Vive la précarité à Londres !
par Christian Roudaut (Valeurs actuelles)
Des milliers de jeunes Français choisissent la flexibilité du travail en Angleterre. Ils sont de plus en plus nombreux à franchir le pas. Ils en redemandent. Reportage décoiffant pour nos anti-CPE.
Noyé dans la masse des restaurants, des pubs et des cinémas de Leicester Square, le Centre Charles-Péguy est un lieu de passage obligé pour beaucoup de jeunes Français fraîchement débarqués à Londres. Cette association est financée par le ministère des Affaires étrangères. Ses modestes locaux accueillent les visiteurs qui viennent prendre connaissance des dernières offres d'emploi : serveur, vendeur, réceptionniste ou agent de sécurité...Très souvent, les jobs proposés n'ont pas de quoi faire rêver : petits salaires, longues journées de travail, horaires flexibles, aucune garantie sur le long terme. Miracle de la traversée transmanche, ces jeunes qui refuseraient toute idée de flexibilité en France semblent accepter la précarité made in England.
« Ici, c'est un peu le CPE tout le temps, explique Jeff, jeune Parisien de 19 ans, serveur dans un restaurant. On peut se faire virer du jour au lendemain, mais ce n'est pas pour autant qu'on ne trouvera pas de travail une semaine plus tard. »
Jeff est depuis deux mois à Londres. « Les employeurs n'ont pas peur d'embaucher quelqu'un parce qu'ils savent qu'ils peuvent s'en séparer s'il ne fait pas l'affaire. Je préfère le système d'ici. Avant d'arriver, j'ai cherché du travail sur Paris, à fond, pendant trois mois, je n'ai rien trouvé. Ici, le lendemain de mon arrivée, j'avais un entretien, deux jours plus tard, j'étais embauché. »Et pour cause : avec un taux de chômage presque deux fois inférieur à celui de la France, la Grande-Bretagne flirte aujourd'hui avec le plein-emploi, grâce notamment à des charges patronales nettement moins élevées et un droit du travail plus souple.
« Ce n'est pas l'eldorado, il y a beaucoup de sous-boulots, tempère Christophe, ami de Jeff. Mais au moins on trouve du travail facilement. Et si on progresse en anglais, on peut passer à l'étape supérieure.» [Ne serait-ce pas la souplesse, le secret soi-disant perdu de l'ascenceur social ?]
Une fois franchie la barrière linguistique, le marché du travail britannique offre de nombreuses opportunités aux jeunes Français. À condition de vouloir s'accrocher. « Il y a une possibilité d'évolution rapide, même pour des jeunes non diplômés, avec à la clé des carrières et des salaires intéressants », confirme Nicolas Métalnikoff, le directeur du Centre Charles-Péguy.
Attention, pourtant : le directeur met en garde ces jeunes Français qui arrivent en Angleterre "la fleur au fusil", persuadés que la french touch suffira à séduire les employeurs anglais. « Ils viennent dans un autre pays. Il faut oublier tout le système français, les diplômes, le chômage, les 35 heures. S'ils veulent réussir, il faut qu'ils reprennent certaines choses à zéro. »
Nicolas Métalnikoff regrette que les Français soient devenus « moins travailleurs ». Pour réussir en Angleterre, mieux vaut donc ne pas compter ses heures, surtout depuis l'ouverture de l'Union aux pays de l'Est. Les jeunes Français se trouvent aujourd'hui en concurrence directe, généralement pour des emplois non qualifiés, avec les quelque 350 000 jeunes Polonais, Slovaques, Tchèques, Lituaniens et Hongrois qui ont posé leur valise en Grande-Bretagne depuis le 1er mai 2004.
« La donne a changé, constate Métalnikoff. Les Français se retrouvent face à des gens qui sont prêts à travailler beaucoup plus d'heures. On leur propose 50 heures par semaine, ils en demandent 65 pour faire des heures supplémentaires. Les Français, eux, ont tendance à râler, à trouver qu'ils ne sont pas assez bien payés, qu'ils font trop d'heures. » La sanction arrive au bout d'un certain temps : les employeurs, même des restaurateurs français, ne veulent pas s'embêter avec des Français quand ils peuvent prendre des Polonais ou des Tchèques qui travaillent bien sans rechigner.Les six premiers mois sont un cap souvent difficile à passer, en particulier à Londres où le coût de la vie est notoirement élevé. Si certains renoncent rapidement, d'autres s'accrochent pressentant que le monde du travail en Angleterre leur offre de meilleures chances de réussite professionnelle qu'en France.Le parcours d'Alexandra de Blonay, 32 ans, est exemplaire. Arrivée de Montpellier en 1996 avec un malheureux baccalauréat en poche, cette jeune Française a commencé par un modeste poste de réceptionniste, se débrouillant tant bien que mal avec un anglais hésitant. Dix ans plus tard, Alexandra est directrice artistique chez Candy & Candy, entreprise anglaise spécialiste de la décoration intérieure de luxe. Son salaire est « confortable ».
Avant d'en arriver là, elle a multiplié les expériences professionnelles dans des maisons d'édition et des cabinets d'architecte suivant parallèlement des études de graphisme. « Il faut avoir l'attitude de quelqu'un qui en veut », confirme Alexandra. À la lumière de son expérience anglaise, elle avoue « avoir du mal à comprendre » la révolte des jeunes Français contre le CPE, elle qui n'est jamais restée plus de deux ans dans la même entreprise : « Les employeurs ne vous emploient pas dans l'idée de vous virer. Ici, ils peuvent se permettre de vous donner une chance parce qu'il y a moins de pression à l'embauche au départ. »
Installé à Londres depuis 1999, Arnaud Rannou a su, lui aussi, tirer profit de la grande mobilité professionnelle qu'autorise le marché du travail britannique. Comme tant d'autres, ce Breton de 33 ans a commencé par servir dans un pub. Après avoir enchaîné un grand nombre de jobs, au point de ne plus pouvoir les compter, il a monté sa propre société - Cuisine Partner - spécialiste de l'import-export de produits surgelés hauts de gamme. « Si vous générez une plus-value à l'entreprise, la société va vous garder et même vous former, constate-t-il. Ayant connu la flexibilité et le pragmatisme anglais, j'ai le sentiment que tout devient plus lourd et plus compliqué en France. »
Diplômé de l'École supérieure de commerce de Paris, Lionel Ferly a quitté un marché du travail français qu'il trouvait « complètement bouché ». Il est venu travailler à la City comme analyste de crédit dans une grande banque anglaise d'investissement. « Les Anglais ne comprennent pas notre débat parce que la précarité est, en quelque sorte, naturelle pour eux. Il y a une différence de culture : les Anglais sont beaucoup plus entrepreneurs. »Le modèle britannique est-il transposable ?Ce Guadeloupéen de 36 ans ne croit pas à la possibilité de « transférer le modèle britannique en France » mais il suggère de s'en inspirer : « Il faut assouplir les conditions d'embauche et de licenciement afin de réduire la peur que les employeurs ont d'embaucher. »
Lionel avoue « ne pas être pressé de rentrer en France ». Il n'est certainement pas le seul.La situation économique et sociale, ce french malaise dont parlent abondamment les médias britanniques, n'incite guère au retour pour les quelque 300 000 à 400 000 Français installés en Grande-Bretagne. Beaucoup de jeunes préfèrent prolonger leur séjour et persévérer dans ce pays dont le modèle, si souvent décrié en France, leur offre un travail et de réelles chances de réussite professionnelle, pour peu qu'ils s'accrochent.
« Je ne conseille certainement pas à des Français qui sont ici depuis six ou sept mois de rentrer en France actuellement », insiste Nicolas Métalnikoff.
Le flot régulier de Français qui viennent tenter leur chance en Angleterre est loin de se tarir. Quinze mille d'entre eux, dont les deux tiers ont moins de 36 ans, traversent chaque année la Manche pour venir travailler en Grande-Bretagne, persuadés que l'herbe est plus verte de l'autre côté du Channel. Les faits ne leur donnent pas vraiment tort...
Christian Roudaut
bosser 50 ou 65 heures par semaines ça marche pendant 3-4 ans... après ca comment concilier avec une vie de famille ??? Impossible.
RépondreSupprimerJe ne crois pas que ce modèle soit non plus la panacée.
40 ans de féminisme et de diminution du temps de travail ont bien fait leur boulot...
RépondreSupprimerComme on dit, il y a les bons médecins et ceux qui ont une vie de famille.
Je conseille de lire le livre "le royaume enchanté de Tony Blair" il explique la réalité qui differe nettement de la propagande de ce type de journaux néolibérales.
RépondreSupprimerJ'adore surtout quand le "journaliste" parle du fait que le français ne veut plus travailler, comment expliquer que le français soit 20 fois plus productif que son compaire britanique.
Il n'y a pas de paradis sur terre (désolé de vous décevoir : c'est un bobard socialiste). La vie est faite de choix, de compromis.
RépondreSupprimerQuand on est jeune ou entreprenant, allez au pays de Tony ne semble pas un choix idiot.
Je ne croit pas ua paradis, cela doit être mon coté Athée. Mais je crois que quand les compromis sont toujours du même coté, le choix n'existe pas.
RépondreSupprimerTu as juste le choix entre galerer et galerer. Aux pays de Tony comme ici.
Entreprendre pour quoi faire? pour pourrir la vie des gens , il serait preferable que ces jeunes fassent autre chose, la vie et courte.
mass, vous êtes vieux.
RépondreSupprimertres vieux!!
RépondreSupprimerParce que la modernité, c'est avoir un marché du travail qui ressemble à se méprendre à celui du début du 20eme siecle, je vous laisse votre jeunesse mon cher.
De quel marché du travail parlez vous ? Du français ou du britannique ?
RépondreSupprimerPuisque vous semblez être une "grande âme" préoccupée de vos semblables (ce que ne sont bien entendu pas les affreux libéraux), savez vous que d'après un sondage, qui vaut ce que valent les sondages, les Anglais, victimes de leur horrible marché du travail, se sentent deux fois moins menacés dans leur emploi que les Français, protégés par le système social que-le-monde-nous-envie ? Si vous êtes un vrai gauchiste, vous répondrez que les Britanniques de ce sondage sont mal informés sur leur situation réelle et qu'ils ont besoin d'un guide (évidemment de gauche et supérieur), mais je ne vous ferai pas cette injure de vous croire gauchiste.
Ce sondage donne tout de même à réfléchir : Raymond Boudon, un des rares sociologues libéraux, a beaucoup écrit sur les effets dits pervers, qu'il considère être tout à fait normaux sous un régime de liberté, qui font que, les acteurs s'adaptant aux contraintes réglementaires, l'objectif affiché pour ces contraintes par la puissance publique n'est jamais atteint et le résultat peut même être exactement inverse. Une protection (de l'emploi, par exemple) peut devenir dans les faits une source de précarité (pour les personnes).
Mais je suis un horrible gauchiste (pas encore mangé d'enfant mais cela ne devrait pas tarder)
RépondreSupprimerQuand au sondage, cela me fait doucement rire, je ne nie pas que la traité du proletaire en grande-bretagne est beaucoup plus perfomante qu'en france.
Mais il ne faut pas se voiler la face, la belle santé anglo-saxonne , n'est qu'un epais ecran de fumée, avec un precipice aux bout.
Il est vrai qu'il y a beaucoup moins de chomeur en grande-bretagne par exemple, mais beaucoup plus d'invalide. Etrange.
Mais vous dechanterais bientôt.
Je pense qu'il n'y a pas beaucoup d'intérêt à discuter avec un individu ayant une telle méconnaissance à la fois de la politique, de l'économie, et de l'histoire, et qui, néanmoins, veut jouer aux moralisateurs éclairés, comme ses prédécesseurs gauchistes à qui nous devons l'état de la France, entre autres.
RépondreSupprimeret voilà tac : "prend ca t'en tagueule sale gauchiste ignorant"
RépondreSupprimerC'est tellement facile merci le jeune de m'avoir montré la voie de la connaissance.
"Pourquoi debattre même en face ce que des idiots moralisateurs" ta pensé de glorifie et montre ton intelligence extreme.
malheureusement dans votre "camps" vous etes de plus en plus comme cela, c'estpeut être le fait de croire que l'on obligatoirement raison , c'est "la loi naturel"
Argumentez messieurs. Interrogez vous par exemple sur le cas de l'Irlande.
RépondreSupprimerNota : je trouve le tutoiement vulgaire, jusqu'à preuve du contraire, nous n'avons pas élevé les cochons ensemble, camarade.
En fait, mass, ce qui me fatigue, ce sont les sempiternelles répétitions de lieux communs, les raisonnements hâtifs et mal construits, les observations au premier degré, la systématique vision bipolaire, et le nombrilisme exacerbé dont vous et votre clique faites preuve.
RépondreSupprimerJe suis d'ordinaire tout à fait disposer à discuter, mais avec vous, la preuve est faite que c'est inutile. Vous ne m'apprendrez rien, vous ne me surprendrez pas, et, de votre côté, vous refuserez d'admettre la vérité. JF Revel a passé sa vie a être perplexe devant votre genre. J'en ai quant à moi fait mon affaire.
Par ailleurs, comme la mentionné Franck, votre usage abusif du tutoiement n'est pas souhaité et, s'il vous prenait encore l'envie de partager vos opinions stériles, je vous demanderais de bien vouloir le faire en respectant au moins la langue de Molière. Je sais que vous autres êtes généralement adeptes de la réforme de l'orthographe, mais ce n'est pas encore chose faite. En conséquence, j'estime qu'une dizaine de fautes dans un petit paragraphe est au moins aussi visuellement agressif que le ton de ma réponse est acide.
Bien à vous.
Que c'est un grand pays de liberté, où une femme pour se faire avorter doit aller en angleterre.
RépondreSupprimerL'elite irlandaise peut aussi remercier l'europe de l'avoir grassement subventionné.
les pauvres, parce que l'irlande est le pays avec le plus de pauvre 21% en europe ( il faut bien sur relativiser)
Et comme les prix ont explosé ces personnes ont de plus en plus de mal, à ce loger ou même à ce nourrir convenablement (l'obesité explose comme chez ça voisine britannique)
etc...
Bonjour,
RépondreSupprimerPourrize-vous argumenter ce point-là?
"Mais il ne faut pas se voiler la face, la belle santé anglo-saxonne , n'est qu'un epais ecran de fumée, avec un precipice aux bout."
Jugez-vous la situation française soutenable à moyen-long terme?
Au Royaume-Uni les gens peu productifs ont un travail. En France non: ils ne sont donc pas comptabilisés dans les statistiques de productivité de la main d'oeuvre. Ceci est une des explications de l'apparent haut niveau de la productivité française.
>Au Royaume-Uni les gens peu productifs ont un travail. En France non
RépondreSupprimerAu Royaume-Uni les gens peu productifs n'ont pas un travail, ils sont malades.
Le fait que la majorité des Britanniques soient extrêmement endettée. Va dans l'avenir montrer toute la perversité du système blairiste. Le fait que les dépenses de l'état soit joyeusement camouflées ne pourra pas durer des siècles. Le fait que malgré ces dépenses, les services publics soient dans un état lamentable et aussi un aspect à prendre en compte. Rappelons que les Britanniques et Irlandais qui ont les moyens viennent se faire soigner dans le pays socialisant qui s'appelle la France (mais cela ne va durer, vu les coups portés au système hospitalier français).
>Ceci est une des explications de l'apparent haut niveau de la productivité française.
L'autre explication et comme le patronat c'est très bien jouer du chômage, la pression est telle que le salarié ayant peur de perdre son emploi, devient de se fait très productif.
>Jugez-vous la situation française soutenable à moyen-long terme?
Dans la direction quel prend, suite à al révolution de la pensée unique. Non!
Donc, pour résumer: Les statistiques montrent que les Britanniques sont beaucoup moins productifs que nous. En plus, les moins productifs sont malades et ne sont donc pas comptabilisés dans les stats.
RépondreSupprimerMais comment fait donc le RU pour être plus riche que nous?
Et la France n'a pas de problème d'endettement plus préoccupant.
>Rappelons que les Britanniques et Irlandais qui ont les moyens viennent se faire soigner dans le pays socialisant qui s'appelle la France.
Vous avez lu ça sur le blog de Joël Monpère? Je vous conseille de discuter avec d'autres occidentaux et de leur répéter ce que vous avez entendu dire en France. Croyez en mon expérience, ils vont bien rigoler.
Ma copine est italienne. Elle a fait un DESS en France (150 euros), a reçu une bourse (3500 euros), a touché l'APL, a profité du RU, de la sécu gratuite,...Elle a trouvé ça très bien pour elle. Elle remercie la France et elle n'a jamais envisagé de travailler ici.
Elle n'aurait que des désavantages à travailler ici. Mais elle n'a eu que des avantages à y être tant qu'elle profitait sans contribuer au financement.
Au fait, le français n'est pas le champion de la productivité que vous avez pu lire ici ou là. Trouvez-moi une stat de productivité favorisante pour moi, on pourra l'analyser, vous verrez En général, dans la presse, le nom résumant l'étude est déjà faux (ça commence bien) : par exemple en confondant productivité globale du salarié et productivité horaire. Un classique!
>Dans la direction quel prend, suite à al révolution de la pensée unique. Non!
Et s'il ne prenait pas cette direction ultra-libérale, jugeriez-vous que le modèle serait soutenable à long-terme?
Etrange pays où on sape l'élite, où on décourage les entrepreneurs, où 30 ans de pensée unique ont fait plus de ravages quu'une véritable guerre.
RépondreSupprimerPourquoi les anglais réussissent mieux ? Peut-être parce qu'ils en ont envie ou qu'on leur a inculqué le goût du travail et de la réussite alors que dans notre douce France on fait le contraire. Doit on absolument niveler par le bas à l'école ecrêter les bons élèves en les cupabilisant d'être bons au lieu de faire des classes de bons et de les stimuler de manière à ce qu'ils forment plus tard l'élite de notre nation, les chercheurs, médecins, inventeurs qui feront que la France retrouvera son côté attractif et son rang international en termes de dépôts de brevets et de recherche par exemple ? Ne serait il alors pas plus facile aux enseignants de s'occuper des élèves en difficulté avec des classes homogènes ce qui leur permettraient de se mettre à leur niveau et d'essayer de les soutenir dans leur apprentissage ?
Pourquoi avoir banni l'esprit de compétition qui est un formidable moteur humain ? Ce même esprit exixte que je sache chez un athlète qui va courir un 100m et qui est très heureux de le gagner. Pourquoi est il mauvais que des jeunes aient de l'ambition et désirent réussir socialement ?
Quel avenir un pays comme le nôtre peut il avoir quand dans un sondage plus de 40% de sa jeunesse désire devenir fonctionnaire ?
posez vous les bonnes questions et vous verrez que l'avenir est sombre très sombre.
je suis arrivé dans ce pays en 1980 à 17 ans avec 150 FF en poche j'y ai fait des études diurnes financées par un travail nocturne et je me suis battu contre l'administration pour y prospérer et y développer une activité économique qu'il m'aurait été beaucoup plus facile de réaliser ailleurs. 25 ans après je suis à la tête d'une entreprise de 45 salariés
Aujourd'hui j'ai 3 enfants et je ne reconnais plus ce pays qui ne véhicule plus les valeurs auquelles je crois. Je ne veux pas qu'il y fassent leurs vies. Aussi je vais aussi prendre le chemin de Londres.
Cordialement
(Un texte peu connu de Charles Péguy)
RépondreSupprimerA LA CATHEDRALE DE CHARTRES
Derrière la pierre battait un coeur. De ses sommets ventés émanait un chant sourd et mélodieux. Les têtes vertigineuses dominaient la Beauce. Noir et majestueux, le vaisseau gothique semblait sillonner ciel et temps, traversant les siècles chartrains avec la dignité d'un prince, indifférent à l'agitation des vivants, défiant le temporel et ses idoles, toisant définitivement l'Histoire et les mortels.
Entre les arcades, des flammes. Dans le vitrail, l'azur. Sous les voûtes millénaires, la lumière.
En passant du dehors au dedans, je pénétrais dans une ombre qui n'était pas ombre, mais feu, joie, vie. J'oubliais la matière, et ne voyais que l'essentiel. La pierre était prière. Le grain de poussière, l'Univers entier. Le silence, une porte d'entrée sur le Mystère. La rosace, l'oeil divin s'ouvrant sur l'infini.
Et ce qui à cet instant précis me donnait des ailes, ce qui à travers un frisson fulgurant dont je n'oublierai jamais l'exquise brûlure m'élevait à la hauteur des étoiles et de la souffrance humaine, c'était l'Amour.
CHARLES PEGUY