Dépêche de ce matin :
Des enseignants drômois de Montélimar puis de Pierrelatte ont décidé d'utiliser les bulletins des élèves à des fins partisanes. Leur but ? Dire aux parents leur hostilité à la réforme Darcos. Ce qui a provoqué la colère du rectorat.
Et après, ce sont les mêmes qui vont venir nous expliquer qu'ils sont démoralisés de ne pas être plus respectés ?
C'est à pleurer : quand on mélange ainsi les genres, profession et opinion, mission et politique, comment peut-on être respecté ?
Comment le détournement à des fins partisanes d'un instrument de travail pourrait-il ne pas être vecteur de mépris pour ce même travail ? Car le message est clair : si on peut utiliser un bulletin scolaire comme tract, c'est que le bulletin n'est pas très sérieux.
Une telle confusion incite à juger sévèrement la moralité et les capacités intellectuelles des enseignants incriminés.
Ma seule consolation est statistique : vue la masse de personnel qu'emploie le mammouth éducatif, les probabilités de tomber sur une singularité locale, une concentration de cons très supérieure à la moyenne, sont fortes, ça ne veut pas dire que l'ensemble des profs est aussi con.
Cependant, ce n'est qu'une étape dans la chute du corps enseignant, la poussée initiale ayant consisté à laisser croire que professeurs et élèves se valaient.
Quand un curé perd la foi, il perd le respect des autres. Quand un enseignant ne croit plus au savoir, c'est pareil.
"Ma seule consolation est statistique : vue la masse de personnel qu'emploie le mammouth éducatif, les probabilités de tomber sur une singularité locale, une concentration de cons très supérieure à la moyenne, sont fortes, ça ne veut pas dire que l'ensemble des profs est aussi con."
RépondreSupprimerBen oui, ils ne travaillent pas dans une grande entreprise, donc leur connerie est automatiquement dispersée...
A mon tour de ne rien comprendre au commentaire de cet anonyme...
RépondreSupprimerPour ce qui est du phénomène que vous décrivez, c'est malheureusement une pratique courante de nombre d'enseignants que d'utiliser leurs fonctions comme tremplin de leurs idées... Quand je vois le ramassis d'âneries démagogiques et partisanes qui ornent les panneaux syndicalistes, je suis à chaque fois consterné par tant de mépris pour la neutralité et surtout le manque de recul de ceux-ci... mais bien entendu, on ne peut pas trop le dire ouvertement au risque de finir sur un bûcher!
Et je ne parle même pas des collègues qui s'ingénient à faire "bien" penser leurs ouailles en leur faisant lire divers textes et documents qui ne sont pas, bien sûr, partisans du tout!
Passons notre chemin, rien à voir ;)))))
Ce fait montre bien qu'il y a de grosses déficiences de déontologie chez certains enseignants.
RépondreSupprimerLa position des enseignants est singulière, leur ambition devant être de faire passer leurs élèves progressivement de cet état à celui de futur citoyen conscient et responsable. Par leurs qualités scientifiques mais aussi par la valeur d’exemple qu’ils diffusent, ils ont un impact fort sur ces élèves.
L’enseignant, l’éducateur, sont des citoyens libres mais nécessairement et naturellement exemplaires. Même lorsqu’ils quittent la classe ou l’établissement, ils devrait être autre chose qu’un citoyen ordinaire.
Alors prendre parti ouvertement pour une cause, et en plus dans le cadre de sa mission, c'est très grave ...
Sans prendre parti sur le cas évoqué, faute de le connaître en détail (et vous ?), je vous trouve tous un peu légers sur la cause de l'ire des collègues.
RépondreSupprimerOui ou non, y a-t-il des suppressions de postes drastiques, qui vont encore s'aggraver l'an prochain si on n'écoute pas les protestations non seulement des enseignants mais des parents d'élèves et de leurs organisations représentatives ?
Oui on non assistons-nous à la casse de l'enseignement public ?
L'EN creuse sa tombe toute seule. Elle n'a pas besoin d'aide extérieure. Les faits mentionnés (l'utilisation à des fins politiques des bulletins scolaires), même s'ils ne représentent que les agissements d'une minorité, sont symptomatiques de la profonde déliquescence de cette institution. Quand les enseignants comprendront qu'ils seront respectés qu'à la seule condition qu'ils respectent leurs élèves et qu'ils doivent mettre leurs devoirs avant leurs droits, un grand pas vers la guérison aura été franchi.
RépondreSupprimerUser d'enfants et d'adolescents et se dissimuler derrière eux pour faire passer des idées est le signe profond d'une grande lâcheté. Seules les grandes démocraties comme la Corée du nord utilisent ce type de moyen à une plus grande échelle.
A M. Delpha,
RépondreSupprimerCertes, la question peut être posée dans les termes que vous choisissez, à ceux-ci près que les mots utilisés ne sont pas d'une grande neutralité.
La question pourrait être : quels sont les résultats de la profusion de moyens accordées à l'éducation nationale depuis presque 20 ans ?
En ce sens je souscris à la remarque de Anonyme 3, lorsqu'il indique que l'éducation nationale creuse sa tombe seule.
Père d'un jeune garçon depuis peu, je désespère d'avance de le voir enfant face à des adultes aussi peu regardant sur les moyens.
Je ne peux donc que m'inquiéter de voir un tel mélange des genres. D'une part, le bulletin n'a pas pour rôle de servir de support syndical. D'autre part, je trouve l'argument plutôt léger, pour ne pas dire spécieux. Il fait implicitement un lien direct et transitif entre moyens et résultats. Or, à ma connaissance, les dernières enquêtes européennes type PISA montrent justement que ce n'est pas le cas.
Pour mémoire, lorsque vous avez des programmes qui font, avec leurs annexes, plusieurs centaines de pages en primaire - je les ai vu ! - pour expliquer à l'instituteur comment l'élève doit "co-construire" ses savoirs, on tend vers l'inefficacité absolue, si ce n'est de conférer le pouvoir aux gardiens du temple, tels que peuvent l'être certains inspecteurs.
L'école est sans doute malade, mais ce n'est pas par manque de moyen.
Je me rappelle que dans les années 70, un grand sociologue US du nom de Becker avait fait plusieurs enquêtes sur des classes. Il raconte souvent que la plus grande difficulté qu'il a rencontré fut de faire comprendre aux instituteurs et professeurs qu'il les étudiait aussi, qu'il les prenait en compte dans son analyse, car il faisait partie du "système classe". Il indique avoir reçu des remarques peu amène de personnes qui se considérait au dessus des ces contingences.
A titre personnel, je vois dans ces remarques beckeriennes une clé du problème. Certes, l'école doit être à l'abri des pressions du monde extérieur comme peuvent le faire des idéologies religieuses, mais dans le même temps, ceux qui y travaillent doivent aussi reconnaître qu'ils ont un devoir de réserve et qu'ils peuvent être soumis à la vigilance, voire à la surveillance, de ceux qui leur confient les êtres les précieux qu'ils ont, tant dans le domaine des résultats que de celui de la déontologie.
Je reconnais aisément que cette rhétorique droit/devoir semble désuette à certains membres du corps enseignant.
Cordialement.
***L'école est sans doute malade, mais ce n'est pas par manque de moyen.***
RépondreSupprimerMERDE !
On lui en RETIRE !
A grande vitesse !
Dans une logique purement externe et sans aucune étude d'impact !
Avec des médias majoritairement ignorants et complaisants !
Dans ces conditions, criminaliser la mention de cette casse sur un bulletin, en faire une trahison du métier, un acte de politique politicienne, en ne se posant même pas la question de l'attitude des organisations de parents d'élèves locales ni nationales, c'est marcher sur la tête et vouloir étouffer une dernière flammèche de conscience, pour faire en sorte que les casseurs cassent en paix.
***criminaliser la mention de cette casse sur un bulletin***
RépondreSupprimeret falsifier de surcroît cette mention, en la transformant en un désaccord sur un projet de réforme
En ce sens, sans dire que tous les professeurs sont des fainéants, que l'éducation nationale doit être privatisée et autres âneries qui bloquent toute réflexion et tout dialogue, la question de l'organisation de l'éducation doit être posée, même si cela doit coûter la place à quelques rentiers de la place - je pense aux IUFM par exemple - ou sortir d'aucun enseignant de leur molle torpeur.
RépondreSupprimerJe me souviens d'un professeur qui me disait que certains rentrent dans l'éducation nationale comme on rentrait autrefois au monastère, pour ne plus avoir à souffrir des contraintes du monde.
Pour répondre au fait que vous défendez visiblement le droit de transformer le bulletin en missive syndicale, j'estime que si un enseignant à le droit de penser qu'une réforme va dans le mauvais sens, il ne saurait faire feu de tout bois.
Le devoir de réserve existe, et, sauf erreur, il n'est nulle part fait mention dans le bulletin d'une quelconque explication. C'est, dans la mesure des informations desquelles je dispose, une simple pétition de principe qui, je me répète, excusez-moi, part de l'idée d'une bijection entre moyens et résultats.
Au final, les enseignants ont pour moi commis une double faute. D'une part, ils ont usé d'un médium qui n'a rien à voir avec cette finalité - un feuillet explicatif distribué par le même enseignant hors de l'enceinte scolaire ne m'aurait sans doute pas dérangé -. D'autre part, ils se sont bornés à un argument d'autorité, sans chercher à élever le débat par des arguments étayés.
Tordre un médium et ne pas argumenter, voilà deux choses qui me heurtent d'autant plus quand elles viennent de personnes qui sont justement censées enseigner ces évidences à des enfants.
Cordialement.
@ françois,
RépondreSupprimer"***L'école est sans doute malade, mais ce n'est pas par manque de moyen.***
MERDE !
On lui en RETIRE !
A grande vitesse !"
On lui retire des moyens mais pas tant que ça (moins de 2 % de profs ça joue pas le domaine, et les profs n'ont qu'à refuser les heures sup en bloc au lieu de les accepter et de couiner ensuite sur la diminution du nombre de profs) et surtout, en rationalisant ses coûts il y a beaucoup d'argent à économiser. Mais cesser d’embaucher c’est à peu près la seule chose que peut faire un gouvernement qui se voit refuser par une opposition syndicale radicale tout autre ajustement/économie (je ne reviens pas sur les positions syndicales concernant la rationalisation des remplaçants, sur le temps de travail des agrégés, sur telle ou telle heure « offerte » aux profs et considérée comme un acquis social indiscutable, etc., nombreux autres exemples…).
Dans une logique d’économie (certes d’une logique externe mais dont l’objectif dépasse largement la corporation) les syndicats refusent tout.
D’ailleurs, de manière réaliste, je me demande ce que peut vraiment faire le gouvernement.
"Un seul étonnement devant le texte écrit sur les bulletins : que le beau mot de réforme, mis à toutes les sauces par ce gouvernement, ne soit pas au moins entre guillemets.
RépondreSupprimerC'est de casse qu'il s'agit, à 20 000 postes par an.
Je n'ai pas l'impression que des enseignants aient, par un tel moyen, voulu ouvrir une discussion intellectuelle sur un projet de réforme. C'est bien de casse pure et simple qu'il convient de parler si on prétend vouloir favoriser le savoir et la culture, qu'on soit professeur, élève, parent ou simple être humain.
Cela urge !
Certes il convient de maîtriser les dépenses publiques, mais pas en sabrant à l'aveugle. D'ailleurs il y a à peine un peu plus d'un an le candidat Sarkozy, commentant devant des journalistes complaisants (à l'époque ils l'étaient presque tous... jusqu'à accuser les rares voix critiques de diabolisation !) son projet de supprimer un fonctionnaire sur deux par le biais des départs en retraite, prétendait que cela ne concernait pas l'enseignement mais ... les douanes !
Donc il n'est même pas vrai que quiconque ait voté pour cela."
Je viens d'écrire cela là :
http://www.ledauphine.com/montelimar-lycee-les-catalins-les-profs-notent-la-reforme-sur-le-bulletin-@/index.jspz?article=27750&chaine=21
Le dossier montre que les profs en cause ne sont pas coutumiers du fait et n'ont pas l'air de vouloir le devenir, mais ont tenté un passage à la limite pour secouer l'apathie, et ont parfaitement réussi leur coup, témoin notre propre discussion. Ils se sont exposés à une sanction et ne la recevront évidemment pas, non parce que ce pouvoir serait laxiste (!) mais parce qu'il a lui-même tellement corseté l'expression de la contestation de sa politique de casse qu'il y a des culots qu'il ne peut plus s'offrir.
Alors causons-en de cette casse. 2%de suppressions, on n'en mourra pas ? mais le chandail dont on détricote la première maille n'en meurt pas non plus, dans un premier temps. Quel raisonnement ! Il ne prétend pas, j'espère, fonder une réforme pédagogique !! J'aime mieux le vieux "qui vole un oeuf vole un boeuf" (ce coup-ci, Franck va m'appuyer des deux sabots) !!!
Que des cornichons aient laissé lâchement filer les déficits publics depuis que la crise commencée dans les années 70 a amoindri les recettes en augmentant les dépenses, je ne le discute pas. La discussion, jamais entreprise et moins que jamais par le pouvoir actuel, doit porter sur les solutions possibles et envisageables, sans tabou. Mais au bout du compte et tout bien pesé, il se pourrait bien qu'on en décrète, des tabous, à savoir des dépenses (ou des recettes) auxquelles il ne faut absolument pas toucher.
Il me semble que dans un pays dont la matière grise est la ressource principale, l'enseignement public n'est pas loin d'être la priorité des priorités. Cela ne veut pas dire, bien au contraire, qu'il ne faille pas surveiller et améliorer l'emploi des deniers.
Un détail pour finir : attention aux bobards ! Le truc consistant à émouvoir le contribuable avec les 10 000 enseignants sans élèves est la tarte à la crème des plus mauvais ministres de l'EN, qui se tirent d'ailleurs par là une balle dans le pied : comment leur autorité a-t-elle pu se laisser ainsi surprendre ? En réalité il s'agit soit de personnels qui se donnent, souvent à fond, dans des oeuvres périscolaires d'une utilité publique indiscutable et indiscutée, soit de représentants du personnel en nombre conforme aux statuts de la fonction publique, à cet égard beaucoup plus restrictifs que ceux du secteur privé.
Plus généralement, le préjugé sur un ministère "cogéré par les syndicats" prend son inspiration dans les mêmes eaux, nauséabondes. C'est notamment une pierre dans le jardin du général de Gaulle. Pensez-vous sans rire qu'il aurait toléré une telle chose ? Non ? Alors lequel de ses successeurs aurait failli ? Des noms, des dates, des faits ?
Des noms ? Des dates ?
RépondreSupprimerJe pense à la réforme Haby du collège de 1975, à l'introduction de la méthode global par son successeur dans les années 1978-1979, à la réforme Jospin de 1989 - l'élève au centre du système... et les IUFM - , à la cogestion mode F Bayrou en 1994.
L'éducation nationale ne manque pas de moyens - ou alors les autres pays sont vraiment dans un état déplorable -, mais sans doute plus d'organisation et d'affectation de ces moyens.
Concernant les dépenses et les recettes, je rappelle juste que la France est championne du monde des dépenses publiques. Certes, la plupart de ces dépenses sont le fait des organismes de sécurité sociale, mais, demander toujours plus de moyens pour des résultats qui ne suivent pas, je me demande en quoi cela peut paraître choquant que l'on demande des comptes.
Dire qu'il n'y a aucun moyen de faire des économies au sein du personnel de l'éducation nationale - plus d'un million de fonctionnaires - est à mes yeux un manque flagrant d'honnêteté, car cela suppose, désolé de me répété, que l'organisation en est optimal, à tous les échelons. Cela, j'en doute fort, mais j'attends bien sûr que quelqu'un me démontre que j'ai tort.
Cordialement
Les personnels de l’E.N. semblent toujours demander plus. Plus de profs, plus de moyens matériels, plus de ressources budgétaires pour ce grand service public, qui forme nos enfants, nos adultes de demain, bla, bla, bla, …
RépondreSupprimerOr, j’observe que le budget de l’E.N. est le PREMIER budget de la nation depuis longtemps. Avant celui de la Défense, par exemple qui, lui, doit se partager entre titre III ( les salaires pour résumer ) et le titre V ( les matériels, pour résumer aussi ). L’éducation nationale n’a que du titre III et très peu de titre V. Pas de composante nucléaire à entretenir, de bateaux, avions, chars, munitions, à financer. Un porte-avions, ça coûte plus cher qu’un ordinateur dans un lycée.
Alors, je me demande où passe tout cet argent. Que des salaires à payer et ça ne suffit jamais. Pourquoi ? Que finance-t-on de façon occulte ? Quelle niche protège-t-on ? Quels détournements même ?
J’aimerais qu’on m’explique. Je ne remets pas en cause la motivation des profs qui font tout leur possible, avec justement …les moyens qu’on leur donne. Mais je ne comprends pas le fonctionnement du Mammouth, arque bouté sur ses acquis, réfractaire aux réformes et manquant souvent de partialité.
"2%de suppressions, on n'en mourra pas ? mais le chandail dont on détricote la première maille n'en meurt pas non plus, dans un premier temps. Quel raisonnement ! Il ne prétend pas, j'espère, fonder une réforme pédagogique !"
RépondreSupprimerMais je vous renvoie l'argument : 2%, 5% ou 10% de moyens ou de profs en plus cela changera quelque chose ? évidemment non.
Alors que pour les syndicats c'est tout simplement LA solution (ils ne demandent jamais rien d'autre). Ce n'est pas moi qui colle sur les moyens le prétexte d'une réforme pédagogique.
Et cette revendication coûteuse, probablement inutile et en tous cas hors de propos permet de regrouper même les profs peu impliqués, qui se disent que, quand même, il ne faut pas sucrer des moyens. Quelle arnaque intellectuelle !
"Il me semble que dans un pays dont la matière grise est la ressource principale, l'enseignement public n'est pas loin d'être la priorité des priorités."
Je suis infiniment d'accord, et d'autant plus navré de voir tous les blocages en place qui empêchent d'améliorer la situation.
Les syndicats de profs ont toute puissance pour prendre garde à ce qu'on ne touche pas à un cheveu des profs.
Mais qui pour aider les élèves et se battre pour eux ? Dès lors, une possible réforme allant dans le bon sens rencontre de plein fouet l'intérêt des profs, et les syndicats serrent le frein à main.
Alors je me répète mais au fond je me demande ce que peut réellement faire le gouvernement.
Pedro (et d'autres), ma réponse sera plus courte que les précédentes : vous ne connaissez visiblement les revendications syndicales que par la rumeur.
RépondreSupprimerAllez donc y voir, ne serait-ce qu'internautiquement (sites du SNES, de la FSU, de l'UNSA, de la CGT etc.)
Et on en recause.
françois,
RépondreSupprimerqu'est-ce que c'est que cet argumentaire qui cherche à renvoyer dans les cordes ?
Si je n'étais pas au courant je n'en parlerais pas (quelle idée !).
Je discute souvent avec les représentants syndicaux (SNES et SGEN notamment) et qui, s'en doute, en savent plus que la simple rumeur.
les revendications ne parlent que de salaires (= moyens), de postes supprimés (= moyens), de catastrophe pour le service publique qui est démantelé (parce qu'on manque de moyens), du terrifiant et honteux service minimum et, j'en conviens, de retraites à 37,5 ans, pour laquelle il faut se battre.
J'ai droit à tous les tracts et appels à la grève plusieurs fois par mois.
Et vous n'ignorez pas, je pense, l'argumentaire de cour d'usine qui traîne dans les salles de profs et autres réunion syndicales et qui me fait parler d'arnaques, si ce n'est de honte, intellectuelles.
Salut Franck,
RépondreSupprimerJe suis d'accord, l'éducation national c'est le chaos. Et comme disait mon père : les profs sont tous des gauchos ! :) Mais en même temps, il est tellement difficile de pouvoir projeter ce que peut être l'avenir des jeunes que je reste toujours circonspect à ce sujet ...
Quant aux états-unis, tout ce que je sais, c'est que :
1) ils sont plus pédagogues pour apprendre les maths
2) plus cohérents vis à vis de l'utilisation des statistiques
@ François :
RépondreSupprimerRéduction drastique ? Moins de 2 % ? Plaisantez-vous ?
Une appréciation aussi dramatique est d'autant plus hors de propos qu'il est très clair que notre système éducatif ne souffre pas d'un manque de moyens humains ou financiers, ceux-ci ont augmenté ces vingt dernières années plus vite que les effectifs d'élèves, mais d'un problème d'organisation, de pédagogie et, j'ose les grands mots, de philosophie.
«Oui on non assistons-nous à la casse de l'enseignement public ?»
Rien que ça ! Vous laissez l'emphase syndicale déteindre sur vous et c'est un peu ridicule : ça rend le même son qu'un conducteur de TGV qui explique que reculer d'un an sa retraite, c'est «casser le service public».
Soyons précis :
> s'agit-il de la casse du mammouth, Etat dans l'Etat, centralisé, bureaucratique et colonisé par les syndicats gauchistes (je persiste sur ce dernier point) ? Celle-ci est souhaitable mais je n'en vois nulle part le début du commencement.
> s'agit-il de la casse de l'enseignement ? Celle-ci est, hélas, effective depuis longtemps, mais pas à cause d'un manque de finances, l'éducation est le premier budget de l'Etat, mais parce qu'une certaine idéologie de la pédagogie a pris le pouvoir, en particulier par l'intermédiaire des IUFMs.
Vous connaissez mon opinion sur la question : le problème fondamental du système éducatif français primaire et secondaire est d'être à 99 % dépendant de l'Etat dans ses financements, ses programmes et ses méthodes (les établissements dits privés sont en réalité astreints à suivre la pédagogie désastreuse des écoles publiques).
Je comprends l'angoisse des enseignants : quand on vit en vase clos, quand on reste entre soi, quand on se monte le bourrichon en salle des profs, il est humain que nombrilisme, paranoïa, fantasmes et angoisses se donnent la main et que la moindre perturbation venue du monde extérieur soit vécue comme une intolérable agression (avant que vous ne me répondiez que je caricature, sachez que la phrase précédente est le résumé du message d'un enseignant me décrivant l'ambiance en salle des profs).
Pour ma part, je propose une solution simple : le chèque-éducation déguisé. Le chèque-éducation ferait hurler à l'ignoble libéralisme (heureux les simples d'esprit), mais on peut en trouver l'équivalent en trois mesures :
> le budget de chaque école primaire et secondaire est directement attribué en fonction du nombre d'élèves (prix uniforme des élèves pour toute la France : il y a x élèves, le tarif en France de l'élève est y, le budget est x*y)
> suppression de la carte scolaire, les parents mettent leurs enfants où ils veulent et où ils peuvent. Ca serait un système plus juste que le système actuel où seuls respectent la carte scolaire ceux qui se trouvent dans une bonne zone ou ceux qui ne sont pas assez doués pour la contourner.
> directeur d'école est maitre chez lui : il recrute et gère personnel et locaux comme bon lui semble. J'irai même jusqu'à lui laisser une certaine latitude dans le choix des dates de vacances. L'étape ultime serait que le salaire des profs réponde à la loi de l'offre et de la demande, les meilleurs étant mieux payés (c'est déjà en partie le cas d'ailleurs : on s'arrache certains profs réputés pour des petits cours, payés le plus souvent au noir, qui permettent d'arrondir les fins de mois).
La concurrence entre écoles ainsi créée, ouverte, serait préférable à la concurrence actuelle, masquée et hypocrite mais très réelle.
Finalement, comme tous les systèmes collectivistes, l'EN souffre, et c'est bien juste qu'il en soit ainsi, de nier la grande diversité des êtres humains. Il est tout à fait normal que les parents veuillent mettre leurs enfants dans la meilleure école possible, c'est peut-être celle désignée par la carte scolaire, mais peut-être pas, et l'école qui convient à Paul n'est pas celle qui convient à Pierre.
Tant que l'enseignement étatisé restait d'un niveau acceptable, le poids de la contrainte était supportable, maintenant qu'il est médiocre, c'est la fuite à toutes jambes, le sauve-qui-peut général : et que je te contourne la carte scolaire, et que je dépense des fortunes en cours particuliers, et que je fais des kilométres pour une place dans le privé, etc ...
Maintenant que j'ai passé les généralités, un mot sur le gouvernement : il donne une impression d'incompétence, d'impréparation et d'amateursisme dans beaucoup de de domaines. Cependant, Xavier Darcos parait avoir de réelles conceptions, ce qui change des ministres de l'éducation surtout occupés à gérer leur popularité.
@ Tonton Jack :
Il y a une donnée psychologique fort importante à ne pas oublier : la France est un pays férocement corporatiste, surtout dans sa fonction publique, qui a des tendances autarciques.
Les profs vivent avec les profs, les employés de la SNCF avec les employés de la SNCF, les employés d'EDF avec les employés d'EDF ... Ils ont leurs villages de vacances, ils se marient entre eux, et ils espèrent que leurs enfants embrasseront leur profession.
C'est une tendance naturelle de tout métier mais poussée ici à son paroxysme (j'ai choisi mes exemples là où j'avais des connaissances personnelles et directes.)
Il faut donc bien comprendre que le corps enseignant est extrêmmeent fermé intellectuellement (seule parmi les milieux que je connais, l'aristocratie me semble présenter le même degré de fermeture. Il parait que la magistrature, c'est pas mal, mais je ne connais pas). L'anti-conformisme, qui dans ce milieu consiste à être ouvertement libéral, y est très mal vécu.
Certains propos qui, dans un milieu ordinaire, seraient anodins, deviennent anathèmes en salle des profs.
Un prof m'a dit avoir été ostracisé quelques semaines pour cause de critique de la "star" de la salle des profs (vous savez, le mec grande gueule, sympa avec tout le monde, qui en impose, syndicaliste évidemment) en remarquant que ce n'était pas très réglo de faire étudier un texte pro-palestinien en cours de français.
Une autre m'a déclaré taire systématiquement ses opinions dissidentes.
Et je reçois de temps en temps des messages d'enseignants qui me disent souffrir de ne pas se sentir libres d'exprimer leurs opinions.
Cela vous aide à comprendre l'affaire des bulletins scolaires-tracts : quand on est à ce point de fermeture, vos préoccupations deviennent les seules préoccupations et justifient tout, d'autant plus que le sectarisme favorise les comportements hystériques. Il y a probablement aussi une part de comédie : tout le monde sait qu'en France, en hurlant très fort de colère et de douleur, on fait pleurer Margot et reculer les gouvernements.
Les sociologues désoeuvrés trouveraient un intéressant terrain d'étude en salles des profs, mais évidemment ce n'est pas un sujet «politiquement correct».
Bien entendu, il n'y a aucune caractéristique liée au métier d'enseignant qui ferait pour je ne sais quelle raison des profs des êtres inaptes au pluralisme. Tout tient à l'organisation mammouthesque telle qu'elle imprègne le métier depuis des décennies, y infuse des habitudes et des pratiques, des traditions et des comportements.
sur le syndicalisme : avec 10% de perte de pouvoir d'achat en 10 ans et le non remplacement d'un départ en retraite sur deux (et, localement, les suppressions de classes, d'options, de moyens de lutte contre l'échec qui vont avec), heureusement que, quand ils ont des sections locales qui fonctionnent, les syndicats donnent l'impression de se préoccuper des aspects matériels du métier !
RépondreSupprimerA d'autres niveaux, en particulier ministériel, ils ne cessent de demander des réformes ayant trait à la pédagogie. De bonnes. Voir leurs sites, encore une fois, leurs positions de congrès, etc.
Sur la casse, je suis effaré des contre-vérités que gobe Franck. La baisse des effectifs, c'est pour les zones rurales (pas toutes), pour enrayer un peu la désertification. Les collèges et lycées ordinaires voient depuis 25 ans une érosion de leurs moyens par élève, et sa brusque accélération cette année, annoncée comme un début, est une folie au regard de l'amélioration de la formation que tous ici vous dites souhaiter.
Quant aux insultes sur l'endogamie des enseignants, elles sont d'un simplisme à pleurer et, de plus, sont renouvelées d'un ministre genre démago-lourdaud, sarkozyen il y a un an, muet depuis quelques mois, j'ai nommé Claude Allègre : à la place de Franck, je rougirais très fort !
«Quant aux insultes sur l'endogamie des enseignants, elles sont d'un simplisme à pleurer.»
RépondreSupprimerJe dois simplement être victime d'un malheur statistique : je reçois des témoignages et les profs que je connais, sauf exception bien entendu, correspondent assez bien à ce que j'en dis.
Je pense que je vais me mettre à jouer au Loto : tant qu'à être abonné aux singularités statistiques, autant essayer d'en profiter.
Point n'est besoin de s'écharper sur ce thème... de toutes les façons, le problème est ailleurs : nous n'avons plus les moyens de nous payer le luxe d'augmenter le budget de l'EN de 10 milliards en 10 ans comme cela a été fait. Avec la dette qui est la nôtre et va nous exploser à la figure, les lendemains de tous les fonctionnaires risquent d'être très durs!
RépondreSupprimerPour ce qui est des syndicats, je confirme que dans leur ensemble, ils sont très bornés et refusent bien souvent de considérer les problèmes autrement que par l'angle financier. Aujourd'hui, ce sont eux les plus réactionnaires, et de loin!
Pour ce qui est de votre proposition, Franck, je reste quelque peu sceptique... d'autant que je crains qu'il ne favorise la dérive communautaire actuelle...
Une dernière chose : je confirme cette "endogamie" que vous évoquez ; même si elle n'est pas générale, elle existe bel et bien et dans des proportions non négligeables.
***augmenter le budget de l'EN de 10 milliards en 10 ans comme cela a été fait***
RépondreSupprimeret inflation déduite, cela fait combien ? et par rapport au nombre d'élèves, aux coûts très différenciés de leur formation selon l'âge et le type d'études ? arrêtez de nous prendre pour des pommes !
Casseur !
***je confirme cette "endogamie" que vous évoquez ; même si elle n'est pas générale, elle existe bel et bien et dans des proportions non négligeables.***
merci d'oser appeler (fût-ce discrètement) le patron à la nuance .
Il faudrait se souvenir de quelques lois de notre belle société qui paraît-il traite bien les femmes : plus un métier se dévalorise, plus il se féminise. Et si un métier se féminise c'est qu'à tort ou à raison ses praticiennes espèrent être en meilleure condition, pour s'occuper des enfants, que les pères, qu'on acceptera d'envoyer chercher l'essentiel du pognon en embrassant la harassante condition de cadre du privé, aux horaires peu prévisibles... malgré les efforts de leurs syndicats. Il est vrai que la terreur qui règne autour de la machine à café contre celui qui oserait parler de monter une section CGT ou même FO vaut bien celle du prof de droite très très courageux mais tout de même un peu tremblant de s'avouer libéral.
D'ailleurs je vais vous faire une confidence : les couples de profs ont cet inconvénient principal qu'ils sont gentiment méprisés de presque tous leurs élèves, riches ou pauvres, pour leur faible niveau de vie.
La Phrase la plus importante de mon commentaire précédent est :
RépondreSupprimer«La concurrence entre écoles ainsi créée, ouverte, serait préférable à la concurrence actuelle, masquée et hypocrite mais très réelle.»
Des petits malins se sont intéressés aux prix de l'immobilier dans les rues servant de frontières entre écoles pour la carte scolaires.
Ils se sont aperçus que la variation de prix entre les deux cotés de la rue pour des logements familiaux équivalents à tous les autres point de vue était comprise entre 5 et 10 %. Ce ne sont donc pas de petites sommes.
Comprenez vous pourquoi j'emploie le mot «hypocrite» à propos des prétendus avantages de «solidarité» et d'égalité du système actuel?
Daredevil, je suis d'accord avec vous : de toute façon, le budget de l'Etat diminuera un jour, soit de manière controlée, soit de manière incontrolée, mais ça arrivera.
Les enseignants peuvent raconter ce qu'ils veulent sur la qualité de leur enseignement, les parents décident avec leurs pieds : ils fuient.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerM. Delpla, vous êtes vraiment de très mauvaise foi!
RépondreSupprimerL'inflation a été à l'un de ses plus bas niveaux - c'est à dire quasiment nulle - durant toute cette période : revoyez vos chiffres, je vous prie!
Ne vous en déplaise la France a dépensé sans compter et en particulier pour l'EN et les résultats sont plus que décevants, autrement nullement à la hauteur des investissements!
Votre aveuglement tout comme votre mauvaise foi m'étonnent beaucoup, je dois l'avouer...
daredejeneséquoi,
RépondreSupprimerdésolé, mais si je supporte à la rigueur les pseudos, je fais remarquer systématiquement la lâcheté de leur usage dès qu'on commence à insulter. Merci donc de décliner votre identité exacte.
Pour le reste, voyons le dernier chiffre en date sur le site du ministère ( http://www.education.gouv.fr/cid29/le-budget-du-ministere.html :
"Les crédits prévus pour l'enseignement scolaire en 2007 atteignent 58,28 milliards d'euros, ce qui représente une hausse de 1,32% par rapport à 2006."
C'était combien, l'inflation, cette année-là ?
Je suis également surpris de l'attitude de François, que j'estime par ailleurs :
RépondreSupprimer> je constate la baisse du niveau des jeunes ingénieurs.
Sauf à venir à me convaincre que mes yeux ne voient pas ce qu'ils voient et que mes oreilles n'entendent pas ce qu'elles entendent, il va être difficile de m'expliquer que ce n'est pas vrai.
D'ailleurs, des études plus générales confirment mes impressions (par exemple, voici un extrait des études de Danièle Manesse sur l'orthographe à partir d'une dictée de 1873, qu'elle a reprise en 1987 et en 2005 : «L'écart entre les élèves de 1987 et ceux de 2005 est en moyenne de deux niveaux. Les élèves de 5ème font le même nombre de fautes que les élèves de CM2 il y a vingt ans» qui eux mêmes faisaient plus de fautes que les élèves de 1873.
> l'augmentation constante et supérieure à l'inflation du budget de l'EN est inscrite dans les comptes de la nation.
La dépense par élève (primaire + secondaire + supérieur), exprimée en euros 2004, donc déduite de l'inflation, est passée de 3890 € en 1980 à 6 810 € en 2004 soit + 75 %. 5 (extrait du rapport Dépenses intérieures d'éducation du ministère).
Et cela ne peut pas être expliqué par l'allongement des études, puisque le calcul est ramené au nombre d'élèves dans chaque catégorie.
Les effectifs enseignants par élève ont également augmenté.
Donc le constat est implacable :
> notre système éducatif coute plus cher pour des résultats moindres.
Mais on peut avec une relative bonne foi refuser de l'admettre : c'est la définition même de l'idéologie que d'être invulnérable aux faits.
Dans n'importe quelle organisation une telle perte d'efficacité ne peut avoir que deux catégories de causes :
> des causes extérieures, une modification de l'environnement. Un aéroport fonctionne mieux l'été que l'hiver. Mais, dans le cas de l'EN, on cherche vainement ces causes extérieures.
On dit que les élèves auraient changé, pourquoi pas ? Mais je suis dubitatif.
D'ailleurs, c'est aussi pour une part la responsabilité de l'EN de donner aux élèves l'instruction qui convient.
> les causes intérieures. Dans le cas de l'EN, elles sont très bien identifiées : l'organisation mammouthesque et la pédagogie.
Je n'ai pas encore répondu à une objection de Daredevil : le principe même d'une éducation étatisée me choque, mais la privatisation favoriserait une dérive communautariste.
Je sais, nul système n'est pas parfait, mais je préfère les inconvénients d'une éducation privatisée à ceux d'une éducation étatisée.
Et, puis, nous retombons sur le problème fondamental de l'éducation étatisée : «the winner takes all».
Si les communautarismes arrivent à imposer leurs exigences à l'école publique, ils les imposent à tous.
Or, c'est en très bonne voie (menus de cantine, sujets tabous en cours, cours de gym séparés, interdiction de piscine, etc ...).
Tandis que dans un système libre, donc diversifié, on est également libre de choisir une école non communatariste, comme tous ces leaders socialistes, Martine Aubry et Ségolène Royal en tête, qui mettent leurs enfants dans la très chic Ecole Alsacienne, loin du vulgaire (en cela ils sont très représentatifs de l'hypocrisie de notre système : l'école est la même pour tous, mais certains sont plus égaux que d'auttres).
Franck : vous oubliez plein de variables, par exemple la pyramides des âges des enseignants, induisant, s'ils veillissent (et c'est le cas dans la période considérée), des effets mécaniques importants par le biais des salaires (première cause des dépenses et de loin, quelqu'un l'a dit ici et c'est vrai) : le ratio par élève peut augmenter sans que les moyens pour enseigner le fassent.
RépondreSupprimerDonc tout cela est à voir finement, et je ne demande pas autre chose, quand je m'inscris en faux contre le simplisme type JT de 20h.
comme tous ces leaders socialistes, Martine Aubry et Ségolène Royal en tête, qui mettent leurs enfants dans la très chic Ecole Alsacienne
RépondreSupprimerIl n'est pas fairplay de les stigmatiser.
Pour leurs défenses (sic), il est une loi qui s'applique à tous, idéalistes convaincus et pragmatiques résolus, de gauche et de droite : la loi de la jungle.
Bonjour,
RépondreSupprimerSi je comprends bien le dernier argument de M. Delpha, l'augmentation du budget de l'éducation nationale serait en grande partie mécanique, liée aux règles d'augmentation salariale à l'ancienneté en vigueur dans la fonction publique.
Cette argument me paraît recevable, à ceci près que le GVT - le glissement vieillesse technicité - et autres modulations n'expliquent qu'une part minoritaire.
Le bleu budgétaire consacré à la mission éducation - en langage LOLF - montre une hausse continue du nombre d'emplois budgétaires, ce qui est, ma foi, la preuve d'une hausse continue des moyens humains consacrés à ce ministère.
J'ai en mémoire le rapport Vallemont de 2000 sur la fonction publique qui rappelait ce fait.
J'ai souvenir d'un rapport sur l'EN - mais je reconnais ne plus me souvenir de sa dénomination exacte - qui faisait état d'un "deal" avec les syndicats : plus de personnel, mais moins de salaire par tête. J'en retiens surtout la première partie, plus de personnel, donc plus de moyens humains, ce qui reste l'antienne lancinante et répétée ad nauseam par tous les syndicalistes, indépendamment de toute évaluation sérieuse du fonctionnement du système.
Cordialement
@ Epicier Vénéneux :
RépondreSupprimerComment ça, ce n'est pas fair-play ? Je les prends en flagrant délit de contradiction, deux solutions :
> soit ils ne font pas le constat qu'ils se comportent d'une manière qui invalident leurs discours et ils sont bêtes.
> soit ils font ce constat et continuent à tenir la même discours et ils ils sont cyniques.
La loi de la jungle ne règne que quand les vraies lois sont trop en contradiction avec la nature humaine et que tout le monde se bat pour les contourner à son avantage (Exemple : l'URSS et la carte scolaire française).
@ François :
Certes, je suis bien d'accord qu'une analyse fine est préférable.
Mais cette analyse fine ne doit pas être le prétexte à éluder mon constat d'ensemble, sauf à ce que je découvre à cette occasion que j'ai oublié une donnée fondamentale, mais je vois pas laquelle pour l'instant.
Je cite une phrase de monsieur François Delpla : « Les couples de profs ont cet inconvénient principal qu'ils sont gentiment méprisés de presque tous leurs élèves, riches ou pauvres, pour leur faible niveau de vie. »
RépondreSupprimerFaible niveau de vie, ça y est, je pleure dans mon mouchoir.
Prenons un couple qui a 10 ans de carrière, cela donne :
Professeur des écoles et certifiés : 22.000 euros nets, soit 1.833 par mois, donc 3.666 euros nets pour un couple, hors primes et heures supplémentaires.
Professeurs agrégés : 28.600 euros nets, soit 2.383 par mois.
Maîtres de conférences : 35.500 euros nets, soit 2.958 par mois.
Professeurs d’université : 45.500 euros nets, soit 3.791 euros par mois, toujours hors primes et heures sup. Les heures sup étant rémunérées à 45 euros de l’heure pour un agrégé, 35 pour un certifié et 22 euros pour des heures d’animation. Les heures de cours de soutien allant de 15 à 45 euros de l’heure.
Je ne dis pas que les profs sont bien payés pour le niveau de responsabilité et la pénibilité du travail effectué mais je pense qu’il faut arrêter de nous dire qu’un couple normal d’enseignants, à 3.666 euros nets mensuels, a un faible niveau de vie.
C’est combien la moyenne de revenus des Français, déjà ?
Je cite ma source : http://www.lemoneymag.fr/v4/fiche/s_Fiche_v4/0,5382,4663,00.html,
Merci Franck pour ces sujets d’actualité.
dans cette fosse aux lions, personne ne reconnaît les points que je marque !
RépondreSupprimerJe dois me contenter de ce qui ne revient pas : par exemple que 10 milliards en 10 ans c'est proche, très proche de l'inflation (excuses pour m'avoir accusé de mauvaise foi bienvenues). Ou que les syndicats ni ne cogèrent le ministère, ni n'oublient de revendiquer des améliorations pédagogiques.
Il y a aussi les contradictions : ces égoïstes corporatistes auraient sacrifié leurs salaires au profit de leur nombre ?? On a vu démarche plus égoïste... mais elle n'a pas eu lieu.
Enfants de Martine et Ségo à l'Ecole alsacienne ? Jamais pensé pour ma part que les dirigeants socialistes fussent très au courant des conditions de vie du peuple, toujours qu'ils avaient besoin de rappels fréquents à cet égard.
Donc j'en reviens à l'essentiel : la casse est commencée et nul n'aura le droit de se plaindre dans deux ou trois ans du résultat, s'il n'a pas protesté et à plus forte raison s'il a applaudi.
Autre chose : Franck se demande si les élèves ont changé. Et comment ! Le chômage de masse apparu au milieu des années 70 est une variable importante. Des élèves à deux parents chômeurs, des cages d'escalier où personne n'est salarié, on n'avait pas cela avant, et maintenant la deuxième génération arrive. Il est un peu plus compliqué de faire comprendre la valeur des diplômes et de donner confiance en eux à certains élèves.
RépondreSupprimerPersonne ne baisse les bras mais un peu de reconnaissance sociale et, pourquoi pas, financière, cela ne ferait pas de mal. Au lieu de la méfiance et des insultes des politiciens ou des blogueurs dont les solutions miracles ont encore à faire leurs preuves.
A propos de finances, vous vous souvenez d'un candidat qui prônait des fonctionnaires moins nombreux mais mieux payés. L'application est tombée il y a quelques jours : l'augmentation, ce sera en 2012 et uniquement pour les débutants... du simple fait qu'ils seront recrutés trois ans plus tard... et auront donc à financer leur formation, tout en perdant trois annuités de retraite. Du grand art, non ?
«nul n'aura le droit de se plaindre dans deux ou trois ans du résultat, s'il n'a pas protesté et à plus forte raison s'il a applaudi.»
RépondreSupprimerHa non, pas de chantage par avance : j'ai dit et j'ai répété, voire j'ai radoté, que le problème était d'organisation et de pédagogie.
Tant que ces questions ne seront pas abordées, je continuerai à me plaindre.
«es égoïstes corporatistes auraient sacrifié leurs salaires au profit de leur nombre ??»
Ben oui : ça permet de moins travailler pour le même salaire. Des études (contestées, je le reconnais) ont d'ailleurs montré que la diminution des effectifs par classe atténuait le stress des profs mais n'améliorait pas le niveau scolaire. Bref, à l'EN, c'est le prof au centre du système, non le savoir, mais on s'en doutait, non ?
«vous vous souvenez d'un candidat qui prônait des fonctionnaires moins nombreux mais mieux payés»
C'est ce que je continue à prôner ! Vivement 2012 que je sois Praisidant de Rèpublic (orthographe actuelle).
Il n'y a pas que les élèves qui changent : les parents aussi. Il ne serait jamais venu à l'idée de mes parents de désavouer un enseignant devant moi.
Cependant, je ne pense pas que ça explique l'essentiel des pbs de l'EN.
10 milliards en 10 ans? Il s'agit de 100 milliards!!
RépondreSupprimerComme je le disais précédemment, il faut aussi tenir compte des capacités du pays qui fournit un tel effort ; en l'occurrence, notre bel état s'est endetté dans des proportions tout à fait déraisonnables et c'est bien là que le bât blesse... car d'une manière ou d'une autre, il va lui falloir remettre ses comptes en ordre... ou alors on le fera pour lui!
quelques liens utiles quant aux chiffres...
http://inflation.free.fr/
http://www.greyc.ensicaen.fr/~planglois/snesup/budget/budgen2002.pdf
http://www.senat.fr/rap/r98-3281/r98-32811.html
Au fait, j'ai oublié de vous répondre, cher Monsieur Delpla ! je ne vois pas du tout en quoi je vous aurais insulté de quelque façon que ce soit. Et d'ailleurs, je serais bien le dernier à en user vu que je passe mon temps avec nombre de mes élèves à les combattre car j'estime que cela nuit à la pensée!
RépondreSupprimerJ'ai juste marqué mon étonnement face à certains de vos propos qui semblent nier l'effort sans précédent qui a été fourni grosso modo de 1996 à 2006 et qui n'a pas apporté les résultats escomptés. Pour mesurer celui-ci, il suffit de se reporter aux budgets de cette période pour constater sans doute possible que de nombreux autres secteurs (la justice par exemple, pour n'en citer qu'un seul...) ont été laissés pour compte.
Et je n'oublie pas le discours rémanent de nos chers syndicats qui ne cessent pas de réclamer de nouveaux moyens - je lis leurs feuilles de chou très régulièrement... donc je sais pertinemment ce qui y est écrit.
Je pense tout comme vous, Franck, qu'une mise à plat est nécessaire mais qui est prêt à prendre ce risque et surtout à mener une réelle rénovation?
Vu les risques politiques que cela induirait, je ne vois personne... Notre système va donc -bien malheureusement - poursuivre sa descente aux Enfers... jusqu'à une privatisation rampante.
Mais quel en sera le résultat, surtout si on met ce phénomène en perspective avec le délitement de notre république et de nos valeurs?
Honnêtement, je suis très pessimiste...
Je fais court, je suis instit j'approuve une bonne partie de ce que Franck a écrit.
RépondreSupprimerNéanmoins, une petite observation personnelle qui se vérifie dans toutes les écoles où je suis passé. La réussite d'un élève dépend évidemment de l'enseignant et de sa pédagogie mais aussi et même plus de l'élève lui-même, de ses capacités, de sa motivation et de son milieu familial.
J'ai eu des élèves avec une intelligence tout à fait normale, moyenne, qui réussissaient très bien car ils étaient curieux, bosseurs et aidés et soutenus par leurs familles. J'ai à l'inverse cette année encore des élèves qui ne sont pas des idiots, sans être des flèches pour autant mais qui sont des feignasses, insolents avec des familles qui n'ont rien à foutre de l'école et qui soutiennent leurs gamins même quand il fait les pires conneries. Et ça pour les enseignants c'est épuisant et décourageant.
En gros quand un gamin réussi on entend "il est intelligent, il travaille bien, ses parents sont des gens bien" mais quand un gamin ne fout rien c'est bien sûr les enseignants ces sales feignasses qui sont les responsables. Ras le bol.
Je remplace une jeune collègue directrice une journée par semaine qui a des CP et abat un boulot monstrueux ( de7 h à 22 h tous les jours). Les parents ne se rendent absolument pas compte de tout le mal qu'elle se donne. Malheureusement, cela n'empêche pas que certains sont en difficulté. Il se trouve que ce sont des élèves qui cumulent un petit potentiel, une situation familiale difficile, une éducation laxiste. Le plus beau c'est que ma collègue se sent responsable de tout ça et se rend malade à essayer de combler toutes les carences familiales et sociales ce qu'elle n'arrivera jamais à faire bien sûr.
Tout ceci pour dire que bien sûr il faut réformer et rationaliser le budget de l'EN.
Ceci étant il y aura toujours des élèves qui réussiront avec ou sans les enseignants car ils sont doués, bosseurs et soutenus. Il y aura aussi toujours des élèves en échec lourd même si les enseignants étaient parfaits. Ce qui est un peu lassant c'est de constater que les enseignants sont toujours en accusation.
Pour ce qui est de l'autorité à l'Ecole, on accuse souvent là aussi les profs de goche, mai 68, les pédagos. Oui, tout cela existe.
Mais je connais aussi nombre d'enseignants, dès le primaire, qui essayent de faire respecter le minimum de politesse et de règles de savoir-vivre indispensables dans un pays civilisé. Vous n'imaginez pas les difficultés que nous rencontrons. Beaucoup de parents sont complètement laxistes, se reposent entièrement sur l'école pour ensuite bien sûr l'accuser de ne pas tenir les gamins. J'ai des parents d'élèves qui se permettent d'insulter mes collègues parce qu'ils ont eu le tort de punir le petit chéri qui avait traité l'instit de sale con par exemple.
Ces cas sont de plus en plus nombreux et je ne parle pas des zep de la banlieue parisienne mais de la campagne en province. Et pas uniquement dans des familles de "cas sociaux". J'ai eu des fils de cadres ou de médecins qui traitaient les autres de pd ou d'enculés plus souvent qu'à leur tour et qui étaient soutenus eux aussi par leurs parents. Or nous n'avons quasiment aucun pouvoir face à ça. Si c'étaient mes gamins, la moitié de mes élèves se prendraient d'abord une bonne torgnole à chaque insulte, mais si je le fais c'est direct la case prison.
Or plus les parents sont laxistes plus ils accusent l'école. On a des gamins de 6 ans qui arrivent en CP à qui on a jamais dit non, qui commandent à la maison,répondent à leurs parents. Du coup, ils piquent des colères épouvantables à l'école car nous sommes les seuls à limiter leur toute puissance. Mais nous sommes obligés de le faire en lieu et place des familles, quand ils ont 5 ou 6 ans au lieu de 2. N'allez pas chercher (beaucoup) plus loin l'explosion des consultations en pédopsychiatrie. Regardez l'actualité des bouquins psy/éducatifs : tous ou presque expliquent aux parents qu'il faut interdire ( ah mai 68!).
Bref, l'EN a besoin d'un bon coup de ménage, mais si l'on réforme le système sans s'occuper aussi des familles et du laxisme ambiant, ça ne servira à rien que le budget soit de 5,10 ou même 15 % du budget du pays.
Du laxisme nous avons ici un excellent exemple, avec cet individu qui en taxe un autre, par deux fois en quelques lignes, de mauvaise foi (à l'abri d'un courageux anonymat), refuse de reconnaître que c'est une insulte et ne se fait reprendre par personne sinon par l'intéressé.
RépondreSupprimerC'est peut-être cela le libéralisme ? Chacun pour soi !
«C'est peut-être cela le libéralisme ? Chacun pour soi !»
RépondreSupprimerVotre amalgame ne contribue pas à clarifier le débat, à moins que ça ne soit de l'humour.
Si vous attaquez sur ce terrain, il n'est pas assuré que vous soyez vainqueur.
Les libéraux prétendent que le remplacement des relations entre individus libres et responsables par une relation verticale avec l'Etat-mamma, infantilise, déresponsabilise les citoyens, et, au final, fournit l'engrais de l'incivilité. Il y a des pages très bien tournées d'Hippolyte Taine sur le sujet.
Or, des études comme celles se trouvant dans le petit livre La société de défiance tendent à confirmer cette hypothèse.
Je suis étonné chaque fois que je vais aux USA (pays de la loi de la jungle, n'est-ce pas ?) de la civilité et de la politesse. Un exemple parmi tant d'autres : le comportement vis-à-vis des handicapés surprend un Français. A contrario, de retour au pays, j'ai entendu cette phrase fort illustrative de la thèse que je soutiens : «Si vous aviez priorité, on nous l'aurait dit, ça serait marqué.»
Vous remarquerez que mon système d'éducation désétatisé réglerait en partie le problème des parents querelleurs :
1) on pourrait les renvoyer à leurs responsabilités : «Quand vous avez choisi cette école pour votre enfant, vous en connaissiez la pédagogie, les valeurs et le réglement intérieur. Si ça ne vous convient plus, vous êtes libre de nous retirer votre enfant.»
2) Tout ce qui est (en apparence) gratuit est sans valeur. Si les parents payaient directement de leur poche (et non par l'intermédiaire abstrait du fisc) une part, même petite, de l'éducation de leurs enfants, ils y feraient peut-être plus attention. Et les parents trop exigeants, trop querelleurs, pourraient être renvoyés à l'argument (1).
Le principal reproche que je fais aux solutions collectivistes, c'est qu'en même temps qu'elles réduisent la liberté, elles déresponsabilisent. Ce n'est pas un hasard si depuis des années on parle à propos de la sécurité sociale de responsabilisation des patients et des médecins et qu'on n'y arrive jamais : c'est la conception même du système qui est facteur de déresponsabilisation.
Votre opposition systématique aux idées libérales m'étonnne au point que je me demande quelquefois si vous y avez vraiment réfléchi. Croyez vous que l'instruction désétatisée que je propose serait néfaste pour les bons profs et dommageable pour les mauvais élèves ?
En matière de système éducatif, nous avons, vu l'état des finances publiques et les échéances à venir (retraites, sécu), si nous voulons garder un financement en grande partie étatique (je suis pour que les familles financent directement une partie, mais j'admets qu'on ne veuille pas leur laisser la totalité de cette charge) entre :
> une privatisation rampante : à mesure que l'inefficacité de l'EN deviendra plus insupportable au budget de l'Etat, les parents qui en auront les moyens fuiront de plus en plus. C'est la mauvaise privatisation, nous aurons véritablement cette éducation à deux vitesses (plutôt à 3 vitesses : les pauvres bougres du public, les semis-chanceux du privé sous-contrat, les veinards du privé hors contrats et des cours particuliers) que certains dénoncent déjà
> une privatisation décidée et affichée : la privatisation d'un domaine (la téléphonie en est un bon exemple) induit une diversification des offres. Cela, à dépenses égales, serait déjà un gain. Il est probable que la diversification des offres ne toucherait pas seulement la pédagogie, mais les modes de financement. D'ailleurs, dans cette dernière option, la privatisation pourrait n'être que partielle : une autonomie réelle des établissements suffirait largement, au moins dans le primaire et le secondaire.
C'est vrai que des parents laxistes, cela ne facilite pas la tâche des enseignants qui doivent se substituer à eux disciplinairement, en plus de leurs cours. Mais je ne comprends pas pourquoi l'EN fait tout le contraire de ce qui est logique en matière d'expérience des profs. Je veux parler des jeunes profs, sortant d'école, qu'on envoie dans les ZEP et autres établissements à problèmes car les profs plus mûrs, donc plus expérimentés, ne veulent pas y aller, estimant qu'ils ont assez donné et qu'ils doivent être enfin ménagés. Dans toute autre profession, on se fait les dents sur une partie facile du métier et, une fois aguerris, on se confronte aux choses sérieuses. Il ne faut donc pas s'étonner que les problèmes d'autorité perdurent.
RépondreSupprimerSi Franck nous noie dans des généralités, vous mettez, vous (sans hélas rappeler Dardempion à la décence), l'accent sur des problèmes concrets comme je les aime.
RépondreSupprimerJe ne peux que vous donner raison. Mais aussi vous faire remarquer que les syndicats, du moins ceux que je connais et trouve sérieux, sont OK pour qu'on envoie les profs expérimentés dans les zones difficiles et même, figurez-vous, en les payant davantage.
Et c'est là que le bât blesse. Les ZEP (une invention incontestablement de gauche, en 81, et figurant incontestablement dans les revendications des affreux grévistes des années 70) ont toujours manqué de moyens, dans ce domaine comme dans les autres. Alors qu'auriez-vous voulu ? Que les personnels donnassent l'exemple aux ministres, en renonçant au principe des voeux de mutations libres au nom de la patrie et sans compensation aucune ?
Je pense, cher Monsieur, que nous n'avons pas du tout la même conception du mot "insulte", voilà tout!
RépondreSupprimerIl n'empêche que vous usez régulièrement d'arguments faciles pour soutenir vos raisonnements et vous gardez bien de retenir ceux qui pourraient porter quelque atteinte à votre vision des choses ; nous sommes plusieurs à l'avoir constaté. Et je le regrette, ne vous en déplaise...
Tant pis si vous vous en offusquez!
"une privatisation rampante : à mesure que l'inefficacité de l'EN deviendra plus insupportable au budget de l'Etat, les parents qui en auront les moyens fuiront de plus en plus."
RépondreSupprimerMais Franck, n'est-ce pas déjà ce qui se passe dans la quasi indifférence générale? Nous vivons une crise sans précédent depuis que l'école républicaine existe et malgré les avis éclairés de nombre de nos concitoyens, rien ne semble vouloir stopper ce processus...
"Mais je ne comprends pas pourquoi l'EN fait tout le contraire de ce qui est logique en matière d'expérience des profs. Je veux parler des jeunes profs, sortant d'école, qu'on envoie dans les ZEP et autres établissements à problèmes car les profs plus mûrs, donc plus expérimentés, ne veulent pas y aller, estimant qu'ils ont assez donné et qu'ils doivent être enfin ménagés"
Pourquoi les enseignants dits chevronnés ne veulent-ils pas y aller? C'est très simple! Ils n'ont aucune envie de devoir se confronter aux élèves de ces zones... et vous savez quoi? Les jeunes prof qui y font leurs premières armes n'ont - le plus souvent - qu'une envie : les quitter au plus vite, dès qu'ils ont obtenu le nombre de points nécessaires pour pouvoir se faire muter. Quand on est confronté du matin au soir à divers énergumènes qui - même s'ils ne sont pas la majorité - vous pompent littéralement toutes vos forces ; que vous devez quotidiennement suppléer au manque d'éducation, lutter contre l'absentéisme, empêcher les "agitateurs" de vous pourrir toute une classe, supporter des situations conflictuelles avec des insultes du genre "enculé ; pd" et bien d'autres, il arrive un moment où vous en avez assez et vous aspirez à un peu plus de calme - même s'il n'est que relatif!
Par ailleurs, pour motiver les gens, il faut y mettre les moyens et malheureusement, même si les ZEP sont mieux pourvues que nombre d'autres établissements, il est clair que cela ne suffit pas mais là, nous retombons dans le problème que j'ai déjà évoqué : l'impossibilité de l'état à l'heure actuelle de fournir de nouveaux moyens à cause de sa dette colossale que les gouvernements successifs ont laissé filer sans songer un instant à l'avenir et aux générations futures - ce qui, à mes yeux, est un crime!
Alors que faire? Aujourd'hui, je tends à penser que, malheureusement le système dont je fais modestement partie est en train de crever lamentablement ce qui aura sans doute aucun des répercussions sur la structure même de notre nation...
De toute façon, je n'ai pas vraiment l'impression que l'enseignement au sens large du terme soit perçu comme la priorité des priorité comme le disait M. Delpla dans une précédente intervention par nos politiques, à de très rares exceptions près! Le délitement va donc se poursuivre inexorablement… ce qui va créer un terreau favorable à toutes sortes d'extrémismes!
"nous sommes plusieurs à l'avoir constaté."
RépondreSupprimereh bien, des noms !
Accuser de mauvaise foi, c'est-à-dire de malhonnêteté, un debater de blog, c'est d'une part aventureux car comment savoir, d'autre part contre-productif car il s'agit de répondre à ses arguments et non de le juger, et enfin insultant.
Dans un débat qui soudain dérive sur le laxisme prêté à la société, aux parents d'élèves e tutti quanti, que des insultes proférées sous couvert d'anonymat ne choquent que leur victime, cela s'appelle des travaux pratiques.
des noms? Déjà celui du maitre de séant...
RépondreSupprimerJe n'ai pas tout lu. Mais juste en passant, il me semble que les suppressions de postes concernent également l'enseignement privé sous contrat. Si c'est le cas, comment se fait-il que les profs du privé ne sont jamais dans la rue ?
RépondreSupprimerMoi qui croyais que l'EN dépensait 30-40 millards/an quelle ne fut pas de lire que le chiffre (donné par le site du ministère) était en fait de 77 miliards, donc le double. Et pour un résultat tellement minable qu'il y a quelques années Chirac avait fait interdire la publication d'un rapport très sérieux sur l'illettrisme dans l'OCDE, plaçant la France en 23ème position juste avant la Pologne.
Allez, vive la Raie Pub(l)ique Mister Boizard.
"maître de séant..."
RépondreSupprimerProvoc, ou TP d'illettrisme ?
@ FD :
RépondreSupprimerCe que vous appelez des généralités, je l'appelle une vision synthétique de la situation (que vous esquivez).
Allez, je vous taquine.
Pour vous faire plaisir, je sors des généralités : quand j'en ai l'occasion, je conseille à ceux qui me posent la question de mettre leurs enfants dans le privé hors contrat si ils le peuvent et je leur explique comment faire. Pour ceux à qui ça fait peur, j'explique quelques trucs issus de la collection de livres scolaires de maths, physique et Français antérieurs à 1960 que j'ai glanés à droite à gauche. Je n'ai pas encore d'enfants, mais évidemment, je leur appliquerai le même choix. Ca, c'est du précis, du concret.
Heureusement que vous ne manquez pas d'humour, M. Delpla... j'aime beaucoup la superbe dans laquelle vous vous drapez ;))
RépondreSupprimer«maitre de séant»
RépondreSupprimerLa position du bloggueur n'étant pas la position couché-debout chère aux militaires, mais la position assise, de préférence sur une chaise confortable, l'expression se comprend.
au fait je maintiens mon expression, ne vous en déplaise ;)) séant = qui sied du verbe seoir, au cas où vous auriez oublié ce bien joli verbe...
RépondreSupprimerPour les TP, je ne manquerai pas de penser à vous lorsque j'utiliserai ce terme à nouveau...
et oui, cher Franck, on peut aussi l'utiliser dans le cas qui nous occupe, n'en déplaise à certains... je faisais un peu d'humour pour décrisper l'atmosphère - enfin essayer ;))
RépondreSupprimerIl est certes plus facile de faire des jeux de mots autoproclamés spirituels que de reconnaître ses lâchetés et de s'en excuser.
RépondreSupprimerQuant au maître, il vous désavoue au moins par sa non-approbation sur ces points, et on s'en contentera.
Ne dit-on pas qui ne dit mot consent?
RépondreSupprimeret teigneux avec ça, l'anonyme mal élevé !
RépondreSupprimermais il est peut-être temps de conclure : les collègues de Montélimar, loin de ruiner leur autorité, ont réussi leur irruption médiatique, et mérité l'estime des élèves et des familles pour leur vigilance et leur courage devant une entreprise de casse à grande échelle.
Petite histoire en trois épisodes
RépondreSupprimerPremier épisode
***daredevil2007 a dit...
Point n'est besoin de s'écharper sur ce thème... de toutes les façons, le problème est ailleurs : nous n'avons plus les moyens de nous payer le luxe d'augmenter le budget de l'EN de 10 milliards en 10 ans comme cela a été fait. ***
Deuxième épisode : François Delpla fait remarquer, exemple à l'appui de source ministérielle, que cette augmentation correspond en gros à la hausse des prix.
Troisième épisode :
***Blogger daredevil2007 a dit...
10 milliards en 10 ans? Il s'agit de 100 milliards!!***
Moralité en forme de devinette : qui se fait accuser de mauvaise foi ?
http://appy.ecole.free.fr/3evoie/etudes/prim004.pdf
RépondreSupprimerRien à ajouter Monsieur.
Mon professeur d'honnêteté n'a rien à ajouter à ma petite fable en trois épisodes, j'en prends acte. Il ne reconnaîtra pas qu'il s'est, vraisemblablement par erreur, contredit du simple au décuple. Je ne crois pas que ce soit nécessairement par orgueil, mais je préférerais cela à l'autre raison que j'entrevois possible : le souci militant de ne jamais donner raison au camp qu'on a élu comme adverse.
RépondreSupprimerQuant aux chiffres du lien, portant sur des bases et des années différentes, ils ne contredisent pas mes remarques, sur la conservation de zones à petits effectifs d'élèves par classe pour des raisons de désertification, ou sur l'augmentation mécaniquement induite par le vieillissement des personnels. Et ils me rejoignent tout à fait quand j'invoque l'augmentation de l'âge des élèves, génératrice de plus de frais, par l'allongement des études.
Bref, on n'a pas du tout amélioré l'encadrement moyen dans les lycées et colléges ordinaires.