Pas un battement de cil. Pas un mot, une phrase, un geste qui trahisse une émotion. Le maître zen vietnamien Thich Nhat Hanh, 80 ans, savoure ce moment dans la sérénité et la discipline de la Pleine Conscience qui est au cœur de son enseignement bouddhiste.
A Roissy, mardi 11 janvier, entouré d'une nuée de nonnes en robe marron, crâne rasé - dont l'inséparable sœur Chan Khong -, de novices, de bikkus (moines ordonnés), il attend son vol pour Hanoï, un vol espéré depuis trente-neuf ans.
Le 11 mai 1966, le thaï (maître bouddhiste) a quitté son pays pour une tournée de conférences contre la guerre qui ravageait alors son pays. On ne le laissera plus rentrer.
Début 2004, alors qu'il donnait un enseignement en Californie, il a été subitement approché par des membres du consulat vietnamien qui lui ont proposé de rentrer.
Thich Nhat Hanh a posé trois conditions : que dix de ses livres soient publiés sur le champ (quatre le seront, dont Soyez libres là où vous êtes !) ; qu'il puisse donner des conférences publiques ; qu'il soit accompagné d'une délégation du Village des pruniers. Ainsi une centaine de fidèles ont-ils convergé, mardi, des Etats-Unis et de toute l'Europe vers le Vietnam. Le maître pourra aussi faire des conférences à Hanoï, Ho Chi Minh-Ville, Huê et être reçu par les autorités.
Thich Nhat Hanh rentre dans un pays qu'il ne reconnaîtra pas, mais là, sur une banquette de Roissy, il est sur un nuage. L'esprit de triomphe et de revanche ne l'atteint pas. "Le Vietnam a sans doute changé, dit-il. J'y vais pour comprendre et pratiquer l'Ecoute profonde. Le temps des peurs, des suspicions, des discriminations doit passer." Dans trois mois, il a donné rendez-vous à ses fidèles en France.
Lien : Thich Nhat Nahn de retour au Vietnam
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