Le libéralisme, vous voyez à peu près ce que c'est. Mais vous entendez régulièrement parler d'ultralibéralisme et ça reste pour vous un mystère.
Vous êtes bien sûr de ne l'avoir jamais rencontré dans notre belle France où les dépenses publiques font 55 % du PIB.
Grâce à La Lime™, vous allez enfin apprendre ce qu'est l'ultralibéralisme.
L'ultralibéralisme est un être imaginaire destiné à faire peur aux enfants (1), à l'instar des ogres, des dragons et de Chantal Goya. Il est le descendant direct du déjà très horrible libéralisme.
Dès qu'il arrive malheur à des prébendiers de l'Etat, ou même qu'ils sont simplement menacés d'un éventuel malheur si lointain qu'eux seuls le devinent, c'est la faute au méchant ultralibéralisme, dont j'abrège le patronyme en UL pour la suite de ce message.
Comme un exemple vaut mieux qu'un long discours, je vais vous parler de l'école.
Les résultats de l'école primaire et secondaire se dégradent lamentablement depuis trente ans, il y a quasi-unanimité sur la question.
Comme cette école est étatisée à 99 %, soit directement (public) soit indirectement (privé sous contrat), vous croyez bien qu'UL n'y est rien. Détrompez-vous. Vous n'avez rien compris, vous êtes un naïf, un innocent, ou pire, un infâme suppôt d'UL.
L'école a été détruite par des syndicalistes de gauche imposant le pédagogisme, lui aussi venu de la gauche ? Peu importe : la gauche ne saurait être coupable tandis qu'UL ne saurait être innocent. C'est donc de la faute d'UL.
Comment cela ? Voyez le machiavélisme d'UL : il a encouragé les gauchistes sous hypnose à saper les fondements de l'école républicaine pour mieux pouvoir la privatiser.
Les ministres qui, terrifiés par les grèves à répétition, ont lâchement laissé la bride sur le cou des gauchistes pédagogistes ? Des alliés objectifs d'UL qui s'ignorent (ou peut-être même pas).
Les expérimentations débiles en ZEPs ? Encore un effet du complot d'UL, d'autant plus redoutable qu'il est dissimulé.
Les parents qui veulent, ô sacrilège, ô infamie, ô cabane sur le chien, avoir leur mot à dire sur l'école de leurs enfants ? De vils consuméristes, suppôts d'UL.
Les boites de cours privés pour compenser les dégâts des néfastes de l'éducation nationaze ? Arghh, d'affreux sectateurs d'UL.
Vous avez compris. Armés de ce principe cardinal «La gauche ne saurait être coupable, l'ultralibéralisme ne saurait être innocent», vous pourrez à titre d'exercice expliquer vous mêmes : le phyllloxera, la rage, le sida, la peste et le choléra, l'obésité ici et la faim ailleurs, la bourse qui descend, la température qui monte, le travail des Chinois, la paresse des Français, l'équipe de France de foot, le tour de France, la misère, les abeilles malades ...
Ensuite, une fois bien rôdé sur des cas généraux, vous pourrez passer à votre cas personnel et démontrer que l'ultralibéralisme est coupable de votre vie ennuyeuse, de votre salaire trop bas, de votre mariage raté et de votre divorce réussi, des enfants qui se barrent, de votre Renault qui tombe en panne, du chien du voisin qui pisse sur votre paillasson, des impots trop lourds, des raideurs qui se déplacent, de vos mauvais numéros au Loto, de la machine à laver qui fuit, du lave-vaisselle bouché ...
(1) : ou aux adultes qui pensent comme des enfants.
Dernière minute, je viens de trouver sur le décidément incourtournable blog de JP Brighelli, c'est exemple très illustratif d'ultra libéralisme fantasmé :
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"Si bien que les anti-pédagogistes auront été (nous aurons été) les idiots utiles de l'ultra-libéralisme : puisque ça va mal, faisons aussi mal avec moins de moyens."
Absolument.
Ecrit par : Pli | 24 juillet 2008
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Heureusement que le ridicule ne tue pas, sinon ce blog serait un charnier.
Je confirme que les commentaires sur le blog de JP Brighelli, sont un sacré salmigondi. Le plus curieux étant les confusions entre les propos de l'auteur (il y a des trucs pas mal, bien argumentés, posant de bonnes questions) et les commentateurs. Je ne suis pas sur d'être à la hauteur des idées défendues par l'auteur mais je ressens que JP Brighelli est plutôt "anti-pédagogisme" (pour faire simple) alors que la majorité des commentateurs seraient plutot des "pro-pédagogisme", mais surtout de véritables conservateurs, pas au sens politique mais au sens corporatiste.
RépondreSupprimerParatagez vous ce sentiment ?
Concernant l'Ultra libéralisme, toute idée politique n'est jamais totalement absolue. elle se décline par nuance souvent par grands domaines. Par exemple être libéral en économie et dirigiste pour les moeurs. Ceci dit j'appelerais UL, la dénomination du libéralisme par ceux qui n'y comprennent que couic. Ma fille (7 ans) me dit toujours à propos d'un truc qu'elle ne comprends pas : "c'est ultra compliqué". En général ca marque plutot de sa part une volonté de ne pas creuser le problème, sutout pendant les vacances scolaires. Et bien voila, l'ultra libéralisme c'est le libéralisme trop compliqué, par forcément pour les cons mais d'abord pour les rigides et les dogmatiques, les paresseux .... et pour les enfants en vacances scolaires. Rassurez vous je ne cherche pas à expliquer le libéralisme à fille. Quoique, ca commence par exemple quand je explique pourquoi il ne faut jeter des papiers par terre.
Quand à ceux, j'en connais, qui condamne le libéralisme, ultra ou pas, comme un réflexe. Je leur recommande toujours le livre de Boudon 'Pourquoi les intellectuels n'aiment pas le libéralisme". Faicle à lire, agréable, pédagogique. Ca marche trés bien notamment pour comprendre que le libéralisme avant d'être une politique, est d'abord une philosophie, une mode d'analyse, des valeurs, un plan d'action possible.... et une réalité historique dans nos sociétés occidentales.
Pour finir, on vous sent pas mal remonter comme un coucou suisse sur ce billet.
Si les extra-terrestres retournent en vitesse chaque fois sur leur planète chaque fois qu'ils viennent visiter la nôtre, c'est la faute à l'ultra-libéralisme. C'est certain.
RépondreSupprimerPlus prosaïquement, il est quand même bizarre qu'on ne parle jamais d'ultra-communisme dans le cas de Pol Pot par exemple, d'ultra-nazisme et pourtant en matière de criminalité de masse, ces mouvements ont battu tous les records.
Brighelli et ses boys sont des anti-pédagogistes qui partagent la plupart des présupposés idéologiques des pédagogistes et s'étonnent ensuite que leur combat ne soit pas victorieux.
RépondreSupprimerJ'aime bien votre définition de l'ultralibéralisme.
J'ai déjà conseillé la Lecture de Pourquoi les intellectuels n'aiment pas le libéralisme, c'est une bonne idée.
Quant à mea colère, elle passera.
Nazisme et communisme sont ultras par nature, nul besoin de leur accoler un préfixe.
RépondreSupprimerLes matons de Panurge, en inventant ultra-libéralisme, prouvent à leur insu qu'il peut y avoir un libéralisme qui n'est pas ultra.
"Brighelli et ses boys sont des anti-pédagogistes qui partagent la plupart des présupposés idéologiques des pédagogistes."
RépondreSupprimerHé? Moi y'en a pas comprendre. Quels seraient ces présupposés communs?
L'ultra-libéralisme, nouveau concept vaseux socialiste inventé pour nous faire croire qu'il y aurait un libéralisme généreux, de gauche, forcément de gauche (la liberté d'expression, la laïcité, l'émancipation des femmes etc...) et un libéralisme égoïste pour ne pas dire conservateur, dénommé justement ultra-libéralisme (le droit de propriété avec tout ce que cela implique de soit disant injustices sociales ...).
RépondreSupprimerPour faire simple, l'ultra-libéralisme, ce serait ce méchant libéralisme de droite que les hommes de l'Etat se doivent de réguler au maximum afin de protéger les faibles des fameux effets pervers du capitalisme sauvage ( pour un constructiviste il ne saurait y avoir de différence entre ultra libéralisme et capitalisme sauvage).
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt le livre de Monsieur BRIGHELLI « la fabrique du crétin ». On ne peut que partager le constat qu’il dresse sur la dégradation du niveau scolaire en France ces dernières années , mais je n’ai pas du tout été convaincu sur certaines de ses causes qu’il expose.
Il dénonce en effet à la fin de son livre un véritable complot ultra-libéral contre l’école républicaine et laïque dont la principale motivation aurait été de rendre inapte nos enfants de raisonner correctement et ainsi d’être beaucoup plus à la merci de leurs patrons et de tous les méchants exploiteurs du peuple !
Il me semble important de rappeler à Monsieur BRIGHELLI que c’est quand même les socialistes, de droite comme de gauche, qui sont au pouvoir depuis maintenant plus de 30 ans et, qui plus est, les entreprises ont surtout besoin de personnel capable de penser convenablement au moins pour pouvoir innover. Le temps des grosses manufactures avec des milliers d’ouvriers effectuant à la chaîne un travail abrutissant ne nécessitant que peu de capacités intellectuelles est bel et bien révolu en France, mais bon passons.
Monsieur BRIGHELLI fait parti de ce genre d’individus de gauche qui n’ont eu d’autre choix que de constater l’échec de la mise en application du socialisme et plutôt que d’en tirer les conclusions qui s’imposent, il préfère se réfugier dans un monde imaginaire ou existerait un socialisme pur et dur dont les serviteurs zélés ne seraient mus que par l’intérêt collectif.
L’ultra libéralisme n’est qu’un être irréel créé par les déçus du socialisme d’essayer en vain de rejeter leur échec cinglant sur cette créature fabuleuse pour pouvoir espérer encore un peu de vire un jour en Utopie.
«Hé? Moi y'en a pas comprendre. Quels seraient ces présupposés communs?»
RépondreSupprimerLe socialisme, l'étatisme, l'égalitarisme.
A partir du moment où l'on accepte ces présupposés idéologiques qui correspondent exactement à la manière dont l'école actuelle est organisée (égalitarisme = nivellement par le bas / socialisme = activités de groupe ludiques, pas de transmission du savoir et de compétition qui sont par nature aristocratiques / étatisme = mêmes méthodes, mêmes programmes et même formation des enseignants pour tous), il devient très difficile de changer quoi que ce soit d'important.
On notera la démarche différente de Marc Le Bris, dont j'ai de sérieuses raisons de penser qu'il est revenu de ses illusions de gauche : certes il critique, certes il demande de nouveaux programmes.
Mais il fait aussi autre chose : il rédige des fiches pédagogiques qu'il met à disposition des parents et des enseignants sur internet.
Autrement dit, plutôt que d'essayer de tout changer, ce qui aboutit en général à ne rien changer, il sape le système par le bas, par le niveau élémentaire des parents et des enseignants.
Dans une démarche typiquement libérale, il ne se perd en grands discours, il met à disposition des outils en faisant confiance aux gens pour les utiliser au mieux.
De toute façon, soyons clairs, si Brighelli voulait vraiment changer l'école, il ferait campagne pour que ces partisans aillent enseigner dans le privé.
C'est la seule démarche vraiment cohérente (comme disait Chevènement : «Soit on ferme sa gueule, soit on démissionne»), quel sens cela-a-t-il de passer sa vie dans une institution qu'on n'arrête pas de critiquer ?
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«Il dénonce en effet à la fin de son livre un véritable complot ultra-libéral contre l’école républicaine et laïque dont la principale motivation aurait été de rendre inapte nos enfants de raisonner correctement et ainsi d’être beaucoup plus à la merci de leurs patrons et de tous les méchants exploiteurs du peuple !»
J'avais été abasourdi par la méconnaissance absolument complète de l'économie de ce monsieur.
Ce n'est même pas de l'ignorance, c'est qu'il a bien une vision de l'économie, mais totalement détachée du réel, des faits, radicalement fantasmatique.
Je rappelle pour l'anecdote qu'une des limitations les plus sévères à leur croissance que rencontrent les compagnies pétrolières est le manque d'ingénieurs.
excellent !
RépondreSupprimeret si vous voulez en apprendre un peu plus sur son petit-frère, le néo-libéralisme, c'est ici : La vérité sur le néolibéralisme.
Pour ceux qui n'ont pas le temps, o y apprend que c'est un nom creux, utilisé par les adversaires du libéralisme pour le caricaturer, et que leur argumentaire montre clairement (les travaux cités le montrent) qu'ils ne savent pas de quoi ils parlent...
pitoyable !
à bientôt !
J'ai pris l'exemple de l'école parce qu'il est flagrant. Au sein de EN, les libéraux sont pourchassés avec au moins autant (plus ?) d'acharnement que les pédophiles :-) et l'on vient nous expliquer que si l'école fout la camp, c'est de la faute l'ultra-libéralisme.
RépondreSupprimerJ'aimerais bien la voir la longue liste des ministres, hauts fonctionnaires et syndicalistes ultra-libéraux qui se sont succédés à la tête de l'EN depuis trente ans.
On va m'expliquer que c'est plus compliqué, que je n'ai rien compris, que l'ultralibéralisme agit autrement, et, au bout du compte, on va finir par me dire que l'ultralibéralisme, c'est comme Satan : moins on le voit, plus on le redoute.
Ceci dit et écrit, concernant l'ecole, entre les pédalo à gogo et pédago à lolo, je n'en trouve pas beaucoup qui réfléchissent au "contexte". Je m'explique brièvement.
RépondreSupprimerImaginons le meilleur instit du monde avec les meilleures méthodes du monde dument "prouvées" statistiquement. Quel sera l'efficacité de cet instit pour apprendre à lire à des gamins qui passent 3 heures devant la télé, ne lisent pas un bouquin chez eux (comme les parents), écrivent en MSN, etc, etc. (sans compter les enfants de couples en crise, de couple homo :-), :-(, etc ....)
Bien sûr la pirouette est aisée, par définition la meilleure méthode du monde sera justement celle qui sera efficace pour les enfants qui passent 3 heures devant la télé, etc, etc.
Pirouette non recevable.
Un autre parallèle : l'Allemagne est à ma connaissance, un pays où l'apprentissage lecture/écriture et plus, semble s'en sortir mieux que la France. Pourquoi ? Le plus faible taux d'activité des mères serait il une explication ?
Loin de moi l'idée de contextualiser (socioliser l'éducation, on voit le résultat) néanmoins il y a peut être des pistes à creuser en la matière.
Jules Ferry ne connaissait pas la Star Ac', ni wikipédia.
Comme vous le dites vous-même, l'argument n'est pas recevable.
RépondreSupprimerLes distractions n'ont jamais manqué, bien avant l'invention de la télévision.
On dit que les enfants ont changé, mais, quoi qu'on dise, les enfants sont principalement ce que les parents en font.
Ce sont donc les parents qui ont changé.
Et là, ça ouvre de bien vastes horizons ...
Franck: je pense que votre critique de Brighelli tape à côté. On ne peut l'accuser ni de vouloir le nivellement par le bas, ni de refuser la transmission du savoir. Bien au contraire. Il se bat contre le nivellement par le bas et contre l'interdiction de la transmission su savoir.
RépondreSupprimerQuant à l'unicité des méthodes, ça se discute. Ce qui est le plus important, c'est d'utiliser la bonne méthode, pas d'en offrir deux mille cinq cents comme au supermarché.
Or les bonnes méthodes sont connues. Mais on refuse de les appliquer. Donc la mise en concurrence des écoles et des méthodes peut être une façon de sortir du problème: de guerre lasse, on renonce à faire bouger le mammouth. On lui dit: OK, continuez à brouter dans votre coin, mais laissez-nous élever deux-trois poules dans notre poulailler.
Et on compte sur le fait que les parents, pas plus cons qu'un autre, vont finir par se rendre compte que les poules, c'est meilleur que le mammouth. Et que même les éleveurs de mammouths vont finir, sous la pression populaire, à faire de la poule.
C'est une tactique, et, au point où on en est, c'est effectivement notre meilleure chance.
Après, on peut faire du libéralisme by-the-book, et dire: il y a une infinité de méthodes possibles, aucun bureau de planification central n'est capable de discerner la meilleure, mettons-les en concurrence, etc.
Si vous voulez. Ca, je dirais que c'est l'option fromage et dessert. Pour l'instant, on en est plutôt à appliquer des méthodes dont on est absolument certain qu'elles ne peuvent que fabriquer des abrutis. On sait qu'on fait exactement le contraire de ce qu'il faudrait faire.
Donc l'enculage de mouches entre la méthode Blabla qui serait bonne pour certains élèves, mais toutefois la méthode Blibli serait plutôt pas mal pour d'autres, et puis si les bouddhistes veulent enseigner les maths les pieds au mur, pourquoi pas, oui certes; mais là on est en train de tuner le moteur de la Ferrari à l'oscilloscope, alors qu'il s'agit de sortir la 2 CV de la grange où elle rouille depuis 1952.
Cela dit, sur l'ultra-libéralisme, Brighelli et ses potes ont raison. (T'énerves pas Gérard, j'eeessplique.)
Dans la plupart des pays développés, l'école connaît actuellement des problèmes similaires.
Les peuples ne s'en rendent pas bien compte, parce que chacun pense que l'éducation est un domaine où les particularismes nationaux sont très forts.
Les Français croient que l'Education nationale est unique au monde, que ses qualités et ses défauts sont à nul autre pareils, etc.
En réalité, quand on lit les études consacrées à l'école en France, aux Etats-Unis, en Angleterre, en Suisse, au Québec -- et très certainement dans de nombreux autres pays, on a l'impression de lire les mêmes constats atterrés.
Quand on constate (au hasard) que dans des pays très différents, des analphabètes fonctionnels sortent de l'université, il y a un problème; quand on constate, dans des pays très différents, une explosion de la triche et du plagiat à l'université, une explosion de la violence à l'école, il y a un problème.
Donc, il y a bien quelque chose d'important et de commun qui est en train de se passer. Quelque chose qui n'a rien à voir avec les méthodes d'éducation, avec le salaire des profs et avec la couleur politique du ministre.
Quelque chose qui relève, pour rester général et ne braquer personne, de la société. D'évolutions sociales lourdes.
C'est ce que Brighelli et certains de ses boys appellent l'ultra-libéralisme. Ne nous focalisons pas sur les mots, parce que c'est à ce moment là qu'on se jette la vaisselle à la tête et qu'on oublie le sujet.
C'est aussi pour cela qu'à ce moment de la conversation, en général, je demande: c'est quoi, pour vous, le libéralisme? A quoi on me répond, en général: ben, c'est le libéralisme, connard (ou quelque chose d'approchant).
A noter que les problèmes en question se manifestent aussi dans des pays libéraux, ou en tous cas beaucoup plus libéraux que la France. Donc bastonner Brighelli avec son gauchisme ne va pas régler la question.
Et dire: il faut mettre le potard à donf du côté libéralisme, c'est indispensable; en France, tout particulièrement, pour plein de raisons; mais ça ne va pas suffire, loin de là.
Il va rester une couille fondamentale dans le potage. Qu'on peut appeler, pour aller vite: la décadence de la civilisation occidentale.
Bien que je sois pour la privatisation de l'école, il y a un point qui me pose problème (je ne suis pas comme Brighelli et ses boys, pétrifiés dans leur certitude de tout savoir).
RépondreSupprimerVoilà, j'imagine qu'il y aura non pas mille méthodes différentes, mais trois ou quatre à cause de la sélection par les parents des écoles, et donc des méthodes qui marchent le mieux.
Mais il se peut très bien que les parents s'en foutent de sélectionner la meilleure école, ou n'en soient pas capables.
C'est à mon sens ce qui explique que dans des pays plus libéraux les résultats ne soient guère meilleures : ayant peu de points de comparaison, les parents ne peuvent pas juger si leur école est bonne (et en plus je doute que beaucoup aient vraiment la motivation pour le faire : tous veulent la meilleure école pour leurs enfants, mais est-ce au point de lire trois ou quatre livres pour se renseigner et se forger une idée ?).
Si à la première année de CP, mon enfant ne connait pas toutes les lettres en janvier, je me poserais des questions sur la qualité de son école. Mais c'est parce que j'ai pris la peine de me renseigner et d'y réfléchir.
L'école dite de Jules Ferry véhiculait des valeurs, élitisme, effort, discipline, méthode, qui, pour le meilleur et pour le pire, ne sont plus celles de notre société.
La plupart (pas tous) des parents qui protestent parce que leurs enfants ânonnent en sixième seraient rétifs à un retour à la discipline et à la rigueur (je le crois mais c'est à vérifier).
C'est pourquoi je ne crois pas à une réforme pédagogique du mammmouth.
Si Brighelli et ses boys voulaient triompher, il faudrait qu'ils tournent néo-consevateurs (on en revient bien au point de départ de cette discussion : partageant les valeurs politiques de leurs adversaires, ils sont condamnés à échouer).
Alors privatisons : tous ne seront pas sauvés, mais au moins quelques uns.
"L'école dite de Jules Ferry véhiculait des valeurs, élitisme, effort, discipline, méthode, qui, pour le meilleur et pour le pire, ne sont plus celles de notre société."
RépondreSupprimerVoilà. Nous y sommes. Et quand on en arrive là, on aura beau changer de méthode, essayer l'enseignement des maths à poil ou je ne sais quoi, rien ne marchera.
C'est exactement ce que veulent dire les Brighelli's Boys © quand ils mettent en cause l'ultra-libéralisme. Eux disent: matérialisme, société de consommation, télévision, abrutissement, règne de la marchandise, recherche de la satisfaction immédiate, mépris de la vraie culture, etc.
On pourrait ajouter (mais je suppose que les BB ne le font pas, ce serait fachiiisse): immigration massive de gens très peu éduqués en provenance de pays aux moeurs incompatibles avec les nôtres, combinée avec une mentalité d'assistanat entretenue par l'étatisme ambiant, qui dissuade élèves et parents de tout effort et de toute responsabilité.
(Comme par hasard, la Finlande, qui caracole en tête des classements, a très très peu d'immigrés, et la plus grande partie sont russes: donc ethniquement et culturellement proches des Finlandais.)
Les deux critiques sont justes, et, en réalité, c'est la même.
Sur la seconde partie de votre commentaire, je serais plus optimiste que vous. Quand vous affirmez que des parents ne seraient pas capables de sélectionner la meilleure méthode éducative pour leurs enfants, je vous trouve dangereusement étatiste! (Smiley, smiley.)
Bon, il est vrai que sélectionner la meilleure méthode éducative par le libre jeu du marché, c'est un peu plus compliqué que de choisir la meilleure machine à laver: rhâââ, je m'aperçois que rendu à vingt ans, mon gamin est un abruti, finalement la construction des savoirs c'est pas le top, on va réembobiner et tout recommencer à partir de la maternelle.
En fait, le principal avantage d'une libéralisation massive de l'enseignement, ce serait de mettre chacun devant ses responsabilités, élèves et parents compris.
De quoi favoriser la sélection naturelle (-- Fachiste! retour aux lois de la jungle!) des familles qui accepteront de jouer le jeu de "l'effort", de la "discipline", de la "méthode", voyant que les écoles permettant aux élèves de réussir seront celles qui mettront en avant ces valeurs (ce sur quoi je n'ai aucun doute: c'est déjà ce qui se passe à l'heure actuelle).
Autrement dit, vous aurez toujours des enfants doués et d'autres qui le seront moins (c'est la nature; ça emmerde les gauchistes, mais c'est comme ça); et vous aurez toujours des parents qui inculqueront des valeurs respectables à leurs enfants, et d'autres qui ne le feront pas.
Une libéralisation massive de l'enseignement n'assurerait pas l'égalité des résultats de tout le monde (le rêve gauchiste n'est qu'un rêve), mais permettrait aux familles qui sont prêtes à faire l'effort d'éducation nécessaire de trouver, face à elles, des écoles prêtes à relever le gant, et à permettre à leurs enfants d'aller aussi loin que leurs capacités naturelles le leur autorisent.
Une école libérale, c'est une école qui reçoit les parents en leur disant: voilà ce que nous sommes prêts à faire pour votre enfant, mais en contrepartie, lui et vous devrez vous engager à telle et telle chose (effort, discipline, respect, etc). D'accord? Pas d'accord? Signez ici avec votre sang, merci.
Vertu des relations contractuelles (-- Rhâââ! l'école livrée aux patrons, l'éducation n'est pas une marchandise, etc, etc.)
Bien entendu, on peut supposer qu'à partir du moment où de telles écoles existeraient, cela susciterait des vocations familiales. Eduquer des enfants dans le droit chemin est un sacrifice; si l'on a l'impression qu'un tel sacrifice ne sert à rien, on n'est pas incité à le faire.
Naturellement, seule une minorité d'enfants finira par faire Polytechnique. Ce sera toujours le cas. On ne peut pas, à la fois, obtenir l'excellence et refuser l'élitisme. Mais il y aura davantage de polytechniciens. Et les efforts de chacun auront plus de chances d'être récompensés. C'est tout ce qui compte.
Et, dans une société qui, effectivement, a globalement ringardisé les valeurs d'effort et de discipline, cela permettrait à la minorité qui y croit encore d'en faire profiter le pays entier.
Car une telle société n'est tout simplement pas viable à long terme. Il faut favoriser la survie de cette minorité si l'on veut un jour renverser la tendance et s'en sortir.
Une anecdote rigolote pour finir.
La Suède ayant décidé, en vertu du politiquement correct, de permettre l'ouverture d'écoles privées religieuses (lire: islamiques), le parti social-démocrate a demandé l'autorisation d'ouvrir une école privée socialiste.
Il s'agit bien d'une école où l'enseignement serait inspiré de l'idéologie socialiste, au même titre qu'une école catholique, en France, est censée s'inspirer des valeurs chrétiennes.
Afin de mettre en pratique cette charmante idée libérale-socialiste, les Suédois devraient directement sous-traiter à l'Education nationale. Nous, on sait faire.
http://mobil.sr.se/site/index.aspx?artikel=2194236&unitid=2054
A ce que je comprends, l'ultralibéral fantasmé n'a rien à voir avec l'idée que je me fias du libéralisme.
RépondreSupprimerSi je poussais la caricature du libéral, je décirais le pionnier de l'ouest américain à la vie austère et aux rudes valeurs.
Rien à voir avec la description de l'hyper-consommateur déchainé que nous font les brighellistes.
Ce que certains appellent ultralibéralisme, je l'appellerais plutôt «ultramaternalisme» ou quelque chose dans ce goût.
C'est que ces anti-libéraux semblent avoir oublié à quel point pour un libéral la responsabilité est la pendant de la liberté.
Or, une des caractéristiques les plus flagrantes de notre société est la déresponsabilisation massive («Le pôve chou, c'est pas sa faute si Jason massacre son entourage à la tronçonneuse. Il a eu une enfance malheureuse, c'est la faute de la société.») Attitude absolument sans rapport avec le libéralisme et que j'appelle maternalisme.
Comme disait P. Muray, nous sommes dans le post-humain : l'homme sans attaches, sans passé, sans responsabilités, éternel enfant.
Ce qu'il nous faudrait, c'est une bonne guerre
Maintenant que j'ai éclairci à ma manière le sens des mots, je suis d'accord avec les brighellistes si l'on remplace dans leurs discours «ultralibéralisme» par «ultramaternalisme».
Mais je ne suis pas sûr qu'eux soient d'accord, mais bon, c'est leur problème.
J'ai demandé à Marc Le Bris si ils avaient beaucoup de parents qui refusaient ses méthodes traditionnelles.
Il a un peu botté en touche en répondant que non, mais qu'il n'était pas dans une région représentative (la pleine Vendée, c'est-à-dire la région le plus conservatrice de France).
"Si je poussais la caricature du libéral, je décirais le pionnier de l'ouest américain à la vie austère et aux rudes valeurs."
RépondreSupprimerEn effet. Je suis bien d'accord. Et c'est pourquoi nous avons un problème de définition.
Il me semble que ce que les anti-libéraux appellent libéralisme, ce sont les modalités actuelles du capitalisme.
Mais avouez que se dire anti-modalités-actuelles-du-capitalisme, ça le fait pas, dans les manifs.
Cela dit, on voit aussi, par ce biais, que les libéraux ont un problème.
Les anti-libéraux regardent autour d'eux, et ils disent: regardez, ça, ça existe (la Star-Ac, etc), et nous on est contre. Bon, on l'appelle libéralisme, c'est vrai qu'on pourrait l'appeler schmurz ou blount, mais libéralisme c'est plus commode, tout le monde comprend.
Et les libéraux disent: mais, mon ami, vous n'y comprenez rien, le libéralisme ce n'est pas ça, c'est le pionnier de l'ouest américain à la vie austère et aux rudes valeurs.
Bref, un truc qui n'existe pas. Ou qui n'existe plus.
Donc le libéral a une sacrée pente à remonter. Il doit convaincre l'anti-libéral que les dégâts qu'il constate autour de lui n'ont rien à voir avec le libéralisme, et qu'il suffit de tout faire comme c'est écrit dans le bouquin pour tout régler; d'ailleurs, regardez, Bastiat a bien écrit que, etc.
Le problème est que Bastiat est mort depuis longtemps, et que TF1 est bien vivant.
Donc on est un peu dans la situation du communiste qui dit: rhâââ! mais naaan, l'URSS, c'était pas le vrai communisme, Staline a trahi Marx, etc.
Le libéral a quand même un certain avantage sur le communiste, en ce sens que le libéralisme, ça a quand même eu marché. En gros, ça a produit les Etats-Unis et la démocratie à l'occidentale. M'enfin, ça, c'était il y a deux siècles, un siècle, un demi-siècle à la rigueur.
Le libéral possède aussi, dans son attirail, une mallette marketing type avant/après, avec des réformes. Regardez, j'arrive en parachute sur un pays où c'est le big merdier, je pulvérise ma médecine libérale, pouf-pouf, et regardez comme mes statistiques dégueulasses retrouvent l'éclat du neuf, voyez ma belle économie toute rutilante.
Cependant, outre que les statistiques ne montrent qu'une partie de la réalité, cela ne règle tout de même pas ce problème de fond: les libéraux les plus authentiques (je veux dire ceux qui ne se contentent pas de se servir d'une idéologie pour justifier la défense de leurs intérêts) mettent fondamentalement en avant un modèle politique (et pas seulement économique) qui a marché dans le passé: le pionnier de l'ouest américain à la vie austère et aux rudes valeurs.
Mais tout indique que ce modèle a cessé de fonctionner depuis un bon bout de temps. Et rien n'indique avec certitude qu'il pourrait fonctionner à nouveau.
En gros, les libéraux admirent une étoile dont la lumière leur parvient encore, mais qui est est déjà morte. Ou en panne.
Pour des raisons qu'on maîtrise mal, qu'on n'a pas suffisamment explorées. Et il n'est pas du tout sûr que ces raisons se résument à trop d'intervention de l'Etat, à une insuffisante application des prescriptions des grands théoriciens du libéralisme.
salut Robert Marchenoir,
RépondreSupprimerd'accord avec toi sur les difficultés des libéraux. Et oui, peut-être que les difficultés ne se résument pas à une trop grande intervention de l'Etat, et à une sous-culture économique. Mais ça vaut le coup de vérifier, non ?
Salut, Lomig: est-ce que ça vaut le coup de vérifier, dans le sens est-ce que ça vaut le coup de faire des réformes libérales en France pour voir si ça va marcher?
RépondreSupprimerJe pense que le cas de la France est "facile", en ce sens qu'il n'y a pas photo. L'étatisme a une emprise tellement étouffante sur le pays, qu'il y a tout à gagner à libéraliser massivement.
Maintenant, libéraliser, ça ne veut pas dire seulement convaincre les gens de voter pour Sarkozy (ou pour un autre, qui serait garanti super-libéral par le comité mondial de validation des présidents libéraux), ça veut dire aussi convaincre les gens de se comporter, un tant soit peu, comme le pionnier de l'ouest américain à la vie austère et aux rudes valeurs.
Ce qui n'est pas gagné d'avance.
Le site de Le Bris est trés interessant. Il me donne même une idée de réforme, simple, facile, économe : supression des rectorats, des recteurs et des salles de réunion à caractères paritaires...
RépondreSupprimerDernier point sur les dernières interventions : un plus grand nombre de polytechniciens a-t-il necessairement valeur de preuve d'un succès d'une nouvelle EN ?
@ Robert : d'accord avec toi. mais je crois que plus le système laisse de marge de manoeuvre, et plus on a de chance de voir les gens se comporter de manière reponsable, non ?
RépondreSupprimerJe viens enfin de lire dans un des commentaires une définition convaincante du libéral :
RépondreSupprimer"se comporter, un tant soit peu, comme le pionnier de l'ouest américain à la vie austère et aux rudes valeurs ".
Merci !
Quant au "débat" sur le blog de Brighelli, qu'en dire ? Peut-être retourner au proprio sa formule :
"Heureusement que le ridicule ne tue pas, sinon ce blog serait un charnier."
"Et il n'est pas du tout sûr que ces raisons se résument à trop d'intervention de l'Etat, à une insuffisante application des prescriptions des grands théoriciens du libéralisme."
RépondreSupprimerSalut Bob,
Une question : qu'est ce que l'État? dans la pratique, dans la réalité
gratter les grands mots et regarder ce qu'il y a dessous
de temps en temps on en a une idée à travers des maladies
comme la maladie d'Outreau
on gratte et on trouve un Burgaud et 59 autres personnes dont aucune n'a su faire preuve d'un minimum de bon sens critique à quelques moments clés
et qui exigent le respect, l'indépendance, la sérénité, la reconnaissance que les professionnels d'État ne peuvent jamais faire de faute professionnelle.
c'est le système ma bonne dame!
en est-il autrement dans d'autres compartiments de l'État?
tant que l'État ne sera pas peuplé comme disait Schumpeter de demi dieux pour faire marcher la machine on ne trouvera pas mieux, sans viser à un idéal d'Ouest américain, que d'aller à un peu d'hypo libéralisme avec un minimum de concurrence et de responsabilité de tous, gouvernants et gouvernés.
tu demandes ce qui peut être commun aux démocraties occidentales dans cette dérive
as-tu examiné la question de l'existence de ce minimum de responsabilité et de concurrence, la montée des réglementations, la montée de l'État providence
comme dit Mohammed Younus "vous autres occidentaux êtes en cage, et il n'est pas sûr que si l'on ouvre la cage vous en sortiez, ou vous vouliez en sortir"