plus je connais M. Fumaroli, plus je l'apprécie. Voilà un livre de 1992 qui reste d'actualité. Mais, comme il est susceptible de faire grincer bien des dents, notamment celles des "cultureux", ces charognards des subventions à visées soit-disant culturelles, il a été bien vite oublié ; l'oubli étant le meilleur moyen de neutraliser les idées dangereuses.

L'auteur commence par s'intéresser à l'origine de cette idée saugrenue comme quoi l'Etat devrait se mêler de culture et la subventionner sous peine de voir se créer un "désert culturel". Quand on fait l'historique, cette maxime "Pas de vie culturelle sans Etat" apparaît bien étrange.

En effet, sous l'Ancien Régime, ce sont des individus qui patronnaient ce qui ne s'appelait pas encore la culture. Les raisons politiques n'étaient pas toujours absentes, mais il n'y avait pas de mouvements concertés, d'art officiel, d'administration spécifique ayant pour sainte mission de diffuser la culture.

La IIIème République était libérale par réaction au césarisme de Napoléon III, elle se mêlait très peu des beaux-arts et seulement dans un style très conventionnel. On a appelé ce style "l'art pompier" avec mépris, sans comprendre la philosophie qui le créait : l'Etat n'a pas à imposer ces goûts.

Contrairement à une certaine légende noire dont on s'étonne qu'elle ait quelque crédit, la France de la IIIème République ne fut en rien un "désert culturel", sauf à considérer, et c'est là le coeur du problème, qu'il n'y a de culture authentique que subventionnée. Car, les galeristes, les marchands d'art, les mécènes, les artistes eux-mêmes, tous acteurs privés, ont créé une vie artistique bouillonnante qu'on serait bien en peine de trouver depuis que l'Etat subventionne ce qu'il appelle la culture.

Marc Fumaroli va donc plus loin : non seulement l'Etat ne doit pas subventionner la culture, mais lorsqu'il le fait, il stérilise la vie artistique et la créativité. En effet, l'art est affaire de goûts, de personnalités, d'accointances entre mécène et artiste, bref d'individus. L'Etat, lui, n'a pas de goûts, ou plus exactement il a le goût du bizarre, de la distinction pour la distinction, de "l'exploit" artistique, car il n'a pas de jugement.

On peut constater aisément la véracité de ce propos : alors que la IIIème République a vu passer le fauvisme, l'impressionnisme, la cubisme, est-ce qu'on peut me citer un seul mouvement artistique important en France depuis que l'Etat subventionne les arts, et a ainsi évincé les mécènes ?

L'Etat peut faire une seule chose pour les arts : une Université qui soit la meilleure possible afin qu'existe ce public de lettrés, d'érudits, de gens de goût, qui font vivre l'art. Vous remarquerez que l'Etat manque complètement à cette mission. C'est là un mouvement typique de la France de ces dernières décennies : l'Etat boulimique s'immisce dans des domaines qui ne le concernent en rien, dans une agitation fébrile et insensé, comme pour faire oublier qu'il néglige par incapacité et par irresponsabilité ses vraies missions (1).

La culture subventionnée est une fadaise venue des régimes totalitaires, dont on sait l'attraction qu'ils ont exercé en France, et dont les idées sont toujours présentes sous des formes déguisées (2).

Le totalitarisme était la grande mode dans les années où a été créé le ministère de la culture et Malraux ne fut jamais un libéral mais un communiste repenti.

De plus, Marc Fumaroli s'appuie sur L'étrange défaite, de Marc Bloch, pour argumenter que la société française a perdu confiance en elle-même, en ses ressources, et s'est réfugiée derrière un providentiel "L'Etat sait mieux que nous, l'Etat est plus compétent que nous", comme si les hommes de l'Etat étaient des surhommes.

Ce n'est pas par hasard que le premier gouvernement français à se doter d'une politique culturelle fut celui de Vichy ; qui promut notamment, Dieu me foudroie, les "fêtes populaires". Jack Lang, héritier de Philippe Pétain ? Ce n'est pas si incongru : leurs politiques se rejoignent par le collectivisme.

Fumaroli en profite pour étriper au passage la télévision française, c'est facile mais juste.

Notamment, l'auteur met bien en lumière la définition très particulière de la culture que partagent les fondateurs et les zélateurs de la culture d'Etat : la culture serait un ensemble de choses infiniment précieuses en dépot chez les intellectuels (3) et auxquelles les pauvres n'auraient pas accès et qu'il conviendrait de leur procurer.

Il ne leur vient pas à l'idée que la culture pourrait être un dialogue entre la nature et l'art et que, de même qu'on ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif, il ne sert à rien de fournir des oeuvres d'art à qui n'en éprouve pas le besoin.

C'est pourquoi Fumaroli estime que la diffusion de la culture ne peut vraiment se faire que par l'école, qui forme les esprits, qui les met en contact avec l'insolite, qui sélectionne les talents, qui aiguille. Il s'agit non plus comme pour la culture d'Etat de consommation mais de formation.

Et là, il n'y a plus ce mépris, plus ou moins secret, plus ou moins dissimulé, des "cultureux" vis-à-vis des "incultes" pour l'inculture desquels ils condescendent à se soucier : recevant une formation, chacun apprend quelque chose, pas tous la même chose, pas tous de façon aussi poussée, mais tous considérés également comme capables d'apprendre.

Il est étrange de mettre le mot culture à toutes les sauces. Par exemple, "culture scientifique" est un oxymore : la science ne dépend pas tant de ce que l'on sait que de comment on raisonne. Une pensée scientifique, un raisonnement scientifique, on peut le définir, mais une culture scientifique ?

Pour que la vie artistique renaisse en France, il faut en cesser avec cette idée stupide de "démocratiser la culture" : tout le monde n'a pas la vocation, l'envie, le goût, la capacité, de s'intéresser à la culture. La "culture" aujourd'hui, c'est ce qui fait mousser quelques politicards, mais combien de Français ont une vraie vie culturelle, c'est-à-dire des connaissances, du goût, un sens critique ? La vie de l'esprit est par essence élitiste.

Pour ma part, je n'ai aucun goût en matière musicale ; cependant j'ai encore assez de bon sens et de respect pour la musique pour détester cette orgie de décibels obligatoire qu'on appelle par antiphrase "Fête de la musique". Je me suis fait une raison : je n'ai pas de culture musicale, celle-ci est réservée à une élite dont je ne fais pas partie. Je n'en souffre pas : les hommes ne sont pas égaux en tout et c'est très bien ainsi, j'ai de la culture dans d'autres domaines.

L'art est une question individuelle, ce n'est pas par hasard que l'antique expression est "arts libéraux". Mais j'ai crains que, dans la France de 2006, où les gauchistes ont réussi à imposer leur vulgate collectiviste et égalitariste au sein même de l'éducation nationale, au prix de la destruction de celle-ci, les esprits soient de moins en moins capables d'entendre ces vérités de bon sens.

J'ai beaucoup apprécié cet ouvrage, car, comme tous les livres qui nous parlent, il réveille une sensibilité enfouie : je tiens la vie de l'esprit pour essentielle et je suis troublé, dérangé, par le tapage médiatique orchestré par le ministère dit de la culture, qui est en réalité une annexe du ministère du tourisme, là où devrait y avoir silence, contemplation, réflexion.

Or, ce livre attaque l'Etat culturel, non dans ses modalités, mais dans son essence même.

Espérons que les Français, reprenant confiance en leurs propres ressources, comprendront à quel point l'Etat est nocif dans le domaine de la culture.

Cela ne pourra se faire qu'avec des Française correctement formés à la culture, donc par l'école.

On en revient toujours à mon obsession : le problème de la France est l'Etat, maternant, obèse, envahissant, incompétent et impuissant, et, au sein de l'Etat, il n'y a pas de problèmes plus graves que ceux d'éducation et d'instruction.

Heureusement, le secret d'une instruction publique efficace n'est pas perdu par tous : une ville a reconstitué une école-musée du début du siècle. Des professeurs des vraies écoles du coin viennent en consulter discrétement les manuels pour s'en inspirer !

(1) : autre exemple, l'Etat se mêle des décisions d'entreprises sous le prétexte de "patriotisme économique" mais néglige complètement l'efficacité de l'administration qui permettrait à l'économie d'en avoir pour son argent, celui des impôts.

(2) inutile d'insister sur le fait que seul "anti-libéralisme" cohérent, c'est la le contôle de l'individu par l'Etat, autrement dit le totalitarisme.

(3) : on retrouve ce trait qui trahit infailliblement tous les anti-libéralismes : "l'avant-garde éclairée"

vendredi, août 11, 2006

Emouvants souvenirs d'écolier

Je suis tombé sur un article JF Revel de 1992 qui n'a rien perdu de son actualité. Il y explique que les idéologues de la Corporation, c'est-à-dire la sainte alliance des nocifs d'IUFM, des syndicalocrates et des scribouillards d'académie, dirigent l'éducation nationale (les ministres passent, la Corporation reste).

Comme tous les idéologues, aucune réalité ne peut les démentir : si il y a échec éducatif, ce n'est point parce qu'on a appliqué leur système mais, au contraire, parce qu'on ne l'a pas appliqué avec assez de force, de volonté, qu'il y a encore trop de résidus de l'ancien monde (trop de privé, trop de Henri IV, trop de profs pas totalement soumis, etc.). On reconnaît là la fameuse logique des éradicateurs de Robespierre à Pol Pot. C'est pourquoi JF Revel prédisait que, à l'instar de l'URSS, l'éducation nationale est impossible à réformer, il faut attendre qu'elle s'effondre pour rebatir.

Avec un recul de 14 ans, on voit la pertinence du diagnostic : les indicateurs sont au rouge, l'analphabétisme et les violences grimpent en flèche, la culture s'effondre, la méthode Boscher est un "best-seller" chez les parents d'élèves, les orthophonistes sont débordés, les Acadomia et consorts font fortune mais la Corporation persiste à nous expliquer que tout cela est fantasme de "réactionnaires" et que le niveau monte.

Tout comme l'URSS à bout de souffle, cela peut durer encore longtemps, mais le pédagogisme s'effondrera d'un coup et disparaîtra en quelques mois. D'où viendra le coup fatal : d'un sujet du bac tellement ridicule qu'il fera controverse dans l'actualité vide de l'été ? D'un classement international honteux ? D'un écrivain pris d'un coup de colère ? De la réaction de l'opinion contre une protestation syndicale vis-à-vis d'une réforme de bon sens ?

Je ne sais pas, mais cela arrivera.

En attendant, je vous copie deux liens vers le blog de JP Brighelli qui vous feront rire.

Souvenir, que me veux-tu ?

Narcissisme

JP Brighelli pense que la cause fondamentale de la faillite de l'école française est le libéralisme, ce qui, dit sans méchanceté, est idiot : en effet, dans un système libéral, les parents choisissent l'école, et donc la pédagogie suivie. Il s'en suivrait qu'il y en aurait pour tous les goûts, y compris pour les refuzniks du pédagogisme constructiviste, ce qui n'est pas le cas dans notre système collectiviste forcé, où les échappatoires sont fort peu nombreux et très couteux (bonjour "l'égalité des chances") : dans l'ordre d'efficacité et, hélas, également de prix ; le privé hors contrat, le public ou le privé des "quartiers protégés", les cours à domicile pour combler tant bien que mal les lacunes abyssales crés par l'enseignement officiel (1).

Cela m'a longtemps intrigué car je prends Brighelli pour quelqu'un d'intelligent, j'ai fini par comprendre qu'il connaît mieux l'école que le libéralisme.

Pourtant, Brighelli n'a pas totalement tort, l'école est victime du libéralisme, mais tel que le voit les collectivistes, ce qui bien entendu n'a qu'un rapport très lointain avec le libéralisme : l'individualisme, l'hédonisme, l'égoïsme, l'indiscipline, l'anarchie. Les cuistres de l'EN ont réussi à inventer le libéralisme sans la liberté et, évidemment, sans la responsabilité (2), c'est fort !

(1) car, comble de vandalisme, non seulement l'enseignement officiel n'apprend pas grand'chose, mais en empêchant le développement d'une pensée structurée, il stérilise le terrain pour un autre enseignement. Par exemple, il est assez facile de comprendre la corrélation entre des lacunes en grammaire et des difficultés en maths.

A cet effet désastreux, s'ajoute un handicap temporel. Il y a un temps pour chaque chose, et si on n'a pas appris au bon âge, il est peu probable qu'on apprenne plus tard mais plutôt qu'on n'apprenne jamais. On apprend à lire à sept ans et les quatre opérations à huit. Si, comme c'est le cas actuellement, tout cela est décalé de plusieurs années voire jamais maîtrise, c'est l'ensemble du parcours scolaire qui est plombé : si l'on n'a pas appris par coeur les fables de La Fontaine à dix ans, quinze ans n'est plus l'âge approprié, donc il est probable qu'on ne connaitra jamais, en tout cas par le biais de l'école qui nous coûte tant, les fables de La Fontaine.

(2) c'est pourquoi on trouve à la sortie de nos universités des jeunes moutons qui bêlent pour que la Big Mother étatique leur fournisse un emploi correspondant à des études choisies en complète irresponsabilité.

Dans le Point, un entretien d'Emile Lahoud

Emile Lahoud, président du Liban, présente le Hezbollah comme un mouvement libanais de résistance à Israel tout ce qu'il y a de légitime.

Seule petite question fondamentale que le journaliste a oublié de lui poser : pour quelle raison le Liban doit-il s'opposer à Israel ?

J'emploie à dessein le mot "s'opposer" et non "résister" : "résister" signifie "ne pas céder sous l'effet d'une force". Or, Israel n'appliquait plus aucune force sur le Liban dont il s'est retiré depuis plus de dix ans (1) !

Evidemment, vous comprendrez mieux la position d'Emile Lahoud quand vous saurez que certaines mauvaises langues libanaises disent qu'il a une radio greffée dans le crâne pour pouvoir recevoir ses ordres de Damas sans avoir à décrocher son téléphone.

Mais ça, Le Point n'en parle pas.

(1) : sauf des fermes de Chebaa qui sont revendiquées par ... les Syriens. Bien entendu, cette nuance entre "s'opposer" et "résister" est ce qui rend le combat du Hezbollah illégitime si on prend en compte l'intérêt libanais. Mais l'intérêt libanais existe-t-il ? Certains (des Syriens) estiment que la Liban est une création artificielle et qu'il n'existe pas de nation libanaise.

jeudi, août 10, 2006

Une photo que vous ne verrez pas dans les medias français





Légende : Près de mille enfants de 10 à 15 ans membres du groupe terroriste Hezbollah font le salut nazi le 14 décembre 2001 pendant une manifestation pour le 'jour de Jérusalem'. On distingue, à peine quelques mètres derrière, la ville de Metula, dans le nord d'Israël.

Cette photo a été diffusée par la Mena, dont le bureau se trouve presque sur la photo puis reprise par une agence espagnole. En France, ça n'a pas l'air d'être considéré comme digne d'intérêt.





Afin de ne pas être accusé de mensonge, je précise qu'il existe le même genre de photos d'origine iranienne, mais en noir et blanc, c'est pourquoi j'ai choisi celle-là.

Heureusement que les medias français ne l'ont pas publiée : ils auraient été capables de nous expliquer qu'il s'agissait de gentils écoliers libanais agitant la main vers Israel en signe de réconciliation !

Enfin, je remarque autre chose : le parallèle fait avec la seconde guerre mondiale, qui me met mal à l'aise et qu'on reproche aisément à Bush et associés, est aussi fait par leurs adversaires islamistes.

Des articles ou des tracts du genre "Merci Hitler" ou "Hitler n'est pas allé assez loin" sont courants.

J'ai entendu cette dernière phrase de mes propres oreilles en Iran (d'un "vieux", quelqu'un de 40 ans, qui avait connu la guerre avec l'Irak ; il ne faut pas oublier que 60 % de la population iranienne a moins de 25 ans, que ces jeunes sont surtout préoccupés par comment draguer sans être emmerdé, quel boulot je vais avoir en sortant de l'université et se préoccupent de politique seulement pour demander qu'on leur foute la paix).

mercredi, août 09, 2006

De "l'objectivité" de mon journal habituel

Un "chat" du Monde à propos du Proche-Orient fait intervenir M. Walid Charara, présenté ainsi : coauteur avec Frédéric Domont du livre "Le Hezbollah, un mouvement islamo-nationaliste" (Fayard, 2004).

Les propos me paraissent très orientés : il parle par exemple de "terrorisme d'Etat israelien", alors que, jusqu'à plus ample informé, Israel s'efforce d'éviter les victimes civiles, et il qualifie le Hezbollah de "parti politique".

Je me renseigne et j'apprends que ce monsieur est le responsable de la rubrique Opinions du journal égyptien Al Akhbar, journal qui a publié un tract intitulé "Merci Hitler" (vous devinez bien pour quoi). Cela témoigne au minimum d'un parti-pris dont il eut été utile d'informer les lecteurs.

Je signale ce fait dans les commentaires attachés au "chat". Que croyez vous qu'il arrivât ? Le "chat" est resté accessible mais les commentaires ont disparu.

Suis je paranoïaque de penser qu'il s'agit là d'un effet de la "déontologie" du Monde ?

Décidément, j'aurais peu appris ces derniers temps sur le Proche-Orient et beaucoup sur la haute moralité et le grand professionalisme de certains journaux français.

Guerre juste et utile ?

Un débat s'est ouvert dans les commentaires du message Petites leçons de la crise au Liban sur le point de définir guerre juste et guerre utile.

Le dilemme actuel d'Israel est bien rendu par l'article La nouvelle guerre du Liban et les limites de la politique de compromis dont la dernière phrase est :

L'usage de la force suscite sans doute la haine, mais l'inaction encourage les ambitions impérialistes de forces islamistes qui ont déclaré la guerre aux valeurs occidentales et à ceux qui les incarnent dans leur pays et dans le monde entier.

Je voudrais me placer sur un autre plan : Gaston Bouthoul, un des fondateurs de la polémologie, qui est l'étude non pas circonstancielle mais sociologique des guerres, attribuait, pour résumer, les guerres à un trop plein de jeunesse, de vitalité, ressenties. La pression déborde sous forme de guerres.

Il y a dans l'homme une pulsion guerrière indéniable. Malgré toutes nos belles idées pacifistes, il est symptomatique que s'attachent à la guerre des valeurs positives : courage, sens du sacrifice, endurance, intelligence, autorité.

Un écrivain qui a fait une guerre (Genevoix, Mailer ? Je ne me souviens plus) expliquait que la fraternité d'armes était un sentiment qu'aucune expérience civile ne pouvait rendre.

Shakespeare l'a comme à son habitude excellement exprimé : "Celui qui verse son sang à mes cotés est mon frère, et des gentilhommes qui ce soir sont au fond de leur lit se mordront les lèvres de ne pas avoir été ici". (traduction très libre d'aoprès ouvenirs)

Le malheur des guerres modernes est qu'elles sacrifient plus de civils que de combattants.

Néanmoins, je pense que la pulsion guerrière vient d'abord, les raisons qu'on en donne ne sont qu'un habillage, car il est souvent assez facile d'imaginer des solutions non guerrières.

Un autre malheur est qu'il faut être deux pour faire la paix mais un seul suffit à déclencher la guerre.

Dans le cas du Proche-Orient, où il y a plus d'un pays (y compris le Liban, dont les actions ne sont pas allées en direction d'une paix avec Israel) à ressentir cette pulsion, la guerre est quasi-inévitable.

La paix avec le Jordanie et l'Egypte est venue d'une cause psychologique : le sentiment de fierté d'avoir gagné la guerre de 1973 (c'est le point de vue officiel égyptien) allié à une lassitude de la guerre.

C'est pourquoi on peut faire tous les plans de paix qu'on veut sur un coin de la table, tant que les belligérants ne seront pas las de la guerre, il n'y aura pas de paix.

Or, les frustrations existant dans les peuples arabes, les humiliations ou ce qui est vécu comme tel et la peur de disparaitre chez les Israeliens sont un puissant moteur qui empêche la lassitude de tomber sur les épaules des protagonistes.

Bref, la pulsion guerrière risque encore de trouver beaucoup d'énergie pour l'alimenter.

En écoutant l'horoscope

Ce matin, je suis tombé à la radio sur un horoscope.

Je me suis dit que l'homme était merveilleux et inquiétant : merveilleux que des adultes puissent encore croire à des fadaises datant des Pharaons ; inquiétant de tant de crédulité.

Bien sûr, il est probable que la position de Neptune a moins d'influence sur mon destin que la couleur de la voiture garée devant mon bureau, et pourtant, personne ne s'est encore avisé de me prédire mon destin à partir de la couleur de la voiture stationnée devant mon nez.

Aujourd'hui, je suis sous le signe de la Clio grise, c'est grave, docteur ?

Un test assez marrant fut fait : on demanda à des élèves d'écrire leur date de naissance puis on leur présenta leur thème astral. 80 % répondirent que cela correspondait à leur personnalité.

On recommença avec une autre classe, mais, cette fois, sans leur demander d'écrire leur date de naissance, en leur expliquant qu'on partait des documents administratifs. Le résultat fut moins bon.

La blague est que, dans les deux cas, on distribua exactement le même thème astral à tous les élèves ! La différence entre les deux tests montre la part d'auto-suggestion, le simple fait d'écrire soi-même sa date de naissance étant plus suggestif.

Les enquêtes révèlent que les moins crédules aux horoscopes sont ceux qui ont fait des études scientifiques, on s'en serait douté ; mais aussi que les femmes sont nettement plus crédules que les hommes (y compris dans la population de ceux qui ont fait des études scientifiques).

Quelqu'un a une explication ? Et, s'il vous plaît, pas de "c'est normal : les femmes sont plus bêtes que les hommes", ça pourrait me valoir pour un procès pour discrimination.

Si je ne crois pas un mot de ce qu'ils racontent, j'admire les astrologues, au moins les meilleurs : ils ont une profonde et subtile connaissance de la nature humaine, comme les escrocs et les curés. Vous remarquerez d'ailleurs que ces trois professions, astrologues, escrocs, prêtres, ont souvent des affinités.

Enfin à titre anecdotique, entre la bourse de commerce et l'église St Eustache, à Paris, il y a une tour incongrue : elle a été construite sur ordre de Catherine de Médicis, à l'usage de son astrologue, dont elle faisant grand usage politique, de même que des filles de vertu modérée et, paraît-il, des poisons.

Au fait, pour ceux qui croient aux horoscopes, je m'en vais casser leur jouet : les constellations ont glissé depuis le Moyen-Age : les dates délimitant les signes astrologiques ne correspondent plus à la position des constellations !

lundi, août 07, 2006

Petites leçons de la crise au Liban

> La crise en elle-même ne m'a pas appris grand'chose sur le Proche-Orient.

> J'ai la confirmation que nous sommes bien mal dirigés. En effet, la position actuelle du gouvernement français est une position à usage interne, elle correspond à l'image que se fait le public français de la situation c'est-à-dire qu'il faut que "la communauté internationale", qui représente le droit et la justice comme chacun sait, s'interpose entre les cruels sionistes et les innocents Libanais. Seul hic : cela ne correspond absolument pas à la réalité puisqu'il n'y est question ni d'Iran ni de Syrie, qui sont le coeur du problème. C'est une limite de la démocratie d'opinion : on ne peut attendre de chaque Français qu'il pense en stratège et qu'il conseille en diplomate (1), mais c'est justement ce qu'on peut espérer de nos gouvernants. Une fois de plus, se confirme le fait que la devise de J. Chirac est "Gouverner, c'est mollir" : au moment où il faudrait être dur avec le Hezbollah, il est mou.

> Les medias français ne sont pas seulement mauvais, ils sont biaisés et manipulateurs, contre Israel. Dans la presse étrangère, il y a eu des articles sur la mise en scène du "massacre de Cana" ; Reuters a reconnu par un communiqué tout à fait officiel que certaines photos de Beyrouth ont été trafiquées ; les "victimes civiles" ne sont pas toutes tellement civiles ; la pratique du Hezbollah consistant à se cacher dans ou près des hopitaux, des postes de l'ONU, des écoles et des habitations méritait quelques éclaircissements ; la tactique israelienne est expliquée dans ses raisons.

La moindre des choses était de prendre un peu de recul, des pincettes, de rester circonspect, de remettre du contexte autour de l'événement ; par exemple avec un article sur les conditions de travail des journalistes à Beyrouth, "drivés" par les "public relations" du Hezbollah. Autre exemple, les medias français rapportent systématiquement les bombardements israeliens en mentionnant le nombre de victimes civiles. L'effet de répétition finit par créer le sentiment que les Israeliens s'ingénient à frapper des civils, ce qui est de la pure propagande islamiste. Il suffirait pourtant d'ajouter prudemment "le nombre de victimes militaires est caché par les autorités libanaises" pour rétablir un peu de vérité.

La désinformation par omission, voire, dans les cas extrêmes, par action, atteint un tel stade qu'il est impossible de la mettre sur le compte de la paresse des journalistes français. Il y faut des idées préconçues, une conviction, et même un engagement. Cet engagement, c'est l'anti-sionisme. Pourquoi pas ? Chaque journaliste est libre de ses opinions. Mais ce qui donne une force nocive à cet engagement, c'est que de très nombreux journalistes français semblent le partager (effet de groupe), être animés de la certitude qu'ils savent mieux que les autres (effet d'orgueil) et penser qu'ils ont pour mission non pas d'informer mais d'éveiller les consciences (effet Zola).

Comme en toute chose, rien ne vaut la pluralité des opinions pour faire jaillir la lumière. Hélas, c'est ce qui manque le plus au journalisme français à propos du Proche-Orient.
Tout cela aboutit à ce tableau pitoyable, fait de partialité, de transmission servile, d'omissions répétées, d'erreurs non corrigés, de doutes cachés, de vérités enfouies.

Seule consolation : grâce à internet, on peut accéder à toutes sortes de sources, israeliennes, libanaises, anglaises, suisses, américaines, iraniennes qui permettent par recoupement et comparaison de mieux comprendre. Mais ces recherches demandent du temps ; c'est pourquoi j'avais la naïve idée que je payais mon journal justement pour qu'un journaliste fasse ce travail à ma place. Puisque ce n'est pas ainsi, je ne sais plus pourquoi je paye mon journal.
Conclusion logique : j'ai cessé d'acheter le Monde, je le consulte maintanant sur internet, comme une source, pas trop fiable, parmi d'autres.

(1) : vous me trouverez peut-être naïf, mais mon plus grand étonnement est le vide intellectuel des contributions attachées par les abonnés internet aux articles du journal Le Monde. Des "bons" sentiments à la pelle, mais écrire que" bombarder des innocents, c'est mal" ne fait pas beaucoup avancer le débat, d'autant plus qu'en l'occurence, il n'y a aucune analyse des causes expliquant que des civils sont touchés (mis à part l'insensibilité et la cruauté congénitales des Israeliens). Le ton est non seulement très majoritairement anti-israelien, et quelquefois avec une passion stupide, mais, surtout les arguments sont d'une faiblesse insigne : au risque d'être présomptueux, je me dis, en lisant certaines opinions, à propos des auteurs "Et ça a le droit de vote !"

vendredi, août 04, 2006

Les meilleures sources d'informations sur le Proche-Orient

Actuellement, les meilleures sources sont les journaux israeliens, notamment les rubriques opinions, qui ne reculent pas devant des critiques très sévères d'Israel.

Haaretz

Jerusalem Post

Inversement, les sources arabes, qui n'ont pas la liberté de la presse, et les journaux français, ou même européens (la BBC est encore pire que Le Monde, si si c'est possible), qui se discréditent en servant la soupe au Hezbollah, ne valent rien.

Quelques sources libaniases sont intéressantes. (Libanascopie)

En jugeant les journaux d'un belligérant plus fiables que ceux de prétendus neutres, j'ai bien conscience qu'on pourrait m'accuser de prendre parti pour ce belligérant, c'est-à-dire Israel.

Je ne peux prétendre à l'objectivité, ça serait présomptueux, du moins je peux m'efforcer de garder du recul.

Or, les journaux israeliens parlent beaucoup de stratégie et de politique, y relient les faits connus, émettent des doutes sur la communication des belligérants, respectent la chronologie et l'importance relative des choses.

Toutes qualités que vous ne trouverez pas dans Le Monde, qui verse dans un pathos inconsistant.

Par exemple, à regarder les photos publiées par le journal bien-pensant et le texte qui les accompagne, il est impossible de savoir que 95 % de Beyrouth est absolument intact, l'impression est plutôt que Beyrouth va bientôt ressembler à Grozny.

Sur le site du New York Times, vous trouverez une video du correspondant à Beyrouth qui dit être à quelques centaines de mètres des immeubles bombardés : l'arrière-plan est révélateur, on y voit une circulation automobile tout ce qu'il y a de normale et même quelques embouteillages (ce qui n'est pas pour me rassurer : quiconque a circulé en voiture au Liban en a ramené une grande frousse !).

Bien entendu, je n'essaie d'amoindrir le drame que vit le Liban, mais seulement de lui donner ses proportions véritables.

jeudi, août 03, 2006

De l'objectivité des medias

Je résume pour les non-anglophones :

> le correspondant de CNN admet que son reportage du 18 juillet sur les victimes civiles au Liban a été mis en scène de bon en bout ("stage-managed from start to finish") par le Hezbollah.

> Le correspondant de Time Magazine a révélé que le Hezbollah avait une copie des passeports des journalistes et qu'il avait harcelé quelques confrères.

Tant d'objectivité et de liberté laissent pantois et inspirent toute confaince !


CNN "senior international correspondent" Nic Robertson admitted that his anti-Israel report from Beirut on July 18 about civilian casualties in Lebanon, was stage-managed from start to finish by Hizbullah. He revealed that his story was heavily influenced by Hizbullah's "press officer" and that Hizbullah has "very, very sophisticated and slick media operations."

When pressed a few days later about his reporting on the CNN program "Reliable Sources," Robertson acknowledged that Hizbullah militants had instructed the CNN camera team where and what to film. Hizbullah "had control of the situation," Robertson said. "They designated the places that we went to, and we certainly didn't have time to go into the houses or lift up the rubble to see what was underneath."

[...]

Another journalist let the cat out of the bag last week. Writing on his blog while reporting from southern Lebanon, Time magazine contributor Christopher Allbritton, casually mentioned in the middle of a posting: "To the south, along the curve of the coast, Hizbullah is launching Katyushas, but I'm loathe to say too much about them. The Party of God has a copy of every journalist's passport, and they've already hassled a number of us and threatened one."

Source : Jerusalem Post (oui, je sais mais lisez l'article avant de critiquer : ils citent des émissions faciles à vérifier)

Olmert sur Douste Blabla, dit "Condorcet"

Je trouve que c'est un bel exemple de foutage de gueule en termes diplomatiques et humoristiques.

Mickey d'Orsay, c'est un peu la honte.

Comment réagissez-vous aux propos de Philippe Douste-Blazy affirmant que l'Iran joue un rôle stabilisateur au Proche-Orient ?

E. Olmert : Je crois qu'il a rectifié ces propos. Est-ce vrai ? Lors de mes divers entretiens avec M.Douste-Blazy, j'ai trouvé que je pouvais facilement m'entendre avec lui sur… le football, et sur certaines questions politiques. Il est très charmant. Nous sommes tout à fait d'accord sur l'importance des biotechnologies.

Mais nous divergeons quelque peu sur le rôle que joue l'Iran. Lorsque j'entends le président de l'Iran dire qu'il faut rayer Israël de la carte, et lorsque je vois ses efforts pour obtenir des armes nucléaires, je ne vois pas très bien la stabilisation qu'il apporte

Un exemple de manipulation journalistique

Hier, je vous disais tout le peu de bien que je pense des journalistes. Aujourd'hui, je tombe dans mon journal habituel sur un magnifique exemple de journalisme biaisé.

Le Monde publie un entretien avec le premier ministre israelien Olmert intitulé : Ehoud Olmert : "Il n'y a pas de limite" à l'offensive israélienne".

Le titre de l'article est à l'évidence biaisé. Factuellement, c'est vrai, la phrase est extraite de l'entretien, il n'empêche que le sens de l'entretien est tout le contraire : limite dans le temps (arrivée d'une force internationale), limite dans l'objectif (juste le Hezb), limite dans l'espace (pas d'extension à la Syrie).

Je ne donne pas d'opinion sur le fond des propos de Ehoud Olmert, c'est une autre histoire. Je prends juste Le Monde en flagrant délit de malhonnêteté.

Une politique rusée de la France ?

Le gouvernement français exige le cessez-le-feu au Liban tout retardant sa mise en oeuvre.

Si c'est une subtile politique pour laisser le temps à Israel d'achever le Hezbollah tout en préservant l'image "arabe" de la France, ce n'est pas mal joué, même si l'honnêteté et la franchise en prennent un coup.

Malheureusement, les politiciens français, et notamment J. Chirac, étant peu familiers de l'action en politique, des durs choix qu'elle suppose parfois (1), je crois plutôt qu'il faut prendre au premier degré la demande de cessez-le-feu (2) et mettre le retard sur la pusillanimité de nos gouvernants.

Je leur laisse tout de même le bénéfice du doute.

(1) : Nicolas Baverez pense que la devise de Jacquot est "Gouverner, c'est mollir"

(2) alors, que tout bien considéré, l'action actuelle d'Israel est dans l'intérêt du Liban (hé oui) et de la France.

ue l'élimination du Hezbollah en tant que force armée soit un bienfait pour le Liban est peu contestable, sauf à être islamiste. L'impact sur l'économie pourrait être assez vite réparé si un Liban plus stable rassurait les investisseurs. Enfin, le nombre de morts assurément civils reste relativement limité (moins d'un mois d'accidents de la route).

C'est dommage qu'on soit obligé d'en passer par ces méthodes cruelles, mais quelquefois, il faut ce qu'il faut.

Quant aux histoires de "rancoeur accumulée qui crée de nouveaux terrroristes", c'est vrai seulement dans la mesure où il n'y a pas d'autre exutoire à la frustration. Si, comme en Irlande par exemple, les dirigeants changent de discours et donnent un autre but (la prospérité par exemple), on verra autre chose

Roquettes : encore faut-il savoir viser ...

Hier, une roquette du Hezbollah a atterri sur le village palestinien de Jénine sans faire de victimes. Pas un commentaire dans la presse française sur cette "frappe aveugle et disproportionnée" ? Comme c'est étrange :-)

Les chèvres sont-elles douées pour la Kalachnikov ?

Ce commentaire, que je trouve comique, piqué sur le site de Ludovic Monnerat :

Bravo pour ce blog... Enfin des gens qui tendent vers l'honnêteté intellectuelle et le respect des FAITS.

Encore une petite info sur le Hezbollah: au Sud-Liban, parmi les soi-disant "victimes civiles innocentes de l'aggression israélienne", il y a eu paraît-il de nombreux "bergers"...

En Suisse, on compte généralement un berger pour une trentaine de bêtes, voire plus... Or, au Sud-Liban, des photos montrent qu'il faut à peu près inverser les choses: environ 30 "bergers" pour une ou deux chèvres... Mais les journaleux de nos media, fidèles à la doxa ambiante, jugent ce genre d'information peu utile... No comment...

Je suis victime de la censure

J'avais laissé sur le site du Monde un commentaire mettant en doute (et non pas niant) le "massacre de Cana". J'ai été aussitôt traité de négationniste (ben voyons).

On remarquera toujours cette obsession de la 2ème GM, Israel étant vu par les mêmes comme "fasciste, génocidaire, criminel contre l'humanité".

J'en viens de plus en plus à considérer que cet anti-israelisme l'écume aux lèvres viendrait d'un passé mal assumé : Puisqu'on n'a pas pu sauver les victimes de cette folie européenne, le génocide des juifs, essayons de ternir les descendants symboliques des victimes, les Israeliens, pour avoir moins mal.

Israel est très critiquable, mais avec des faits, des arguments, pas avec cette emphase hors de toute mesure. Je me dis donc que seuls le refoulé et le déni peuvent donner une motivation et une énergie assez fortes pour alimenter une telle colère.

Pour en revenir au "massacre de Cana" sur le site du Monde, j'ai ensuite donné , en réponse aux lecteurs, divers liens afin qu'ils puissent se faire une idée. Aucun de ces messages, qui ne contenaient pas un mot plus haut que l'autre, n'a été publié par Le Monde, marrant, non ?

Les journalistes français ne remontent pas dans mon estime, où ils n'étaient pas bien haut. Dans mon esprit, journaliste devient synonyme de : partisan, conformiste, moutonnier, paresseux, malhonnête, bas de plafond et fat. Ca vous surprend ?

Heureusement, il y en a sûrement quelques uns qui sauvent l'honneur, mais lesquels ?

Je suis particulièrement heureux d'être victime de quelque chose, ça me manquait, j'avais l'impression de ne pas être à la mode.

Bon, ce n'est pas tout : il faut que je monte un comité de défense, que j'alerte les medias, que je fasse part de mon indicible souffrance, que j'attaque en justice afin de "pouvoir faire mon deuil" (et non pas vulgairement de gagner des sous). Ca ne paraît pas, mais victime, c'est un boulot à plein temps.

Derniers développements au Liban

Les évènements de ces dernières heures confirment ce qu'on pouvait deviner : le but de guerre d'Israel est d'ôter toute capacité militaire au Hezbollah, vassal de l'Iran, non pas en s'attaquant au matériel mais aux hommes : troupes d'élite, cadres, techniciens, conseillers militaires syriens ou iraniens ; de manière à ne plus vivre sous une menace iranienne par procuration à ses frontières.

Il semblerait que ça soit en bonne voie (par exemple, les tirs de roquettes diminuent et en plus sont nettement moins précis, ce qui laisse soupçonner une pénurie de personnel qualifié).

Cela enlève pour le futur un risque d'escalade entre Israel et l'Iran, ce qui est particulièrement important si l'Iran devient puissance nucléaire (1).

Ceci ferait du Liban un pays plus libre (car le Hezbollah poursuit des objectifs qui sont ceux de puissances étrangères et non du pays) et constituerait une défaite pour l'Iran et la Syrie. Ce résultat étant considéré comme souhaitable par la quasi-totalité des acteurs (sauf bien entendu l'Iran et la Syrie), y compris les politiciens libanais non inféodés au Hezbollah (2), l'absence de réaction concrète s'explique : on fait du bruit avec la bouche (3) mais on se garde bien de rien faire qui puisse vraiment gêner l'action israelienne.

En raisonnant par rapport à l'enjeu, les accusations de riposte israelienne "disproportionnée" sont pour le moins légères, voire de mauvaise foi (4). Quant à la prétendue cécité des bombardements, il ne faut pas oublier qu'un combattant du Hezbollah à qui on a retiré sa Kalachnikov est une pauvre victime civile des affreux sionistes.

J'ai pu lire des évaluations par des journalistes libanais de victimes véritablement civiles entre 300 et 700, c'est toujours trop, mais on est loin des 1500 annoncées hier par le Figaro.

Je vous signale au passage que Ludovic Monnerat se fait l'écho des doutes sur la réalité du "massacre de Cana" (Autopsie d'une mise en scène ? )

Je suis navré que ça ne soit pas du tout ainsi que la situation soit présentée au public français, mais je me suis fait une raison : notre presse est tellement habituée à servir la soupe à la gauche (pour qui Israel est le diable), à ne plus aller enquêter elle-même et à jouer de l'émotion qu'il est vain d'en attendre grand'chose.

Maintenant, tournons nous vers l'avenir. Autant je fais confiance à Israel pour gagner la guerre, autant j'ai un doute sur la paix.

Il est clair qu'un élément apaisant serait un Liban indépendant, plus à la recherche de prospérité que du conflit avec le bouc-émissaire sioniste. Ceci suppose l'accord de la Syrie, qui a toute capacité à pourrir le Liban ; c'est-à-dire qu'il faudrait que la Syrie aille contre l'Iran, qui, lui, a intérêt à l'anarchie au Liban.

Aujourd'hui, la Syrie est proche de l'Iran parce que ses réserves pétrolières s'épuisent et qu'il lui faut un allié pour la soutenir (et pour soutenir la dictature en place). Comment détacher la Syrie de l'Iran sans effrayer la caste au pouvoir, avec laquelle il faut bien composer ?

Je n'ai pas de réponse, mais c'est un problème crucial. Je suppose que la Russie, qui est proche de la Syrie et n'a pas un grand amour pour les islamistes, a un rôle essentiel à jouer.

Dans un mouvement audacieux, Israel pourrait rendre le plateau du Golan comme signe d'apaisement en échange d'autres garanties (par exemple, l'accord de la Syrie pour une force d'interposition au Liban). Je crois que le Golan ne serait pas cher payer pour Israel si cela pouvait être gage d'un Liban libre.

Je ne sais pas de quoi l'avenir sera fait, mais il me semble que la situation se clarifie à grands pas.

J'espère que la France, revenant de ses lubies de "politique arabe", qui consiste à défendre le statu-quo, jouera un rôle constructif. Je n'en suis pas sûr.



(1) : leçon de la crise des missiles de Cuba : éviter au maximum les occasions de friction entre puissances nucléaires

(2) : il semble que beaucoup de politiciens libanais ont un double discours : scandalisés dans les médias, bien contents en privé qu'on les débarrasse de l'Etat dans l'Etat hezbollahi.

(3) : dont notre inénarrable ministre des affaires étrangères, que le monde ne nous envie pas, Douste-Blabla, dit "Condorcet", qui a prononcé une phrase qui méritera de figurer au top du bêtisier 2006 : "L'Iran est une puissance stabilisatrice de la région."

(4) : Beyrouth n'est pas détruit, on peut estimer que 95 % de la ville est intact, notamment les quartiers reconstruits du centre-ville, et les destructions sont très localisées. De même pour le reste du Liban. Seule l'économie est gravement touchée, mais ce n'est peut-être pas si irrémédiable : comme d'habitude, l'UE et l'Arabie Saoudite paieront.

mardi, août 01, 2006

La tactique de l'armée israelienne

Une explication donnée par l'agence arabo-israelienne (si, si, c'est possible) Metula News Agency :

Gueule de bois stratégique

Le Hezbollah à genoux ?

Fidèle à mon voeu de silence, je ne fais que vous répéter un lien que je vous avis déjà mis en commentaire :

Une saignée discrète et mortelle

Il semble bien que ce message soit prémonitoire. Dépêche d'une agence libanaise ce matin :

Hier, lundi, le Hezbollah a été incapable de tirer la moindre roquette contre le territoire israélien. Cela fait déjà 4 jours que les terroristes n'ont pas réussi à atteindre la région de Haïfa.

Comme il est peu probable que cela vienne de la bonté d'âme du Hezbollah, on peut supposer qu'Israel est en passe d'atteindre un de ses buts de guerre.

On pourra discuter ensuite des tactiques utilisées, mais enfin tous ceux qui ont hurlé à la "riposte disproportionnée" auront l'air un peu couillons si ça se confirme (je suis désolé d'être aussi cynique, mais la guerre, ce n'est pas une réunion de poètes, il n'y a que le résultat qui compte).

Restera à valider ensuite que la victoire est bien une victoire, c'est-à-dire que le Hezbollah ne va pas se recréer ensuite, mais de ce coté, un espoir (fragile) peut être entretenu : pour la première fois au Liban , certains, dont des musulmans, ont osé traiter le Hizb d'irresponsable.