L'ancien président du gouvernement espagnol participait jeudi à l'Assemblée nationale à un colloque organisé par l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin sur le 60e anniversaire de l'Otan.
LE FIGARO. - Avec Barack Obama, pensez-vous que la politique américaine va changer ?
José Maria AZNAR. - Je pense qu'il n'y aura pas de changement radical, même si le nouveau président a fait naître beaucoup d'attentes. Les menaces qui pèsent sur le monde en général et sur les États-Unis en particulier sont les mêmes pour Barack Obama que pour George W. Bush.
La priorité, pour lui, c'est de sauver les États-Unis de la crise économique. Il y aura un nouveau style mais les réponses ne seront pas fondamentalement différentes, car les marges de maneuvre sont très limitées. En Europe, beaucoup croient que les Américains ont élu un anti-Américain à la présidence des États-Unis. C'est une erreur, Barack Obama est un Américain convaincu, attaché aux valeurs et à l'histoire des États-Unis.
La crise économique ne signe-t-elle pas l'échec du libéralisme ?
Ce n'est certainement pas l'échec du libéralisme, mais l'échec des mécanismes actuels de régulation et d'intervention de l'État dans un secteur qui est pourtant déjà très régulé, le système bancaire.
C'est comme en politique. Lorsqu'on élit un mauvais gouvernement, cela ne remet pas pour autant en cause la démocratie.
Que préconisez-vous pour sortir de la crise ?
Nous avons l'obligation de sauver les banques car, sans un système financier solide, il n'y a pas d'économie qui tienne. Mais il faut surtout faire des réformes économiques. Plus de flexibilité et de liberté dans l'économie, moins de taxes, moins de dépenses, plus de stabilité budgétaire, moins d'intervention de l'État.
Mais les Européens ne sont-ils pas en train de faire le contraire ?
Exactement. Et c'est bien pour cela que je suis convaincu que les États-Unis sortiront de la crise avant l'Europe.
Les Européens doivent-ils renforcer leur présence en Afghanistan, comme le demande Barack Obama ?
Oui, ils le doivent, car on ne peut pas être dans une Alliance, réclamer les bénéfices de la sécurité et ne pas y apporter sa contribution. Pourtant, je ne crois pas que les Européens vont répondre favorablement à cette demande.
Êtes-vous favorable à l'Europe de la défense ?
Je n'y crois pas beaucoup. Organiser une défense européenne en dehors de l'Otan est un rêve impossible. Mieux vaut un système qui garantisse la sécurité que deux systèmes parallèles qui soient source d'insécurité.
L'Irlande a dit non au référendum sur le traité de Lisbonne. Comment l'UE doit-elle sortir de cette situation ?
Je ne crois pas que ce soit une bonne chose de faire revoter un pays qui a dit non jusqu'à ce qu'il dise oui. L'Europe n'a pas de problème institutionnel, mais un problème de leadership politique. On l'a vu pendant la présidence française, l'Union européenne peut fonctionner avec les institutions actuelles à condition qu'elle ait une direction et un leader.
Ne faut-il pas que le président de l'UE soit en fonction pendant deux ans, comme le prévoyait le traité constitutionnel, et non plus six mois ?
L'efficacité ne dépend pas de la durée du mandat du président, mais de sa crédibilité et de son efficacité. Si le président en exercice n'est là que pour inaugurer les chrysanthèmes, cela ne peut pas marcher.
Quelles sont vos relations avec Nicolas Sarkozy ?
Elles sont excellentes, comme elles le sont avec Jean-Pierre Raffarin avec qui j'ai aimé travailler lorsque nous dirigions nos gouvernements respectifs.
Nicolas Sarkozy a été un très bon président de l'Union européenne. Ce n'est un secret pour personne que c'est un homme très actif, très intelligent. En France, il occupe un grand espace politique, l'espace traditionnel de la droite, du centre et une partie de l'espace de la gauche. À vrai dire, il occupe presque tout l'espace. Sur le plan stratégique, c'est très intelligent ! Son bilan est positif. J'étais sûr de cela.
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