Vous avez sans doute remarqué que, sur les maisons, les pancartes «A vendre» ont laissé place à des pancartes «A acheter».
Ceci fait partie des micro-tortures, inspirées des usages indiens, que subit quotidiennement la langue française. On transperce la victime de petites flèches dont aucune n'est mortelle, mais dont l'accumulation fait mourir la malheureuse dans d'horribles souffrances.
Car, en Français correct, «A acheter» est une escroquerie : la volonté de vendre est une certitude, d'où l'expression habituelle «A vendre» ; l'achat seulement une possibilité.
Une entreprise diabolique, connue sous divers noms, «communication», «marketing», consiste à pervertir le langage : il était un instrument de vérité entre les hommes, qui pouvait par malheur se transformer en outil de mensonge. Aujourd'hui, on se fait une gloire, et même une conscience professionnelle, de bien mentir et de bien manipuler.
Mais le langage est le seul lien entre les hommes. Pervertir le langage, c'est pervertir les liens entre les hommes. Tout ça pour vendre quelques bricoles.
Il y a certainement un effet marketing derrière cette nouvelle expression, cependant, ne dit-on pas déjà :
RépondreSupprimer- A voir, pour inviter à voir une émission ou une oeuvre d'art qu'il faut voir
- A dire, pour inviter à dire,
- A ne pas manquer, etc.
Dans ces expressions, le verbe suivant le "à" signifie bien une action qu'on invite l'autre à faire, comme dans "à acheter", il n'y a donc rien de vraiment incorrect.
Dans la forme, on est très proche du barbarisme.
RépondreSupprimerSur le fond, c'est une escroquerie.