Nicolas Sarkozy a dit qu'il serait le président du pouvoir d'achat.
Et les commentateurs de déclarer que le pouvoir d'achat ne se décrète pas et le gouvernement de baisser les bras.
En réalité, la France est dans une situation telle qu'une augmentation du pouvoir d'achat peut y être décrétée par le gouvernement, et pas dans des proportions anodines, mais de 20 à 30 %, une paille !
Il suffirait pour cela de deux actions :
> baisser massivement les dépenses obligatoires grâce à une diminution des dépenses publiques
> rendre aux salariés l'usage des 30 % de prélèvements sociaux sur leurs salaires. Le simple fait de disposer librement de ces sommes pour choisir ses dépenses d'assurances sociales augmenterait le pouvoir d'achat en permettant une bien plus grande efficacité de ces dépenses.
Comme quoi, si il le voulait vraiment, Nicolas Sarkozy serait le président du pouvoir d'achat.
Mais il ne le veut pas à fond, pas au point de briser les tabous, il le désire comme on désire gagner au Loto.
Franck,
RépondreSupprimerJe vous lis régulièrement sans intervenir. La raison principale en est que je partage globalement vos billets.
Mais j'avoue que là je suis perplexe, notamment sur le premier point de votre proposition (je cite de mémoire):
- baisser le montant des prélèvements sociaux en abaissant les dépenses de l'Etat...
Heu, certes mais comment baisser les dépenses de l'Etat ? Par un coup de baguette magique ou par l'armée qui contiendrai les foules qui ne manquerais pas de descendre dans la rue ?
Sans oublier que notre constitution contient maintenant tout un tas de stupidités qui ne permet plus à un gouvernement de faire ce qui lui passe par la tête.
Alors ?
Comment réduire les dépenses de l'Etat ? Très simplement : en réduisant les dépenses de l'Etat !
RépondreSupprimerCa pourrait être une mauvaise plaisanterie : ça ne l'est pas.
La doctrine Sarkozy «faisons d'abord les réformes, nous constaterons ensuite combien cela nous a permis d'économiser», sous son apparent bon sens, est stupide : je vous fiche mon billet qu'elle ne permettra pas d'économiser un sou.
Ce qui fait mal, ce que les gens qui bénéficient de la manne publique cherchent à éviter à tout prix, c'est la réduction des dépenses publiques. Toutes les autres changements, toutes les réformes, ils s'y adaptent, ils s'en arrangent, pourvu qu'ils puissent se dém... pour avoir toujours autant d'argent public.
C'est pourquoi il faut commencer par réduire la dépense publique, et de manière quasi-obsessionelle.
Quand on disait le lundi à Margaret Thatcher qu'il y avait des problèmes dans l'éducation, elle répondait : «Je n'ai que deux problèmes : les dépenses publiques sont trop élevées et le marché du travail est trop rigide.». Quand on lui disait le mardi qu'il y avait des problèmes dans les prisons, elle répondait : «Je n'ai que deux problèmes : les dépenses publiques sont trop élevées et le marché du travail est trop rigide.» etc ...
C'est facile à comprendre : la réduction des dépenses publiques bénéficiera de manière importante mais diffuse au plus grand nombre, mais elle dérange des groupes d'intérêt de manière précise.
Autrement dit, si on ne donne le sentiment d'être intraitable sur cette question, limite abruti, on laisse croire qu'il y a une marge de discussion, de négociation, et c'est parti : ça rechigne, ça proteste, ça défile.
Et le résultat est connu d'avance : ça n'empêche pas le pouvoir de devenir impopulaire et, en plus, les réformes ne se font pas.
Dans tous les pays où les dépenses publiques ont été réduites significativement, le gouvernement n'a pas eu la main qui tremble.
Mais avec une différence fondamentale par rapport au cas français : la campagne électorale avait permis d'expliciter ces politiques. Reagan et Thatcher ont été élus en connaissance de cause.
Rien de tel chez nous : la campagne présidentielle a été confuse et brouillonne.
C'est le fond qui manque. Quant à la forme, à la technique, la constitution française offrait toutes possibilités à un président fraichement élu disposant de la majorité parlementaire. Il aurait pu par exemple légiférer par ordonnances. Là encore, on retombe sur le problème d'un président qui n'a pas vraiment de politique.
"Comment réduire les dépenses de l'Etat ? Très simplement : en réduisant les dépenses de l'Etat !"
RépondreSupprimerEurêka ! A part le coté "y'a qu' à" de votre proposition la chose n' est peut-être pas si facile.
En revanche, je suis beaucoup plus enclin à vous suivre sur les 30%. Je suis persuadé que l' assurance privée serait bien plus performante que la Sécu. Il faut qu' en parallèle, le fonctionnement du système médico-hospitatlier soit sérieusement revu.
Un détail : redonner au salarié le 1% patronal qui serait certainement mieux utilisé en direct par les bénéficiaires.
Erick
«Eurêka ! A part le coté "y'a qu' à" de votre proposition la chose n' est peut-être pas si facile.»
RépondreSupprimerVous connaissez la phrase de Sénèque : ce n'est pas parce que c'est difficile que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas que c'est difficile.
Le retard de la France en matière de réduction des dépenses publiques a au moins un avantage : nous pouvons bénéficier de l'expérience de ceux qui nous ont précédés.
C'est très clair : ça marche. Réduire les dépenses publiques augmente la prospérité.
Et, en plus, de la Suède au Canada, en passant par la Nouvelle-Zélande, l'Irlande ou le Chili, nous disposons d'une masse d'informations et de techniques.
Le problème n'est pas technique, il est intellectuel : nos gouvernants n'arrivent pas à se faire à l'idée qu'ils doivent perdre du pouvoir, qu'ils doivent se retirer de certains domaines.
Oui, Franck! Je pense tout comme vous qu'"ils n'arrivent pas à se faire à cette idée" mais j'irais plus loin! Je suis enclin à croire que beaucoup refuse de s'y faire parce qu'ils ont trop bien compris qu'une telle démarche signifierait la fin de leurs pouvoirs démesurés et disproportionnés - du moins de certains!
RépondreSupprimerOn ne coupe pas la branche sur laquelle on est assis, n'est-ce pas?!
Tant que les lobbys qui profitent du système pourront continuer à mettre la pression sur les gouvernements et que ces derniers seront constitués de gens sans courage ni réelle volonté, rien ne se fera... jusqu'au jour où tout s'écroulera!
Il sera alors trop tard pour se lamenter... et dans de telles catastrophes le pire est à craindre... malheureusement!
La question qui me taraude actuellement est : pourquoi les agences de notation mondiales n'ont-elles pas encore décotées la France alors même qu'elles semblent être pleinement consciente de la situation catastrophique de notre pays?
Je trouve cela bizarre...
Je ne sais pas si vous êtes parisien.
RépondreSupprimerEn tout cas, pour qui a l'habitude de les voir passer, les convois ministériels évoquent irrésistiblement les carrosses de l'ancien régime. Espérons que la fin ne sera pas la même.
Moi aussi, je me suis posé la question de l'étonnante complaisance des agences de notation.
J'en suis arrivé à une conclusion fort simple et assez cynique: il y a des pays plus égaux que d'autres.
On ne traite pas la France, qui a un siège au conseil de sécurité, est un membre important de l'UE et un fondateur de l'Euro comme un vulgaire pays d'Amérique Latine.
De plus, les personnes qui décident en dernier ressort de la note de dette de la France ne sont pas très nombreuses. Disons une dizaine.
Sur un groupe aussi restreint, les moyens de pression de l'Etat français peuvent s'en donner à coeur joie, même les moyens les plus sordides (les services secrets sont là pour être utilisés, et si j'étais un partisan de la raison d'Etat, je mettrais la note de dette de l'Etat français très haut dans la liste des priorités justifiant l'utilisation de tels services).
Bref, les agences de notation dégraderont la dette de l'Etat français avec une guerre de retard.
Cependant, l'agence S&P a déclaré réexaminer la dette de la France en 2011 et, sauf miracle, ça ne sera pas pour décerner les félicitations du jury.
De plus, les créanciers n'attendent pas après les agences de notation : même si l'écart s'est réduit ces dernières semaines, la tendance depuis plusieurs mois est à un écart croissant entre les taux français et allemands.
Isa à dit :
RépondreSupprimerD'accord avec vous.
Comme vous le dites en filigramme, nos ministre feraient bien de réduire leur train de vie, les "réformes" passeraient mieux.
C'est incroyable comme le "serrez-vous la ceinture" proféré par des gens qui ne se privent de rien passe mal dans la population...
Grâce à vous, Franck, je sais que c'est ce qui a été fait au Canada.
Même si ce n'est que pour la galerie, ils devraient prendre conscience de l'image que ça donne (genre "Ils n'ont pas de pain? donnez leur de la brioche").
...et il aurait 2 millions de fonctionnaires dans la rue !
RépondreSupprimerEt alors ?
RépondreSupprimerCa voudrait dire que 58 millions de Français restent chez eux.
Mais que croyez-vous? Il y aura de toute façon plein de gens dans la rue si l'état fait faillite - ce qui, bien malheureusement, se profile à l'horizon.
RépondreSupprimerJe vous conseille la lecture du livre de Jaffré : "Le jour où la France a fait faillite "
Je viens par ailleurs de découvrir un autre texte très instructif de J. Ellul dont je vous conseille la lecture :
http://incarnation.blogspirit.com/archive/2008/05/09/hitler-a-gagne.html
Ce qui m'effare à tout point de vue, c'est l'état d'inconscience de la majorité des gens, même si individuellement, ils n'y peuvent rien...
Et dire que beaucoup voyait dans l'actuel président, le "sauveur" tant attendu...
Que d'illusions, n'est-ce pas?!
Mais le pire, c'est que je ne vois aucun politique capable de relever les défis que nous imposent notre situation exécrable...
Bonjour Franck,
RépondreSupprimerJe me permets d'intervenir suite à votre post pour vous faire part de mon desarroi.
Je suis en effet incapable de répondre à l'argument récurrent de l'extrème gauche (Besancenot l'a d'ailleurs ressorti ce We chez Drucker) selon lequel pour augmenter le pouvoir d'achat, il n'y a qu'à augmenter les salaires. Et d'enchainer : La preuve qu'on peut le faire : ça a été fait de 30% en 68 sans que l'économie n'en souffre.
A ma grande surprise aucun journaliste ne répond jamais à ce qui est une ineptie !
Quelques éléments de réponses ??
Mercis
C'est pourtant évident :
RépondreSupprimer> les hausses de salaire ont été absorbées par l'inflation : gain de pouvoir d'achat = 0.
> il n'y a qu'un seul moyen d'augmenter le pouvoir d'achat durablement : c'est d'augmenter la productivité. C'est bien parce qu'on produit plus dans le même temps de travail qu'on peut acheter plus avec ce qu'on gagne. C'est tellement élémentaire qu'on se demande pourquoi il faut le répéter si souvent.
On dit que les Français sont ignares en économie et que c'est pour cela qu'ils tombent dans les miroirs aux alouettes tendus par Besancenot et son orchestre.
Quelquefois, je me demande si ce n'est pas le contraire qui est vrai : Alfred Sauvy disait que l'économie est la science du sordide.
Les Français, tout idéalistes qu'ils sont, refuseraient volontairement de s'informer de l'économie pour pouvoir se vautrer sans scrupules et sans remords dans les délicieux yaka-faukon des démagogues gauchistes. Evidemment, le résultat de cet aveuglement volontaire est l'appauvrissement du pays, mais quoi ? Un peu d'illusions et de rêve ne vaut-il pas de perdre un peu de bien-être ? Et après, on dira que les Français sont matérialistes.
Je suis toujours plus stupéfait de l'esprit étriqué que montrent les Français. Les pays étrangers ne font pas comme nous ? Ce sont eux qui ont tort. Ils se portent mieux quand nous nous portons plus mal ? Ce n'est pas vrai, c'est de la propagande. Pas un pays, ni développé, ni en développement, ne s'inspirent des institutions sociales françaises ? C'est parce que les étrangers sont trop bêtes pour comprendre le génie français. Etc ...
Augmenter les salaires? Mais c'est le miroir aux alouettes de nos chers politiques depuis des lustres! Comme le dit Franck, il est tellement tentant de tenir des discours démagogiques et factices que beaucoup ne peuvent que céder à cette tentation...
RépondreSupprimerRéfléchir, penser : ça coûte des efforts, cela nécessite le courage d'aller y voir...
Le problème avec notre facteur, c'est qu'il joue de la fibre démagogique pour mieux berner les foules et empêcher toute réflexion qui permettrait de voir la nullité et le vide de ses idées... il est bien de ce point de vue dans la lignée des tribuns aux petits pieds qui promettent la lune pour parvenir à leurs fins.
Pour ce qui est de ces journalistes qui n'opposent aucun argument à de telles inepties, pourquoi s'en étonner quand on voit les propos tenus par la majorité d'entre eux, surtout quand il s'agit des USA ou des problèmes économiques... Regardez tout ce qui est dit, à titre d'exemple à propos de la crise, alors même que de l'avis de nombre de spécialistes, elle n'existe pas... nombre de ces journalistes s'empressent pourtant de colporter ces inepties sans même en vérifier le contenu - mais encore faudrait-il qu'ils en aient les capacités...
Le problème avec toutes ces questions économiques, c'est que cela ne fait pas rêver comme le dit très justement Franck... et pourtant beaucoup de français n'ont qu'un désir : rêver! Plus exactement, transformer le "rêve" en réalité!
Cela me fait aussi penser à tous ces nostalgiques des anciennes dictatures communistes qui regrettent les prix fixes, l'absence de chômage,etc : ils oublient juste un détail! Tout ceci a un coût réel qui à un moment ou un autre doit être payé...
Voici revenu le temps des cigales... que se passera-t-il quand la bise reviendra?