«Vous ne les connaissez pas : ce sont des militaires, ils vont s'embrouiller.» : cette phrase cruelle de De Gaulle à propos du putsch des généraux s'est révélée juste.
Au début des années 60, De Gaulle faisait un très fort reproche aux militaires français. L'arme atomique s'annonçait qui allait changer toute la défense nationale et la stratégie et eux lisaient les écrits de Mao tsé Toung sur la guerilla et débattaient de le meilleure façon de controler un village pouilleux au fin fond de l'Oranais.
Non seulement, De Gaulle taxait les militaires d'imbécilité et de myopie, mais il n'était pas loin de considérer cela comme une forme de trahison de leurs devoirs.
Or, j'ai été surpris de constater que certains militaires français n'étaient pas, en 2007, guéris de cette imbécilité. Un cahier CDEF intitulé Vaincre une guerilla ? Le cas français en Algérie argue que la guerre d'Algérie a été gagnée militairement et perdue politiquement.
C'est stupide. Churchill a eu une phrase qui aurait pu être reprise par De Gaulle, Staline, Roosevelt et Hitler : «Au plus haut niveau, politique et stratégie sont une seule et même chose.»
On ne peut gagner une guerre militairement et la perdre politiquement : on gagne ou on perd, militairement et politiquement.
L'Algérie n'était pas la France. Toutes les Sections Administratives Spéciales et autres hochets pour amuser les soldats coloniaux n'y changeaient rien.
Une partie de la haine des militaires OAS pour De Gaulle tient aussi à cela : il leur a rappelé que ce qui les faisait bicher, faire les cakous à la Lyautey dans le bled, ça n'était pas leur devoir, qu'ils se faisaient plaisir, mais que ce n'était pas le besoin de la France.
J'aime beaucoup ce que vous écrivez d'habitude mais là, vous y allez un peu fort.
RépondreSupprimerJe précise tout d'abord que je ne suis ni descendant de pied-noir, ni Algérie française.
De Gaulle n'a en fait jamais pardonné le soutien de l'Algérie à Darlan et Giraud qui ont été les véritables artisans de la reconquête française de la métropole. Pour résumer, le bataillon Kieffer à côté des effectifs de l'armée d'Afrique, c'est peanuts.
De Gaulle n'a écrit qu'un malheureux bouquin qu'il a prudemment réécrit après la guerre.
L'application sur le terrain n'a pas été glorieuse : Montcornet n'a pas gêné les Allemands quant à Abbeville, il ne fit pas mieux que les autres. Aucun de ses officiers ne le suivit en tout cas à Londres.
C'est un politique avec un habit de général, il fallait diminuer les autres pour élever sa propre stature, il a réussi en frappant surtout dans sa famille politique.
"mais que ce n'était pas le besoin de la France."
RépondreSupprimerAvec un baril qui frôle les 100 $?
Baisons les pieds de Bouteflika...
Venant de lire la bio de Clemenceau de Winok, jen suis arrivé à la correction historique suivante : nous avons eu nous aussi notre Churchill, il s'appellait Georges et non pas Charles, il est arrivé trop tot ou trop tard. Ce qui n'enlève pas à Charles d'autres qualité. Notre FD Roosevelt plutôt.
RépondreSupprimerQuand à l'Algérie, ce sujet sera toujours d'une complexité historique terrible. A la fois terre de conquète et d'exploit militaire (Lyautey) , dont certains à retard (Darlan et Giraud), terre de rève (Camus et sa mère), terre d'explosion (Giraud mais pas le même), bref compliqué l'Algérie, trés trés compliqué.
Le moins con, était ..... Massu. Mais comme il avait une tete de para malgré son cerveau de Normalien....Pas eu beaucoup de succés. Ma prochaine Bio à lire. laquelle ?
«De Gaulle n'a écrit qu'un malheureux bouquin qu'il a prudemment réécrit après la guerre.»
RépondreSupprimerLà, c'est vous qui exagérez.
«L'application sur le terrain n'a pas été glorieuse. C'est un politique avec un habit de général» D'accord.
«il fallait diminuer les autres pour élever sa propre stature, il a réussi en frappant surtout dans sa famille politique.» Là encore, vous exagérez.
«Avec un baril qui frôle les 100 $?» Ce n'est pas le pétrole qui fait la richesse des nations, sinon la Suisse, le Luxembourg et le Japon ne seraient pas bien riches.
D'ailleurs, l'Algérie ne nage pas dans la prospérité.
Je vais justement attaquer la bio de Clémenceau.
Il faut peut-être replacer les choses dans le contexte qui va bien : il me semble que ce cahier (au demeurant, mais ce n’est que mon avis, assez faible comparé aux standards en vigueur dans la collection citée) est une forme de réponse à une lubie américaine qui veut, assez mécaniquement et sans grande souplesse, s’inspirer fortement de l’expérience algérienne pour leurs propres opérations contre insurrectionnelles en Irak.
RépondreSupprimerOutre le fait que s’inspirer d’une « méthode » qui a échoué il y a cinquante ans, et dans un contexte fort différent de celui régnant aujourd’hui en Mésopotamie, témoigne d’un curieux cheminement intellectuel, les militaires français prennent parfois un malin plaisir à rappeler à leurs collègues et alliés yankees que :
1/ Ils ne sont pas les billes méprisables et décérébrées que certains cercles pentagonesques peu francophiles se plaisent à dénigrer.
2/ Ils auraient mieux fait de les écouter lorsqu’ils ont dit à leurs homologues « attention, vous foncez droit dans un pot de pus ».
3/ Ils sont très flattés qu’on admire leurs travaux d’il y a un demi siècle mais que, de toute manière, ils sont inopérants en l’état ; d’où l’expression pudique : « victoire militaire et défaite politique », sous entendu, « si vous vous contentez de suivre notre exemple sans plus d’imagination ».
Maintenant, dans cette expression qui vous choque tant, et à juste titre d’un certain point de vue, remplacez « militaire » par « tactique » et « politique » par « stratégique » et vous aurez sans doute une vue plus acceptable de la situation qui fait qu’une armée peut régulièrement étriller son ennemi lorsqu’il s’aventure bien imprudemment sur le terrain adverse sans, pour autant, parvenir à une issue favorable sur le plan global.
Je suis persuadé que De Gaulle a sorti deux fois la france d'une impasse historique. Une première fois en continuant la lutte, une deuxième fois en se séparant de l'Algérie.
RépondreSupprimerAux sentimentalisme et au folklore coloniaux qui séduisaient tant de militaires mais ne menaient nulle part, il a opposé la froide raison d'Etat. Il a dit quelque chose comme «C'est notre intérêt, c'est donc notre politique.»
Je serais curieux qu'on m'expliquât qu'il n'était pas dans l'intérêt de la France de quitter l'Algérie.
Je crois que fondamentalement, il a eu raison.
La haine qu'il suscite encore aujourd'hui est étonnante mais ne change en rien mon avis, il le renforcerait presque : les nostalgiques de l'Algérie française sont les vaincus de l'histoire, laissons les à leurs aigreurs de vaincus.
http://www.de-gaulle.info/
Bonne lecture de la Bio de Clem. Je me suis régalé. Celle de Winock est-elle la meilleure, la plus précise ? Je ne sais pas mais elle "coule" bien. Les derniers moments sur la négociation du traité de Versailles sont passionants et démentent l'idée d'un traité posant les fondements du nazisme. Bref à lire et à se régaler avec des citations souvent tordantes.
RépondreSupprimerBref c'est toute cette époque (1850-1918) qui sur le plan politique et intellectuelle est trop occultée. C'est des "monstres" comme Peguy, Renan, Taine, Tocqueville, Proust et tant d'autres trop ignorés. Je les découvre, je les adorent.
Et puis il y a Jaures qui plus que jamais (à lire cette bio) pour reprendre le Grand Charles (mais Peguy ce coup-ci) "n'avait pas de sang sur les mains mais n'avait pas de mains".
Bonne lecture même si nous sommes loin du sujet encore que la colonisation chez Clem est aussi un sujet passionnant.
Au risque d'en énerver certains on pourrait supprimer l'armée, incapable de protéger la nation de l'immigration que nous subissons et encore moins de l'arrêter ,elle ne sert plus à rien!
RépondreSupprimerPremierement la guerre d'Algerie a été gagnée militairement, c'est un fait.
RépondreSupprimerFeuxiémement dans le couple militaires/politiciens, les politiciens portent une ecrasante responsabilité dans toutes l'histoire de la guerre d'Algérie, ce sont eux qui, donnent les ordres, eux qui definissent les objectifs.Lisez Aussarrés pour avoir le point de vue de l'aure bord.
Troisiémement l'experience de la guerre d'Algérie est tout a fait valable et je salue l'initiative de la grande muette qui enfin ose publier des théses et provoquer le débat a l'image des USA ou l'on ne considére pas que l'autisme soit une qualité militaire.
Ca sera toujours mieux que l'amnésie collective et la pensée unique qu'on nous sert depuis 40 ans.
Troisiémement, "en faisant les kakous" , beaucoup de ces soldats sonts morts ou ont été dévastés par ce qu'ils ont vus ou fait.
Un minimum de respect et de compréhension serait bienvenu pour ces soldats.
On ne peux pas tous sacrifier pour une cause pour que du jour au lendemain des politiciens invisibles vous disent juste de passer autre chose et de laisser mourrir ceux qui nous ont aidés.
Je suis très loin d'être un anti-militariste forcené, mais les militaires d'Algérie ne suscitent chez moi vraiment aucune indulgence, aucune compassion.
RépondreSupprimerJe sais cette histoire encore douloureuse, je sais que c'est facile de juger 40 ans après.
Mais, vraiment, le colonialisme ne correspond pas à mes valeurs. A tout prendre, ma valeur principale vis-à-vis des pays du tiers-monde et des ex-colonisés est une profonde indifférence. Qu'ils se débrouillent, qu'ils prennent leur responsabilité.
L'idée d'apporter la civilisation aux autres ne présente à mes yeux aucun intérêt, m'est étrangère. Et j'assume le fait que vous puissiez juger cela égoïste.
Je ne peux pas refaire l'histoire, juger comment je réagirais si nous étions au XIXème siècle et que nous devions décider de coloniser ou non.
Mais les valeurs qui sous-tendent le colonialisme sont plutôt de gauche ... Et je ne suis pas de gauche.
«La guerre d'Algerie a été gagnée militairement, c'est un fait.» Ha bon ? Je ne savais que l'Algérie était encore française.
«De Gaulle n'a écrit qu'un malheureux bouquin qu'il a prudemment réécrit après la guerre.»
RépondreSupprimerLà, c'est vous qui exagérez
Je ne crois pas. La liaison blindés/aviation a été, je crois, rajoutée après la guerre. Et puis l'aspect "transmissions" non plus n'était pas pris en compte alors que les Allemands développaient la radio, nous en étions encore au téléphone (Lamoureux voit juste avec la 7ème cie).
N'est pas Guderian qui veut...Théoricien et tacticien de génie, lui.(pas de chance, il était de l'autre bord).
«Avec un baril qui frôle les 100 $?» Ce n'est pas le pétrole qui fait la richesse des nations, sinon la Suisse, le Luxembourg et le Japon ne seraient pas bien riches.
La Norvège ne se porte pas trop mal, et notamment ses retraites sont assurées dans ce pays vieillissant avec la rente pétrolière.
Mais le problème n'est pas de savoir si nous devions partir mais comment nous devions partir et laisser l' Algérie où nous avions dépensé des sommes considérables (lire J.Marseille).
Et les ordres de De Gaulle, Mesmer concernant les harkis sont d'une abjection sans nom.
Certains kakous ont conservé leur honneur durant ces jours sombres, De Gaulle a définitivement perdu le sien ce jour-là (mais il traîne bien d'autres casseroles...).
Premierement la guerre d'Algerie a été gagnée militairement, c'est un fait.
RépondreSupprimerComme Suez, victoire militaire, défaite politique. Ce sont d'ailleurs les mêmes militaires qui ont dû avaler leur képi avec les mêmes politiciens.
Venant de lire la bio de Clemenceau de Winok, jen suis arrivé à la correction historique suivante : nous avons eu nous aussi notre Churchill, il s'appellait Georges.
RépondreSupprimerJe ne porte pas De Gaulle dans mon coeur mais encore moins Clémenceau.
Une crapule (affaire de Panama) et un anti-clérical tellement borné qu'il rejettera les offres de paix du catholique Hasbourg en 1917 pour se taper l'empire austro-hongrois au traité de Versailles (depuis Louis XV on avait pourtant compris l'intérêt du changement d'alliance). Beau cadeau pour l'Anschluss d'Hitler.
Grand politique vraiment...
Tiens, petits faits concernant les deux bonhommes (De Gaulle et Giraud).
RépondreSupprimerLe premier, a passé la guerre de 14 comme prisonnier à l'issue d'une capture peu glorieuse (blessé à la fesse), le second (âgé et blessé) s'est évadé de la forteresse en descendant en rappel d'un mur de plus de quarante mètres de haut, j'ai vu la photo du mur, impressionnant. Mais Giraud était un piètre politicien. Ce n'est pas une raison pour glorifier le premier pour autant.
C'est Giraud qui libère la Corse, pas une plaque à son nom dans l'île de beauté...Mesquinerie gaulliste.
Allez pour terminer, puisque nous étions partis aussi sur la question nucléaire, lisez donc le très bon, très gros (600 pages) très documenté et peu controversé "Affaires atomiques" de Dominique Lorentz 2001 (préface d'Alexandre Adler).
RépondreSupprimerChapitre 2
Où l'on s'aperçoit que le père de la bombe française n'est pas le général De Gaulle.
Certains ont cessé de croire au père Noêl mais sont toujours gaullistes.
Va comprendre, Charles...
http://contreculture.org/AG%20De%20Gaulle%20jusqu'en%201940.html
RépondreSupprimerEst-ce que j'exagère vraiment ?
En gros, Coriolan, vous êtes du coté de tous ceux que De Gaulle a fait cocus.
RépondreSupprimerC'est gentil de votre part, il faut ménager les cocus, , mais ça n'est pas très sérieux : si De Gaulle les a fait cocus, c'est souvent avec d'excellentes raisons, certes cyniques et brutales, mais bonnes tout de même.
Par exemple, je lui donne entièrement raison d'avoir éliminé Giraud, qui était un connard prétentieux et surtout dangereux pour l'indépendance française.
@coriolan :
RépondreSupprimerClemenceau et Panama ? et bien justement lisez la bio, celle la ou une autre d'ailleurs.
«Où l'on s'aperçoit que le père de la bombe française n'est pas le général De Gaulle.»
RépondreSupprimerCertes, mais c'est lui qui en a saisi toute l'importance et qui a mis en place la doctrine de dissuasion.
Si, pratiquement seul à être cohérent avec cette doctrine, il n'avait pas insisté pour qu'il y ait une bombe H française, les scientifiques auraient renoncé.
Il a considéré, à juste titre, on en est sur aujourd'hui, que la dissuasion pour être efficace devait la plus terrible possible, donc la bombe H.
Il ne manquait pas de bons esprits à l'époque, pratiquement tout le monde sauf De Gaulle, pour dire que c'était trop cher et que la bombe A «exaltée» suffisait.
Bien sûr, on peut se laisser aller à la légende noire de De Gaulle, mais c'est un peu vain : c'était un grand politique, est-ce si difficile à admettre ?
De Gaulle était un grand politique ? Oui d'accord et suffisamment malin pour savoir utiliser aussi la bombe à des fins non seulement diplomatiques mais aussi présidentialistes.
RépondreSupprimerSi, pratiquement seul à être cohérent avec cette doctrine, il n'avait pas insisté pour qu'il y ait une bombe H française, les scientifiques auraient renoncé.
RépondreSupprimerNotre bombe est américaine ne vous en déplaise...Les Français n'ont en fait jamais réussi à la produire. Lisez donc le livre de Lorentz qui en fait la brillante démonstration et sortez du large cercle des cocus de l'Histoire.
si De Gaulle les a fait cocus, c'est souvent avec d'excellentes raisons, certes cyniques et brutales, mais bonnes tout de même.
Faut qu'on m'explique
Abandonner sans conditions un pays riche en pétrole et gaz, subir de plein fouet deux chocs pétroliers pendant que les dirigeants algériens dilapidaient la manne pétrolière, pays qui sera ruiné par une politique socialiste et enverra ses crève-la-faim en France, accueillis à bras ouverts par un patronat tout heureux de maintenir des bas salaires (lire Pompidou) dont les enfants déracinés posent de graves problèmes au point de vue de la cohésion sociale de ce pays.
Bref, nous avons les musulmans* sans le pétrole.
* La crainte d'un pays débordé par les masses algériennes faisait partie des motivations de De Gaulle (lire ses propos sur Colombey les deux mosquées...)
* Certains s'intègrent mais je crains fort que nous n'ayons une bombe ...à retardement.
Observons la Bosnie, wait and see.
certes cyniques et brutales
L'affaire des harkis, c'est autre chose, c'est criminel, la bêtise sanglante à l'état pur.
Il y a eu plus de harkis massacrés en 62 que de juifs déportés durant la seconde guerre mondiale.
Certes, certes...
Je vous aime bien mais votre raisonnement devient déshumanisé. Les intérêts de la France étaient sans aucun doute de quitter l'Algérie mais certainement pas dans ces conditions.
Clemenceau et Panama ? et bien justement lisez la bio, celle la ou une autre d'ailleurs.
RépondreSupprimerJe vérifierai mais je suis à peu près sûr de ce que j'avance.
Je vous laisse le bénéfice du doute en attendant.
Sur la négociation de la paix séparée avec le Hasbourg c'est vérifié et vérifiable.
La guerre pouvait peut-être être terminée bien avant (et sauver des dizaines de milliers de vies mais bon...on semble sacrifier aisément la vie des hommes sur l'autel de la raison d'état sur ce blog).
Et pourtant, il n'est de richesses que...
c'était un grand politique, est-ce si difficile à admettre ?
RépondreSupprimerSans doute et intègre ce qui ne gâche rien mais faut-il lui signer un blanc-seing pour autant ?