vendredi, décembre 21, 2007

Le paysan Sarkozy

Nicolas Sarkozy a d'étranges défaillances.

Yasmina Reza expliquait comment le candidat Sakozy a visité au pas de charge le QG de guerre de Churchill, à l'évidence totalement imperméable à l'histoire de ce lieu, au point de créer un malaise parmi les accompagnateurs.

Voilà que des témoins, relativement discrets, signalent qu'au début de sa visite au pape, notre président semblait ne pas du tout ressentir la majesté du lieu, du cérémonial et des circonstances. Ce n'est qu'au cours de la journée qu'il s'est progressivement départi de sa désinvolture.

Je sais qu'on ne peut pas toujours être au mieux de sa forme intellectuelle. Mais je m'étonne : ce comportement de rustre sied peu à un politicien, ordinairement animal à antennes. Que Sarko manque ainsi à sentir un lieu me dérange, je me demande si ce n'est pas révélateur d'un défaut plus profond.

Peut-être n'a-t-il pas le sens de l'histoire, ce qui est gravissime dans sa position de monarque républicain.

5 commentaires:

  1. Vous avez sans doute raison.

    Quelqu'un a remarqué que Sarkozy, pourtant ouvertement pro-catholique, avait eu l'incorrection de vérifier son téléphone portable alors qu'il était en face du pape.

    Mais que voulez-vous: tous les autres ont tellement le sens de l'histoire qu'ils sont incapables de rompre avec les mauvaises habitudes du passé.

    C'est en cela que Sarkozy est, vraiment, un président de rupture. L'appellation de droite décomplexée est juste. C'est exactement ça qu'il nous fallait. Quelqu'un que cela ne gêne pas de dire tout haut que la carte scolaire est une merde; que c'est le gouvernement qui gouverne, pas les syndicats, etc.

    Evidemment, il aurait mieux valu qu'il soit et décomplexé, et qu'il ait le sens de l'histoire.

    On peut aussi vouloir dans son lit la plus belle fille du monde, et qu'elle soit la plus intelligente, et qu'elle soit la plus riche, etc.

    Et puis il y a un moment où il faut faire avec ce qu'on a.

    Quand les stato-gauchistes détruisent consciencieusement le système éducatif pendant des décennies, quand en particulier ils détruisent l'enseignement de l'histoire, comment voulez-vous avoir des présidents qui aient le sens de l'histoire?

    Fallait pas voter Mitterrand. Fallait pas idéaliser mai 68. Maintenant, c'est fait, c'est fait; la question est d'en sortir.

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  2. Il ne faut pas confondre sens de l'histoire et conservatisme. L'histoire française est suffisamment riche de ruptures.

    Quel président avait plus le sens de l'histoire que Charles de Gaulle ? Quel gouvernant a vécu plus que lui de ruptures ?

    Je pense que dans sa position de monarque républicain, qui conserve un peu du roi thaumaturge de l'ancienne France, le manque de sens de l'histoire est un grave danger.

    Cependant, vous avez raison, il faut faire avec ce qu'on a.

    «ils détruisent l'enseignement de l'histoire» L'homme nouveau, le but du socialisme. L'homme nouveau est un homme sans passé. Ces gens-là sont cohérents.

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  3. Il est donc bien le président des francais. Aller dans une cathédrale, une église qui a un interêt architectural par exemple. Le comportement des gens est ahurissant (cf telephone portable). Je suis peut etre déjà un vieux con, ceci dit

    Sarko (je suis d'accord avec robert) est "conforme". Il est "hypermoderne". Comme le McDo en son temps. Je ne suis pas sur Napoleon 1 avait aussi le sens de l'histoire.

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  4. «Je ne sais pas sur Napoleon 1 avait aussi le sens de l'histoire.»

    Alors là, je sèche. «Du haut de ces pyramides, 40 siècles vous contemplent.» ne me parait pas une preuve suffisante.

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  5. Le Monde titre un article d'un sémiologue (Ouh, là ! Danger !) : «La communication de Nicolas Sarkozy s'inscrit dans un présent perpétuel.»

    Et ce savant de dire que les difficultés commenceront quand seront abordés des problèmes qui ne pourront pas se réduire à la communication.

    Mais, justement, ce monsieur se trompe : c'est le raisonnement inverse qui est fait. On n'aborde que les problèmes qui peuvent se réduire à la communication.

    Si les circonstances présentent des problèmes inattendus, on ne traite que leur aspect médiatique. Avec une équipe habile, cette méthode peut perdurer.

    Les problèmes principaux de la France sont la réduction des dépenses publiques (moins de fonctionnaires, moins de couches) et la mise en place de retraites par fonds de pension.

    Tout le reste, c'est de l'écume.

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