On parle beaucoup ces derniers temps d'islamo-fascisme ou de fascisme vert, encore il y a peu dans Les Echos.
Cette expression vient des néo-conservateurs et n'est pas sans fondement : certains groupes islamistes n'ont absolument rien à envier au fascisme.
Cependant, elle est dommageable parce qu'elle voile les nuances nécessaires, d'autant plus nécessaires que c'est dans les fractures d'un monde musulman très divisé que la réforme et la modernisation pourront s'introduire.
> Le Hezbollah : si il y a une organisation qui mérite bien le qualificatif de "nazislamiste", c'est elle : embrigadement, idéologie haineuse, agressivité, propagande manichéenne redoutablement efficace, démonstrations de masse, nihilisme (1) etc. Il est d'autant plus navrant d'entendre des Libanais, dont des chrétiens comme Michel Aoun, et même, quelle horreur, des Français la qualifier de "Résistance". Le Hezbollah ne résiste pas, il agresse.
Pas de négociation possible car il poursuit un but chimérique (la destruction d'Israel, et non comme le croient naïvement quelques cons la "restitution" des fermes de Chebaa, qui sont revendiquées par la Syrie) et dépend d'intérêts étrangers (donc mieux vaut négocier avec ses maîtres qu'avec lui).
Avec lui, une seule politique : la suppression, par tous les moyens (et pas seulement militaires, mais aussi économiques et sociaux).
> Le Hamas : même idéologie que le Hezbollah mais avec des nuances. Il poursuit un but atteignable (un Etat palestinien) et un but chimérique (la destruction d'Israel). Il doit y avoir de quoi négocier sur le but atteignable pour soulager l'hystérie autour du but chimérique.
> Al Qaida : se rapproche par certains cotés (agressivité, but chimérique) du Hezbollah. Mais c'est une organisation sunnite.
Aparté pour F. Delpla : il semblerait que le complot découvert en GB soit réel mais que le dévoilement aux medias ait eu lieu sous la pression des Américains, les Britanniques étant partisans de laisser le complot mûrir. Certains Américains évoquent les élections de "mid-term" en novembre.
> L'Iran : future puissance nucléaire. Là, franchement, il y a de quoi avoir la trouille : agressivité, armement, argent, influence et "viva la muerte" local, tous les éléments y sont pour être emmerdé à vaste échelle. Ceux qui comparent avec la montée en puissance de l'Allemagne hitlérienne ont au moins raison sur un point : rien de ce qui a été fait ces dernières années, à tort ou à raison, n'a entravé l'émergence de ce danger public.
On est arrivé à la fin de la mise en garde de Montaigne. De toutes choses les naissances sont foibles et tendres. Pourtant faut-il avoir les yeux ouverts aux commencements : Car comme lors en sa petitesse, on n'en descouvre pas le danger, quand il est accreu, on n'en descouvre plus le remede.
A propos de l'Iran, je ne sais pas ce qu'il faudrait faire : les spécialistes qui détaillent les intrigues de palais pour nous expliquer que le pouvoir iranien est plus fragile qu'on ne croit me rappelle les éminents germanistes qui étaient convaincus à intervalles réguliers jusqu'en mai 1945 que Hitler était sur le point d'être renversé par tel ou tel complot.
Je pense que l'épreuve de force pure et simple joue en faveur des mollahs, en renforçant leur pouvoir ; c'est d'ailleurs pourquoi ils sont volontiers provocateurs.
Alors négocier ? Mais quoi ? La viste de GW Bush à Téhéran !?
> La Syrie : son cas est beaucoup plus simple : il s'agit d'une dictature essayant de survivre, quitte à s'accrocher à la dernière idéologie en vogue. Tout est négociable, pourvu que cela renforce le pouvoir en place.
Bref, nous sommes dans la merde. Nous, les Européens, sommes plus concernés, par quelque bout qu'on prenne le problème, par le Moyen-Orient que les Américains, et pourtant, on ne nous entend guère. Et quand on nous entend, c'est soit par le bruit de nos querelles, soit par la France qui fait son intéressante en soutenant de fait le Hezbollah. Rien de très réjouissant.
Pour ceux qui croient à une défaite israelienne (2) et s'intéressent à l'avenir (sombre) du Liban : ONU : Le double piège libanais (les analyses de Ludovic Monnerat sur l'Irak ont été validées par les événements, ce qui incite à prêter attention à ses opinions).
A noter : certaines mauvaises langues américaines et israeliennes disent que la France soutient le Hezbollah par peur de ses arabes de banlieue. Je trouve le propos excessif, mais, hélas, je n'en suis pas sûr.
(1) Nasrallah, quand un de ses fils a été tué à la guerre, a demandé à ses amis d'envoyer non pas des condoléances mais des félicitations.
(2) peu m'importe qu'Israel gagne ou perde (quoique ...) mais l'insistance des medias français sur la "défaite" d'Israel me semble un signe de parti-pris. L'honnêteté m'oblige cependant à dire que les journaux israeliens se posent aussi beaucoup des questions.
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