vendredi, mars 07, 2008
La difficulté à comprendre le libéralisme
J'ai tendance à trouver les opposants au libéralisme caricaturaux, simplistes.
Mais je dois reconnaitre qu'il y a au fondement du libéralisme un concept assez ardu.
Le constructivisme repose sur un concept simple : imaginons la meilleure société possible. Les modalités pratiques et les détails peuvent être très complexes, mais l'idée de départ est facilement accessible.
Au contraire, le concept de base du libéralisme est beaucoup plus difficile.
Le constructivisme se trompe, on n'a jamais assez d'informations pour construire la société idéale, on est obligé à des simplifications abusives (l'Etat est l'une d'elles) qui se révèlent néfastes.
Le mieux que l'on puisse faire, c'est de baser les relations inter-personnelles sur des principes solides (liberté de contracter, propriété privée, etc ...) puis de laisser faire le génie des hommes.
Il en sortira la société qu'il en sortira. L'imagination des hommes est telle que c'est impossible à prévoir. La seule chose qu'on pourra en dire, c'est qu'elle respecte les principes de justice et de liberté.
Le raisonnement rappelle les fractales (un motif simple donne des figures complexes) ou la biologie (un amas d'organismes simples, organisés suivant des règles simples, donnent des organismes très complexes).
Le choux Romanesco est au croisement de la biologie et des fractales : le choux Romanesco, emblème du libéralisme.
Il est très difficile à la plupart de comprendre que de principes simples puissent sortir des systèmes complexes.
Ainsi, puisqu'un des principes du libéralisme est la liberté de contracter, certains en concluent : «Avec les libéraux, tout est histoire de fric.»
Mais la liberté de contracter entraine celle de ne pas contracter, à deux, à mille, pour dix ans ou pour trois jours, ici ou ailleurs, et ainsi s'élaborent une infinité de relations contractuelles et non contractuelles.
Du principe de la liberté de contracter résultent donc des milliers de relations dont certaines sont basées sur l'argent et d'autres non.
Je peux donc comprendre qu'entre le constructivisme qui dit «Imaginons la société idéale» et le libéralisme qui dit «Posons quelques principes justes et la société qui en sortira sera la plus juste possible mais nous ne pouvons pas vous dire précisément laquelle.», il soit facile de préférer le constructivisme.
Mais c'est une erreur.
c'est dommage vous ne parlez pas de la notion fondamentale de "responsabilité individuelle" qui fait du vrai libéralisme un système exigeant et complexe dans son rapport à l'éthique et la morale...
RépondreSupprimerFaut-il y voir le lien avec le fait que nous avons si peu de vrais libéraux dans ce pays ?
Lire sur "ces sujets" est passionnant et surpasse les discussions navrantes de café du commerce...
Mais oui! A n'en pas douter, c'est LA raison!
RépondreSupprimerN'est-il pas plus facile de ne pas avoir de responsabilités, de savoir que - quoi que l'on fasse - on a l'état pour nous rassurer...
Cela me fait penser tout particulièrement ç un très grand film : le Testament du Dr Mabuse de F. Lang qui, même s'il visait les nazis, peut être interprété plus largement... je me souviens d'une réplique extraordinaire à mes yeux ; "le chef pense à tout, s'occupe de tout... vous êtes payés très grassement, alors de quoi vous plaignez vous?"
Etonnant, non de la part d'un film de 1932/33 !
Une question me turlupine : si l'explication proposée est valable pour beaucoup de gens, comment expliquer alors que des personnes intelligentes et très au fait des fonctionnements de l'économie (par exemple Rocard, Fabius, beaucoup d'autres socialistes...) soient contre le libéralisme ? L'explication ne tient plus. Sont-ils stupides ou bornés ? Idéalistes à ce point ? Leurs études ne les ont-ils pas éclairées ? Ni leurs réflexions ? Leurs expériences non plus ?
RépondreSupprimerAlors quoi ?
Mais l'explication tient bien entendu toujours! Tout simplement parce qu'ils mentent pour ne pas nuire à leur fonds de commerce... il ne s'agit que d'un vulgaire positionnement politique sans réelles convictions ; d'ailleurs, ceux qui le fréquentent de près le savent parfaitement!
RépondreSupprimerMais une fois encore, le libéralisme n'est pas la panacée - elle n'existe tout simplement pas! C'est un système qui vise à protéger l'individu de l'état. Il ne faut pas le confondre avec l'économie de marché ; l'exemple de la Chine est suffisamment parlant...
Quant à leurs études... vu comment l'économie est enseignée la plupart du temps, j'ai quelques doutes sur les compétences de la plupart d'entre eux!
Un dernier point : après la période 1981/83, ce sont les socialistes qui ont le plus libéralisé l'économie française et le plus favorisé le capital - et les rentiers d'ailleurs...
pourquoi à votre avis?
Les libéraux sont de grands naïfs, c'est aussi une des raisons qui expliquent leur faible nombre :
RépondreSupprimer" la liberté de contracter entraine celle de ne pas contracter"
nous dit F. Boizard, et "Denis" rajoute :
"c'est dommage vous ne parlez pas de la notion fondamentale de "responsabilité individuelle" qui fait du vrai libéralisme un système exigeant et complexe dans son rapport à l'éthique et la morale..."
Tous les jours des millions de personnes obligées de travailler pour survivre expérimentent cette prétendue "liberté de contracter". Quant aux millions de victimes du monde du travail précaire et de l'exploitation, ne doutons pas qu'ils vérifient combien le vrai libéralisme est exigeant "dans son rapport à l'éthique et la morale...".
D'autres libéraux sont de grands savants comme Daredevil qui voudrait sans doute que les sciences économiques soient plus favorables à l'idéologie qu'il défend :
RépondreSupprimer"Quant à leurs études... vu comment l'économie est enseignée la plupart du temps, j'ai quelques doutes sur les compétences de la plupart d'entre eux!".
Le totalitarisme libéral ne peut ici ou là s'empêcher de se montrer sous son vrai jour...
Amusante association : totalitarisme et libéralisme... inédite même!
RépondreSupprimerJe crois que vous devriez - j'en suis même certain - relire certains passages du livre de Mme Arendt... peut-être cela contribuerait-il à vous remettre les concepts en place...
Petit ajout : je maintiens que les sciences économiques ne sont pas enseignées correctement en lycée en particulier - et je ne fais que reprendre les conclusions de professeurs d'économie qui savent parfaitement de quoi ils parlent, ne vous en déplaisent...
RépondreSupprimerContrairement à vous, je ne me contente pas de superficialités sans grand intérêt ; je m'attache aux faits et surtout à ceux qui mettent en évidence les problèmes bien réels de notre pays.
Tant que j'y suis, je vous conseille la lecture d'un petit livre bien rafraîchissant le "petit dictionnaire de l'économiquement incorrect " de G. Duhamel ou dans un autre style (peut-être plus approprié vous concernant) le terrorisme intellectuel de J. Sévillia... histoire une fois encore de remettre vos concepts prêts à l'emploi un peu plus à l'endroit...
Disons que je suis presque convaincue des bienfaits du libéralisme. En économie. Si vous êtes honnêtes, il y a tout de même des points, qui restent criticables, et dans une société du "tout libéral" il y a des gens qui se retrouvent fortement démunis. Je pense en particulier à des gens qui tombent gravement malades,aux personnes âgée grabataires, aux schizophrènes, à d'autres formes de maladies mentales ou physique qui rendent les personnes de toute façon inadaptées au travail : on en fait quoi, dans une société du "tout libéral"?
RépondreSupprimerJ'ai lu ça et là que la charité privée se substituerait aux subventions. Je doute.
Et puis il y a l'éducation : Mr Boizard proposait il y a quelques temps, le chèque éducation. J'applaudis. En tant que parent d'élève. Je doute que la réalisation soit possible en France, vous imaginez : des écoles vides, d'autres surpeuplées..
Puis j'ai un dernier doute, mais il est plus philosophique.
Il me semble que la personne qui se définit comme libéral à une certaine éthique. De "responsabilité individuelle" justement. Cette individualité qui va dans le sens de l'Histoire, à un point qui donne le vertige aujourd'hui.
L'Homme a toujours été un animal social par excellence. Il a fondé des civilisations, des religions, en s'unissant, en additionnant ses efforts avec ceux de son voisin.
Il y a eu de tragiques erreurs idéologiques qui ont fait beaucoup de morts et..
Aujourd'hui on nous dit que seule la valeur individuelle compte : cela signifie bien qu'il y a ceux qui de la valeur, et puis ceux qui n'en ont pas. Vous me direz que ça a toujours été comme ça, et que c'est bien hypocrite de prétendre le contraire? Certainement.
Mais, je ne sais pas comment le dire autrement, pardonnez moi ça va être un peu provocateur : "et Dieu, dans tout ça"
Où va l'Homme? Que fait il? Le but de cinq millions d'années d'évolution c'est que chacun possède le dernier gadjet à la mode, que l'on produise des tas de choses utiles et intelligentes et d'autres inutiles voire très dangereuses?
Je parle de Dieu et je suis athée. Mais je suis bien infoutue de vous prouver que Dieu n'existe pas, non plus. Ce serait tout de même fort vaniteux de ma part.
Alors sur ce blog on voue les réchauffistes aux gémonies parce qu'ils gènent le raisonnement économique, ils voudraient qu'on ralentisse, qu'on réfléchisse. Certes, il y a un réchauffement climatique sur Mars, certes, les modèles mathématiques sont infoutus de prévoir le temps dans un mois. Mais tout de même, vous ne doutez pas beaucoup sur ce blog. Vous avez un dogme, un évangile des certitudes.
Je suis partiquement certaine que ce post va déclencher le même effet de meute que chez Brighelli.
Montrez voir si vous êtes plus intelligents que les profs, les gars.
Ah, au fait, je ne suis pas enseignante, pas de gauche, et athée.
Et sur le réchauffement climatique, je vois ce qui se passe dans mon jardin et sur la montagne en face de chez moi.
"et je ne fais que reprendre les conclusions de professeurs d'économie qui savent parfaitement de quoi ils parlent, ne vous en déplaisent..."
RépondreSupprimerCitez ces conclusions avec leur origine...ne vous en déplaise.
Facile : allez sur le blog de Monsieur G. Sorman ; écoutez les interventions de Messieurs Marseille et Godet pour ne citer que ceux-là... Même le rapport Attali y fait référence... j'oubliais le blog de M. JP Chevallier!
RépondreSupprimerMais cette liste n'est en rien exhaustive!
A Isa : Il faut tout d'abord distinguer entre le libéralisme qui est un système politique et l'économie de marché qui est un système économique ; la plupart du temps, l'un et l'autre vont de pair mais ce n'est pas toujours le cas (cf. la Chine!).
RépondreSupprimerPar ailleurs, personne ne prétend que le libéralisme et l'économie de marchés seraient la panacée - aucun système ne peut le prétendre!
Mais qu'on le veuille ou non et malgré les nombreux défauts (insuffisances) de ceux-ci, ils restent les moins mauvais systèmes au vu des 2 siècles qui viennent de s'écouler. Ce sont eux (et eux seuls!) qui ont permis à un aussi grand nombre d'êtres humains d'atteindre à un certain niveau de richesse ; aucun autre système n'y était parvenu jusqu'ici!
On peut, bien sûr, considérer que ceci est insuffisant car il existe des milliards d'humains qui vivent dans la pauvreté mais que proposez-vous d'autre pour y remédier? Croyez-vous un seul instant que des solutions simples et faciles puissent apporter une réponse définitive? Si oui, alors je serais heureux de les entendre et, le cas échéant, le premier à y souscrire...
Pour en revenir à notre pays, ce qui me préoccupe avant tout, c'est l'état de nos finances et le poids de notre dette : comment allons-nous pouvoir y faire face?
Trouvez-vous juste que nos gouvernants - de tout bord - aient laissé filer les déficits en pratiquant la politique du "demain, on rase gratis"?
Trouvez-vous également juste et surtout "fraternel" de refiler le paiement de cette dette à nos successeurs (nos enfants ou ceux des autres)?
Pour ce qui est du réchauffement global : personne de sérieux ne le conteste! Ce qui est critiqué, ce sont les méthodes utilisées pour prétendre qu'il serait dû aux activités humaines... en l'état actuel de nos connaissances, personne ne peut affirmer qu'il en aille ainsi!
Je vous conseille à ce propos le site anglophone "junk science" et divers documents visuels sur YouTube ou Daily Motion pour ne citer que ces 2 là.
Cet examen critique de la situation ne doit bien entendu pas servir de caution à une politique irresponsable de dilapidation des ressources - j'en conviens tout à fait avec vous!
Mais, pour autant, comment croire un seul instant que nous pourrions imposer, d'une quelconque façon, une réduction de la croissance aux pays émergents ou aux USA ?
Il faut faire preuve de réalisme et de pragmatisme, et ne pas croire en l'impossible car il ne se réalisera pas!
A ce propos, pensez-vous un seul instant que la majorité de nos concitoyens sont prêts à renoncer aux plaisirs que leur procure ce niveau de vie envié des malheureux de toute la planète (qui font tout pour venir chez nous, bien souvent aux risques d'y laisser la vie)?
Combien de personnes seraient - sérieusement - prêtes à renoncer à leur téléphone portable ou à leur ordinateur sans même parler des réfrigérateurs, aspirateurs et autres machines à laver en tout genre? (j'oubliais l'inoubliable fer à repasser!!)
Je crois fermement qu'il faut se méfier des solutions simplificatrices car, bien souvent, elles recèlent d'autres dangers et servent de moyens efficaces de propagandes et de manipulation...
Un dernier point : pour ce qui touche à la foi, j’estime qu’elle doit relever uniquement de la sphère intime et privée! En aucun cas, elle ne doit déborder sur la vie réelle en fixant des lois car, alors, le totalitarisme – avec ses camps de rééducation, d’extermination, sa police politique ou de la pensée, etc - se profile à l’horizon !
Ne dit-on pas qu’il faut se méfier des « bons sentiments » car l’Enfer en est pavé ?
Merci Daredevil de m'avoir répondu posément.
RépondreSupprimerJe suis malheureusement bien d'accord avec votre constat à propos du réchauffement climatique : personne n'est prêt à renoncer à son petit confort, ni même, pour l'instant, à faire la moindre concession. Lorsque je vois le nombre de gens autour de moi qui prennent l'avion pour un oui ou un non, pour un week end, une semaine à l'autre bout de la Terre, je me dis qu'il n'y a aucune prise de conscience, et que le genre humain mérite bien ce qui risque de lui tomber sur la gueule.
Je n'ai effectivement aucune solution miracle pour faire marcher l'économie et ma (très maigre) culture économique me permet juste de comprendre que le libéralisme économique est la moins mauvaise solution.
Maintenant, comme dit Mr Sorman, les chinois et les indiens ont aussi le droit de vouloir manger de la viande et de rouler en berline. Seulement, il va falloir se serrer un peu...
Mais c'est avec plaisir que je vous ai répondu.
RépondreSupprimerQuant à se serrer... à voir! Disons qu'il va surtout nous falloir faire face à une concurrence accrue dont nous ne pourrons sortir vers le haut que grâce à la recherche et au développements de nouvelles idées et techniques... malheureusement, nous ne semblons pas trop en prendre le chemin!
Et pour tout dire, c'est cela qui me fait frémir... surtout quand j'entends certains parler de sauver les emplois industriels alors que globalement ils ne peuvent l'être...
dur, dur!