Il se trouve que les deux seules personnes de mon entourage dont je suis sûr qu'elles ne vont voter ni pour un paléogauchiste ni pour un droitier mais bien pour Ségolène Royal sont aussi, et de loin, les plus riches de mon entourage.
Je soupçonne que cela est représentatif.
Passons assez rapidement sur l'indécence de leurs propos : leurs revenus sont tels que les impôts, bien ou mal utilisés, ne les empêcheront pas de s'acheter une nouvelle voiture ou un nouvel avion. Ils peuvent donc promouvoir une pseudo-générosité sur le dos de la collectivité pour s'acheter à bon compte une "belle âme" (il serait mesquin de leur poser une question telle que : "Mais si vous tenez tant à être généreux, pourquoi passer par l'intermédiaire de l'Etat ?").
Ils entrent tout à fait dans le dicton : "quand on oublie de compter, c'est qu'on oublie la peine des hommes." C'est choquant, mais, bon, c'est comme ça.
D'autre part, ils ne semblent pas s'apercevoir de ce que l'assistanat généralisé, laxiste et sans contrepartie, peut avoir de dégradant.
Je suis frappé que nombre de jeunes baptisent "indépendance" le fait de recevoir une subvention étatique, bien sûr ils ne sont ainsi plus dépendants de leurs parents, mais est-ce préférable d'être dépendant de la collectivité ? Apparemment, cette question ne les effleure pas.
Il ne faut pas discuter longtemps pour remarquer que, sous cette pseudo-générosité à compte de tiers, les partisans de la gauche caviar ou bobo voient surtout dans le PS le gardien des statuts, le garant de l'immobilisme de la société française, le gardien de notre soi-disant modèle social.
Cela se comprend : puisqu'ils sont en haut de l'échelle, ils ne peuvent que craindre qu'on bouscule l'échelle.
Mais, tout de même, que tout cela se dissimule derrière un discours superficiellement généreux est soit une preuve de bêtise, ce qui est possible puisqu'ils refusent toute réflexion le principe des subventions et des aides étatiques, soit une preuve de cynisme, ce qui est plus probable.
En tous les cas, ce n'est pas avec une assise électorale pareille que le PS fera des scores mirifiques.
Ajout du 15/04 : je viens de découvrir que Martin Hirsch, président d'Emmaüs, qu'on peut difficilement accuser d'être un ennemi des pauvres, s'oppose à la gratuité, votée par le PS, des transports publics en Ile de France pour les chômeurs pour la raison suivante, je cite : "Lier une prestation sociale à un statut d'inactivité est dangereux. En particulier vis-à-vis des travailleurs pauvres qui vont, eux, continuer à payer leurs billets." Il ajoute qu'on doit trouver un équilibre entre la nécessité de soulager la pauvreté et la nécessité d'inciter les RMIstes à retravailler.
L'assistanat peut être dégradant car il crée ce qu'on appelle des "trappes à pauvreté". Ce phénomène a été très étudié, ce qui a par exemple amené les gouvernements Clinton et Blair à conditionner les aides à un travail.
On sait qu'en France les trappes à pauvreté existent, mais, finalement, ces questions n'intéressent pas nos socialistes.
En effet, ce qui les préoccupe n'est pas l'effet économique et social des mesures qu'ils préconisent (réfléchir et analyser est fatigant), mais leurs effets d'image : "Est-ce que préconiser telle ou telle chose me donne l'air généreux ?"
Mon cher Fabrice chapeau !
RépondreSupprimerVous visez trés juste. Le PS est devenu le Parti des Statuts.
"s'acheter un nouvel avion..." bé, vous en avez, des relations... en même temps, ils doivent alors payer 80 ou 90 % de leurs revenus totaux à l'Etat... et s'ils sont pour le statu quo, c'est qu'ils sont ou masos ou vraiment généreux ! Quel pays !
RépondreSupprimerg_c
D'ailleurs, le problème n'est pas leur générosité supposée ou réelle; c'est que leur argent sera irrémédiablement gaspillé; même les riches francais actuels sont tellemet économiquement illettrés qu'ils l'ignorent. Ou ils sont contre l'impôt par intérêt perso (et ca se comprend), ou ils sont pour parce qu'ils pensent qu'il sera vraiment utile entre les mains de l'Etat.
RépondreSupprimerg.
"c'est qu'ils sont ou masos ou vraiment généreux ! " Vous vous méprenez : notre système n'est redistributif qu'en apparence. Par exemple, la différence d'espérance de vie (8 ans) est telle entre un cadre du public et un ouvrier du privé que le second paye pour le premier.
RépondreSupprimerDe même, pour toutes les allocations et petits arrangements profitables avec le système (contournement de carte scolaire par exple), ce sont les mieux informés qui en profitent le plus.
Il n'y a pas de secret : ceux qui profitent le plus sont ceux qui n'ont pas intérêt à son évolution.
Il n'y a pas de secret : ceux qui profitent le plus DU SYSTEME sont ceux qui n'ont pas intérêt à son évolution.
RépondreSupprimerJ'avais oublié ces 2 mots !
Cette phrase explique pourquoi les fonctionnaires, qui ont des tas d'avantages hors du droit commun, à commencer par la sécurité de l'emploi, forment, malgré le progressisme de certains discours, le plus gros appui du conservatisme.
Il existe un rapport sur les trappes à pauvreté - un de plus me direz vous - dont la lecture se révèle intéressante à deux titres, au moins.
RépondreSupprimerD'une part, ce rapport est passablement bien écrit - dans ma mémoire tout du moins - et instructif sur les conséquences de la multiplications des aides en tout genre. Il préfigure en cela le rapport postérieur de Martin Hirsch qui précise cet aspect.
D'autre part, il date de 2000 ou 2001 - j'ai un trou de mémoire - et son commanditaire se nomme Laurent Fabius, alors ministre de l'Economie, avant donc qu'il ne vire, une fois encore, de bord.
Mais là vous me parlez des fonctionnaires, fondement de la réaction (car ce n'est même plus du conservatisme) gauchiste...
RépondreSupprimerBien sûr que le système n'est redistributif qu'en apparence, c'est ce que je disais ensuite, mais le riche qui pense qu'il est bon de donner son fric à l'Etat, et que ce fric va être redistribué, on peut effectivement penser qu'il est généreux... le problème est: l'ignorance des riches et des pauvres quant à la nature de l'Etat et de l'impôt.
bav,
g_caeiro