Cet article des Echos fait écho à mes doutes : les ministres passent et les pédagogistes qui dirigent le mammouth restent. J'ai une solution radicale : vendre les écoles et les enseignants qui vont avec à qui en voudra,essentiellement les collectivités localres, et distribués des chèques éducation aux parents. Simple, non ?
Réforme de l'école : peut-on croire Nicolas Sarkozy ?
[ 21/09/06 ]
Nicolas Sarkozy a compris que l'école va mal et qu'il faut de toute urgence rassurer les parents d'élèves et enseignants déboussolés. C'est ce qu'il a essayé de faire le 3 septembre dernier à l'université des jeunes populaires UMP : critique de la méthode globale et des expérimentations pédagogiques, remise en question du passage automatique des élèves dans la classe supérieure, promesse de lutte contre les incivilités à l'école, revalorisation de la transmission des connaissances et de l'apprentissage des métiers.
Nicolas Sarkozy veut donner à tout prix l'image de quelqu'un qui parle vrai, sans langue de bois. Mais, en réalité, il ne fait que dresser un constat désormais largement partagé, à droite comme à gauche. Et, puisque le consensus existe, le problème n'est plus de savoir ce qu'il faut faire, mais comment mettre en oeuvre les solutions sur lesquelles la majorité des citoyens s'accorde pour sauver l'école.
Or, à aucun moment, Nicolas Sarkozy n'annonce qu'il compte s'attaquer au problème de gouvernance de l'Education nationale. Comment fera-t-il appliquer les nouvelles directives s'il était élu en mai prochain ? Car la question est : qui détient le pouvoir à l'Education nationale ? Qui est capable d'insuffler le changement dans l'état actuel des choses ?
La vérité, c'est que la plus grande administration de notre pays n'est pas contrôlée par le ministre qui est à sa tête. Elle est contrôlée par les pédagogistes, et par les réseaux syndicaux qui les soutiennent, y compris les fédérations de parents d'élèves inféodées aux syndicats.
A l'heure où la réforme des méthodes de lecture est censée être mise en place, ces puissants réseaux diffusent dans toutes les écoles des brochures pour expliquer aux parents combien il serait mauvais que leur enfant apprenne à lire avec des méthodes syllabiques... Est-il utile de préciser que cette résistance est financée avec l'argent public ? Et les enseignants de continuer dans leur grande majorité à utiliser les mêmes méthodes semi-globales comme si de rien n'était, avec l'aval de leur hiérarchie.
Lorsque Gilles de Robien annonce le 4 septembre dans « Le Figaro » qu'il va s'attaquer à la réforme de l'enseignement de la grammaire et du calcul en primaire, et notamment que les quatre opérations devront être apprises le plus tôt possible, les mêmes pédagogistes répliquent le lendemain que le ministre ne comprend décidément rien et que, selon leurs études, l'apprentissage précoce de la division est néfaste. Et l'on peut compter sur leur force d'inertie pour que jamais la réforme du calcul ne se mette en place. Ces pédagogistes, soutenus par les inspecteurs et les syndicats majoritaires de l'Education nationale, sont peu nombreux. Mais ce sont eux qui empêchent l'application de toute réforme.
Dans l'état actuel des choses, l'Education nationale est ingouvernable. Nicolas Sarkozy gagnera à coup sûr de la popularité à bon compte en se déclarant favorable aux réformes souhaitées par 80 % des Français. Mais ses paroles ne sont que poudre aux yeux, car il se garde bien de s'attaquer au vrai problème, auquel se heurtent tous les ministres de l'Education depuis vingt ans : vaincre la résistance acharnée des inspecteurs, des forteresses syndicales, des « pédagogistes », et aujourd'hui aussi des maîtres d'IUFM.
Pour être crédible, Nicolas Sarkozy doit remettre en cause les structures et l'organisation de notre système éducatif. Il doit toucher aux subventions versées par le ministère aux associations satellites des syndicats qui font la promotion des « nouvelles » théories pédagogiques. Il doit réduire les mises à disposition d'enseignants aux syndicats. Il doit revoir le fonctionnement, et le pouvoir, des commissions paritaires dominées par les syndicats, qui font la pluie et le beau temps dans les nominations et les mutations du personnel.
Pour l'instant, il n'a pas risqué le moindre mot à ce sujet.
ISABELLE HANNART est secrétaire générale de SOS Education.
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