vendredi, juin 24, 2011

La régression intellectuelle de la France (conférence institut Turgot)

Philippe Nemo soutient que les lois Pleven, Gayssot et Taubira, en créant un délit d'opinion même (et surtout) pour des vérités (1) entraînent une régression intellectuelle qui nous ramène au haut Moyen-Age, avant que la scholastique n'établisse la distinction entre le pêché, qui relève de Dieu seul, et le crime, qui relève de la justice humaine.

Or, une parole n'est pas un acte, une parole ne peut être un crime (2), c'est un pêché. En rétablissant le délit d'opinion, la France subit un terrible retour en arrière et verse dans la pensée magique : certaines paroles entraineraient mécaniquement certains actes, comme le sorcier qui diit la prière de la pluie fait tomber la pluie. Du temps de l'inquisition, au moins la doctrine était connue et donc l'hérésie aussi, il n'y avait pas d'insécurité juridique, on savait facilement de quel coté de la ligne on était. Avec la moderne police de la pensée, il n'y a même pas cette élémentaire sécurité : tout est laissé à l'appréciation très subjective des juges.

Pour Nemo, internet est impuissant à contrer cette régression intellectuelle car ce qui compte, c'est la parole publique, le fait que, non seulement, tout le monde entende, mais que tout le monde sache que tout le monde a entendu, ce qui n'est pas le cas sur internet.

Les conséquences ? Les mêmes que l'inquisition en Espagne. Même s'il reste de brillantes individualités (réfugiées sur internet), le fait que certains sujets soient tabous dans le débat public provoque une arriération par rapport aux pays qui ne sont pas si cons.

Nemo est très pessimiste : le titre initial de son livre était «Le suicide intellectuel de la France». Moi non plus, je ne suis pas optimiste. Je pense que, par exemple, si Marine Le Pen arrivait au pouvoir, par pure hypothèse, même elle n'abolirait les lois de délits d'opinion : elle reculerait devant l'oligarchie et se servirait de cette absence d'abolition comme d'un gage de son progressisme. Quant aux autres, ce sont eux qui ont fait ces lois suicidaires.

Il faut en prendre son parti : les gauchistes ont écrasé leurs adversaires et gagné la bataille politique, ils ont réussi à verrouiller le système de manière à ce qu'on ne puisse plus exprimer que leurs idées et en plus, ils se payent le luxe d'organiser de faux débats et de fausses polémiques pour entretenir l'illusion que la liberté de pensée existe toujours.

La vraie liberté existera quand on pourra débattre sans auto-censure et publiquement de la race, de la religion, du sexe.

En attendant ce jour béni, que faire ? Passer le témoin. Les idées ne vivent pas dans l'éther, elles sont portées par des hommes. La génération des soixante-huitards est en train enfin de laisser la place qu'elle occupe depuis trop longtemps pour tout le peu de bien qu'elle y a fait. Sachons être prêts.

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(1) : les propos qui ont fait condamner Eric Zemmour et Christian Vanneste sont incontestables. D'ailleurs, ils n'ont pas été contestés : on a reproché aux condamnés de les avoir tenus publiquement, non d'avoir soutenus des propositions fausses.

(2) : sauf une diffamation ou une injure contre une personne précise : là, on peut tenter d'analyser objectivement les conséquences. Ca n'a rien à voir avec une assertion générale comme «tous les hommes prénommés François sont des traitres».

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