Je ne me prononcerais pas sur la culpabilité réelle de Guillaume Seznec, par contre il paraît évident que les doutes sur l'enquête et les faits nouveaux, c'est-à-dire postérieurs aux procès, alimentant ces doutes sont tellement puissants que la présomption d'innocence aurait du profiter pleinement à l'accusé ... sans aucun doute, et qu'il aurait du être acquitté ou, à défaut, son procès révisé.
Nous parlons là d'un meurtre sans cadavre et au mobile très flou, d'une enquête menée par un futur révoqué pour falsification de preuves.
Pourquoi la cour de révision en a-t-elle jugé autrement ?
Pour une raison révélée dans toute sa bêtise par les auditions parlementaires Outreau : le corporatisme judiciaire alimente la présomption d'infaillibilité de la justice au-delà du raisonnable.
Tout homme mis dans la position de jouer à Dieu, c'est-à-dire d'influencer lourdement la vie de ses semblables (juge, ministre, général,DRH, chef de service etc.) court un risque : celui de vraiment se prendre pour Dieu et de se croire infaillible.
Il faut beaucoup de scrupules, une attention de tous les instants, une éducation et un caractère adéquats pour ne pas tomber dans ce piège. Bref, inutile de trop s'interroger, ces conditions sont trop sévères pour être souvent réunis : la plupart des hommes mis en position de jouer à Dieu se prennent pour Dieu et un Dieu capricieux et susceptible, voire impoli et irrespectueux.
Et si les Dieux se disputent entre eux sur l'Olympe, ils sont toujours d'accord pour remettre à sa place le mortel qui ose contester leurs décisions.
C'est pourquoi les systèmes démocratiques ont inventé les contre-pouvoirs, les mandats à durée limitée, les droits inaliénables, etc ...
Mais, dans notre justice où la carrière se fait par cooptation et par copinage, où l'on rend des comptes entre soi, qui protège le faible de la solidarité de corporation ?
Bien sûr, pour tout oeil extérieur, la décision de la cour de révision la ridiculise plus qu'elle ne flétrit la famille Seznec. En jugeant sur des faits désormais publics, que tous ceux qui s'en donnent la peine peuvent jauger par eux-mêmes, elle s'expose au jugement du public et, au final, c'est elle-même qu'elle condamne dans les consciences.
Enfin, c'est la situation même qui est scabreuse : juger 80 ans après les faits n'est pas raisonnable.
MEA CULPA du 20/12 : Pourquoi Seznec n'a-t-il pas été réhabilité ?
Après avoir écrit ce billet, j'étais assez mal à l'aise : il y a des sujets que je maitrise plus ou moins. Cela me gênait de hurler contre la justice avec les loups médiatiques (je suis aristocrate d'intellect, voire snob), mais bah j'ai écrit sur le moment ce que je pensais : "Personne n'est exempt de dire des fadaises, le malheur est de les dire curieusement [avec soi]".
C'est pourquoi j'ai continué à butiner sur la toile pour me renseigner et que je vous fais part du billet en lien.
Notre justice, contrairement à celles anglo-saxonnes, est doublement pervertie :
RépondreSupprimer1) Elle est gauchiste. Alors qu'elle devrait être apolitique.
2) Elle est présomptueuse et intouchable. Alors qu'elle devrait être l'outil du peuple. Le problème étant que le 1) lui fait croire qu'elle sert le peuple. Mais la justice n'est pas la politique, mais le respect et l'application des LOIS.
Une cause commune à cette double dérive est l'athéisation de notre état et de notre nation (et non la laïcisation) car l'idéologie des droits de l'homme n'est pas laïc, mais athée. Ainsi en l'absence de Dieu, il ne peut plus y avoir de séparation de Dieu d'avec l'état ou les professions, et ainsi le concept de Dieu s'immisce dans les mentalités et dans les fonctions : d'où orgueil et idéologie ... c'est tout l'histoire de la France ...
"Heureux comme Dieu en France" comme disent les allemands ... Vous avez parfaitement raison, les français se prennent pour Dieu et c'est pourquoi ils ne comprennent rien au monde ...
A noter que dans cette affaire, il semblerait que l'orgueil ait pris le pas sur le gauchisme ... puisque la confirmation du jugement prend le dessus sur l'humanisme a posteriori ...
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec la thèse affirmant que la justice française s'est ici totalement ridiculisée aux yeux du monde ...