La France est plus qu'à demi une URSS : : 55 % du PIB vient de l'Etat, plus de la moitié des adultes touchent leur revenu principal de l'Etat.
Comme l'URSS et pour les mêmes raisons, l'Etat français est impossible à réformer, trop de gens ont intérêt à s'opposer à la moindre tentative d'évolution, même du plus pur bon sens (voir les manifestations grotesques des enseignants-chercheurs). Le système est trop fort et trop répandu.
L'Etat français a donc le choix entre l'écroulement ou la continuation sans changement.
Bien sûr, beaucoup de signes pointent vers l'écroulement : la combinaison de la crise et du vieillissement de la population crée un mur de dettes impressionnant.
Mais il reste à l'Etat des armes pour éviter à la fois l'écroulement et la réforme : l'inflation et l'augmentation des impots.
Bien sûr, l'usage de ces deux armes est extrêmement difficile, mais, la panique aidant, je ne doute pas que les technocrates feront encore une fois la preuve de leur néfaste imagination en la matière.
Si, en 1975, on avait dit aux «experts» : «Ceci est le dernier budget en équilibre. Pendant les 40 ans qui viennent, l'Etat français sera systématiquement et significativement en déficit», pas un n'y aurait cru.
L'écroulement ne me paraît pas l'hypothèse la plus probable. Mon scénario favori est «le parasite tue son hôte». A force d'inflation et de taxes, la spoliation des épargnants et des entreprenants sera radicale, mais l'Etat, les hommes de l'Etat et leurs assistés ne feront aucun effort, subiront des peines insignifiantes.
"Si, en 1975, on avait dit aux «experts» : «Ceci est le dernier budget en équilibre. Pendant les 40 ans qui viennent, l'Etat français sera systématiquement et significativement en déficit», pas un n'y aurait cru."
RépondreSupprimerObservation fort pertinente.
On ne réalise pas la force de l'habitude et de l'inertie dans les situations historiques. Quand on regarde en arrière, c'est "normal" d'être en déficit, puisque "ça a toujours été comme ça". Mais si on regarde rétrospectivement en avant, cela devient monstrueux.
Le pendant optimiste de cette constatation (je me force, je me force... je fais mon petit Trichet), c'est que des changements à la fois positifs, considérables et difficiles à imaginer aujourd'hui sont possibles pour l'avenir.
pour une fois, je suis en accord total avec R.Marcenoir ce qui lui donne doublement raison quand il écrit : "c'est que des changements à la fois positifs, considérables et difficiles à imaginer aujourd'hui sont possibles pour l'avenir."
RépondreSupprimer@Robert Marchenoir :
RépondreSupprimeron peut faire la même constatation sur l'inflation : il appairait totalement normal aujourd'hui d'avoir 2 ou 3% d'inflation en continue sur des dizaines d'années (2 ou 3 % avoués en tout cas). On oublie qu'on a eu avant des décennies de non inflation voire de légère déflation. Du coup on dit "un bien immobilier double tous les 20 ans" comme si c'était une réalité immuable.
@Franck Boizard
Quand vous dites que l'Etat a l'inflation et la hausse des impots comme arme contre l'écroulement, on pourrait aussi dire que ces deux armes sont de puissants moteurs sur la route de l'écroulement. L'écroulement serait donc inéluctable, la question étant surtout le "quand".
1) une majorité de Français est comme tu dis bénéficiaire de la redistribution (et/ou de réglementations).
RépondreSupprimer2)Édouard Balladur a dit récemment :
Quand on dit il faut une réforme en général en France on a tendance à penser que la réforme ça veut dire un avantage supplémentaire pour une catégorie qui en réclame.
3) Kervasdoué a dit aussi récemment à propòs du déficit de la Sécu :
Attention, un euro de déficit est un euro dépensé, est un euro qui va dans la poche de quelqu'un.
4)Le régime politique en France est la démocratie majoritaire. (plus des groupes de pression/nuisance bien établis)
4)Conclusion?
@Larry
RépondreSupprimerCe n'est pas une majorité de français qui est bénéficiaire de la redistribution, c'est une quasi totalité. Bien fort celui qui saura peser qui est bénéficiaire net, et qui est perdant net. Surtout que ca fonctionne dans le temps, sur toute une vie : vous pouvez être bénéficiaire à telle époque de votre vie, et perdant à une autre. Le système est conçu comme cela.
Le RMIste est bénéficiaire de son allocation, mais le pharmacien est bénéficiaire de législation contraignante qui empêche un concurrent de s'installer en face de chez lui ou à la grande surface de vendre les mêmes produits. Le médecin est bénéficiaire de son numerus closus. Le paysan de la PAC. Le producteur de banane antillais des droits de douane sur les bananes sud américaine. Le major du disque de la protection de son business model par voie législative. Le fonctionnaire de sa sécurité de l'emploi. Le retraité d'une pension payé par des cotisants doublement ponctionné par rapport aux cotisations qu'il a lui meme versé. La grande surface est bénéficiaire de loi anti concurrentiel. Le patron de startup d'exonérations diverses et de crédits d'impot. La famille nombreuse d'allocations familiales.
Tout le monde touche. Partout. A tous les niveaux.
S'il faut casser ce système, ce n'est pas tant parce que certains seraient bénéficiaires au détriment des autres : c'est quasi impossible cerner, et ce par dessein.
S'il faut casser ce système, c'est justement parce qu'il est faussement redistributif, et que la fonction redistributive est là pour masquer le contrôle toujours plus omniprésent de l'Etat sur nos vies. a travers toutes ces actions de protections des acquis des uns et des autres et des redistributions diverses.
Prendre via l'impot aux 80% les plus riches pour donner au 20% les plus pauvres n'est pas un probleme en soit pour les libéraux. Ce qui leur pose un probleme, c'est de prendre aux 80% les plus riches pour donner aux 80% les plus pauvres, ce qui signifie pour la majorité des gens, leur prendre leur richesse pour leur redonner ensuite. Entre le moment ou on leur a pris et le moment où on leur a redonné, le choix, la liberté de choix des individus a été spoliée.
Est ce que l'Etat Providence c'est taxer les riches pour redistribuer aux plus modestes ? Ou spolier tout le monde sous couvert de redistribution ? Si on dit aux gens qu'il faut privatiser le secu, la plupart pensent que les gens seront plus capables de payer pour leur santé, parce qu'on leur a fait croire que ce n'etait pas eux qui payaient pour leur santé. C'est évidemment faux pour la très grande majorité d'entre eux : un couple gagnant deux salaires de 1148 € net par mois pendant toute sa vie (aucune augmentation de salaire) aura cotisé à l'assurance maladie ... un peu plus de 400 000 €.
La redistribution, c'est un mirage du modèle francais. Regardez ce tableau (chiffres insee) :
http://yfrog.com/3grepartitionj
A l'exception des tres pauvres qui voient leurs revenus multipliés par 1,5 (mais c'est pas difficile vu que leur revenus sont tres faibles), le 2eme décile (les gens entres 10 et 20% les plus pauvres de france) ne voient pas leur revenu changer. Les 3eme, 4eme et 5eme décile voient leurs revenus augmenter de 15 à 20 % après redistribution, les 6, 7 et 8eme decile voient leurs revenus inchangés. Le 9eme décile voit son revenu amputé de 7% et les 10% les plus riches sont amputés de 15% de leurs revenus. Et pour faire ce transfert somme toute assez limité, l'état prélève et redistribue plus de 60% de la richesse créée !!!!
La redistribution c'est un pretexte. La vrai raison c'est le pouvoir de l'Etat. Le résultat, c'est la perte des libertés et de la propriété des individus.
N'est ce pas la démonstration la plus édifiante que comme le disait Bastiat, "l'État, c'est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde" ?
Bonsoir,
RépondreSupprimerLa question du quand me paraît la plus pertinente, car, je suis les commentateurs précédents, toutes augmentations des impôts ou inflation conduiraient inéluctablement à la ruine.
Sans doute l'évolution du taux d'intérêt payé pour s'endetter permettra-t-elle de savoir quand il faudra liquider nos avoirs.
A ce propos, je vous mets le liens vers une étude intéressante qui montre les dangers - dans le cadre d'un état en banqueroute - de l'assurance vie.
dette francaise et assurance vie
Cordialement
@st
RépondreSupprimerTu as raison de citer Bastiat pour décrire les conséquences générales de la redistribution. Avec son génie propre, il a vu le développement futur de ce qui ne faisait que s'esquisser à son époque.
Par contre je ne pense pas que les transferts de riches vers pauvres et les découpages par déciles que tu cites soient une bonne façon de décrire le phénomène.
Il y a divers types de redistribution dont les principaux sont les transferts sociaux, les subventions directes au sens le plus général, les consommations de services très subventionnés comme l'éducation, la santé, le logement pour certains, etc..
Tu noteras que dans ta liste de bénéficiaires il manque le gros des troupes du secteur privé.
Il y a aussi un vaste transfert des pauvres vers les riches. Ainsi un haut fonctionnaire dans un poste bidon est un riche subventionné à 100%. Des membres riches de professions directement protégées de la concurrence ou exerçant dans des secteurs protégés ou subventionnés sont ainsi eux mêmes fortement subventionnés.
Des travailleurs pauvres exclus d'avantages liés à des minima sociaux par effet de seuil, non imposés sur le revenu, sont fortement taxés sur leur consommation et les prélèvements sur ce qu'ils coûtent à leur employeur qui est en fait leur vrai salaire. Etc.
La fonction publique et assimilée, financée par l'impôt, avec ses modes compliqués de calcul de salaires, de retraites, ses doublons, ses situations spéciales, ses niches, est inextricable.
Tu vois le principe. Inutile de compliquer le tableau.
Je ne pense pas qu'il y ait eu un complot quelconque de "l'État" pour en arriver à cette situation. Cela s'est fait assez naturellement, avec l'assentiment de la majorité, consciente ou pas de la situation générale.
Ce que l'on peut dire par contre c'est que certains sytèmes en place depuis longtemps attirent certains types d'hommes et de femmes. Ils ne s'y trouvent pas par hasard et ne peuvent pas dire qu'ils n'y sont pour rien, que s'ils agissent comme ils font ce n'est pas leur faute c'est la faute au système, etc.
Pour le résultat, tu as parfaitement raison, mais encore une fois la France est une démocratie majoritaire. Il y a pas mal de vérité dans : "les peuples ont en gros le régime qu'ils méritent.".
Et cependant, au milieu des pleurs et des gémissements, la situation n'est pas dramatique. Il y a du gras, beaucoup de gras, littéralement. Le problème de l'obésité est un indicateur. Pour une espèce qui a vécu au bord de la famine pendant des centaines de milliers, des millions d'années, l'accès massif, soudain, à une nourriture abondante et pas chère, c'est Byzance. Ce n'était pas encore le cas au temps de Bastiat.
@Larry
RépondreSupprimer> je ne pense pas que les transferts de riches vers pauvres et les découpages par déciles que tu cites soient une bonne façon de décrire le phénomène.
C'est une façon incomplète, je te l'accorde.
> Tu noteras que dans ta liste de bénéficiaires il manque le gros des troupes du secteur privé. Il y a aussi un vaste transfert des pauvres vers les riches.
Oui bien sur. Tu auras compris comme moi que la liste est infinie.
> Je ne pense pas qu'il y ait eu un complot quelconque de "l'État" pour en arriver à cette situation. Cela s'est fait assez naturellement, avec l'assentiment de la majorité, consciente ou pas de la situation générale.
Là je ne suis pas d'accord.
Je plaide pour la manipulation et le mensonge, et ce n'est que grace a cette manipulation et ce mensonge qu'on a eu l'assentiment de la majorité. Je reprend mon exemple : on cache au couple de smicard qu'il va cotiser pour 400 000 euros à l'assurance santé au cours de sa vie. Il n'en a aucune espèce d'idée, et s'il s'en rendait compte, je ne suis pas sur que le système lui conviendrait autant. Il croit qu'il faut plus d'Etat parce qu'il croit que c'est à son avantage. S'il avait la moindre idée qu'il avait la capacité d'épargner 400 000 euros pour sa santé sur la durée de sa vie professionnelle, lui qui n'arrive pas à mettre un sou de côté ... Comment on lui cache ? via des cotisations sociales obligatoires, eclatés entre charge patronales quasi invisibles (et dont on lui fait croire que c'est son patron qui les prend en charge ce qui est un mensonge) et charges salariales prélevées à la source. C'est un des nombreux mécanismes existant pour masquer la réalité du poids la redistribution dans l'accaparement par la machine étatique de la richesse produite. Il n'y a aucune autre explication dans la création du principe de partition des charges sociales et leur prélèvement à la source que celui de masquer l'ampleur du prélèvement. Ca a été fait sciemment. Et dans cet objectif.
Du coup, l'assentiment de la majorité est un assentiment basé sur de fausses assertions et sur des mensonges. Il ne vaut rien. Et du coup également, il est faux de penser qu'on ne peut rien changer parce qu'il y a assentiment de la majorité. Il y a assentiment de la majorité sur un mensonge. Rétablissons la vérité de l'information, et vous pourrez faire basculer l'opinion.
Il est des mesures simples pour cela (simple sur leur principe, pas simple à mettre en oeuvre tant elles remettent en question un système que la classe politique, l'Etat et les syndicats ne veulent surtout pas remis en cause, car dessus repose la réalité de leur pouvoir). Par exemple, le revenu intégral est une mesure simple, transparente, qui ne change absolument RIEN au financement des caisses de sécurité sociale, assedic et autres caisses vieillesses. Elle consiste simplement à ne plus prélever à la source les cotisations obligatoires, à stopper la dichotomie absurde entre cotisation salariale et patronale car c'est un premier mensonge (faire croire que c'est l'employeur qui paye alors que toutes les charges font partie de la rémunération du salarié), et verser 100% de sa rémunération (brut chargé) au salarié, qui paiera ensuite directement ses cotisations aux différentes caisses (par prélèvement mensuel si ca lui chante, ca n'est pas un problème). Rien ne change a la redistribution, au caractère obligatoire et monopolistique des caisses de prestation sociale. Mais chacun saura combien il gagne réellement, et combien il cotise réellement. Une partie du mensonge levé, soyez sur que l'assentiment de la majorité ne sera plus le même, et notamment concernant les petits salaires.
Moi je veux bien discuter du principe de redistribution dans le débat politique, mais je refuse qu'il soit le faux prétexte à l'étatisation de 60% de la richesse nationale, au nom de transferts de richesses réels insignifiants et incalculables.
Très intéressante intervention de ST:
RépondreSupprimer"Ce n'est pas une majorité de français qui est bénéficiaire de la redistribution, c'est une quasi totalité. Bien fort celui qui saura peser qui est bénéficiaire net, et qui est perdant net."
Je donne mon exemple personnel, qui vaut ce qu'il vaut, mais que je crois significatif.
Etant libéral et grand lecteur d'informations sur les gaspillages de l'Etat, je suis naturellement porté à me croire matraqué par le fisc.
Ayant récemment décidé de prendre le problème à bras-le-corps et d'optimiser les exonérations "offertes" par le fisc (rassurez-vous, rien que de très limité et d'affreusement banal), je me suis aperçu, après des kilomètres de feuilles Excel, de jongleries avec des hypothèses multiples, et de bagarre à distance avec l'esprit malade de polytechniciens pervers, que mon taux d'imposition global, IR + CSG, était somme toute fort raisonnable.
Très proche, en fait, de la flat tax préconisée par la libéraux, et appliquée dans certains pays européens.
(Sauf erreur de calcul de ma part, hein, c'est toujours possible... et c'est pas ces Messieurs de Bercy qui vont m'aider à la détecter.)
Sauf que ce taux réel est totalement invisible, et impossible à atteindre avec certitude à moins de consentir à passer des dizaines d'heures à se plonger dans des chiffres et des règles incompréhensibles.
Donc, l'effet incitatif à la dépense et à l'investissement que procure la flat tax est, dans mon cas au moins, totalement annulé par l'usine à gaz de ponction-redistribution que l'Etat interpose entre le travail du citoyen et sa prospérité réelle.
Ce point est d'autant plus important qu'il réduit à néant l'un des arguments les plus forts des dirigistes: l'effet incitatif des règles fiscales, des subventions, des exemptions.
En fait, l'Etat organise un tel enfumage qu'il est impossible d'y voir clair. Par conséquent, la seule attitude rationnelle, pour les agents économiques, est de demander toujours plus d'avantages spécifiques et catégoriels pour leur pomme: là, au moins, ils seront sûrs que leur situation s'améliorera.
Naturellement, il y a toujours une exception à cette règle: les grandes entreprises ont les moyens de se payer des armées de comptables qui vont faire de l'optimisation fiscale.
Les socialistes, qui prétendent lutter contre "le grand patronat", réussisent donc à emmerder tout le monde, sauf le grand patronat (tout est relatif).
Bonjour
RépondreSupprimerMême si je suis d'accord sur le fond avec votre analyse je voudrais ajouter quelques remarques concernant la comparaison avec l'URSS qui me semble être un peu exagérée.
Je suis née en URSS et j'y ai grandi dans les années 70-80. J'étais à la fac quand l'Union Soviétique s'est écroulée.
Il y a à mon avis deux différences fondamentales qui font que la France est encore loin d'être à moitié l'URSS. Et bien heureusement!
La première est qu'en France, contrairement à l'URSS que j'ai connue, il y a encore de quoi redistribuer;) Que diraient les français si toutes les denrées élémentaires ( sucre, lait, céréales, papier toilette) étaient rationnées? Et si en plus tout habitant de ville ( enfants compris) devait servir de main-d'oeuvre gratuite pour l'agriculture en faillite?
La deuxième différence, et elle est à mes yeux la plus importante, et la propriété privée. La terre, le logement, la santé, l'éducation, bref, tout était propriété de l'Etat en URSS. Les simples mortels pouvaient tout juste considérer que ce qu'ils avaient sur eux et dans leur habitation leur appartenait, et encore ....
Je pense que si en France on avait une idée un peu plus réaliste de ce que ça fait vraiment, la redistribution à la soviétique, surtout quand le système s'écroule, on se bougerait bien plus activement pour éviter à tout prix que ça arrive. Même à moitié;)
Bonjour Anya,
RépondreSupprimerJe profite du fait que nous avons une ex-Soviétique sous la main pour vous poser une question.
Hier, je défendais lors d'une conversation l'idée qu'en France, en matière de logement, nous avons tous les inconvénients de l'Union soviétique sans en avoir les avantages.
Réflexion provoquée par la dernière stupidité gouvernementale pour "aider" ceux qui ont du mal à se loger: interdire les expulsions des mauvais payeurs (déjà très difficiles à obtenir) si un relogement n'est pas proposé (sortie de l'inénarrable Christine Boutin, disant d'ailleurs: c'est fait, c'est valable à partir de maintenant, on va donner des instructions aux préfets: une manifestation de plus du totalitarisme ambiant).
Bien évidemment, la plupart des propriétaires privés encore assez fous pour louer leur bien vont, à l'énoncé de cette mesure, le retirer précipitamment du marché.
Autrement dit, le marché du logement en France est pratiquement nationalisé. Près de 40% (de mémoire) des locataires sont logés par l'Etat, en HLM; et le reste relève de mesures outrageusement défavorables aux propriétaires, imposées unilatéralement par l'Etat, qui peuvent être aggravées sous n'importe quel prétexte, sans le moindre vote parlementaire (comme on le voit avec ces instructions aux préfets).
Mais donner des coups de menton à l'Assemblée n'augmente pas le nombre de logements disponibles, qui est largement insuffisant.
Donc, interdire les expulsions à moins de relogement (forcément fourni par l'Etat: quel propriétaire privé sera assez fou pour louer à un mauvais payeur endurci?) aboutit nécessairement à une expropriation de fait des propriétaires privés.
Au point qu'un dispositif officiel d'indemnisation publique existe, depuis un certain temps déjà, pour ces propriétaires, auxquels l'Etat refuse le concours de la police, mais reconnaît ainsi (sans le dire, bien entendu) qu'il se réserve le droit de les exproprier à tout moment.
Mon propos était donc le suivant: En Union soviétique aussi, le logement était nationalisé (sauf que c'était officiel).
Certes, on n'avait pas le choix de son lieu d'habitation. Certes, on était obligé de partager son logement avec des gens qu'on ne choisissait pas. Certes, l'espace et le confort manquaient.
Mais enfin, on était sûr de trouver à se loger. Et pour pas cher. (Ou gratuitement?) Ce qui est loin d'être le cas dans l'Union des républiques socialistes soviétiques françaises.
Qu'en pensez-vous?
Eh bien, je dirais qu'en Union Soviétique nous avions quelques uns des défauts du système français sans en avoir les avantages.
RépondreSupprimer;)
Les "khrouschevka", sortes de cages à lapins construites dans les années 60 dans les grandes villes étaient des pures merveilles d'architecture néo-dortoir socialiste: en ruine après une dizaine d'années à peine. L'exode rural oblige, des quartiers entiers de ces HLM soviétiques ne suffisaient pas pour loger tout le monde. Alors pour trouver un appartement à louer dans une grande ville c'était galère: un jeune couple n'avait guère d'autres choix que de loger chez les parents. Et les loyers fallait bien les payer. Ils étaient calculés en fonction de nombre de personnes "inscrites" à l'adresse.
C'est vrai qu'en France les propriétaires ont parfois la vie dure: on les traite de méchants capitalistes s'ils osent louer leur bien, on les taxe sans pitié et en plus ils courent des risques terribles d'impayés!
Mais on a le droit d'acheter un bien immobilier, un morceau de terre, de loger où on veut, on n'est pas fliqué en permanence par l'adresse d'attachement pour résidence.
Somme toute, s'il faut choisir entre les deux systèmes, je n'aurai pas la moindre hésitation: je ne retournerai pour rien au monde au système soviétique.
J'ai tout même eu le temps de me faire ma petite idée sur la question du logement en France. Je pense que le système souffre surtout de diarrhée législative généralisée, comme beaucoup d'autres domaines. A la moindre revendication, au moindre incident on cherche à tous prix à opposer une loi. Résultat: les propriétaires sont totalement paralysés, je suis d'accord avec vous, et le marché de location est en panne. A force de vouloir le réguler le gouvernement a semé la zizanie complète: il n'y a plus aucun comportement rationnel des deux cotés, propriétaires et locataires, c'est la panique, la spéculation, tout ce que vous voulez.
Pour ce concerne tout particulièrement la questions des impayés, j'ai peut être un regard un moins radical que le votre. Nous sommes propriétaires d'un logement qui est loué et il nous est arrivé d'avoir des impayés. Pas très grave, quelques mois seulement, et le problème s'est réglé sans qu'il ait besoin à recourir aux mesures fortes. Mais je considère cela comme normal si l'on admet qu'il s'agit d'un investissement sur le marché locatif qui n'est pas un marche sans risque comme le pensent peut être beaucoup de propriétaires. Alors il existe des solutions de couverture, comme dans tout marché risqué : des assurances. Ca coûte mais ça fait partie du jeu. Alors si seulement le marche locatif pouvait être considéré comme un marché risqué, avec ses lois, il y aurait peut être moins de déceptions.
Merci de vos informations, Anya. Bien entendu, il faut prendre mes réflexions avec un grain de sel. A choisir entre le système français et le système soviétique, je n'hésite pas un seul instant.
RépondreSupprimerC'est simplement que les Français ne se rendent pas compte à quel point le marché du logement chez eux est proche du communisme. Voyez Vincent Bénard pour une étude plus approfondie du sujet:
http://www.crisepublique.fr/
Vous avez de la chance de n'avoir eu que quelques mois de retard de loyer. D'autres ont eu des années d'impayés, sans compter les frais qui continuent à courir, les honoraires d'avocat et d'huissier, et l'opprobre public qui s'attache au statut de bailleur.
Louer un logement représente certes un risque, mais ce risque ne devrait pas aller au-delà des désagréments et des pertes d'exploitation induites par l'expulsion immédiate d'un locataire mauvais payeur.
Là où c'est le cas, bizarrement, les locataires trouvent beaucoup plus facilement à se loger...
[Esprit de l'escalier.]
RépondreSupprimer"Alors pour trouver un appartement à louer dans une grande ville c'était galère: un jeune couple n'avait guère d'autres choix que de loger chez les parents." (Anya)
Cette phrase décrit la situation de l'ex-URSS; mais elle s'applique également à la France!... De nombreux parents et jeunes gens français s'y reconnaîtront.
Mon parallèle entre le "marché" du logement en France et le système soviétique était donc bien justifié...
@st
RépondreSupprimerJ'ai hésité - pas très longtemps à vrai dire - à t'écrire un roman sur la théorie économique et les interférences des passions et émotions humaines.
Je m'en tiens à cette citation :
« The liberals of the eighteenth century were filled with a boundless optimism. Mankind is rational, which permits the right opinion to emerge in the end. Light will replace darkness. Democracy with its freedom of thought, speech and press assures the success of the right doctrine. Let the masses decide; they will choose wisely. Nobody would now accept such optimism. »
Ludwig von Mises, Notes and Recollections
Les libéraux du 18ème siècle étaient emplis d'un optimisme sans bornes. L'homme est rationnel, ce qui permet à l'opinion correcte d'émerger à la fin. La lumière remplace les ténèbres. La démocracie avec sa liberté de pensée, d'expression et de la presse assure le succès de la doctrine correcte. Laissons la masses décider, elles vont choisir avec sagesse. Personne n'accepterait aujourd'hui un tel optimisme.
NB : Il y a des employeurs qui éditent des feuilles de paie très claires et très longues, où apparaissent salaire net, prélèvements part salariale et part patronale. La CGT a fait circuler des tracts disant que la somme du tout était le salaire total, présent, social (assurances) et différé (retraite) Personne n'a moufté à ma connaissance. La CGT trouvait ça très bien.
Fais des essais. Va expliquer à des gens que tu penses les plus susceptibles de comprendre. J'ai fait. Après on comparera nos expériences.
@Bob
"Ce point est d'autant plus important qu'il réduit à néant l'un des arguments les plus forts des dirigistes: l'effet incitatif des règles fiscales, des subventions, des exemptions."
Pas d'accord.
L'incitation fiscale marche. Que ce soit avec les résultats souhaités est une autre histoire. Des exemples d'incitations :
Revenus :
Les placements défiscalisés. (épargne placée en vue d'un revenu défiscalisé)
Pourquoi la prolifération des avantages en nature chez les salariés, y compris les stocks options, si ce n'est pour échapper à l'impôt sur le revenu et aux charges salariales
Épargne :
Les placements défiscalisés (bis, l'autre côté de la pièce)
Les investissements aidés.
Dom Tom.
Les lois Besson et compagnie. Pourquoi la prolifération de petits logements locatifs de qualité très médiocre et d'entretien coûteux?
Larry, ma formulation était un raccourci. Je suis d'accord avec les effets que vous décrivez.
RépondreSupprimerA tel point que de nombreuses décisions de placement du grand public sont uniquement motivées par l'incitation fiscale, et vendues comme telles.
Cela vaut aussi pour la consommation: c'est le cas des services à la personne, dont le marché de masse a été créé par l'avantage fiscal. L'absurdité devient patente quand le prix de services en question est annoncé avantage fiscal déduit.
Vous soulignez les effets pervers et imprévus des incitations fiscales. Par exemple, on crée artificiellement une production de logements pour lesquels il n'y a en réalité, au bout d'un certain temps, pas de demande.
Ou bien l'avantage fiscal est en réalité détourné par des intermédiaires qui montent des sociétés pour l'occasion.
Au-delà des cas énumérés qui sont "simples", ce que je voulais mettre en lumière, c'est qu'on arrive très vite à une telle complexité des incitations et désincitations imbriquées, des exonérations, exceptions aux exonérations, et exceptions aux exceptions, que l'effet politique voulu au départ (pour autant que l'on puisse le reconstituer) disparaît complètement.
C'est pourquoi j'ai fait part de ma réaction personnelle d'agent économique. Mettons que mon calcul ait abouti à un taux d'imposition global constaté, IR + CSG, de 20 %.
Si ces 20 % m'avaient été annoncés d'avance par Madame Bercy sous forme de flat tax, avec le message suivant: on te prend 20 % de tout ce que tu gagnes, ni plus ni moins, sans conditions cachées, sans calculs de polytechniciens, sans changements tous les six mois pour faire des effets de manche à la télé, je trouverais ça somme toute fort raisonnable (dépendant de l'usage fait de mes impôts, naturellement).
Mais comme Madame Bercy m'annonce en réalité des taux de 5, 15, 30, 40 %, moins le cours de la Rolex du président, plus l'âge du capitaine, plus cinquante autres taxes diverses et variées à chaque fois que je bouge le petit doigt ou au contraire que je ne fais rien, l'effet induit est rigoureusement inverse. Sur moi. Mais je pense bien ne pas être le seul.
D'ailleurs, comment se fait-il que de nombreux particuliers, ainsi que de nombreuses entreprises, ne réclament pas tous les avantages fiscaux auxquels ils ont droit?
C'est simplement parce qu'ils sont indémerdables. Ou, pire, parce que Madame Bercy va vous dire: ahahaha, mon gaillard, tu prétends à un avantage fiscal légal ? Badaboum, contrôle fiscal.
C'est pas très différent de ce qui se passe en Russie, ou l'Etat peut, du jour au lendemain, faire du chantage fiscal de façon totalement arbitraire envers les entreprises étrangères, et les menacer de fermeture si elles ne s'exécutent pas.
On est d'accord Bob.
RépondreSupprimerCe que nous souhaitons, nous ne l'aurons pas.
Une fiscalité raisonnable, des règles simples et stables.
Porte toi bien.
@Larry :
RépondreSupprimerTu peux publier tous les chiffres que tu veux sur la feuille de paye, ca ne changera rien. Les gens continueront de penser que leur salaire c'est le net qui leur reste et que ce n'est pas vraiment eux qui paye leurs charges sociales. C'est pour ca qu'il ne faut plus prélever à la source, mais verser les sommes aux salariés, et leur faire signer le chèque correspondant à leurs cotisations. Il faut que la somme transite par leur compte en banque. Là, et uniquement là, ca les fera réfléchir. Regarde tous les indépendants, les petites commercants, les professions libérales qui sont obligé de faire transiter ces sommes sur leur compte, et de signer les chéques de cotisation, et tu verras qu'ils n'ont pas du tout le meme discours et le meme ressenti, et pourtant ils payent MOINS de charge que les salariés !
Et encore une fois, si ca ne faisait aucune différence, si les gens étaient conscient de ca et volontaire, on aurait pas eu besoin de le cacher, ni de leur mentir en inventant les dichotomie charges salariales, charges patronales. Fais moi confiance : si on cache, c'est qu'il y a une raison. Je le répète : un couple de smicards ne peut pas imaginer une seule seconde qu'il paye lui même tous ses frais de santé via ses cotisations d'assurance maladie, et que peut être même il paye une partie de celles de son voisin. Il ne peut que croire qu'il est en bas de l'échelle et bénéficiaire de la redistribution : il croit que c'est grace a l'etat qu'il a l'éducation et les soins gratuits, alors que c'est avec son argent, uniquement son argent. Il ne le sait pas et avec le discours ambiant et les astuces de présentation et les mensonges du système, on fait tout pour qu'il ne le sache jamais.
Je dois être chanceux puisque sur ma fiche de paie figure tout ce que me pique la mafia étato-syndicaliste : le montant avoisine les 48 %.
RépondreSupprimer