J'ai longtemps fluctué sur cette question du sauvetage des banques.
En bon libéral, je trouvais normal que l'Etat n'intervienne pas et laisse les banques faire faillite.
Puis, matraqué par les medias, je me suis dit que des faillites en chaine auraient été une catastrophe.
Aujourd'hui, je m'aperçois que nous risquons de tomber de Charybde en Sylla, soit des faillites des banques, soit des faillites des Etats (1) s'épuisant à sauver les secteurs en péril, dont les banques.
Suite à la fréquentation d'Econ Log et de La déflation arrive, je me suis fait à l'idée que :
1) Les Etats n'ont pas les moyens financiers de sauver toutes les banques et les sauvetages en cours, en récompensant les mauvais gestionnaires et en empêchant l'émergence de nouveaux acteurs plus performants, prolongent la crise et la transforment en dépression.
2) Les Etats ont des possibilités juridiques pour non pas empêcher la faillite des banques mais pour l'ordonner de manière à diminuer le risque d'une panique.
Bien sûr, le risque d'un «bank run» n'est pas nul et les conséquences en sont violentes. Mais ce n'est rien par rapport à la faillite d'un Etat.
En France, où l'expropriation (des autres) ne fait pas peur, on se dit que la banqueroute lessivera les créanciers de l'Etat puis on repartira comme en 40 avec un Etat désendetté de nouveau prêt à distribuer à pleines mains aux assistés et aux parasites habituels.
Mais ce n'est pas du tout cela qui va se passer : la banqueroute de l'Etat, ce sont les épargnants qui sont ruinés, c'est l'économie qui s'effondre. L'Etat, discrédité, ne trouve plus de créanciers, les fonctionnaires ne sont plus payés, les assistés et les parasites non plus (ils occuperont leur oisiveté à faire des émeutes pour réclamer l'argent qui n'existe plus).
Je n'oublie pas, et vous non plus, n'oubliez pas, que la révolution française et les millions de morts, en comptant les guerres napoléoniennes, qui en ont résulté a commencé par une banqueroute.
Alors, entre une faillite des banques et celle de l'Etat, je préfère la première (2).
Mais, alors, pourquoi n'est-ce pas la solution qui a a été choisie ?
Essentiellement, à mon avis, parce que les politiciens sont restés dans un état mental d'avant la crise : un Etat ne peut pas faire faillite, on ouvre les vannes du déficit, la popularité des gouvernants augmente (c'est au fond le point essentiel de la démarche), le fluide bienfaisant de la dépense publique se répand dans l'économie et celle-ci refleurit.
De plus, ils sont victimes de leur incompétence et de leur démagogie : ils s'attachent à ce qui se voit tout de suite au détriment de ce qui ne se voit pas encore et qui provoquera demain (qui est un autre jour) la catastrophe.
Mais il est vrai qu'ils ont l'excuse d'être soumis à une forte pression : même A. Merkel, dont le premier mouvement, refuser d'intervenir, était le bon, a fait volte-face.
(1) : vous remarquerez que les crétins qui vous prenaient pour un con il y a encore peu quand vous évoquiez cette possibilité sont nettement moins sonores.
«Beaucoup d'Etats, dont la France, vont faire faillite !»
(2) : je précise que je suis client d'une de ces banques qui peuvent faire faillite. Je ne dis donc pas cela à la légère.
Loic abadie a également un très bon papier synthétique sur la question
RépondreSupprimerNationaliser : encore une impasse keynésienne !
J'ai vraiment la trouille : nous sommes à l'étape finale d'un processus d'infantilisation de la société par les hommes de l'Etat (pensez aux lois sur le tabac, la liberté d'expression, les assurances sociales obligatoires, l'assistanat généralisé).
RépondreSupprimerL'interventionnisme tous azimuths sans queue ni tête est l'ultime sursaut paroxystique de ce système avant l'effondrement.
L'infantilisation a pris du temps.
En sortir prendra également beaucoup de temps puisque plusieurs générations en ont été pourries (regardez ces jeunes qui protestent que c'est à l'Etat de leur fournir un travail) et ça se fera à douleur.
encore du copier coller à partir de notes aide-mémoire
RépondreSupprimerDonc je deviens paresseux et charge ton blog
Dis mois si ça t'agaces, jarrête
"La dette publique n'est pas un problème. Un état vit éternellement et peut être endetté. Un état peut s'endetter au contraire d'un ménage." Jean Paul Fitoussi sur France Q récemment
(Éternellement non, voir les cartes historiques ; et un État aussi fait faillite. Cela s'appelait la banqueroute sous l'Ancien Régime et était un mode de gestion courant et récurrent des finances publiques. Voir Philippe II dans Braudel. Plus près de nous l'Argentine, le Mexique. Ne parlons pas du Zimbabwe, de la Russie des tars - les emprunts russes -, etc.)
Une idée qui m'est apparue de plus en plus importante pour comprendre ce qui s'est passé (dans La Crise) est l'influence la création de monnaie ex nihilo par les banques couplée à un risque moral qui est d'exonérer les banques de leurs risques et responsabilités soit à travers les assurances implicites et explicites des dépôts des particuliers par l'État, soit par le "trop gros pour faire faillite" dont elles se rendent comptent qu'il marche, (les S&L américains, le Crédit Lyonnais, le bail out récent, pour donner quelques exemples. Il y a même une incitation particulièrement perverse à rendre un problème très gros pour impliquer l'État.)
La création de monnaie ex nihilo par les banques à partir des dépôts à vue des particuliers est un mécanisme simple qui peut être compris par tout un chacun mais est ignoré par presque la totalité de la population, y compris par des professeurs d'économie. Le fond de l'histoire et le début historique, est au sens strict du terme une escroquerie qui a conduit toutes les banques qui l'ont pratiqué à la faillite jusqu'au moment où l'État qui est le plus grand emprunteur et le plus grand bénéficiaire de l'inflation a donné sa caution à cette pratique.
Une escroquerie, car le déposant pense que le dépôt à vue lui appartient, et il en dispose comme moyen d'échange à travers des chèques, des lettres d'ordre de paiement, des cartes de paiement... Il pense qu'il peut le retirer à tout moment. De son côté la banque fait comme si cet argent lui appartenait et le prête, en ne conservant en caisse que la quantité de monnaie - les réserves - que son expérience lui fait penser nécessaire pour faire face à toute les demendes de retraits qui peuvent se produire de la part de ceux qui croient qu'ils peuvent disposer à tout moment de cet argent.
Dans le cas d'une banque unique, dans le cas de plusieurs banques ayant des accords de compensation entre elles, dans le cas d'un ensemble de banques soumises à des règles communes sous l'autorité d'une banque centrale gardienne des "réserves" et "prêtreuse en dernier ressort", on peut arriver à une création énorme de monnaie en pyramide inversée. (la limite est le montant des dépôts à vue multiplié par l'inverse du pourcentage de réserves.)
N'aie pas la trouille FB.
RépondreSupprimerSi nous vivons dans une hIstoire de fous ce ne sont pas des foux furieux comme en 14
Si tu a le tempa lis Stalingrad et Berlin d'Antony Beevor **** 4 époiles
C'est plus sérieux.
Parfois je pense à un copain qui à l'époque d'études difficiles passait son temps libre à aller voir des films de guerre
"je vais voir des gens qui en prennent plein la gueule et après je me dis que je ne suis pas si mal".
«Jean Paul Fitoussi sur France Q récemment»
RépondreSupprimerSi vous attachez le moindre soupçon de commencement d'importance à ce que, raconte un économiste médiatique vous êtes perdu.
NNT explique fort bien pourquoi les experts en économie sont condamnés à se tromper et pourquoi ce sont les plus connus qui se trompent le plus (le passage du Cygne Noir sur le sujet est un des plus intéressants).
JP Fitoussi n'en enseigne pas plus sur l'économie que la lecture du bottin. Pire, meublant votre esprit de conneries, il vous empêche d'apprendre des choses vraiment utiles.
Il faut être un ignare pour soutenir de telles opinions de bonne foi : l'histoire de France est parsemée de banqueroutes royales.
Il est vrai que, du temps de Philippe le Bel ou de François 1er, on pendait, décapitait ou brulait quelques créanciers notoires, qui avaient eu la maladresse de trop prêter à l'Etat.
En plus d'effacer de manière simple et efficace une partie de la dette, cette saine et prompte justice amenait les spoliés à plus de discrétion dans leurs protestations.
Je connais l'éternel argument des Fitoussi et consorts : nous sommes vachtement plus intelligents et sophistiqués que nos ancêtres, nous ne ferons pas les mêmes conneries.
Nous en reparlerons.
«Si tu a le temps, lis Stalingrad et Berlin d'Antony Beevor»
RépondreSupprimerDéjà fait. Mais merci quand même du conseil.
Qui sont les créanciers de l'état ?
RépondreSupprimerj'avais lu que le plus gros venait des assurances vies et autre produits destinés a fournir un pécule suplémenataire pour la retraite.
On remarque que personne ne s'est posé la question d'une solution alternative au sauvetage étatique. C'est que l'on considère encore l'activité bancaire comme un service public. Ainsi que d'autres secteurs (automobile par exemple).
RépondreSupprimerUn service public se définit juridiquement comme une activité d'intérêt général prise en charge par une personne publique, ou par une personne privée sous contrôle de la puissance publique.
Finalement, c'est un peu la conception qu'on beaucoup de français de l'économie toute entière !
@Paul
RépondreSupprimerpourquoi pas : Pour les ménages une banque unique (dépots, carte, épargne) et pour les entreprises des banques privées......Puisque nous sommes déjà en demi-république socialiste accélérons le pas pour les masses et laissons les entreprises en liberté....
Je ne rigole qu'à moitié
«J'ai vraiment la trouille : nous sommes à l'étape finale d'un processus d'infantilisation de la société par les hommes de l'Etat»
RépondreSupprimerC'est vrai.
J'ai commencé à constater cela avec les emplois-jeunes (il y a environ 5 ans au moins) qui protestaient/défilaient pour que l'Etat leur trouve un boulot après ce type de contrat...
D'un point de vue symbolique, c'était... affolant.
Ils ne trouvaient pas d'emploi initialement par eux-mêmes : retour dans le giron de l'Etat-maman.
Ils ne reconnaissaient pas le fait qu'ils ont eux-mêmes voté pour un emploi limité dans le temps = (symboliquement) ils ne reconnaissaient pas la valeur de leur propre signature : refus de l'autorité et de la loi (du père) = retour dans le giron de l'Etat-maman.
Bref, une sorte de défilé sous forme de suicide.
Comme l'écrivait Michel Schneider : Big Mother.
« pourquoi pas : Pour les ménages une banque unique (dépots, carte, épargne) et pour les entreprises des banques privées...... »
RépondreSupprimerSi cela évite aux banquiers irresponsables de se croire à la tête d'une fortune qu'ils croient être la leur : pourquoi pas effectivement, une solution pourrait de segmenter encore plus les banques. Cela réduirait le volume financier des banques d'affaires et ils devraient y réfléchir à deux fois avant de jouer avec un argent qui n'est pas le leur.
Bartlette Green,
RépondreSupprimerC'est vrai, mais une proportion suffisamment forte (environ 51 % -source Agence France Trésor) pour faire s'écrouler les cours vient de l'étranger.
De plus, si les cours des OATs s'effondrent, pourquoi les épargnants français continueraient-ils à financer l'Etat ? Par philanthropie ? Je ne vois pas les politiciens comme une classe nécessiteuse ! Par patriotisme ? C'est, une fois encore, confondre l'Etat et la société, l'Etat et le pays.
On peut refuser de financer l'Etat et aimer son pays. Il y a des situations, et je crois que c'est le cas aujourd'hui, où l'Etat est un boulet pour le pays.
Voilà pour le dilemme des épargnants après la banqueroute, continuer ou non à financer l'Etat.
Mais il se peut que le problème ne se pose jamais ainsi. Le premier effet de la banqueroute sur les épargnants sera de les ruiner (l'inflation a le même effet, d'où le nom d'«euthanasie des rentiers» donné à l'inflation d'après-guerre).
Or, on voit mal la ruine des épargnants de la classe moyenne (les vrais riches ont des placements plus diversifiés et sont moins naïfs, il ne leur viendrait pas à l'idée de faire une confiance aveugle à l'Etat) rester sans effet politique.
Il est probable que l'irréconciliable opposition d'intérêts entre stato-dépendants (fonctionnaires, assistés et parasites subventionnés de toutes sortes) et cochons payants (contribuables qui donnent plus à l'Etat qu'ils n'en reçoivent) éclate violemment.
Cette opposition est niée ou passée sous silence par ceux qui ont la parole, car ils sont tous à des degré divers stato-dépendants (évidemment, quand on est du bon coté du manche, on a intérêt à nier l'existence d'un problème). Cependant, c'est bien connu, plus on tient fermement le couvercle sur la marmite, plus l'explosion qui suit est violente.
Il est facile de parier sur la victoire finale des stato-dépendants, ils ont tout : la presse, la police, la classe politique.
Mais les cochons payants ont une arme formidable, l'inertie, le découragement, la perte de motivation : le parasite meurt quand son hôte refuse de vivre.
C'est bien ce qui a amené la fin de l'URSS : non pas la répression et les violences, mais le discrédit et l'aboulie, l'idée de vivre dans un monde terne quand ailleurs il y a de la couleur.
Larry, Paul,
Finalement, vous nous expliquez que les USA sont l'autre pays du socialisme à la française.
Ca me convient assez bien.
Aujourd'hui, tous les pays occidentaux sont socialistes, avec des «Etats-providence» sur-dimensionnés qui vont finir par bouffer la grenouille, une déresponsabilisation et une infantilisation des citoyens (voir par exemple la polémique suisse sur le droit des réservistes à garder leur arme à la maison).
Les Etats asiatiques sont très loin d'avoir commis ce qui, à mon avis, finira par se révéler (ceux qui ont des yeux pour voir le savent depuis longtemps, je parle des autres) notre erreur monumentale.
L'assistanat généralisé est une catastrophe humaine et morale avant d'être une catastrophe économique. N'est-ce pas un proverbe chinois qui dit «si tu veux te faire un ami, apprends lui à pêcher. Si tu veux te faire un ennemi, donne lui du poissson» ?
"J'ai commencé à constater cela avec les emplois-jeunes (il y a environ 5 ans au moins) qui protestaient/défilaient pour que l'Etat leur trouve un boulot après ce type de contrat..."
RépondreSupprimerNormal qu'ils gueulent : l'Etat ne leur avait pas prévu d'assurance chômage.
"Nus allons assister à la faillite planétaire du socialisme" : Hayek, Friedman et Mises déboucheraient du champagne en entendant ces mots. Moi aussi d'ailleurs, même si je n'aime pas le champagne.
Si c'est pour remettre de l'ordre et passer enfin à autre chose, c'est une excellente nouvelle. Mais je crains, avec les politiciens et les démagogues qui nous gouvernent, qu'on se contente d'effacer l'ardoise pour recommencer comme avant.
""Nus allons assister à la faillite planétaire du socialisme" : Hayek, Friedman et Mises déboucheraient du champagne en entendant ces mots. Moi aussi d'ailleurs, même si je n'aime pas le champagne.
RépondreSupprimerSi c'est pour remettre de l'ordre et passer enfin à autre chose, c'est une excellente nouvelle. Mais je crains, avec les politiciens et les démagogues qui nous gouvernent, qu'on se contente d'effacer l'ardoise pour recommencer comme avant."
Faillite, sans nul doute (malheureusement)... par contre, je ne suis pas certain que cette "remise en ordre" soit une si bonne nouvelle que cela ; dans le cas, de la France - mais pas uniquement - le pire est à craindre et l'exemple de ce qui se passe en Guadeloupe est suffisamment éloquent, me semble-t-il...
Je repense d'ailleurs au livre de J. Marseille sur les "crises" françaises qui avaient amenées les réformes à travers les siècles et, franchement, je préférerais ne pas avoir à vivre ce type d'épisodes tragiques même s'il m'apparaît comme de plus en plus inéluctable... sans oublier la chute de la République de Weimar suite (entre autre) aux deux crises des années 20, et ce qui s'en est suivi...