Ce livre a fait l'objet de critiques, très violentes mais fort convenues, de la presse de gauche.
Comme on ne ne pouvait nier que Jean Tulard et Emmanuel Le Roy Ladurie étaient des historiens réputés et qu'ils ont participé à ce livre, on a raconté qu'ils l'avaient fait à contre-coeur (pourquoi ne se sont-ils pas abstenus alors ?) et que de toute façon, ils sont réactionnaires (pour nos poulets sans tête degôches, insulte suprême au même titre que «fascistes»). Vous voyez le niveau.
Quant à la maigre presse de droite, toujours aussi honteuse, elle a réagi mollement.
En réalité, c'est un livre assez inégal, marqué par le fait qu'il a été dirigé par un dominicain. Cependant, il y a quelques articles excellents, sur le vandalisme révolutionnaire, sur les massacres de Vendée, sur le droit révolutionnaire, sur la marine et quelques autres.
Un manque, important à mes yeux : la comparaison avec les pays qui ont accédé à la démocratie moderne avec peu ou pas de violences. En effet, mon idée est qu'on aurait pu se passer de la révolution, qu'elle constitue pour la France un traumatisme toujours présent, que les conquêtes révolutionnaires auraient pu être acquises à meilleur marché. J'étais donc intéressé par cette histoire comparative pour me faire idée de la justesse de mon opinion.
Bref, ce livre ne mérite ni excès d'honneur, ni excès d'indignité.
Il y a un petit point d'humour, avec l'uchronie de Jacques Bainville, inspirée du général De Gaulle : «Je dissous aujourd'hui les parlements. Je ne convoquerai pas les états généraux. Je ne me rendrai pas à Paris. Je ne dénoncerai pas l'alliance autrichienne. Je ne céderai pas à l'ultimatum prussien. J'en appelle à l'armée. Je forme sans délai un gouvernement de salut public.» (bien sûr, discours de Louis XVI)
Mais, pour certains, mettre en cause le mythe révolutionnaire, c'est encore impossible, sacrilège. Alors, voici les points sur les i : la révolution fut sanguinaire dès son début (la tête de De Launay au bout d'une pique au 14 juillet). Il y a même eu des cas de cannibalisme. Ce qu'on a présenté comme «le peuple» était bien trop la plus basse populace parisienne. C'est ainsi.
Pourtant, il n'y a pas de quoi fouetter un chat, aucun fait nouveau, mais quelques analyses originales. Il est vrai que déboulonner la révolution, c'est déligitimer la prétention de la gauche à avoir le monopole du Bien.
Enfin, un point qui énerve également la gauche : il y a beaucoup de jeunes auteurs pour ce livre.
Aucune chance donc que son sommaire soit aussi hilarant que n'est celui sur le livre noir du capitalisme.
RépondreSupprimerQuoi d'étonnant à cet accueil si glacial par la critique, si l'on se rappelle que Furet (pourtant un ancien communiste repenti) a presque été qualifié de nazi par ses pairs...
RépondreSupprimerJean Dutourd avait très bien évoqué le sujet dans " le Feld Marshall von Bonaparte"
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