Naouri écrit que, s'agissant de l'éducation, tout est est joué à trois ans. Il n'y a pas de raisons qu'une éducation partie sur de mauvaises bases s'arrange par la suite.
Si un enfant de trois ans est mal élevé, pourquoi serait-il bien élevé à dix ans ?
Beaucoup des enfants d'aujourd'hui, je dirais la majorité au pifomètre, sont mal élevés, dans tous les sens qu'on peut donner à ce terme significatif.
Naouri attribue cet état de fait à deux phénomènes :
1) la contraception : l'enfant n'est plus le sous-produit plus ou moins accidentel du désir sexuel de ses parents mais il est voulu. Avant, l'enfant n'était qu'un élément, et mineur, là aussi dans tous les sens du terme, du couple, on était le fils ou la fille de M. et Mme Tartempion. Maintenant, l'enfant est le centre du monde. Ce sont M. et Mme Tartempion qui sont vus comme les parents du petit Gustave.
Or, quoiqu'on dise et qu'on fasse, l'enfant est un être inférieur, il n'est pas pleinement développé, c'est le but même de l'éducation que de permettre ce développement. Il n'est pas apte à être le centre du monde.
2) le mouvement d'égalité des sexes.
Ce double mouvement conduit à une maternalisation de l'éducation, à mon goût et visiblement à celui de Naouri, excessive.
Les pères ne sont souvent que des mères-bis. Naouri cite l'exemple pathologique d'un père qui demandait à sa femme de tirer son lait pour nourrir lui-même son bébé au biberon et qui, pour cette cérémonie, revêtait la chemise de nuit de sa mère !
Combien vois-je de pères qui n'osent pas s'interposer entre la mère et l'enfant, empêchant celui-ci de prendre son envol ?
Naouri exprime très bien les différents rôles en une phrase : la mère est vivifiante à court terme (elle donne de l'assurance à son enfant) et mortifère à long terme (elle l'empêche de prendre son envol, de grandir) et le père est mortifère à court terme (il sépare la mère et l'enfant) et vivifiant à long terme (il aide l'enfant à grandir, à devenir lui-même, autonome, libre et responsable).
C'est à la mère de faire une place au père dans sa relation avec l'enfant et au père de la prendre, cette place.
La vie est dure, frustrante, tout simplement parce qu'elle se termine par la mort. C'est aux parents d'apprendre à leurs enfants la frustration pour qu'ils puissent assumer leur vie, trouver un équilibre.
Le danger est d'entrer dans une relation de séduction avec l'enfant («Dis à maman que tu l'aimes» ; «Si tu n'es pas gentil, maman ne t'aimera plus»). C'est une relation très malsaine : l'amour entre parents et enfants n'a pas à se mériter, à se justifier, sinon il est fragilisé. Cette relation de séduction est un plaisir égoïste de l'adulte qui évite ainsi d'assumer la part désagréable de son rôle.
Les parents doivent l'éducation à leur enfant. La séduction, c'est entre adultes.
Je connais deux femmes qui «ont fait des bébés toute seules» (cette expression, par sa fausseté, est très significative : justement, on ne fait jamais de bébé tout seul). Ce sont donc des mères qui nient le rôle du père. J'en ai entendu une le dire très clairement : «Un père, ça ne sert à rien» et aussi «Dis moi que tu me préfères à papa (1)» (avec tout de même, une hésitation, elle sentait qu'il y avait quelque chose qui clochait dans une telle demande).
Je ne peux que trouver dans les enfants ainsi produits la confirmation de ce que raconte Naouri : ces mères cherchent dans leur relation avec l'enfant une consolation affective qu'elles devraient chercher avec un adulte.
Et cela fait des enfants collants, capricieux, versant facilement dans le chantage (si tu me dis «non», je me jette par terre et je me fais mal). Tous les enfants peuvent manifester ces tendances, sauf que, dans ces cas, elles ne rencontrent pas d'obstacle.
Je n'ai jamais vu ces mères dire définitivement «non». Au bout d'une certaine quantité plus ou moins grande de larmes et de cris, elles finissent toujours par céder. Elles culpabilisent de devoir se séparer de leur enfant, de le frustrer. Bref, il leur manque un père pour remettre de l'ordre dans cette relation fusionelle.
Bizarrement, (mais est-ce vraiment bizarre ?), l'un de ces petits que je vois assez régulièrement ne semble pas outre mesure me détester, au contraire, bien qu'il ne soit pas le centre de mon monde, qu'il ne me commande pas et que mon «non» ne se transforme pas en «oui», même après une dose massive de comédie.
Naouri considère que, pour ainsi dire, les enfants n'ont jamais de problème psychologique propre, que leurs problèmes ne sont que le reflet de ceux de leurs parents, qu'il suffit en général de traiter le problème des parents pour que l'enfant aille mieux.
Je suis assez enclin à le croire de par ce que je vois autour de moi. Je ne suis pas psychologue, mais certains comportements me mettent mal à l'aise, je sens bien qu'il y a quelque chose qui cloche.
Quand j'entends, comme ça m'est arrivé une fois dans le métro, une mère expliquer longuement à son jeune fils, pas plus de cinq ans, à l'évidence turbulent voire violent, pourquoi elle lui a dit non, je ne peux m'empêcher d'avoir pitié de ce gosse plongé dans les raisons complexes des adultes alors qu'il serait tellement plus simple, et donc plus rassurant pour lui, qu'un «oui» soit oui et qu'un «non» soit non.
Je me dis que ce n'est pas l'enfant qui déconne, c'est la mère.
De plus, ces relations malsaines de séduction et de faux nivellement (non, maman ou papa ne sont pas au même niveau que bébé) sont physiquement dangereuses : il y a le risque très réel que ces parents dans une situation fausse, qui dépensent tant, et si inutilement, et même si nuisiblement, d'énergie et de temps à se justifier et à négocier avec l'enfant-roi capricieux, le décalquent contre le mur le jour où ils seront un peu plus fatigués, stressés ou pressés que d'habitude, et que jaillira d'un coup toute la colère accumulée chez l'adulte depuis des années à se justifier sans cesse devant un enfant. Je l'ai vu une fois, donc ce risque n'a rien d'imaginaire.
Le problème des places est pourtant limpide : l'enfant n'est pas un adulte, il est, j'y reviens, mineur.
Une fois, j'ai eu le malheur d'affirmer dans une conversation que l'enfant était un être inférieur. Que n'avais-je pas dit là ! J'ai eu beau citer des exemples flagrants de son infériorité physique, intellectuel et social, je n'ai pas échappé au qualificatif de bourreau d'enfants. Je me suis donc tu sur la suite de ma pensée, à savoir que, considérant l'enfant comme un enfant, c'est-à-dire comme ce qu'il était, je le respectais probablement plus que tous ces adultes aux idées soit-disant avancées.
Je soupçonne chez ces adultes qui nient la spécificité de l'enfant la peur de vieillir : si l'enfant n'est pas tout à fait un enfant, nous ne sommes pas séparés, et donc je ne suis pas tout à fait un adulte.
Fidèle à mon comportement d'emmerdeur, quand des mères s'extasient sur le thème «Comme c'est mignon, il ne faudrait pas que ça grandisse», je reprends en général la balle au bond en rétorquant quelque chose comme «Au contraire, il faut souhaiter qu'il grandisse, c'est ce qui peut lui arriver de mieux», ce qui a le don de mettre mes interlocutrices mal à l'aise car ma réponse révèle leur part d'égoïsme, leur désir de ne pas vieillir, qu'elles projettent sur leur enfant.
Mes fidèles lecteurs ne seront pas étonnés que je rejoigne tout à fait Naouri quand il met le fond des problèmes de l'école au compte de cette volonté de refuser de constater et de traduire dans l'institution la hiérarchie entre le professeur et l'élève, qui existe de fait.
Enfin, Naouri a une solution pour mettre fin à l'infantolâtrie (l'expression est sienne) et retrouver une écucation équilibrée : passer de «l'enfant d'abord» à «le couple d'abord».
Le couple, et le jeu de tension-attirance en son sein, est premier, l'enfant n'en est qu'un sous-produit et c'est dans cette situation, où il est éduqué comme le résultat d'une relation entre ses parents et en fonction de l'interaction entre ses parents, qu'il trouve son équilibre.
Une digression sociale : dans l'aristocratie et dans la bourgeoisie, le fait d'avoir un nom ou un patrimoine à transmettre aide à l'éducation. L'enfant a quelque chose de plus grand que lui (le nom, le patrimoine) qui fait qu'il s'intègre à une histoire, il n'est pas unique et centre du monde. Bien sûr, ça ne veut absolument pas dire que tous ces enfants sont mieux éduqués, ça veut juste dire qu'ils ont une chance en plus de l'être.
Naouri donne des conseils qui peuvent choquer au premier abord : supprimer sans barguigner tétine et doudou à deux ans. Mais cela est-il plus choquant que ces adolescents qui ont encore leur doudou ? Naouri a souvent une attitude «il faut ce qu'il faut et ce n'est pas la peine de tourner autour du pot». Quand on a bien intégré qu'il faut pousser l'enfant à grandir et non l'aider à rester enfant, ça passe. Mais là encore, il faut être deux pour trouver un équilibre, j'imagine assez bien la mère défendant le doudou et le père prônant sa suppression.
Un psychiatre résumait cela en disant «C'est dans le lit des parents que se fait l'éducation des enfants», manière de dire que c'est parce que les parents ont une relation saine, épanouissante, confiante, sexuée, que l'éducation peut se dérouler correctement (2).
Je partage le pessimisme de Naouri : les forces poussant à l'infantolâtrie sont extrêmement puissantes et la société aura le plus grand mal à s'en défaire.
Deux exemples :
> une commission a été réunie pour donner son avis sur l'adhésion de la France à la charte internationale des droits de l'enfant. Les experts (jusristes, psychologues, etc ...) ont déclaré à l'uninamité qu'une telle adhésion était inappropriée dans le cas d'un pays avancé comme la France. Lors de la séance de remise du rapport, le premier ministre de l'époque, Michel Rocard, a signalé que le processus d'adhésion était de toute façon déjà entamé.
> un des nombreux rapports sur l'école a rendu un avis qui disait, ô miracle, que le problème fondamental était dans la dévaluation de la fonction paternelle. Qu'a fait le gouvernement Jospin ? Il a allongé la congé parental pour le père. Autrement dit, il est allé encore plus loin dans la transformation du père en une mère-bis ! Ce qui, bien évidemment, revient à renforcer le problème et non à le résoudre.
Cependant, l'éducation est une affaire personnelle, c'est au sein de chaque couple qu'elle se fait.
La société est peut-être foutue dans sa majorité, mais ça n'empêche pas les parents qui lisent ce blog, Naouri ou d'autres choses du même genre, ou qui, simplement, ont un peu de bon sens et quelques repères (3) d'essayer de donner une bonne éducation à leurs enfants.
(1) : qui vient de temps en temps voir son bébé en touriste.
(2) : c'est pourquoi l'expression «famille monoparentale» m'a toujours paru un oxymore. Pour moi, une famille avec un seul parent, ce n'est pas une famille (il en est d'ailleurs de même à mes yeux lorsque les deux parents sont d'une même sexe). Vous vous doutez bien que, chaque fois que j'ai affirmé cela, surtout en présence d'une mère célibataire ou divorcée (le cas d'un père célibataire élevant ses enfants ne s'est jamais présenté à moi), j'ai été obligé de changer rapidement de sujet, mon opinion soulevant une opposition immédiate, remuant trop de choses que je n'avais pas envie de prendre en charge en pousant mon argumentation.
(3) : n'oublions pas que ce que raconte Naouri, c'est en gros les relations familiales d'il y a une ou deux générations, il est donc normal que quelques couples subsistent à qui cet héritage a été transmis. En ce qui me concerne, ça me paraît la chose la plus naturelle du monde. Ce sont au contraire les couples «modernes» qui donnent une éducation «moderne» (c'est-à-dire, à mes yeux, déséquilibrée et égoïste) qui me semblent étranges.
Très bon billet sur un sujet inépuisable. Je me bornerai à une remarque sur les hiérarchies.
RépondreSupprimerIl serait bon de rappeler que ceux qui prônaient la fin de l'autorité des profs dans les années soixante ont défendu ensuite la pédophilie à l'instar de Sartre (suivi par tous les dégénérés de cette époque-là) qui avait publié dans le Monde en 1977 une pétition pour demander la remise en liberté de deux pédophiles notoires qui avaient des dossiers accablants au motif que l'on portait atteinte à leur liberté sexuelle. Or l'Humanité s'est bâtie sur deux interdits : l'inceste et le meurtre (accessoirement le cannibalisme). Si on met tout le monde au même niveau, on légitime alors les relations incestueuses, pédophiles, les relations sexuelles entre des profs et leurs élèves, etc. S'il y a des hiérarchies, c'est parce qu'elles ont outre leur utilité sociale une utilité psychologique : un enfant n'a aucune autorité pour commander un adulte pas plus qu'un employé n'en a pour dire à son employeur comment il doit diriger son entreprise.
Encore une fois, votre lecture est très instructive et vos propos extrêmement censés
RépondreSupprimer(je rie d'imaginer votre auditoire face à vos positions, réjouissant).
Naouri c'est une bonne lecture qui nous change des grand auteurs libéraux.
Pour les deux miens, le mal est sans doute déjà fait ils ont dépassé 3 ans... on leur collera l'excuse qu'ils grandissent en banlieue "chaude" (ce qui est trop facile)
Sur vos excellentes idées, moi, pragmatique, je me propose d'en rediscuter quand vous en aurez (ne le prenez pas comme une critique)
Je suis conscient qu'en écrivant cela, je vous livre mon introspection sur le "comment" j'éduque mes deux fils.
Au plaisir
Il n'y a pas de parents parfaits, parce que, au fond, un enfant peut toujours reprocher à ses parents d'être venu au monde.
RépondreSupprimerNaouri lui-même reconnait que ses conseils ne sont que cela, des conseils.
L'éducation, c'est de la pratique.
Tiens, un blog génial (pour un prof) que je viens de découvrir grâce à notre camarade Brighelli Jean-Paul - ses derniers coups de gueule sont excellents...
RépondreSupprimerles zrofs
Il y est éminemment question d'éducation... qu'en pensez-vous, Franck?
Petit oubli : écouter la chanson "la 4è3"
RépondreSupprimerCela me rappelle quelque chose...
Encore un petit commentaire : sur le blog de JPB, il faut lire les 4 premières interventions : on y trouve l'archétype de l'illibéralisme primaire... c'est vrai qu'il est toujours beaucoup plus simple de se chercher des têtes de turc plutôt que de devoir faire l'effort de réfléchir sur le fond...
RépondreSupprimerJe constate que Brighelli est toujours aussi con (et ses commentateurs intolérants et nombrilistes).
RépondreSupprimer"Encore un petit commentaire : sur le blog de JPB, il faut lire les 4 premières interventions : on y trouve l'archétype de l'illibéralisme primaire... c'est vrai qu'il est toujours beaucoup plus simple de se chercher des têtes de turc plutôt que de devoir faire l'effort de réfléchir sur le fond..."
RépondreSupprimerdit Daredevil
L'antilibéralisme peut-il être autre chose que primaire ? Demander à tous les damnés de la terre de "réfléchir sur le fond" quand ils voient partir en fumée des milliards de dollars dont le dixième à peine aurait éradiqué la faim dans le monde...
Mais, c'est vrai,l'assistanat, c'est pas beau...enfin pour les pauvres. Pour les riches, c'est du "sauvetage".
Au fait, qu'inspire à F. Boizard l'affaire "Ecureuil", lui qui affirmait qu'aucun secteur n'était plus surveillé que les banques ? Après le Crédit Lyonnais, la Société Générale, les Caisses d'Epargne. Et ces messieurs ont fait les Hautes Etudes Libérales ou Sciences Po(-gnon)!
Je suis sur ce sujet en désaccord avec TOUT ce que vous dites ! Je suis pourtant très proche du libéralisme, mais ce discours-là est justement antilibéral, pour la simple raison qu'il vise à "imposer" une méthode unique et universelle d'éducation des enfants, alors que le propre du libéralisme est justement de ne "rien" imposer. Ce sont les socialistes et le milieu médico-socio-éducatif dans son ensemble qui prônent la création "d'écoles de parents". Le jour où la loi n'imposera plus rien aux individus, elle n'aura pas davantage le droit de leur dicter comment élever leurs gosses (du moins pour ceux qui se contentent d'être difficiles à éduquer "chez eux" sans troubler l'ordre public).
RépondreSupprimerVous semblez oublier que le libéalisme est issu en grande partie de "l'empirisme", celui-ci faisant une place d'honneur au "sensoriel". Et l'enfant étant justement l'être humain le plus sensoriel qui soit, ses tendances rebelles instinctives contre son éducation s'expliquent par un seul motif on ne peut plus simple : attisant les sensations désagréables, l'éducation est tout....sauf une partie de plaisir !
Je n'en dirai pas plus long puisque toute ma pensée à ce sujet est étalée sur mon blog personnel. Je vous invite à aller y voir à l'article "Le Pasnulpar" : http://tetatutelle.joueb.com
Naouri n'impose rien aux parents, il conseille.
RépondreSupprimerQuant à se refuser à imposer quelque chose aux enfants, ça serait les traiter comme des adultes, ce qu'ils ne sont pas, c'est une forme subtile mais bien réelle de maltraitance.
Vous les chargez de responsabilités qu'ils sont incapables d'assumer.
Exemple : vous laissez à votre petit enfant la liberté de choisir ces vêtements du jour. Manque de pot, il choisit une chemisette en plein hiver. Que faites vous ? Vous «respectez» son choix ou vous lui mettez un vêtement adapté ?
Dans le premier cas, c'est une maltraitance physique, dans le deuxième cas, donner un choix pour ne pas le respecter, c'est une perversité.
Quant à l'empirisme, il a bon dos.
Les enfants ne sont pas des sujets d'expérimentation, et si il y a bien quelque chose qui a reçu une validation empirique, ce sont bien les rapports familiaux et éducatifs qui sont restés stables pendant des centaines de générations.
Et bien manque de bol pour vous, vous choisissez précisément l'un des derniers exemples qui puisse être de nature à me faire changer d'avis ! C'est justement imposer un vêtement chaud à un enfant qui ne supporte pas la chaleur qui est de la maltraitance car personne, même ses parents, ne peut "sentir" à sa place. Sauf si vous parliez dans le cas d'un enfant simple d'esprit qui ne sachant trop ce qu'il fait, n'aurait pas choisi la chemisette pour cette raison : dans ce cas, c'est évidemment très différent.
RépondreSupprimerEt ne pas accepter que les enfants soient des sujets d'expérimentation, c'est tout simplement les nier (pourquoi en effet se préoccuper de la souffrance sensorielle d'êtres qui valent si peu de choses ?!) ou les considérer majoritairement pour des simulateurs, c'est à dire des menteurs ! Si on ne doit pas autoriser les expérimentations sur l'enfant, pourquoi alors les exerçons-nosu sur les animaux ? (et entre parenthèses, il y a aussi pour moi une limite aux souffrances qu'on peut imposer à un animal).
Autant le dire d'emblée, je n'ai pourtant pas reçu, loin de là, l'éducatiion la plus dure qu'il puisse exister, mais le peu de contrariétés qu'on m'a imposées ont suffit à m'en faire garder un traumatisme. C'est "l'unique raison" pour laquelle je me retrouve à pratiquer l'écriture intensive, ne me gènant pas pour ce faire d'utiliser "à mon profit exclusif" l'enseignement scoalaire du français que j'ai reçu (et dont j'ai la chance qu'il ne m'ait "jamais" posé de diffulté). Je me libère de ma frustration comme je peux, avec mes moyens du bord, mettant là encore "à mon profit", l'exercice de la liberté d'expression "la plus totale" défendue, et avec raison, par les libéraux (souhaitons donc que vous la défendiez "toujours", y compris quand elle vous contrariera ! Ayez-en conscience !), au lieu de faire le choix de voir un psy qui me détraquerait encore un peu plus parce qu'il me tiendrait exactement le même discours ! (vous verrez aussi sur mon blog que je suis contre les psys).
Admettons que je sois une exception, que je corresponde à une infime minorité, que l'immense majorité des enfants ne sont pas traumatisés de leur éducation (c'est peut-être ce que vous allez me répondre et ce sur dont je maintiens néanmoins un gros doute). Et bien même dans ce cas, il faut arrêter de s'obstiner à contrarier un enfant dès qu'on perçoit la très forte probabilité qu'il fasse partie de cette minorité. Si seule la majorité a légitimité à gouverner, les minorités ont droit néanmoins au plus grand des respects.
Têtatutelle
A une dame qui vint lui demander des conseils pour éduquer son enfant, Freud lui aurait répondu : "faites comme vous voulez, de toutes façons, ce sera mal".
RépondreSupprimer@ Tetatutelle
RépondreSupprimerJe ne puis qu'espérer que vous n'avez pas d'enfants ou que, si vous en avez, vous ne les élevez suivant les préceptes que vous décrivez, sinon je les plains.
L'histoire d'Helen Keller (http://fr.wikipedia.org/wiki/Helen_Keller), faite d'exigence, puisse-t-elle vous faire réfléchir.
@ Theo
Il est faux d'interpréter la phrase de Freud pour en conclure que toutes les éducations se valent.
Ce sont les vôtres que je plains monsieur Boizard si vous en avez parce qu'autant vous le dire carrément, à la lecture de votre texte j'entends tout simplement parler le pape. (ne seriez-vous pas davantage dans votre élément sur la blogosphère de De Villiers que sur celle d'AL ?). Vous préconisez l'éducation "traditionnelle", la famille "traditionnelle". Vous n'êtes pas loin d'exiger l'homme au boulot et la femme au fournot, d'imposer les poupées aux petites filles et les camions aux petits garçons. Mon grand-père paternel (la plus belle figure du catho trad qu'on ait eu dans la famille !) tenait exactement le même discours. Un enfant d'aujourd'hui éduqué selon de telles méthodes, il est préférable d'avoir les moyens de lui offrir un précepeteur personnel pour son enseignement car je ne vois même pas trop comment il pourrait s'intégrer à une vie scolaire, y compris dans une école privée religieuse.
RépondreSupprimerJe n'ai pas d'enfant mais je crois que je n'en ferais pas quand bien même j'aurais un homme dans ma vie, tant justement je redouterais l'intervention forcenée des moralistes de tous poils (avec leurs soit-disant "conseils"...). Encore une fois en tant que libérale (modérée), j'exige d'être libre pour TOUT.
Bravo à vous Théo, vous avez "tout compris" ! D'ailleurs ouvrons un peu nos oreilles : "tout le monde" ou presque s'accorde à reconnaître que "tous les parents" se gourent en matière éducative, quoi qu'ils fassent. L'affirmation de Freud n'est que la formulation plus littéraire de la phrase courante : "avec les gosses on fait ce qu'on peut, pas ce qu'on veut".
Têtatutelle
Ceci dit Théo (venant de relire votre tout premier message), mettre les relations employeurs-employés au même niveau que les relations parents-enfants, c'est quand même un peu fort de café ! La Déclaration des Droits de l'Homme stipulant la stricte égalité en droit des adultes, on ne peut pa empêcher un salarié de "négocier" avec son employeur. Il n'est certes pas tenu de satisfaire systématiquement les demandes, tout simplement parce que la caisse de l'entreprise n'est pas inépuisable (mais il en va de même de celle de l'Etat et de toute collectivité). Mais dire non "par principe", uniquement parce que "on est le chef" est inacceptable (et pas non plus très libéral !). Le syndicalisme doit pouvoir s'exercer en toute liberté, simplement les décisions doivent être prises en toute autonomie sans que la loi vienne s'en mêler : c'est tout, rien de plus ! Interdire la liberté syndicale serait un acte dictatorial, peut-être conservateur mais sûrement pas libéral !
RépondreSupprimerTêtatutelle
@tetatutelle : je vous répondrai par "Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune". Ce n'est pas une histoire d'argent. C'est juste une histoire de droits de propriété. Un employé ou un syndicat n'a pas à dicter à un employeur sa manière dont il doit gérer son entreprise parce qu'ils n'en sont pas les propriétaires. Si un employé n'est pas satisfait de ses conditions de travail, il peut toujours aller voir ailleurs ou créer sa propre boîte. Egalité de Droit certes mais pas de fait.
RépondreSupprimer@Franck : évidemment que toutes les éducations ne se valent pas, mais aucune ne peut se prévaloir d'être parfaite. On est toujours dans ce délire du zéro défaut : un parent qui faillirait serait un mauvais parent.
Et bien pourtant Théo, il y a plein de gens sur cette blog et dans ce parti affirmant que les libéraux sont à l'initiative de la création des syndicats, alors je n'y comprends plus rien.
RépondreSupprimerAller voir ailleurs est de la pure naïveté théorique : existerait-il "un" employeur prenant "naturellement" en compte (sans besoin de négociation) une partie des intérêts de ses salariés ? Dites vite "qui" si vous en connaissez un ! Quant à être "tous" propriétaires d'une entreprise, c'est évidemment le paradis ! Question : que fait l'insatisfait qui n'a pas les moyens financiers d'une telle création ? Est-il donc condamné à subir toute sa vie les "mauvais traitements" de son employeur ? (le mot "insatisfaction" étant dans ce cas inapproprié car beaucoup trop faible) Bien obligé puisqu'il faut manger pour vivre ! Donc dans ce cas, c'est de "l'esclavage", principe là encore antilibéral.
Et bien pourtant Théo, il y a plein de gens sur cette blog et dans ce parti affirmant que les libéraux sont à l'initiative de la création des syndicats, alors je n'y comprends plus rien.
RépondreSupprimerAller voir ailleurs est de la pure naïveté théorique : existerait-il "un" employeur prenant "naturellement" en compte (sans besoin de négociation) une partie des intérêts de ses salariés ? Dites vite "qui" si vous en connaissez un ! Quant à être "tous" propriétaires d'une entreprise, c'est évidemment le paradis ! Question : que fait l'insatisfait qui n'a pas les moyens financiers d'une telle création ? Est-il donc condamné à subir toute sa vie les "mauvais traitements" de son employeur ? (le mot "insatisfaction" étant dans ce cas inapproprié car beaucoup trop faible) Bien obligé puisqu'il faut manger pour vivre ! Donc dans ce cas, c'est de "l'esclavage", principe là encore antilibéral.
Il y a eu un bins technique, l'outil me faisant croire la première fois qu'il n'avait encore pas pris mon commentaire (me redemandant des lettres et des lettres à n'en plus finir), alors qu'il était pris.
RépondreSupprimerMes excuses donc, vous pouvez en supprimer un.
@ tetatutelle : je pense que vous vous méprenez sur le rôle des syndicats. Bien sûr, en France ce sont eux qui dictent la politique à suivre au gouvernement (le fameux dialogue social imposé par De Gaulle), or ce n'est pas leur rôle. Quand on voit les syndicats de l'EN défiler en permanence contre les suppressions de postes (qui ne sont pas des licenciements contrairement à ce qu'ils voudraient faire croire aux Français), ils sortent de leurs attributions. Sachant que 50 % des profs sont syndiqués, moins de profs, ça fait moins de cotisations pour les syndicats, on comprend mieux pourquoi ils sont tout le temps dans la rue.
RépondreSupprimerQu'il y ait des syndicats est naturel, mais chacun à sa place et dans son rôle. Est-ce très responsable quand une boîte coule de déclencher des grèves alors que le rôle du syndicat devrait d'être derrière l'employeur pour trouver des solutions pour retrouver une bonne santé à l'entreprise quitte à devoir sacrifier des emplois ?
De plus, une entreprise n'est pas un lieu de vie, pas plus qu'une école d'ailleurs.
Il ne me viendrait pas un seul instant à l'idée d'aller dire à mon employeur comment il doit gérer son entreprise : le contrat de travail que j'ai signé avec lui ne m'y autorise nullement.
Quand au fait de quitter un emploi pour un autre ou pour créer sa propre entreprise, on en revient toujours au problème de la responsabilité : faut assumer ses décisions. N'est pas plus difficile pour un patron d'avoir un carnet de commandes satisfaisant pour offrir suffisamment de travail à ses employés que pour un employé de démissionner afin de retrouver une meilleure place ?
Il me semble qu'on s'égare du sujet initial.
@ Theo
RépondreSupprimerIl ne peut y avoir de parents parfaits pour une raison simple : un enfant est toujours fondé à reprocher à ses parents d'être né.
Les parents parfaits sont donc ceux qui n'ont pas d'enfants.
@ Tetatutelle
Appliquer à l'éducation des notions et des catégories issues de la politique, donc pour des adultes, révèle votre erreur majeure : considérer l'enfant comme un mini-adulte.
Naouri avait à faire un jour à un zygoto de votre espèce, qui trouvait «fasciste» de donner un ordre à son fils. Ce à quoi Naouri a répondu aussitôt :«Le jour où il exigera de coucher avec sa mère, vous vous lancerez dans une longue explication ou vous lui donnerez l'ordre de ne pas le faire ?»
Question qui a eu l'heureux effet de faire réfléchir le père en question.
De toute façon, cette éducation, en plus d'être validée par les siècles, repose sur un socle lié à la condition humaine qui n'est pas pour l'instant remis en cause par le progrès : l'enfant est conçu d'un père et d'une mère et enfanté par cette dernière, la vie est dure et frustrante parce qu'elle se termine par la mort.
Cette frustration géante se décline en des centaines de frustrations plus petites. C'est le devoir des parents d'apprendre aux enfants la frustration car ils sont les mieux placés pour cela.
Vous pouvez me raconter ce que vous voulez. Si vous vous ne prenez pas ces faits fondamentaux en considération, ça ne vaut pas grand'chose.
Une dernière chose : un enfant se fait et s'élève à deux. Il faut donc un accord entre les parents sur l'éducation. C'est pourquoi ce que nous racontons là est théorique : nous sommes seuls devant le clavier, nous n'avons pas à négocier avec une épouse ou un mari.
A Franck :
RépondreSupprimerVous refusez simplement de voir que j'aborde la question éducative sous un angle différent du vôtre. Pour moi la question n'est pas tant "qu'est-ce qu'un enfant ?" mais plutôt "que ressent l'enfant ? Encore une fois je l'aborde sous l'angle empiriste. Or quand bien même on nierait à l'enfant sa qualité d'être humain, on ne peut nier sa qualité d'être "vivant" et un être vivant étant un être "sentant", la maltraitance consiste d'abord en une non-prise en compte de l'aspect sensoriel, agréable ou désagréable. Et si j'aborde cette question sous cet angle-là, c'est tout simplement parce que j'ai toujours vécu en permanence et de plein fouet les désagréments sensoriels. (ayant "exactement le même âge que vous", mon éducation commence à se faire assez lointaine, je dois donc quand même, me semble-t'il, en avoir été passablement marquée !) Je ne dialogue peut-être pas avec un homme mais je parle de "vécu" et il me semble que le vécu mérite d'être pris en considération, certes pas exclusivement. Et toujours à propos de ce dialogue, je ne suis pas pour aborder les questions éducatives quand bébé est dans le berceau mais avant l'installation en ménage ! Si on prétend vivre avec quelqu'un, peut-être vaut-il mieux s'assurer "au préalable" qu'on partage ses points de vue sur des questions de cette importance ?! En tout cas, c'est ainsi que "moi" j'agirais.
Et si vous prenez un cas extrême comme l'exemple que vous citez, évidemment que personne ne vous contredira ! Il ne s'agit pas de laisser faire à l'enfant absolument tout et n'importe quoi (aller se jeter volontairement sous une voiture !), mais la limite imposée par les parents est toujours trop étroite : ils sont toujours raisonnables "à l'excès", "trop" exigeants, maman fait toujours "trop fort" (pour laver la tête ou ôter une épine du pied au sens propre) etc...Ils font à leur enfant des choses qu'ils ne supporteraient "jamais" qu'on leur fasse, alors qu'il est de même nature qu'eux : un peu fort !
A Théo :
ça me rassure évidemment de voir que vous n'êtes pas contre l'existence de syndicats...mais à eux non plus on a pas à leur dicter leur rôle et si celui des syndicats de salariés est d'agir dans l'intérêt des patrons alors ils deviennent des syndicats patronaux ! Il est certes des attitudes plus responsables que la grève, comme par exemple celle consistant à racheter l'entreprise pour la transformer en coopérative, expérience formidablement menée dans ma localité ! Seulement même dans ce cas-là, certains (soit-disant) libéraux sont encore capables d'appeler ce genre d'initiative une expropriation !
Je n'ai pas évoqué le cas des servics publics dont il est même permis ent tant que libéral de contester la légitimité du statut.
@Tetatutelle
RépondreSupprimerQuand vous aurez gardé toute une journée un enfant qui se roule par terre en hurlant à la moindre contrariété parce que ses parents ne lui disent jamais non, on en reparlera de vos jolies idées.
Vous ne lisez pas ce que j'écris, alors....Je suis partisane de la "demi-mesure", de la "modération" qui est valable en matière éducative comme en toute chose. Vous pensez pouvoir règler le problème par les grands moyens, comme s'il avait été un jour prouvé que le bagne d'autrefois transformait les criminels en enfants de coeur. J'essaie de vous ouvrir sur les yeux sur le côté intégriste et masochiste pourtant flagrant de ce mec dont vous vous faites l'écho, mais comme je sens que je n'y arriverai jamais mieux vaut que j'abandonne.
RépondreSupprimerJ'ajoute juste un petit truc (hier j'étais très pressée) : le jour où votre enfant (si vous en avez) se sera taillé les veines, j'espère qu'à l'enterrement il vous restera encore le courage d'affirmer :"je ne regrette rien, j'ai fait mon devoir de père, se comporter en bon parent peut quelquefois être à ce prix, il faut savoir l'assumer". Vous prenez des exemples extrêmes ? Moi aussi je peux le faire.
RépondreSupprimerVous reconnaissez pourtant vous-même qu'un enfant peut toujours reprocher à ses parents de l'avoir mis au monde. C'est donc bien que l'esprit de suicide est en lui, il n'appartient qu'à ses parents de ne pas le transformer en acte par des attittudes trop dures. Ce que vous prenez pour du chantage n'en est pas : les enfants d'aujourd'hui peuvent mettre leurs menaces à exécution !
«C'est donc bien que l'esprit de suicide est en lui, il n'appartient qu'à ses parents de ne pas le transformer en acte par des attittudes trop dures. Ce que vous prenez pour du chantage n'en est pas : les enfants d'aujourd'hui peuvent mettre leurs menaces à exécution !»
RépondreSupprimerSi vous pensez réellement ce que vous écrivez, je me félicite que vous n'ayez pas d'enfants mais je vous plains.
Comprenez vous à quel point vous êtes hors de la sérénité, mal dans votre peau, si, pour vous, élever un enfant, c'est vivre sous la menace de son suicide ?
Non, je me sens très bien dans ma peau quand je ne lis pas de choses traumatisantes comme celles que vous écrivez (en passant, je supporte largement mieux de voir un film d'épouvante !)
RépondreSupprimerPersonnellement, un gamin qui se roule toute la journée pour exiger la satisfaction de tous ses caprices ne dépasse pas le cap de la demi-heure sans avoir pris une bonne baffe de ma part.
RépondreSupprimerTheo,
RépondreSupprimerPour ceux qui se refusent à frapper un enfant, l'isolement, la mise au coin et ses variantes, sont une bonne solution.
"Tout à fait d'accord", avec l'un et l'autre Je terminerai peut-être mon propos par là : mieux vaut la punition que la prévention ! C'est cette dernière qui est traumatisante pour l'enfant car non justifiée. On lui fait telle ou telle chose pour "plus tard". Or, n'ayant pas à son niveau accès intellectuellement à ce "plus tard", de quel droit exigerions-nous de lui qu'il accepte des traitements sans comprendre le motif de leur prescription ? C'est faire de ses parents des "dieux" à ses yeux alors qu'ils ne sont que des humains (je m'abstiendrai de dire "pauvres humains" !). Le meilleur moyen d'éviter qu'un enfant vous demande "pourquoi ?" est de pouvoir lui répondre le plus souvent possible "tu le sais parfaitement !". Or la sanction permet cette réponse, l'enfant sachant "très bien" qu'il a fait une bêtise, alors que la prévention ne la permet pas.
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