Ces 100 000 morts sont ceux des batailles de France de mai-juin 1940. Pour les replacer sur une échelle, ils représentent un quart de morts américains pour toute la deuxième guerre mondiale, pays quatre fois plus peuplé, ayant combattu 33 mois dans le monde entier. Ou, sur une échelle nationale, un rythme de pertes équivalent à 14-18.
Dans ce livre, l'auteur insiste sur les généraux, qui ont un comportement proche de la traîtrise (Weygand est lui un vrai traître. De Gaulle, président, a bien eu raison de lui refuser le plus catégoriquement des obsèques nationales), obsédés par le maintien d'un ordre, menacé plus par la défaite que par les communistes, au lieu de la défense du pays.
On connaît le témoignage de Marc Bloch, entendant dès le 20 mai des généraux évoquer un armistice.
Des généraux qui veulent faire la police plutôt que la guerre, j'imagine le massacre qu'aurait fait Clemenceau de telles badernes.
Mais Reynaud n'est pas Clemenceau (les médecins sont souvent des gens d'un solide bon sens), Reynaud est un avocat (tiens, comme Sarkozy), qui croit aux discours tout en étant convaincu que les mots n'engagent pas, qui peut défendre une cause un jour et son contraire le lendemain. Qui joue à l'homme d'action mais n'en est pas un, il n'agit pas, il incarne un personnage. Et il est gouverné par sa maîtresse et un mauvais entourage. Beaucoup de points communs avec Sarkozy (Reynaud était également de petite taille !).
Richardot estime également que la continuation du combat dans les colonies était possible, ce qui ne fait aucun doute : Hitler n'a pas pu traverser la Manche, comment aurait-il traversé la Méditerranée ?
Par contre, il néglige l'habileté hitlérienne à manoeuvrer ses ennemis
JP Richardot a fait son ouvrage avec rigueur, mais il utilise la préface et la conclusion pour donner un point de vue plus personnel.
Dans la préface, il dit le scandale que constitue à ses yeux l'oubli de ces morts et il oppose l'Etat jacobin des années 30, figé, sclérosé, paralysé, à la société française.
Et dans la conclusion, bouclant le cercle, il écrit qu'à force de s'être menti sur la défaite, nous sommes sur la voie de la reproduire.
Même si il ne le dit pas, il ne fait guère de doutes qu'il songe à l'invasion islamiste. Aujourd'hui comme hier, les agents de l'ennemi, les traitres (appelons les choses par leur nom) sont d'abord au sommet de l'Etat, nous avons nos Alibert (encore un parallèle frappant : il y a un rejeton Alibert dans l'entourage de Jean Sarkozy), nos de Portes, nos Beaudouin. Ils ne se nomment d'ailleurs pas Amara ou Dati, mais plutôt Schweitzer, Aubry, Royal (1), Chirac, Sabeg, Besson, Bruni (2) ... Tous ces gens qui, une fois encore, ont peur du peuple français, ou le méprisent, et souhaitent que des étrangers viennent à leur secours, au prix de la perte du pays si il le faut.
Je vous copie une page :
Ce qui s'est passé à Bordeaux est une constante du pays à travers le temps.
Chez nous, en France, il y a bien souvent refus du réel et refus de vérifier la réalité, de recouper les faits, d'aller sur le terrain pour voir si ce que l'on a cru, à un moment, si l'hypothèse que l'on a formulée est bien fondée.
Bref, il y a fréquemment rejet de l'information, et rejet de la vérification modeste de l'information.
[...]
La France est un beau pays qui depuis très longtemps se raconte de très belles histoires à elle-même, le soir avant de se coucher.
Et puis, elle se réveille en état de stupéfaction, de drame. Notre pays nie constamment le réel. Mais le réel s'entête. Chassez l'animal, il revient au galop.
Et cela donne Bordeaux 1940, le vertige devant le vide institutionnel que l'on a soi-même créé, la cessation du combat alors que l'on a tous les moyens de le poursuivre de l'autre coté de la mer, aux cotés d'un allié résolu.
Notre pays est la seule démocratie qui ait renoncé à elle-même pour chercher à plaire à Adolf Hitler, afin d'avoir de meilleures conditions de paix le lendemain.
Et le peuple, sur les routes et dans la détresse, n'y a rien compris.
[...] Civilisation réussie, parfois même éblouissante, la France est un Etat raté. [...] Dans cet Etat hypercentralisé, il n'y a aucune ligne de repli au point de vue militaire et politique [et aujourd'hui, éducatif], aucune solution de rechange. Tout est joué avec une seule carte et une seule doctrine. L'imagination est interdite. Les généraux allemands ont plus de liberté d'esprit que leurs adversaires français.
Je trouve que ces lignes s'appliquent très bien au «multiculturalisme», à «l'immigration est une chance pour la France», à «si on "respecte" leur culture, ils finiront bien par s'intégrer». On peut facilement voir ce qu'il en est ; la réalité dément de manière cinglante ces fantasmes qui ne reposent sur aucune analyse de ce que sont réellement un peuple et une culture. Pourtant, les cohortes de ceux qui refusent de voir sont encore nombreuses. L'Etat persiste à soutenir comme au premier jour la doctrine faillie. Et tout cela finira par s'écrouler dans le bruit et la fureur.
Faudra-t-il encore 100 000 morts ? En tout cas, nous boirons le calice jusqu'à la lie.
Mais il ne faut pas pour autant perdre espoir, le pays en a vu d'autres. Ce ne sont pas quelques centaines milliers de barbus, qui n'ont pour eux que leur fanatisme, leur goût de la violence et leur fécondité (ce qui est déjà pas mal), qui vont faire la loi. On nous dit que dans cinquante ans, la France sera à majorité allogène. Mais il peut s'en passer des choses d'ici là.
On ne dispose pas si aisément d'un vieux peuple.
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(1) : les socialistes ont été au pouvoir longtemps, et y reviendront un jour.
(2) : je ne peux m'empêcher d'associer Carla Bruni et Hélène de Portes, même inculture, même snobisme, même extraction bourgeoise, même envie d'en imposer.
Reynaud écrivait en mars 1935 :
RépondreSupprimer"Si la France néglige ses chances (créer une armée de métier), nous verrons l'Allemagne détruire la Pologne, tendre la main à l'Armée rouge, puis la France envahie".
Pas trop mal vu.
Quant à votre Clémenceau, décidément, je ne peux l'encadrer (refus de la paux séparée avec l'Autriche prolongeant inutilement le conflit, dépeçage de l'empire Hasbourg contraire aux équilibres européens, déroulant un tapis au futur Anschluss).
«Quant à votre Clémenceau, décidément, je ne peux l'encadrer »
RépondreSupprimerLes hommes de caractère provoquent souvent des sentiments forts.
D'autre part, Reynaud est l'un des rares hommes politiques de son temps à posséder une solide formation économique (avocat certes mais aussi diplômé de l'École des Hautes études commerciales). Voilà qui aurait pu vous séduire.
RépondreSupprimerDe plus, il est l'un des rares hommes politiques à se rallier à la stratégie des divisions blindées préconisée par le colonel de Gaulle dans son livre Vers l'Armée de métier.
(note Wikipedia)
Ces 100 000 morts prouvent que les soldats français se sont vaillement battus, pas comme leurs dirigeants, sinon ils auraient fait comme le gouvernement : se tirer du champ de bataille la queue entre les jambes.
RépondreSupprimerLe coup de grâce fut donné par Pétain ordonnant l'arrêt des combats. On sait par les archives que des officiers furent abattus par leurs hommes pour avoir voulu poursuivre la lutte.
"les socialistes ont été au pouvoir longtemps, et y reviendront un jour."
Mais ils ne l'ont jamais quitté depuis 40 ans.
Coriolan,
RépondreSupprimerNon, j'ai vraiment du mal avec Reynaud. Son intelligence, indéniable, vous avez raison, est un argument contre lui : qu'en a-t-il fait de cette intelligence ? A quelle bonne décision l'a-t-elle mené ?
Comme Sarko, Reynaud est un tacticien qui se complaît dans les magouilles politiciennes à trois sous. Mais dès qu'il faudrait agir un peu plus loin que le bout de son nez, plus personne.
«Mais ils ne l'ont jamais quitté depuis 40 ans.»
Je suis d'accord.
Je me souviens d'une discussion avec une personne qui me soutenait mordicus que la France n'avait pas perdu 180 000 soldats (environ) durant toute la guerre... comme quoi certaines vérités semblent déranger!
RépondreSupprimerJe suis bien d’accord qu’il devrait être rendu hommage à tous ces mort de 1940. La république française à en commun avec la romaine qu’elle craint les généraux trop brillant mais elle en diffère en ce qu’elle sait bien mieux les mettre de côté. Nous avons commencé 1914 avec une tripoté d’incapable et il a fallu Verdun pour que Pétain émerge et 1940 à débuté de même sauf qu’il n’y a pas eu de miracle de la marne que nos amis anglais ont filé avec l’aide de l’armée française tout de même. Ce qui me fend le cœur c’est quand nos ami anglo-américain font du « french bashing » et laisse entendre qu’on était minable et lâche en 40.
RépondreSupprimerL’armistice en soit n’était pas une mauvaise chose, cela a sans doute facilité le refus de franco de collaborer mais le problème de l’armistice c’est que de compromission en compromission on l’a fait durée au delà du raisonnable.
Ce qui me fend le cœur c’est quand nos ami anglo-américain font du « french bashing » et laisse entendre qu’on était minable et lâche en 40
RépondreSupprimerPas tous
http://www.ericmargolis.com/political_commentaries/getting-to-the-truth-about-world-war-ii.aspx
Le traumatisme de mai-juin 40 et la période qui a suivi sont pour moi très révélateurs des pulsions profondes qui régissent le fonctionnement de notre pays. Vichy est tout, sauf un accident, dans notre histoire et je suis quotidiennement frappé par les analogies qu'on peut faire entre cette période et la nôtre.
RépondreSupprimerJe ne suis cependant pas d'accord avec votre jugement (ou bien est-ce celui de l'auteur) sur Weygand. L'armistice ou la capitulation était à mon sens difficilement évitable (voire pas du tout) tant, en dépit du courage d'une partie de nos armées et de quelques civils, la société était assez décrépie, la classe politique plus préoccupée de préserver sa situation et l'outil militaire en triste état (matériels et haut commandement). Weygand, à mon sens, a bien vite compris l'état de la catastrophe à son retour du Liban le 19 mai 1940 et la quasi-impossibilité de la surmonter tant les erreurs commises ont été importantes (et pas à la seule initiative de Gamelin). Il ne faut pas négliger ensuite le rôle primordial qu'il a joué dans la reconstruction de l'Armée d'Afrique, reconstruction qui a permis à cette dernière de jouer le rôle qu'on connaît à partir de 1943.
Dans un an, nous serons 70 ans après ces tristes évènements. Je souhaiterai, vœu pieu, que nos politiques, et la nation avec, se souviennent du sacrifice fait par ces 100 000 soldats. Vu la médiocrité de nos dirigeants (droite et gauche confondues), j'ai déjà de profonds doutes.
Je retiens surtout un point dont Franck a parlé (mais je crois qu'il a parfois de bonnes lectures !) : l'habileté de Hitler.
RépondreSupprimerJ'estime pour ma part qu'il a trompé tant de monde, si longtemps et si bien (cela dure !) que ses succès ne disent pas grand chose sur le caractère des peuples qu'il a un moment submergés.
Je tente quelque fois des parallèles audacieux et un peu téméraires, mais associer Paul Reynaud et Nicolas Sarkozy, Hélène de Portes et Carla Bruni me tentait trop.
RépondreSupprimerQuant à Weygand, non vraiment, il est impardonnable. L'honneur, la raison d'être, des militaires est de servir (cette phrase vous rappellera quelque chose), et de servir le pays, non une faction.
Par exemple, essayer d'intoxiquer le gouvernement en lui racontant une fausse insurrection communiste à Paris, qu'est-ce d'autre que de la trahison ?
La trahison de Weygand, trouve une explication, non une excuse, dans la faiblesse du pouvoir civil.
Oui, François,
Mais il est possible que vous tombiez dans l'excès inverse : ne pas tenir compte des spécificités des réactions face à Hitler.
Weygand n'est pas à un mensonge près : le 23 mai déjà il prétendait faussement avoir repris Amiens, Albert et Péronne.
RépondreSupprimerOui, François,
RépondreSupprimerMais il est possible que vous tombiez dans l'excès inverse : ne pas tenir compte des spécificités des réactions face à Hitler.
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c'est en effet le risque de ma démarche : en replaçant Hitler, comme il doit l'être, au coeur du processus de décision non seulement allemand mais, grâce à son art de manipuler les gens, mondial, je suis menacé de gommer les spécificités de chaque situation.
Mais il peut aussi arriver que ma culture et mon métier d'historien me préservent de ce travers.
Comment le savoir, si on ne met pas les mains dans le cambouis d'une démonstration... et se contente de généralités systémiques ?!
Tiens, tiens...Obama aussi est avocat...
RépondreSupprimerLa moitié des présidents américains ont été avocats !
RépondreSupprimerPlus j'y pense, plus je trouve intéressante votre comparaison entre Reynaud et Sarkozy.
RépondreSupprimerMais de grâce, n'y mêlez pas les femmes !
Seriez vous misogyne ?
RépondreSupprimerje suis bien connu pour cela !
RépondreSupprimerMais non, je crois justement que les femmes ont une âme, et que ces deux-là l'ont bien différente, alors que pour leurs hommes vous avez mis le doigt sur de vraies similitudes.
Témoin ce portrait de Reynaud par Emmanuel Mönick :
"La retraite, pour un homme public, n'est bonne que si elle ne se prolonge pas. Si M. Paul Reynaud avait été appelé comme ministre des Finances en 1934, il pouvait donner sa mesure : c'était son heure. Ecarté des affaires, il s'est aigri. Il n'a plus songé qu'à imposer son retour. Il a forcé son talent, il n'a plus rien fait avec grâce. Il a durci ses forces; il ne les a plus développées. Lorsque l'heure de l'épreuve est arrivée pour lui, il n'était plus entraîné à porter en souplesse les responsabilités du pouvoir." (Pour mémoire, Paris 1970, p. 30-31)
"Obama aussi est avocat"
RépondreSupprimerLe but d'un avocat est de convaincre son auditoire, pas forcément de dire la vérité.
Bonjour, je permet d'intervenir car on ne sait toujours pas le nombre exact de victimes dans les rangs français durant la campagne de 1940. Voici un copiez collez d'une intervention sur la page de discutions de l'article sur la ''bataille de France'' du Wikipédia :
RépondreSupprimerJ.J. Arzalier dans un colloque de 2000 sur la campagne y fait un bilan des évaluations des pertes des cinq armées concernées (France, P-B, Allemagne, R-U et Belgique). Aucun organisme français ne donne de chiffres officiels sur les pertes françaises, les différents services du ministère de la Défense se renvoyant la balle (Secrétariat d’État aux Anciens combattants, [[Service historique de l'armée de Terre|SHAT]], Direction des statuts, pensions et réinsertions sociale, Office national des anciens combattants, Direction du Patrimoine, de la mémoire et des Archives) et encore en 2000, il doit se résoudre à une liste d’évaluations. Celles-ci varient entre 89 et 120 000 morts et entre 120 et 250 000 blessés. Les chiffres concernant les morts comprennent les prisonniers morts en captivité (30 à 40 000), et les civils (16 000 Français, 5000 étrangers). Enfin, les chiffres donnés, selon cette source, retiennent habituellement d’une part, les morts des premiers combats (septembre 1939-avril 1940, y compris Narvik) et ceux des armées de Vichy (Levant notamment) jusqu’en 1943. Total : environ 60 000 morts ; une autre évaluation du même donne entre 52 et 72 000 tués. Du coup, je pose deux questions :
# quelle source pour les 100 000 tués ?
# quelle décomposition de ce chiffre ?
En 2009, a t on une réponse précise concernant ces questions ?
Je suis en vacances, je n'ai pas le livre sous la main. Je vous réponds à mon retour.
RépondreSupprimerIl est possible que ces 100 000 soient un arrondi littéraire des 89 000 que vous citez.
Voilà un article qui se passe de commentaires inutiles...Bravo de rappeler cet oubli volontaire d'une classe politique qui se rapproche plus de mai 1940 que de l'appel du 18 juin...
RépondreSupprimerla trahison du pays par les politiciens est une constante dans ce pays, la situation actuelle en témoigne.
Voilà 10 ans que j'écris sur cette époque et je me bats contre des moulins à vent.
Continuez comme cela, ensemble, on parviendra peut-être à les faire s'écrouler..
site : http://ha-long.over-blog.com/
site à consulter : TAKEDA SHIMBUN