Depuis au moins un an, on sait qu'EADS et sa principale filiale Airbus sont des entreprises privées gérées, d'ailleurs par d'ex-fonctionnaires, comme des entreprises nationalisées.
L'actualité des dernières semaines, qui voient se renforcer les pressions gouvernementales dont aucune n'ont comme priorité l'avenir d'EADS, renforce cette analyse.
On connaît le destin des entreprises nationalisées : renflouage permanent par l'Etat et faillite en cas de lâchage de ce dernier.
On connaît aussi la solution : la privatisation.
Le drame d'EADS est de ne pas pouvoir être nationalisée puisqu'elle est déjà privée. Cette situation, où la mainmise des Etats sur la direction de la société passe par des canaux plus obscurs que le capital, est paradoxale, absurde et, surtout, mortelle.
Le scénario est écrit :
> Insuffisamment rentable, trop dispersée, Airbus n'arrive pas à faire face au retournement du cycle aéronautique. Notamment, plombée par l'A380 et l'A350, Airbus prend du retard pour le successeur de l'A320.
> Les "petits" acteurs du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) font concurrence à l'A320. Les compagnies aériennes dont le souci est de ne pas laisser Boeing s'installer en situation de monopole leur passent commande.
> Les Etats européens, les finances asséchées par les retraites, "font du bruit avec la bouche", rien de plus.
> EADS est racheté par une alliance du BRIC pour une bouchée de pain, le tout enrobé dans un discours politique fumeux pour éviter de perdre la face. La faillite d'Airbus serait probablement précédée de quelques années par un discours à la mode comme quoi l'avion pollue, est le passé plus que l'avenir, que c'est pas si important.
Enfin, l'argument "too big to fall" ou "too strategic to be bought" est fallacieux : on l'a bien vu avec Péchiney et Arcelor.
Le pire n'est jamais sûr et le scénario inverse est possible, EADS a encore des atouts. Il reste cependant qu'aujourd'hui les indications penchent plus vers le noir que vers le blanc.
NB : Bernard Salanié (Toujours l'Ancien Régime) pose une question fort intéressante : nous nous glorifions des succès d'Airbus. Mais ce qu'Airbus rapporte à la collectivité est-il à la hauteur des sommes et des aides de toutes sortes investies par la même communauté dans Airbus ? L'argent mis dans Airbus par les Etats n'aurait il pas été mieux employé ailleurs ?
Bernard Salanié n'a pas la réponse, mais surtout, il semble que personne ne la cherche cette réponse, peut-être parce que tout à l'obsession du "champion national", nous avons nationalisé les investissements et privatisé les profits ?
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