Voici cid-dessous un extrait d'un article du Monde par Eric Le Boucher à propos d'un communiqué du Cercle des économistes sur les enjeux de 2007.
Fidèles lecteurs de ce blog, vous n'y verrez qu'évidences et truismes.
Tel n'est pas le cas des abonnés du Monde qui réagissent dans le forum associé : je n'irai pas jusqu'à dire qu'ils ont l'écume aux lèvres et le couteau entre les dents, mais, tout de même, ils semblent sincèrement choqués que "Un autre monde est possible" passe aux yeux de ELB et du Cercle des économistes pour une fadaise. Si la bêtise nourrissait, il n'y aurait plus de faim dans le monde.
La réflexion du Cercle des économistes est pourtant très instructive pour autre chose. Les trente professeurs politisent à tort les solutions mais ils replacent judicieusement le projecteur sur les bonnes questions. Ils listent, en préambule, cinq "contraintes" qui doivent être considérées comme des données alors qu'elles sont encore au centre des débats "politiques".
Ces cinq faux débats, dont il est temps de se débarrasser, sont :
1 - La mondialisation : "Aucun pays européen pris individuellement ne peut rien changer à l'ouverture des échanges". Dès lors, les restrictions à l'importation, le freinage réglementaire des délocalisations, et les mesures qui relèvent d'une "approche défensive" sont "impraticables". Tout accroissement de la protection de l'emploi est " irresponsable" ;
2 - L'exigence de rentabilité du capital des entreprises : "On voit difficilement l'Europe ignorer les règles "anglo-saxonnes" du capitalisme, de la comptabilité, de la gouvernance" ;
3 - Le budget : la "redoutable combinaison" de la concurrence fiscale engagée dans l'Union européenne et de la dette nationale va interdire toute facilité budgétaire. "Les riches paieront", "les entreprises paieront" ou "les enfants paieront" (par la dette) sont des mensonges ;
4 - Le vieillissement : "Tout programme qui ne mentionnerait pas les moyens d'accroître la durée du travail sur la vie (...) ne pourrait pas être pris au sérieux" ;
5 - Jean-Claude Trichet : "Le mandat de la Banque centrale européenne ne sera pas modifié, pas plus que le traité de Maastricht ou la sociologie de son conseil." A tort ou à raison, il est temps d'arrêter d'agiter une illusoire relance monétaire.
Le Cercle des économistes ouvre ensuite les "vrais débats", autour d'"arbitrages" modernes, massifs et, au sens plein, "politiques". Retenons en trois :
1 - Le revenu ou le temps libre ? La France est au 27e rang sur trente dans l'OCDE pour la quantité de travail par personne active. Voilà autour de quoi devraient tourner les colloques sur le pouvoir d'achat ! La gauche préfère le temps libre ? Qu'elle le dise. La droite le revenu ? Qu'elle abroge les 35 heures.
2 - La mondialisation creuse les inégalités. Pour éviter que les bas salaires ne décrochent de plus en plus, la France a instauré des défiscalisations et la prime à l'emploi. Le coût est très lourd. Gauche et droite devraient dire le degré d'inégalités qu'elles souhaitent et qu'elles demandent de payer aux contribuables.
3 - Le risque de perte d'emploi. Que "la sécurisation du parcours professionnel" fasse unanimité de la CGT à l'UMP est suspect. Gauche et droite "devraient expliciter leur projet et dire comment répartir la charge du risque entre l'individu et la collectivité", bref indiquer où elles mettent le curseur entre le modèle danois et le modèle libéral.
Si la France évacuait une bonne fois pour toutes ces faux débats pour les vrais, elle avancerait. Mais tel n'est pas le cas, la droite et la gauche continuant d'aligner d'antiques promesses intenables.
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