Au procès Colonna, les témoins se contredisent entre eux et par rapport à leurs précédentes déclarations. Ca ne me surprend pas.
Ma surprise est inverse : que l'on attache tant d'importance aux témoignages si longtemps après les faits.
Les phénomènes liés à la mémoire sont très étudiés. Or, ces études me semblent négligées par la police et par la justice. D'ailleurs, il n'est pas besoin d'études très modernes : à partir de considérations sur les aveux extorqués sous la torture, Montaigne généralisait sur la fragilité du témoignage humain.
Les témoignages précoces sont déjà peu fiables, les témoignages tardifs devraient être exclus.
On sait très bien que le temps qui passe peut engendrer de fantastiques divergences. Nous sommes bons pour retenir des faits généraux, le 12 avril 1963, Monique a rencontré Robert, pas des faits précis, la couleur de la nappe, le nombre de verres sur la table.
Quelqu'un qui a vu une voiture bleue peut déclarer en toute bonne foi des années plus
tard que c'était un camion rouge.
Alors, comment un témoin peut-il affirmer dix ans après les faits que l'homme entrevu dans la pénombre était ou n'était pas Ivan Colonna ?
Surtout, dans un cas aussi important, à force de repasser les images dans sa tête, un témoin peut s'auto-persuader, éliminer le doute, devenir avec le temps plus convaincu qu'il n'était initialement.
Ca n'a pas de sens.
Je sais bien que l'on s'accroche aux témoignages faute de mieux. J'espère que les jurés auront la sagesse d'être très critiques vis-à-vis de ces témoignages tardifs.
Et, si le doute doit bénéficier à l'accusé, qu'il en soit ainsi ; et pourtant, Dieu sait si je déteste la cause, les méthodes, les valeurs, que représentent Ivan Colonna, qui est un prototype de fermeture intellectuelle, d'autisme culturel.
Je crois qu'il s'agit surtout d'un procédé de défense : compliquer un dossier à l'exces. Demander des compléments d'enquête à tout va, sortir des témoins tout frais du jour qui se contredisent, multiplier les recours, les déclarations à la presse, les actes de procédures. Le but est de lasser l'opinion publique, instaurer de la confusion jusqu'à ce que le pouvoir politique en vienne à se demander si le jeu (rendre justice) en vaut encore la chandelle.
RépondreSupprimerla justice étant aveugle, les témoignages oculaires sont absurdes.
RépondreSupprimerVoila ma contribution à ce procès qui va mal finir...
Certes, mais rappelons cependant que lorsqu'un témoin est appelé à témoigner à la barre, les jurés (pardon les juges, il n'y a pas de jurés devant la cour d'assise spéciale) ont également devant eux le témoignage initial recueillis dès le début de l'enquête et encore frais : ils ont tout loisir de voir si le témoignage a changé etc. Ce n'est donc qu'un élément parmi tant d'autres, et cela permet justement de donner un éclairage, positif ou négatif, sur des témoignages recueillis à l'époque des faits et versés au dossier.
RépondreSupprimerAutre point : on entend de ce procès que ce qui nous est rapporté en 2 minutes par la presse, et pas l'intégralité de ce qui s'y déroule 8 heures par jour. Les journalistes se doivent de raconter une histoire, de saisir les 5 minutes de la journée qui sont les plus "intéressantes" pour un résumé au journal télévisé. Au final ce n'est pas l'opinion publique qui juge, ce sont les juges de la cour d'assise spéciale, au vue de l'ensemble des éléments et pas des 5 faits isolés rapportés par la presse. Il est sûrement un peu dommage que ce ne soit pas un jury populaire, histoire de lever toute suspicion de manipulation et de procès politique.
"Le 12 avril 1963, Monique a rencontré Robert."
RépondreSupprimerHein? Quoi? Je proteste! Je n'y suis pour rien! Je n'étais pas là! J'ai niqué personne! Ou alors, j'étais bourré...
Bob,
RépondreSupprimerInutile de nier, on vous a vu. On a des photos compromettantes (quoique nous vivons dans ce monde étrange où une photo avec P. de Villiers est considérée comme plus compromettante qu'une photo de partouze).