FFF
Un ancien résistant, prof de civilisation greque au Collège de France, fait un petit point, léger et modeste au soir de sa vie. Des menus propos fort stimulants.
Ex-communiste, il pense qu'avoir été communiste lui a appris à regarder le monde d'une certaine manière ignorée par la plupart et que d'avoir quitté le PC lui a appris à résister aux embrigadements idéologiques. Il ne regrette ni dêtre entré, ni d'être sorti.
Il revient sur l' "affaire Aubrac" : en 1997, des historiens, appélés par le journal Libération, à débattre avec les Aubrac d'un livre les mettant en cause dans l'arrestation de Jean Moulin, se sont peu à peu, au cours de la journée de débats, érigés en tribunal inquisitorial des Aubrac.
On notera que la transplantation de l'historien de son milieu naturel (l'université) à un univers qui lui est étranger (les medias) a joué son rôle.
Cette dérive, où des historiens ont prétendu être plus légitimes que les acteurs de l'histoire, devrait nous éveiller et nous inciter à méditer quelques instants : dans ce monde où les experts sont de plus en plus nombreux et influents, il convient qu'ils soient des conseils mais qu'ils n'aient pas de pouvoir.
Seul le peuple, en dernier ressort, est souverain, au risque assumé de l'erreur.
Pour enfoncer le clou, il raconte l'anecdote suivante : un camarade résistant s'est évadé grâce à un faux télégramme du ministère de l'intérieur demandant sa libération. L'affaire était combinée de telle sorte qu'il se retrouve libéré avant que le directeur de la prison puisse vérifier auprès du ministère.
Quelques années plus tard, il a demandé sa pension d'ancien combattant. Elle lui a été refusée par l'administration : le faux télégramme qui a fini dans son dossier semblait prouver qu'il était au mieux avec un ministre collaborateur. Il a fallu le témoignage de plusieurs résistants pour que l'administration se résolve à ne pas croire son dossier.
Cela montre bien que l'élément humain est primordial et que les papiers et les dossiers mentent toujours un peu.
C'est pourquoi la seule source de lumière admissible et légitime est le débat public.
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