lundi, août 07, 2006

Petites leçons de la crise au Liban

> La crise en elle-même ne m'a pas appris grand'chose sur le Proche-Orient.

> J'ai la confirmation que nous sommes bien mal dirigés. En effet, la position actuelle du gouvernement français est une position à usage interne, elle correspond à l'image que se fait le public français de la situation c'est-à-dire qu'il faut que "la communauté internationale", qui représente le droit et la justice comme chacun sait, s'interpose entre les cruels sionistes et les innocents Libanais. Seul hic : cela ne correspond absolument pas à la réalité puisqu'il n'y est question ni d'Iran ni de Syrie, qui sont le coeur du problème. C'est une limite de la démocratie d'opinion : on ne peut attendre de chaque Français qu'il pense en stratège et qu'il conseille en diplomate (1), mais c'est justement ce qu'on peut espérer de nos gouvernants. Une fois de plus, se confirme le fait que la devise de J. Chirac est "Gouverner, c'est mollir" : au moment où il faudrait être dur avec le Hezbollah, il est mou.

> Les medias français ne sont pas seulement mauvais, ils sont biaisés et manipulateurs, contre Israel. Dans la presse étrangère, il y a eu des articles sur la mise en scène du "massacre de Cana" ; Reuters a reconnu par un communiqué tout à fait officiel que certaines photos de Beyrouth ont été trafiquées ; les "victimes civiles" ne sont pas toutes tellement civiles ; la pratique du Hezbollah consistant à se cacher dans ou près des hopitaux, des postes de l'ONU, des écoles et des habitations méritait quelques éclaircissements ; la tactique israelienne est expliquée dans ses raisons.

La moindre des choses était de prendre un peu de recul, des pincettes, de rester circonspect, de remettre du contexte autour de l'événement ; par exemple avec un article sur les conditions de travail des journalistes à Beyrouth, "drivés" par les "public relations" du Hezbollah. Autre exemple, les medias français rapportent systématiquement les bombardements israeliens en mentionnant le nombre de victimes civiles. L'effet de répétition finit par créer le sentiment que les Israeliens s'ingénient à frapper des civils, ce qui est de la pure propagande islamiste. Il suffirait pourtant d'ajouter prudemment "le nombre de victimes militaires est caché par les autorités libanaises" pour rétablir un peu de vérité.

La désinformation par omission, voire, dans les cas extrêmes, par action, atteint un tel stade qu'il est impossible de la mettre sur le compte de la paresse des journalistes français. Il y faut des idées préconçues, une conviction, et même un engagement. Cet engagement, c'est l'anti-sionisme. Pourquoi pas ? Chaque journaliste est libre de ses opinions. Mais ce qui donne une force nocive à cet engagement, c'est que de très nombreux journalistes français semblent le partager (effet de groupe), être animés de la certitude qu'ils savent mieux que les autres (effet d'orgueil) et penser qu'ils ont pour mission non pas d'informer mais d'éveiller les consciences (effet Zola).

Comme en toute chose, rien ne vaut la pluralité des opinions pour faire jaillir la lumière. Hélas, c'est ce qui manque le plus au journalisme français à propos du Proche-Orient.
Tout cela aboutit à ce tableau pitoyable, fait de partialité, de transmission servile, d'omissions répétées, d'erreurs non corrigés, de doutes cachés, de vérités enfouies.

Seule consolation : grâce à internet, on peut accéder à toutes sortes de sources, israeliennes, libanaises, anglaises, suisses, américaines, iraniennes qui permettent par recoupement et comparaison de mieux comprendre. Mais ces recherches demandent du temps ; c'est pourquoi j'avais la naïve idée que je payais mon journal justement pour qu'un journaliste fasse ce travail à ma place. Puisque ce n'est pas ainsi, je ne sais plus pourquoi je paye mon journal.
Conclusion logique : j'ai cessé d'acheter le Monde, je le consulte maintanant sur internet, comme une source, pas trop fiable, parmi d'autres.

(1) : vous me trouverez peut-être naïf, mais mon plus grand étonnement est le vide intellectuel des contributions attachées par les abonnés internet aux articles du journal Le Monde. Des "bons" sentiments à la pelle, mais écrire que" bombarder des innocents, c'est mal" ne fait pas beaucoup avancer le débat, d'autant plus qu'en l'occurence, il n'y a aucune analyse des causes expliquant que des civils sont touchés (mis à part l'insensibilité et la cruauté congénitales des Israeliens). Le ton est non seulement très majoritairement anti-israelien, et quelquefois avec une passion stupide, mais, surtout les arguments sont d'une faiblesse insigne : au risque d'être présomptueux, je me dis, en lisant certaines opinions, à propos des auteurs "Et ça a le droit de vote !"

19 commentaires:

  1. Bonjour !



    J'apprécie comme toujours le fait que Franck fasse entendre une musique différente...
    ... et comme souvent je me permets de lui faire remarquer qu'elle n'est pas toujours aussi différente qu'il ne le croit.

    Il faudrait se souvenir par exemple que la presse quotidienne française est majoritairement de droite et l'a toujours été, ne serait-ce qu'à cause du poids relatif des journaux de province. Or il est plus dominant que jamais. A ce titre (sans jeu de mots) elle a été depuis la création de l'Etat d'Israël beaucoup plus indulgente envers lui qu'envers ses adversaires.

    De ce point de vue, des indignations comme celle soulevée par le massacre de Cana ressemblent à une brutale contrition à la mesure des dissymétries passées, qui comme toujours en pareil cas risque de rester bien éphémère.

    Et puis en admettant qu'Israël soit parfaitement dans son droit en s'arrogeant celui de pilonner largement le Hezbollah, et divinement efficace dans sa façon de procéder, il n'en ressemblerait pas moins à un réparateur de chambre à air qui peaufine amoureusement une rustine alors que quelques centimètres plus loin la chambre est coupée de part en part.

    L'enjeu aujourd'hui ? Soit on se résigne au choc des civilisations et laisse en liberté les justiciers yankees, chiites, sunnites, juifs e tutti quanti, soit on les met au pas tous autant qu'ils sont. Dans le premier cas, l'humanité régresse de plusieurs siècles, se féodalise, éclate en principautés rivales comme est en train de le faire à toute allure le Moyen-Orient et les Israéliens ne pourront pas plus tenir le terrain, malgré tout le raffinement de leurs engins de mort, que les croisés du moyen-âge. Les missiles pleuvront de tous les azimuts, la population se réfugiera sous des cieux plus cléments comme les pieds-noirs d'Algérie et adieu le beau rêve.


    La démocratie, la vraie, est la seule chance de survie de cet Etat et c'est tout le contraire que serinent ses dirigeants.

    RépondreSupprimer
  2. un disfonctionnement a fait sauter ma signature !

    RépondreSupprimer
  3. Dysfonctionnement.
    Cela étant, on reconnaissait le style...
    J'aime particulièrement l'expression Soit on se résigne au choc des civilisations et laisse en liberté les justiciers yankees, chiites, sunnites, juifs e tutti quanti, soit on les met au pas tous autant qu'ils sont.
    On devrait décréter une loi internationnale qui force les gens à s'aimer et s'entreaider.
    Une bonne idée chiraquienne, ça!

    Mais quand comprendrez-vous qu'il n'y a pas de solution miracle pour imposer la paix là où l'existence même de certains n'est pas admise?

    RépondreSupprimer
  4. ***On devrait décréter une loi internationnale qui force les gens à s'aimer et s'entreaider.***

    En ôtant ce que la formulation a de polémique, mille fois oui !
    Ce dont il s'agit, c'est de faire à l'échelle mondiale, selon des modalités adaptées, ce qui a été fait du XVIIème au XXème siècle pour créer des Etats de droit. Empêcher les gens de se faire justice en créant une justice suffisamment crédible et équitable.

    Je ne dis ni que c'est facile ni même que c'est réalisable, je dis simplemnt que sans cela, nous courons au chaos. Ca se voit, non ?



    ***Une bonne idée chiraquienne, ça!***


    si seulement !

    RépondreSupprimer
  5. "Il faudrait se souvenir par exemple que la presse quotidienne française est majoritairement de droite" Là, vous marquez un point : je ne lis pas la presse régionale qui constitue le gros de la presse quotidienne en France. Mais je me permets d'émettre des doutes sur la tonalité "différente" de cette presse concernant le PO : il semble bien que la source soit polluée. Reuters a reconnu des magouilles et les rares journalistes qui ont parlé de leurs conditions de travail font état d'une intense pression du Hezbollah (il suffit de lire les journaux israeliens pour constater que la pression n'est pas symétrique).


    "sans cela, nous courons au chaos" : n'en a-til pas toujours été ainsi ? Les nations ont une réalité sociologique et historique, ce qui leur donne leur solidité. Les instances supra-nationales n'en ont pas, ce qui fait qu'elles sont un masque pour les rivalités entre nations.

    L'histoire du monde risque d'être encore longtemps un jeu de rivalités "chaotiques", sans vraie instance supérieure (qui auait quelle légitimité d'ailleurs ?).

    Partant du fait d'expérience que la paix ne peut venir que des acteurs, je ne vois pas bien ce que nous pouvons faire ; à part ne pas prendre parti, et manifester également notre mépris à tous les belligérants.

    Ceci étant dit, je me sens plus d'affinités avec Israel qu'avec les autres, ce qui ne m'empêche de penser qu'Israel est, comme les autres (Hezb, Syrie, Iran, Liban) un fauteur de guerre.

    Je préférerais qu'il n'y ait pas de guerre, mais puisqu'il y en a une, je prérerais qu'Israel la gagne (si il le peut, sila notion de "gagner" a un sens dans ce contexte).

    RépondreSupprimer
  6. Je me suis mal exprimé dans le commentaire précédent : au lieu de "ne pas prendre parti", j'aurais du écrire "ne pas manifester un intérêt excessif, ne pas en faire le nombril du monde"

    (je vous écris un truc sur ce sujet ce soir.)

    RépondreSupprimer
  7. >>En ôtant ce que la formulation a de polémique, mille fois oui !

    Je crains que nous n'ayions pas la même définition de "polémique". Que reste-t-il de non polémique dans ma formulation et avec lequel vous soyez d'accord?

    Cela étant, vous semblez oublier que la constitution des états s'est très souvent faite par la force, et non sans moultes guerres. L'unicité des états-nations d'aujourd'hui n'en est d'ailleurs pas garantie pour autant. Il suffit pour le constater d'observer l'histoire récente de pays comme la Yougoslavie, l'URSS, la Pologne, la Turquie, ou l'Autriche-Hongrie.
    Les revendications indépendentistes corses, bretonnes ou basques en France en sont un autre exemple, parmi bien d'autres.
    Quant aux buts hitleriens de pangermanisme, ils ressemblent, somme toute, beaucoup à votre proposition.

    Ce qui est difficile à faire pour des états de taille relativement petite, contenant des populations assez homogènes tant culturellement que religieusement, est parfaitement impossible à accomplir mondialement.
    C'est un rêve, et c'est fort heureux, car c'en deviendrait un cauchemar.

    RépondreSupprimer
  8. De droite ou de gauche, les journalistes font mal leur boulot, plus ou moins sciemment.

    Je sors de déjeuner avec une collègue d'une trentaine d'années, "révoltée" par la guerre, y réfléchissant souvent (tout du moins, elle y pense), évidemment "pro-palestinienne" (c'est dire si elle comprend l'intérêt du conflit).

    Elle m'annonçait, un peu perdue, avoir entendu à la radio que l'armée libanaise avait décidé de se manifester après deux mois de conflits pour essayer de combattre elle-même le Hezbollah, éventuellement avec l'aide de quelques militaires israéliens.

    Imaginez la scène : la pauvre fille découvrait d'une part que Hezbollah ne signifiait pas "armée régulière libanaise" en arabe, et d'autre part que les libanais eux-mêmes voulaient se débarrasser du Hezbollah, avec l'aide plus ou moins importante des israéliens.

    Enfin bon... j'en connais d'autres qui possèdent tellement bien l'histoire de leur pays et qui ont tellement bien saisi les tenants et aboutissants de ce conflit au Proche-Orient qu'ils n'hésitent pas à affirmer que, somme toute, on peut comparer le Hezbollah à la Résistance.

    Ami, entends-tu...

    RépondreSupprimer
  9. Vous êtes bien résignés et démissionnaires, tous autant que vous êtes !

    Les arguments fondés sur le passé justement ne valent plus un clou, à l'heure où la Terre devient trop petite. Il faut la réguler d'urgence et pas seulement dans le domaine de la guerre ou des armements.

    Et personne ne répond à mon diagnostic que l'aggravation du chaos au Moyen-Orient signifierait la fin d'Israël, occupé sans combat ou presque par d'obscurs seigneurs de la guerre après un exode massif de sa population.

    RépondreSupprimer
  10. "Et personne ne répond à mon diagnostic que l'aggravation du chaos au Moyen-Orient signifierait la fin d'Israël, occupé sans combat ou presque par d'obscurs seigneurs de la guerre après un exode massif de sa population."

    Thermodynamiquement, si rien n'est fait, vous avez raison : il y aurait alors plus de désordre et plus de stabilité.

    M'enfin je pense que les israéliens en général, et les juifs en particuliers, seraient prêts à utiliser la thermodynamique d'une façon un peu plus violente pour pouvoir maintenir leur Etat dans la région.

    En même temps nous ne pouvons pas les blâmer : c'est nous qui leur avons donné, et donné c'est donné.

    RépondreSupprimer
  11. >>Les arguments fondés sur le passé justement ne valent plus un clou, à l'heure où la Terre devient trop petite. Il faut la réguler d'urgence et pas seulement dans le domaine de la guerre ou des armements.

    Ce qui était impossible hier à cause de la nature de l'homme n'est pas devenu possible aujourd'hui parce que des étatistes convaincus décident qu'il faut toujours plus de régulation.
    Les hommes sont différents, et vous ne vivrez pas assez longtemps pour voir les arabes, les juifs, les hindous, le pakistanais, les kurdes, les turcs, les chinois, les japonais, et tous les autres s'entendre sur une direction identique à donner à leurs affaires. Ce n'est plus de l'utopie, c'est de la folie furieuse qui nécessite à l'évidence un traitement médical poussé. ;)

    Ce que vous suggérez, c'est l'URSS puissance 10, et sans américains pour faire conrepoids. Je vous le dis tout de suite : Sans moi.

    Quant à votre diagnostic, je ne suis pas d'accord. Je ne vois pas d'agravation de la situation dans la région sur moyen terme. C'est le train train habituel : Une dictature qui tombe, une autre qui fanfaronne, des terroristes financés par les unes et les autres, Israël au milieu qui gagne toutes ses guerres...
    Ca fait 50 ans que ça dure.

    RépondreSupprimer
  12. Juste un petit rappel historique : le solde migratoire d'Israël a été négatif pendant des années, après l'époque des pionniers et avant le ballon d'oxygène que fut l'arrivée des Juifs libérés par la disparition du Rideau de fer.

    La grande contradiction est là : il s'agit d'un pays développé, dont la population a, globalement, les moyens de choisir sa résidence, et l'habitude d'un standard de vie incompatible avec une trop grande insécurité. C'est d'ailleurs, je pense, le fondement de son adhésion resignée et peu enthousiaste à la politique de confrontation inaugurée il y a une dizaine d'années après l'assassinat de Rabin et aggravée par Sharon avant son tardif et relatif assagissement. On promet à ces gens la sécurité pour demain matin, à grand renfort d'assassinats ciblés, de murs, de pressions physiques sur Arafat puis ses successeurs, et il s'efforcent de le croire. Le jour où leur patience et leur confiance s'épuiseront, tout s'effondrera comme un chateau de cartes.

    RépondreSupprimer
  13. omme vous l'avez compris, François Delpla n'est pas un ultra-libéral forcené. Il serait plutôt collectiviste (ce qui jure un peu avec ses travaux historiques qui donnent une grande place aux individus, passons).

    Comme tous ses coreligionaires collectivistes, il se laisse facilement aller à croire qu'une entité supérieure de ceci ou de cela règlerait tous les problèmes ou presque créés par les interactions entre inférieurs ; croyance tellement répandue en France que nous avons la spécialité des Hauts Conseils du choux farci et des Hautes Autorités de la vente de citrouilles.

    Seulement, voilà, toutes ces hautes autorités, municipales, cantonales, régionales, nationales, internationales, continentales, intercontinentales, planétaires et intergalactiques se heurtent aux sempiternelles et irritantes deux mêmes questions :

    > quelle est leur légitimité ?

    > où trouver les hommes supérieurs qui auraient la capacité surhumaine de voir les bonnes solutions que n'ont pas su voir les inférieurs, qui défendent leurs intérêts ?

    En fait, Dieu me tripote, ces deux questions n'en font qu'une : ces instances sont bien souvent illégitimes parce que les hommes qui les composent n'en savent pas plus et ne sont pas plus sages que les premiers concernés. Les hommes de l'Etat se croient supérieurs, mais hélas pour eux ils sont bien les seuls.

    C'est pourquoi elles n'ont de légitimité que quand les concernés leur délèguent explicitement de l'autorité.

    C'est néanmoins cette nécessité d'une avant-garde "éclairée" (sous entendu d'hommes supérieurs) qui a fait le succès du communisme auprès des intellectuels : dans un seul paquet, ils avaient à la fois le dévouement (à la classe ouvrière), le sens de l'histoire, la supériorité (de l'avant-garde) et de quoi se faire pardonner, à cause de leur dévouement, d'être supérieurs ou de se sentir tels. Avouez que c'était plutôt séduisant, ça avait juste le malheur d'être faux et de conduire immanquablement dès l'arrivée au pouvoir aux pires exactions. Dans une société libérale, les "avant-gardes éclairées" sont superflues et on s'assoit dessus en chantant. Autant pour les intellectuels !

    Pour en revenir à nos moutons casher, il n'y aura pas d'instance supérieure pour imposer la paix. La paix se fera donc quand les belligérants y auront intérêt, c'est-à-dire pas aujourd'hui.

    La question sous-jacente aux propos de François "Qu'est-ce qu'Israel ?" est une bonne question (et je le remercie de l'avoir posée !) :

    > ce n'est pas l'endroit où il y a le plus de juifs (il y en a plus aux USA)

    > ce n'est pas l'endroit où les juifs sont le plus en sécurité.

    > ce n'est pas l'endroit où les juifs émigrent le plus volontiers.

    Alors ? Comme ces questions existentielles divisent Israel, Israel est le pays qui retrouvent son unité seulement en cas de guerre.

    Ce qui explique bien des choses.

    C'est pourquoi j'inverse radicalement l'hypothèse de François Delpla : tant qu'Israel sera sous tension, il aura le soutien de la communauté juive mondiale et sera motivé. C'est le jour où il y aura une paix établie que les questions existentielles resurgiront.

    On peut faire un parallèle imagé avec le Liban : ce n'est pas pendant la guerre civile qu'il y a eu le pic de traumatismes psychologiques mais aussitôt après, quand la tension est retombée.

    Si les arabes étaient cohérents avec leur conviction qu'Israel est voué à disparître à cause de la démographie, ils signiraient tous la paix avec Israel et se contenteraient de faire des enfants.

    Mais en réalité, Israel n'est qu'un prétexte pour les dirigeants arabes afin de détourner l'attention de leurs peuples que leurs dictature maintiennent dans un état d'arriération dont ils auraient honte si ils le regardaient. La seule Grèce traduit plus de livres étrangers annuellement que l'ensemble du monde arabe, dix fois plus peuplé ; ça n'est tout de même pas la faute des juifs !

    RépondreSupprimer
  14. Ben mazette, vous en laissez, des questions sans réponse !

    Et vous montrez une propension farouche à mettre la charrue de l'étiquetage avant les boeufs de l'argumentation. Dire en introduction que je suis collectiviste ou étatiste, ça soulage peut-être et ça donne de l'énergie sans doute, mais ça ne correspond ni ne répond à ce que je dis.

    Si les Etats-Unis ne sont pas un Etat, je veux bien me faire nonne ! Et si ce n'est pas eux qui, la nature ayant horreur du vide, imposent actuellement au monde une gouvernance parfaitement arbitraire. Je parle régulation, on me répond URSS puissance 10 ! Ben ce n'est pas gentil, avant tout, pour Bush qui actuellement assume le rôle. Tout ce que je demande, moi, c'est que son successeur soit élu sans tricherie et un peu moins autiste.

    (oui oui je sais, la deuxième fois il a un peu moins triché, mais c'est la guerre d'Irak qui était une tricherie pure, et bien de nature à faire gagner 2% au président sortant si la nation s'en accommodait).

    RépondreSupprimer
  15. " Tout ce que je demande, moi, c'est que son successeur soit élu sans tricherie et un peu moins autiste."

    Je ne vois qu'une solution, que vous demandiez la nationalité américaine pour peser sur le choix du président ; quoique, entre nous soit dit, je préférerais que nous nous occupions du choix de notre président plutôt que de celui des autres.

    Quant à mes étiquettes, "collectiviste" est un peu excessif, "lévogyre" vous va mieux.

    Mais tout de même, vous écrivez "Il faut la réguler d'urgence et pas seulement dans le domaine de la guerre ou des armements." La régulation suppose un régulateur donc une instance supérieure, d'où mon commentaire.

    A moins qu'il s'agisse d'un lapsus calami et que vous ayez voulu dire "réglementer", ce qui peut se faire sans instance supérieure par accord des parties.

    Ceci étant, l'Orient est compliqué et les idées simples abondantes.

    Depuis le début des événements au Liban, une idée me turlupine, est-ce que finalement la guerre dans ce coin ne serait pas une solution ?

    Après tout, l'Egypte et le Jordanie sont en paix avec Israel depuis une guerre; depuis une guerre, la Syrie n'ose pas intervenir directement. C'est navrant à penser, mais nous ne sommes pas naïfs sur les humains.

    Attendons de voir la suite des événements. A mon sens beaucoup dépend de la Syrie : c'est elle qui décidera si le Liban d'après guerre sera en paix avec Israel ou non.

    En attendant, je plains les Libanais.

    RépondreSupprimer
  16. ***Je ne vois qu'une solution, que vous demandiez la nationalité américaine pour peser sur le choix du président ; quoique, entre nous soit dit, je préférerais que nous nous occupions du choix de notre président plutôt que de celui des autres.***

    mais je m'en occupe aussi ! ça fait un an que la perspective d'un duel Sarko-Ségo me donne des sueurs froides. L'un m'amuse un peu, l'autre même pas.

    Quant à souhaiter que les dirigeants des autres Etats soient représentatifs, ce n'est pas de l'ingérence, c'est au contraire une base nécessaire pour de bonnes relations internationales. Iriez-vous reprocher à Bush de faire des déclarations sur l'après-Castro ? Je ne parle pas de leur contenu, quelque peu menaçant, mais de son droit même de souhaiter des dirigeants représentatifs.

    Régulation ou réglementation ? Les deux mon capitaine ! par accord des parties, bien sûr. Ce qu'il faut, maintenant de toute urgence, c'est que l'ONU ait les moyens de faire appliquer ses résolutions.

    Je condamne résolument vos considérations finales sur les guerres utiles. Ca peut justifier n'importe quoi et ça le fait en l'occurrence. C'est l'aventurisme pur, la démission totale de la raison. Il ne s'agit pas de pacifisme, une guerre peut être juste. Utile, jamais. Bobards de culottes de peau.

    RépondreSupprimer
  17. "Utile, jamais. Bobards de culottes de peau."

    En êtes vous si sûr ? (voir mes exemples de l'Egypte et de la Jordanie).

    Bien sûr, on ne peut pas savoir ce qui se serait passé sans guerre ...

    RépondreSupprimer
  18. Je me demande bien comment une guerre peut être à la fois juste et inutile. Je ne conçois pas qu'il puisse être juste d'envoyer inutilement des gens à la mort.

    RépondreSupprimer
  19. ***Je me demande bien comment une guerre peut être à la fois juste et inutile. Je ne conçois pas qu'il puisse être juste d'envoyer inutilement des gens à la mort.***

    Je craignais ce type d'objection tout en espérant que la discussion avait franchi un cran qui lui interdisait de retomber dans de telks jeux de langage.

    Qu'est-ce donc qu'une guerre juste ? C'est évidemment une guerre défensive, contre une agression caractérisée. Celle de la France en 1939 pour secourir (théoriquement hélas) l'allié polonais. C'était moins net en 1914, puisque l'agression et la volonté d'en découdre étaient largement partagées.

    Si la guerre est juste, elle a évidemment une utilité, celle, si tout se passe bien, de reconduire l'agresseur à la maison (et si ça se passe mal, de sauver au moins l'honneur, qui n'est pas rien, comme disait de Gaulle à propos de Gambetta). Mais c'est tout. Le monde n'est pas meilleur après 1945 qu'avant 1933 (début réel de l'agression, qui alors aurait pu largement être neutralisée par des moyens diplomatiques). Bien au contraire, la victoire sur Hitler est payée d'une division et d'un assujetissement partiel de l'Europe dont tout le monde ici conviendra je pense que c'est un prix bien lourd, démonstratif du sérieux avec lequel il eût convenu de bâtir la SDN dans les années 20.

    RépondreSupprimer