Le niveau des enseignants a-t-il baissé ? Les enseignants actuels sont-ils moins compétents dans leur matière que leurs prédécesseurs d'il y a quelques décennies ?
Si je me fie aux témoignages des quelques profs que je connais, la réponse est positive (1). C'est d'ailleurs bien naturel : l'école fait naufrage, il aurait été surprenant qu'elle fabriquât de bons professeurs.
Avez vous des exemples, ou des contre-exemples ? Qu'en pensez-vous ?
(1) : si je me fie aussi à certains commentateurs de ce blog qui se déclarent enseignants, mais je ne crois pas que ça soit significatif.
"Si je me fie aussi à certains commentateurs de ce blog qui se déclarent enseignants, mais je ne crois pas que ça soit significatif."
RépondreSupprimerC'est tout à fait significatif, au contraire! Bon, on dira, par courtoisie, que les personnes présentes ne sont pas visées par la conversation.
Mais je confirme que, sur les blogs français, en général, j'ai lu d'innombrables commentaires de personnes qui revendiquaient bien haut leur qualité de professeur, et dont les interventions étaient la preuve visible de la baisse du niveau, intellectuel et humain, dans ce métier. Aussi bien par leur forme que par leur fond.
Orthographe indigente, grammaire catastrophique, pensée inexistante, malhonnêteté intellectuelle, grossièreté, insultes... tout y passe.
Ce sont d'ailleurs souvent les plus vindicatifs, les plus Degauche, les plus hargneux à s'insurger contre toute critique de l'Education nationale.
De beaux exemples pour les enfants.
Comment s'en étonner? Les enfants que l'on a ainsi déformés sont devenus à leur tour professeurs. C'est bien le côté le plus pervers et le plus effrayant du système éducatif: son inéluctable dégradation est inscrite dans ses gènes. Elle s'auto-entretient.
Pour avoir une petite idée de la chose, on peut lire par exemple les rapports que les jurys de CAPES et d'agrégation (ceux d'histoire et géographie sont publiés dans la revue Historiens & Géographes) publient chaque année qui dénoncent outre l'indigence intellectuelle de certains candidats des carences inacceptables pour des gens qui se destinent à l'enseignement et éventuellement la recherche, à savoir la non-maîtrise de l'orthographe,de la grammaire, de la syntaxe et du vocabulaire. je me souviens avoir lu un rapporteur écrire que "la seule langue autorisée au concours (agrégation) est le français".
RépondreSupprimerEnsuite, j'ai pu constater que certains enseignants se plaignaient des IUFM, où certains formateurs viennent dispenser des leçons de pédagogie alors qu'ils n'ont jamais mis les pieds dans une classe de collège ou de lycée. Outre qu'on y fait des séances (véridiques) sur la couleur du stylo à employer pour les corrections, on y apprend pas grand chose et surtout on fait tout pour démotiver les professeurs les plus courageux et les plus méritants.
Si je peux me fier aux 2 dernières instit de ma fille (CP et CE1), le niveau est bon....mais nous sommes en Bretagne, à la campagne. Ce qui signifie une population homogène en origine et niveau économique mais pas forcément en niveau culturel et intellectuel. Son instit actuelle n'hésite pas à coller des 100 lignes à copier par çi et du "au coin" par là. Ma fille me dit alors que l'ambiance a été "tendue" (il y eu des punis !). A la maternelle, elle a eu la chance d'avoir deux maitresses expérimentées. C'est stupéfiant de voir à quel point les gamins sont envie d'autorité juste ("ordre juste:-) ?) qui cadre et qui borde.
RépondreSupprimerLe résultat est la : lecture courante dès le 1er trimestre du CP, l'orthographe qui rentre petit à petit, les additions et soustractions avec bâtons (et éventuellement "sac de billes") fonctionnent. Bref du très grand classique qui marche .... pour ceux qui travaillent et écoutent, c'est à dire la majorité.
D'ailleurs je ne résiste pas à l'envie de raconter ses propos de l'un d'elles lors de son pot de départ à la retraite. Elle me disait qu'elle était capable de prévoir parmi tous ses élèves de maternelle ceux qui n'auraient aucun problème au moins jusqu'à l'adolescence. 3 ans après son pronostic est à 100% vérifié pour l'instant. Elle se contentait d'observer les familles et les parents....bref un bon prof peut parfois sauver un élève de sa famille ..... mais un mauvais prof jamais. Par contre une famille "scolaire" peut limiter les dégâts d'un mauvais prof.
Livraison en vrac d'observations qui n'ont aucune prétention scientifique ou pédagogique
«mais nous sommes en Bretagne, à la campagne»
RépondreSupprimerJ'ai eu une échange de mails avec Marc Le Bris qui me disait la même chose de son village de Vendée : la tradition a quelquefois du bon.
«Elle me disait qu'elle était capable de prévoir parmi tous ses élèves de maternelle ceux qui n'auraient aucun problème au moins jusqu'à l'adolescence»
Ca ne m'étonne pas, mon instit de CP disait la même chose.
Si l'on veut bien admettre avec Naouri que l'essentiel de l'éducation est fait dès l'âge de 3 ans, c'est assez facile à comprendre.
En tout cas, j'ai tendance à le vérifier autour de moi : avec quelques années de recul, j'ai plutôt bien pronostiqué.
Il est assez facile, même si il vaut mieux ne pas s'en vanter auprès des parents, de faire la différence entre un enfant réellement éveillé et un enfant simplement turbulent (alors que les parents confondent souvent).
C'est sans doute difficile de connaître le niveau réel des profs et son évolution.
RépondreSupprimerLa faiblesse des copies observées au CAPES ou à l'agrég est à amender : ces étudiants si faiblards, ont-ils le concours en question finalement ? Sachant qu'un diplôme à Bac +3 pour le CAPES ou Bac +4 pour l'agrég permet de se présenter au concours, il y a davantage de candidats.
Cependant, par exemple à l'agrég, il y a un nombre limité de places, mais qui ne sont pas obligatoirement toutes remplies si le jury estime ne pas avoir de candidats de niveau suffisant (c'était le cas il y a encore quelques années).
En revanche je rejoins tout à fait les commentaires sur la malhonnêteté intellectuelle des profs, sur leur manque d'impartialité, sur leurs invectives, même face aux élèves (les couplets anti-sarko en classe étaient fréquents lors des présidentiels). Comme dit Boudon ils ne savent pas qu’ils ne savent pas et sont sûrs de savoir.
Les instits je crois travaillent beaucoup (bien davantage que la majorité des profs) mais leur niveau dans les différentes matières est très variable. Par exemple une majorité ont une formation de lettres et leur niveau en sciences (hors maths, ils ont à l’écrit du concours une épreuve à petit coefficient) révèle un niveau faible voir franchement calamiteux et inquiétant (une copie montrait un schéma d'une éclipse de Lune avec le soleil intercalé entre la Terre et la Lune !). Les consignes de notation sont d’ailleurs trop laxistes de l’avis de beaucoup de correcteurs (je parle pour les sciences) (pas comme au Bac bien sûr, mais le Bac est indépassable). Le niveau en anglais (obligatoire depuis 2006) des futurs instits est aussi très variable et, par exemple, grâce au jeu des coefficients on peut avoir son concours en étant nul en anglais et en sciences.
Alors, bien sûr il est difficile de parvenir à être excellent partout, mais je trouve que beaucoup d'instits sont corrects dans certaines matières et complètement nuls dans d'autres. Une classe entière de stagiaires instits à l'IUFM (qui ont le concours donc) ne savait pas que la fleur se transforme en fruit ! Ou encore un stagiaire instit dans sa classe qui a confondu toute l’heure to take et to put lors d’une visite du formateur ! Glups.
Cependant, je crois qu’un prof/instit se formate lui-même à son enseignement, même s’il réduit ses connaissances au fur et à mesure en ne les employant pas. Ne dit-on pas que certains (vieux) profs ne savent plus trop grand-chose sur leur matière en dehors du programme qu’ils font ?
Quant aux IUFM eux-mêmes il y a une quasi unanimité contre eux (arrêtez-moi si je me trompe) de la part de ceux qui les ont connus. Que l'on y glandait ! L’intéressant étant dans les stages devant les élèves avec le tuteur qui conseille. Un bon tuteur valant mille fois mieux que les cours à l’IUFM.
D'ailleurs les plus ardents défenseurs des IUFM sont... les profs d'IUFM (et non pas leurs anciens élèves, tiens ?)
salut
RépondreSupprimeril faut évaluer cela de manière globale pour essayer d'esquisser une réponse. Les classements PISA montrent que l'école française (pas les profs) est mauvaise, et coûteuse.
Les amis profs que j'ai dressent tous le même constat : un monstre administratif qui ne remplit plus les missions d'instructions, à cause du poids qui pèse sur les enseignants à qui l'on demande de remplacer les parents et d'éduquer les enfants. La gachis humain, c'est tous les jours, dans presque toutes les écoles....urgence !
"Les classements PISA montrent que l'école française (pas les profs) est mauvaise." (Lomig)
RépondreSupprimerLe "pas les profs" n'est pas une conclusion de PISA. Ici, nous devons dépasser les débats stériles sur la mise en cause personnelle des professeurs.
Oui, il est inutile de passer son temps à imputer aux professeurs les résultats catastrophiques de l'école.
Oui, il est absurde de prétendre que, dans un corps de 1,3 million de personnes, dont le métier consiste esentiellement en un artisanat où l'activité du maître est fondamentale, de mauvais résultats ne seraient dûs en rien à ce que font les professeurs, qui n'auraient aucune responsabilité dans l'affaire.
C'est un système tout entier qui est la cause de l'échec. Mais ce sont des hommes qui font marcher un système. La faillite de l'Education nationale n'est pas un phénomène météorologique sur lequel personne n'aurait aucune prise, quelque chose comme une tornade ou un tremblement de terre.
Il faut simplement poser le problème en termes politiques, et non en termes de ressentiment personnel.
Les professeurs qui hurlent à la moindre mise en cause de l'école par des non-fonctionnaires, qui refusent toute responsabilité personnelle par principe, n'aident pas à promouvoir ce point de vue.
Lomig,
RépondreSupprimerJe ne suis pas convaincu qu'il y ait urgence.
Bien sûr, quand un problème aussi grave et aussi fondamental se pose, il faut toujours le résoudre le plus vite possible. En ce sens, il y a urgence.
Cependant, ce désastre s'aggrave depuis des années sans perturber grand'monde (la plupart des gens ne font pas directement le lien entre l'ensauvagement de la société et la fin de toute volonté d'enseigner quoi que ce soit).
Ceux que ce désastre dérange manoeuvrent, avec plus ou moins de succès, pour en atténuer les effets sur leurs enfants (public chic, privé, privé hors contrat, cours particuliers).
De ce point de vue, il n'y a pas urgence : les lucides se débrouillent, les autres s'en foutent. Ca peut continuer pendant assez longtemps.
La contrainte ne me semble donc pas temporelle, mais intellectuelle : la société est tellement paumée par perte des valeurs et des notions fondamentales (1) de l'éducation qu'elle est dans l'incapacité de savoir ce qu'il faut faire (2).
Il y a bien des individus qui savent, mais les valeurs de discipline et de hiérarchie qui orientent leurs propositions sont tellement contraires à la mode actuelle qu'ils sont inaudiables.
Bref, je préfère une bonne réforme dans cinq ans, le temps que les choses mutissent, à une mauvaise réforme tout de suite.
Le problème, c'est que nous risquons d'avoir une mauvaise réforme tout de suite et une mauvaise réforme dans cinq ans !
(1) : sans compter que, comme dit Renaud Camus, la sociologie est là pour nous expliquer que nous ne voyons pas ce que nous voyons et que nous avons tort de penser ce que nous pensons.
(2) : je suis effaré que certains puissent me soutenir, visiblement avec le plus grand sérieux, qu'il n'y a pas de hiérarchie entre l'adulte et l'enfant et que prétendre qu'il y en a une est scandaleux, presque une atteinte aux droits de l'homme.
"Je suis effaré que certains puissent me soutenir, visiblement avec le plus grand sérieux, qu'il n'y a pas de hiérarchie entre l'adulte et l'enfant et que prétendre qu'il y en a une est scandaleux, presque une atteinte aux droits de l'homme."
RépondreSupprimerMais Franck, il suffit de lire les différentes "déclarations des droits de l'enfant", qui ont valeur de loi supra-nationale désormais: elle sont, elles-mêmes, effarantes.
Comme je l'ai signalé ailleurs, la commission (psychologues, juristes, etc) réunie par Michel Rocard pour donner son avis sur l'adhésion de la France à la charte internationale des droits de l'enfant a rendu un avis unanimement négatif, cette charte étant inadaptée à la situation de la France, pays développé (si, si).
RépondreSupprimerMichel Rocard n'en tenu aucun compte.
Le même Rocard vient de proposer, à titre posthume, de juger Milton Friedman pour crimes contre l'humanité. Effarant non ?
RépondreSupprimerLa commission sur les pseudo-droits de l'enfant, c'était quand Rocard était premier ministre?
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