Encore un extrait du blog de JM Aphatie :
On a pu mesurer, d'ailleurs, combien la politique avançait dissimulée en ces matières, hier, lors de la conférence de presse du président de la République.
Dans un long discours introductif et volontariste, Nicolas Sarkozy a additionné les projets, les envies, les souhaits. Et puis, plus tard, à l'occasion d'une réponse à une question sur le pouvoir d'achat, le président a indiqué qu'il ne pouvait pas "vider des caisses déjà vides". Ces mots là sont venus dans sa bouche, spontanément, parce qu'ils sont dans son esprit.
Les caisses sont vides. Il en avait déjà fait l'aveu, de la même manière, impromptue, inattendue, le 29 novembre dernier, lors d'un entretien télévisé. Et cette manière même de faire pose plusieurs questions. Pourquoi le président, presque malgré lui, y revient-il toujours? Quelle est l'intensité, la fréquence, des informations que ses services lui fournissent sur le sujet?
L'un de mes interlocuteurs récents m'a assuré, lors d'une conversation téléphonique, que les services de Bercy avaient produits plusieurs notes alarmistes à la fin de l'année sur une faiblesse des rentrées fiscales susceptibles de créer un effet de ciseaux dramatique pour des finances publiques sans cesses sollicitées en faveur de dépenses nouvelles. Le même me décrivait une forme d'affolement, parfois, dans les allées du pouvoir, devant cette menace. J'ai demandé à cet interlocuteur s'il pouvait me procurer une telle note. Il m'a répondu que non, qu'il ne le souhaitait pas.
Je me suis donc fait à l'idée qu'en cette matière, une partie de l'information demeure dans l'ombre et il m'a semblé qu'une part de cette ombre, justement, occupait, voire préoccupait, l'esprit présidentiel. "Vider des caisses déjà vides." La formule a quelque chose d'horrible en ceci qu'elle signale le dénuement, source du désarroi. Ne s'agit-il pas là, sous une forme surprenante et peu habituelle sur la scène politique, d'un appel à l'aide? Un peu comme si l'angoisse débordait? Ne pouvait plus être cantonnée à l'intérieur même du corps dont elle s'échappe? Et nous même, pourquoi donc, sur ce point précis, refusons-nous d'entendre la parole présidentielle? Nous l'entendons sur les 35 heures et sur le reste et là, rien, pas un commentaire, personne qui le relève vraiment.
Les caisses sont vides, nous a dit hier, pour la deuxième fois, le président de la République. Comment mener une action politique quand les caisses sont vides? Ou pire, quelle action la politique doit-elle mener quand les caisses sont vides? Voilà bien la question à laquelle, tôt ou tard, les dirigeants de ce pays devront répondre.
Hé bien, si JMA fréquentait plus souvent ce blog, il aurait les réponses à ses questions :-)
Je ne sais pas si le déficit de l'Etat (c'est-à-dire le déficit officiel, sans oublier qu'il y a des déficits publics cachés) atteindra 40, 50 60 Md€ en 2008. Et, au fond, cela n'a guère d'importance : la vitesse à laquelle chute le sauteur sans parachute ne compte pas vraiment, c'est la chute elle-même qu'il faut interrompre par un moyen ou un autre.
Pour le reste, les conséquences de déficits structurels accumulés sur plusieurs décennies ne sont pas un mystère: un Etat à la fois couteux, inefficace et dangereux.
Avec une bonne vue, dans les comptes d'une nation, on lit sa vie : dans ceux de l'Etat français, on lit le laxisme, le clientélisme, la lâcheté, les conceptions fausses, les idées généreuses mal menées.
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