Je vous mets en lien un texte de Jean-Louis Caccomo, qui tient un blog avec lequel je suis en accord.
Il m'a fait rire, pour ne point pleurer, avec la phrase «La France vit au-dessus de ses moyens intellectuels». J'ai mis en ligne le texte La pensée restreinte, vous vous doutez bien que j'approuve.
Je suis dans les journaux la pré-campagne électorale américaine et elle me paraît assez bien partie pour être de meilleur niveau que la campagne française. On verra si la suite des événements le confirme. Mais, bien entendu, les Français, toujours aussi satisfaits d'eux-mêmes, continueront à prendre les Américains pour des cons.
La pauvreté du débat en France est affligeante : pas une seule fois depuis un an, je n'ai entendu le mot «Irlande» prononcé par un de nos politiciens, ou même par un journaliste. Pourtant, quel beau prétexte à réflexion ! Voilà un pays qui il y a trente ans avait un niveau de vie de 20 % inférieur au nôtre et qui aujourd'hui nous dépasse allègrement.
Mais, il est tellement évident que nous n'avons pas leçons à recevoir d'un «petit» pays. Il est facile pour un idiot, qui ne connait rien un monde et n'a aucun point de comparaison, d'être vaniteux. A force de provincialisme, la France va finir par faire figure d'idiot du village européen.
L'essentiel du texte de Caccomo rappelle le poncif libéral, hélas vérifié, qui dit que le lien social est dissous quand la relation verticale avec l'Etat remplace la relation horizontale entre les citoyens. En France, l'Etat est censé loger, éduquer et nourrir les citoyens, étonnez vous après cela qu'ils se comportent comme des enfants capricieux et irresponsables.
Je pars de l'hypothèse que le seul élément qui viendra perturber notablement l'étatisme français sera la banqueroute (1).
Vous connaissez le scénario, il est écrit : une agence de notation dégrade la dette de l'Etat français, les taux d'intérêt flambent, l'Etat prend des mesures conservatoires drastiques (contrôle des changes, retards de paiements, banqueroute d'un tiers (2) ou gel des intérêts), puis la France se retire de l'Euro.
Ce phénomène de banqueroute n'est pas mystérieux, il est même très connu des pays du tiers-monde, l'Argentine par exemple. On pourrait croire que les Français vont avoir mal de subir le sort d'un vulgaire Kafiristan, mais je parierais bien que non : nous avons depuis longtemps perdu toute fierté, la vanité l'a remplacée. Et la vanité nous inspirera des échappatoires pour ne pas assumer nos responsabilités et ne pas affronter les problèmes.
Mais il ne faut pas désespérer : toute la France n'est pas mangée par l'étatisme. L'étatisme est bruyant, il monopolise les medias (3), mais ce n'est qu'une façade, l'étatisme est un colosse aux pieds d'argile : il est vulnérable au patriotisme, puisque c'est lui qui fait le malheur du pays. Il reste des professions libérales, des commerçants, des entrepreneurs, des employés du privé, et même des fonctionnaires,qui n'oublient pas la tradition girondine. Il y a aussi un reste de mentalité paysanne ou aristocratique qui se faisait une fierté de ne rien devoir et de ne rien demander à personne, et surtout pas à l'Etat, toujours regardé avec méfiance.
Ils me font rire ceux qui nous expliquent que la France et l'étatisme, à travers le désormais fameux «modèle social français», ne font qu'un. C'est confondre le malade et la maladie. D'où ils tirent le corollaire absurde que refuser l'étatisme, maquillé sous le vocable «solidarité», c'est se montrer mauvais Français. Foutaises que tout cela.
Pour soutenir cette opinion, un bon lavage de cerveau est nécessaire : il faut avoir oublié les difficultés qu'a eu l'Etat français à se construire à travers mille particularismes. Il faut oublier qu'il existe d'autres sociétés avancées où l'Etat ne s'occupe pas de tout.Sans revenir au temps où le roi de France se plaignait des avanies du sire de Montlhéry, il est tout à fait envisageable d'imaginer que l'Etat lache la grappe des Français sans que le pays s'écroule. L'Etat n'est pas la france.
Cependant, pour en arriver à ce que cette séparation de fait revienne dans les disciours, il faudrait que les dizaines de milliers de politiciens et d'élus qui jouissent du pouvoir, même petit, que leur donne l'omniprésence de l'Etat-mamma, que les millions de Français subventionnés, ou qui espèrent l'être, changent du tout au tout. Ca n'est évidemment pas possible.
Le choc ne peut donc venir que de l'extérieur, d'où la quasi-certitude de la banqueroute.
Paul Fabra soutient que la France a une économie de guerre : Etat endetté et omniprésent, jeunes sacrifiés, vieux mis sur la touche, et tranche 25-40 ans sur-exploitée. Peut-être les historiens du siècle prochain mettront-ils la poussée d'étatisme français de 1940 à 2020 sur le compte des traumatismes des deux guerres mondiales.
Après quoi, la voie sera peut-être libre pour une autre politique et, pourquoi s'en cacher, une autre morale ; où la responsabilité et la liberté retrouveront la prééminence qu'elles n'auraient jamais du perdre.
En attendant, nous en restons à nos comportements qui, vus avec un certain recul, s'apparentent à d'inexplicables folies.
(1) : l'étatisme français est un jeu qui se jouent à trois : les politiciens, les citoyens-contribuables, les créanciers. Les politiciens entretiennent l'idée que les citoyens profitent plus de l'Etat qu'il ne leur coûte comme contribuables, ce qui dans bien des cas est vrai (c'est l'éternelle histoire : les minorités actives pour traire l'Etat, agriculteurs, fonctionnaires, subventionnés divers et variés, ont plus de succès que le groupe amorphe des contribuables qui auraient intérêt à un Etat plus vertueux.) Donc, de ce coté là, nulle intelligence, nul patriotisme, à attendre. Restent les créanciers, qui un jour ne prêteront plus. Ce sera la banqueroute.
(2) : sous l'ancien régime, la banqueroute était sinon courante, du moins, en usage. Elle consiste à diminuer arbitrairement, par la force de la loi, la dette de l'Etat («L'Etat te doit 100, il ne te remboursera que 50, et sois content qu'il ne te mette pas en prison. Tu as le droit de pleurer, mais pas trop fort. Sinon, prison.») Une manière moderne de faire banqueroute est la dévaluation et l'inflation : la créance reste nominalement la même, mais elle est payée avec une monnaie qui a perdu sa valeur.
(3) : voir par exemple les histoires de sans-logis. Quand on se fie aux médias, il paraît incontestable que c'est à l'Etat de loger les SDF. Heureusement, les opinions ne se résument pas à cette pensée unique : l'Etat, comme d'habitude, crée des problèmes puis ensuite propose d'étendre son pouvoir pour les résoudre. Si l'Etat n'avait pas constament, à travers lois et réglements, organisé depuis des décennies la pénurie de foncier et de bati, les problèmes de logements seraient bien moins graves. Une étude évalue à 40 000 € le prix de la rareté induite par les lois et les réglements sur un logement de 200 000€.
à propos de ton dernier paragraphe
RépondreSupprimer"Si l'Etat n'avait pas constament, à travers lois et réglements, organisé depuis des décennies la pénurie de foncier et de bati, les problèmes de logements seraient bien moins graves. Une étude évalue à 40 000 € le prix de la rareté induite par les lois et les réglements sur un logement de 200 000€."
plus précisément, l'étude en question évalue la pénalité réglementaire à 56000 euros pour un logement vendu 192.000 euros (montant moyen des transactions) en 2005.
40 000 euros constituent une évaluation rauisonnable de la part de cette pénalité réglementaire qu'un assouplissement des réglementations de la construction pourrait facilement faire disparaître.
plus d'infos sur:
comment la réglementation fait monter les prix immobiliers
et
"http://www.objectifliberte.fr/2007/12/zonage.html">
Le coût social de l'hyper réglementation foncière
Je partage le goût de la Lime pour les écrits de Caccomo et relève un peu la tête en constatant que je ne suis pas la seule à penser comme ces 2 plumes. D'aucuns me disent que je suis telle Don Quichotte, toujours en guerre contre des moulins. Un des derniers moulins qui m'a fait réagir en cette fin d'année ce sont les agendas "gratuits" reçus récemment de la ville où j'habite (banlieue de Strasbourg) et du ... Conseil de l'Europe. J'ai écrit au Maire de ma ville, copie au canard local, demandant moins d'assistanat, une meilleure gestion de l'argent public, et de repenser la mission des élus et agents de la fonction plublique territoriale... Vaste programme. Pas de réaction à ce jour de la ville, mais, stupeur, les DNA ont publié mon courrier - adressé à la rédaction. Alors qu'on nous abreuve de bonnes paroles sur l'augmentation du pouvoir d'achat, que l'on constate tous les jours sa diminution, il serait temps que l'Etat et autres services publics se serrent un peu la ceinture et visent à plus d'efficacité... Je suis très pessimiste sur le futur de la Nation. Nous vivons depuis trop longtemps au-dessus de nos moyens et un jour il faudra solder les comptes. Pour l'instant l'illusion demeure et de nombreux citoyens continuent à faire comme si. Pourvu que mes rejetons aient le goût de l'Etranger...
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