Le maternalisme est le communisme moderne auquel on a enlevé son élément dur, viril : le productivisme.
Et il a lui aussi inventé un homme nouveau. Non pas l'ouvrier regardant fièrement à l'horizon les lendemains qui chantent, mais la patate de canapé, affalée devant la télévision ou le jeu vidéo. Il est beau, l'homme nouveau ! RMIste chômeur vivant chez ses parents à trente-cinq ans parce qu'il n'a pas «trouvé sa voie» et que le monde il est méchant (alors que la vie de nos aïeux se déroulait sur un tapis de roses), manière hypocrite de dire qu'il est un lâche mollusque, une grosse feignasse qui répugne à affronter la vie et ses difficultés. Mais sa maman l'aime tant, Monchéri-Moncoeur, qu'elle lui pardonne tout. Et papa, ce monstre potentiel d'exigences vis-à-vis du petit être sans défenses, s'écrase.
Là dessus, c'est sûr, on bâtit une civilisation !
Et maintenant, je vous laisse avec Jean Cau :
Comment définissez-vous la morale et le rôle du moraliste à notre époque?
- La morale est comme une esthétique. Je trouve que ce qui est moral est beau et que ce qui est non-moral est laid. Nous vivons une époque qui sacrifie dans tous les domaines à la laideur. A l'abandon, au ricanement, au sarcasme, à la mise en question systématique, à l'avilissement de l'individu et à la déchéance des sociétés. Mon rôle, c'est celui de Cassandre, prophétisant sur les murs de Troie en train de s'écrouler. Ou si on préfère c'est le rôle d'un médecin qui dresserait un diagnostic féroce, sans aucune complaisance. Le rôle du moraliste, c'est de témoigner et de ne pas baisser les bras, de ne pas déserter même si l'armée est en déroute, de rester debout même si tout le monde en ce moment s'agenouille, se met à quatre pattes ou, pis encore, se vautre.
- Des remparts de l'Occident, que voit Cassandre?
- Ce que vous voyez tous les jours. En résumé, nous sommes en train de glisser sur la douce pente de la décadence. Depuis de nombreuses années, nous vivons dans une sorte de volupté de la décadence. Car il y a une volupté de la décadence. Forcément une ascension est toujours plus difficile: il faut avoir des muscles, il faut s'accrocher à la paroi, se plaquer contre la roche, la creuser; l'air se raréfie parce qu'il devient de plus en plus pur; on est de plus en plus solitaire parce qu'on se hisse au-dessus de la masse. Au contraire, il est facile de dévaler une pente, de se laisser glisser. Nous avons vécu une période, qu'on a appelée de consommation, et de consommation déchaînée, pendant laquelle l'Occident tout entier s'est abandonné à la volupté de la décadence comme à une narcose. Nous sommes confrontés à une crise monétaire et financière aujourd'hui, économique demain, et la décadence risque fort d'être plus brutale et plus contraignante.
A partir de cette constatation, tout se dévide comme une pelote de laine et tout s'explique. L'Occident n'a plus de volonté de vie et d'affrontement. Nous assistons partout à une immense démission. Démission des politiques, des intellectuels, des bergers religieux, des pères. L'Occident tout entier démissionne.
- La décadence est-elle un phénomène accidentel, cyclique: arrive-t-il fatalement un moment où toute société, tout peuple passe par une période de décadence?
- Il ne passe pas forcément par une période de décadence: il risque de s'y engloutir ou, en tout cas, de s'absenter de l'histoire pendant des siècles. On a vu des civilisations mortelles comme disait Valéry et bel et bien mortes. Il s'agit de savoir aujourd'hui si l'Occident blanc qui a marché en tête des autres peuples du monde, n'est pas en train de jeter ses armes dans le ruisseau et de se coucher sur le flanc pour mourir. C'est fort possible. Pourquoi un peuple devient-il décadent? Les causes sont lointaines et nombreuses: morales, religieuses, politiques. Il est évident, par exemple, que nous n'avons plus l'idéologie de notre puissance. Les Etats-Unis, la France, l'Allemagne, l'Angleterre passent pour superindustrialisés et comptent paraît-il parmi les Etats les plus riches du monde mais aucun d'entre eux n'a plus l'idéologie de sa puissance. En Occident, on voit s'étaler une énorme puissance rutilante, luisante, grasse de millions de voitures, de frigidaires, d'arsenaux nucléaires mais sans la moindre volonté. Voyez les Etats-Unis d'Amérique, dressés comme un immense colosse dont les parois crâniennes cacheraient un cerveau prodigieusement mou.
Il faut que la volonté de vivre, la volonté de puissance, la volonté d'expansion soient d'abord intellectuelles. Il faut qu'elles hantent les motivations d'une société, d'un peuple ou d'un individu. Faute de quoi, les peuples deviennent décadents et les individus esclaves.
- Et quand un homme animé de cette volonté veut la communiquer à son peuple, il est rejeté...
Et ainsi, partout constate-t-on une volonté de tuer les pères. Parce que la logique de la décadence implique la décapitation du père. Qu'il s'appelle Dieu, le chef, le patron, l'officier, le prêtre, le professeur ou le pater familias, le simple père de famille. Ou plus simplement encore, pour ces dames du MLF, l'homme. Il suffit maintenant d'être homme pour paraître aux yeux de certaines femmes une créature maudite. Pourquoi? Parce que le père est symbole de tradition, d'autorité, de virilité honnie aujourd'hui puisque toute décadence est féministe, féminoïde et infantile, bien entendu. Je ne fais là aucune misogynie quelconque mais une constatation étale et tranquille: toutes les décadences se jettent vers la mère. La mère est toute indulgence, tout pardon. Elle est toujours prête à accueillir la contestation des fils, c'est bien connu. Elle est la nourricière, elle est presque la société de consommation aux seins énormes. Et le père que dit-il? Qu'il faut que les enfants obéissent, qu'ils deviennent costauds, qu'ils aient un avenir, qu'ils assurent la garde de la maison, ça s'appelle l'armée, qu'ils assurent la lignée, etc. C'est moins drôle, évidemment, alors on lacère l'image symbolique et l'image sociale du père.
Toutes les décadences sont maternoïdes, maternelles, féminines, féminoïstes et les mères sont impuissantes à empêcher les enfants de dévaster la maison. Les révolutions sont de gigantesques explosions infantiles et féministes: on saccage la maison, on s'empiffre de confitures, on joue au chef.
C'est pareil à chaque révolution: ça commence par une fête lyrique, une fête enfantine, féminine, et puis revient toujours le père. Il s'appelle Bonaparte, Hitler, Staline, de Gaulle, Franco ou Pinochet. Demain, on assistera une fois de plus à un retour offensif des pères et de deux choses l'une: ou bien ils viendront de l'intérieur et ce seront des despotes ou des ordres que nous nous imposerons nous-mêmes ou ils parleront chinois. Ce serait tout de même assez emmerdant d'avoir joué la comédie de la liberté infantile pour se retrouver avec des papas
- Qui est responsable?
- La démocratie évidemment qui est incapable de manipuler les sociétés industrielles. D'abord la démocratie est toute récente: elle a cent ans. Ensuite, rien ne prouve que la démocratie, importée d'Angleterre comme le whisky et les corn-flakes, soit le régime idéal pour de vieux pays césariens comme l'Allemagne, comme la France, comme l'Italie ou l'Espagne. Cette idéologie anglaise n'est pas forcément une panacée pour les autres peuples. La démocratie politique n'était possible que lorsque la société ne l'était pas. Lorsque vous aviez une Eglise hiérarchisée avec son Pape infaillible, ses cardinaux violets, ses évêques rouges, ses curés noirs, avec sa discipline implacable à l'intérieur des villages, des écoles et de la famille sur laquelle régnait le père, bref lorsque l'image sociale du père était intacte et forte, la démocratie politique était possible. Mais quand la démocratie politique prétend se répandre, à la manière qu'on répand des eaux, dans le corps social, c'est fichu. Vous ne pouvez pas introduire la démocratie au lycée, dans la famille, dans les classes maternelles.
La démocratie n'est possible que lorsqu'elle n'existe pas. Dès qu'elle existe et va vers sa logique absolue, elle débouche sur l'anarchie et scelle la mort de la société qui en est atteinte. Rien n'est démocrate: un corps n'est pas démocrate, la nature n'est pas démocrate, une cellule n'est pas démocrate. Une idée, un idéal ou une aspiration peut être démocrate mais une réalité dans sa vérité quotidienne, non. Ou tout se défait et tout finit par exploser. C'est ce qui est en train de nous arriver: nous mourrons de logique.
L'Eglise par exemple se meurt de logique. Elle a pu vivre aussi longtemps qu'elle répandait le message évangélique en rendant à César ce qui lui appartenait et à Dieu ce qui lui appartenait. C'est-à-dire, forcément, au prix d'une certaine hypocrisie qu'impliquent la force des choses et la cohésion des sociétés.
- C'est la démocratie qui à tué Dieu?
- La Révolution française plus exactement. C'est au XVIIIième siècle que s'est produite la chute, quand des esprits forts ont décidé de se passer de Dieu et ont sorti la Raison du placard. La Raison a servi le temps qu'elle a pu, alors on a découvert l'Histoire, puis le Socialisme. Tous avatars laïcs et mondains de Dieu. Aucun des grands témoins du XIXième siècle, Auguste Comte, Michelet, Marx, n'a douté un seul instant de l'Histoire. Tous ont cru que l'Histoire allait désacraliser complètement l'humanité et qu'on pourrait danser la danse du scalp sur le cadavre de Dieu.
Et voilà qu'on s'aperçoit seulement que ce n'était pas si simple et que les sociétés qui ont perdu le sens du sacré s'interrogent sur leur raison d'être. Faute de réponse, elles ne savent plus comment fonder la morale et légitimer l'ordre.
On a voulu remplacer Dieu par d'autres totalités mais sans transcendance. On a d'abord voulu substituer à Dieu une totalité immanente: la Raison. Ensuite, on a trouvé une justification de l'aventure humaine dans ce qu'on a appelé la rationalité de l'Histoire. Avec la Grande Guerre et surtout la Deuxième Guerre mondiale et l'apparition du stalinisme, du nazisme, des fascismes, etc. la rationalité et le progrès de l'Histoire tels que les avaient imaginés les idéologues du XIXième siècle en ont pris un rude coup. La dernière utopie, c'est le socialisme, une espèce d'harmonie économique, humaniste, culturelle et patati et patata, qui subira le sort de toutes les utopies: elle basculera dans je ne sais trop quoi.
C'est toute la question: sur quoi va basculer la mort des utopies?
- La Révolution française a pourtant été inspirée par des idées nourries de morale chrétienne?
- Naturellement. Tout s'emboîte et se déboîte parfaitement, comme dans ces poupées gigognes russes; on est passé de Jésus à Rousseau puis aux idéologues du XIXième siècle et aujourd'hui à Georges Marchais, François Mitterrand, qui ne sont rien d'autre que des chrétiens déviés. C'est l'éternelle utopie humanitariste qui se maintient à travers eux.
A cette différence que pendant des siècles, le christianisme avait vécu merveilleusement sa contradiction. Il avait su être l'idéologie, la religion, le discours-alibi de l'Occident. On allait aux Indes occidentales, en Afrique ou en Asie avec un alibi inattaquable. Le christianisme a été la bonne conscience de l'Occident jusqu'au jour où il a voulu coïncider avec l'acte, que Dieu et César soient un seul et même homme.
Cortez était bardé de fer pour aller porter la croix au Mexique. Quelle croix voulez-vous que l'on porte encore quelque part? Elle est en miettes, la croix! Et si certains en portent encore les restes, c'est pieds nus, en gémissant que l'Occident a été coupable de les coloniser, de les dépersonnaliser, de leur ôter leur identité.
La vocation impériale de l'Occident était étroitement liée au christianisme. Sitôt que le christianisme a commencé à s'assécher, nos justifications se sont émiettées. En plus, nous avions des idéologies républicaines, démocrates, etc., dont nous avons voulu vivre les vérités et les peuples coloniaux nous ont pris au mot: "Puisque nous sommes tous républicains, libres, égaux, frères, socialistes, etc., au revoir messieurs! Voici votre casque colonial et vos révérends pères et bonjour chez vous! ". Du jour où les bourgeoisies marchandes ont fait de l'argent le bien suprême, le monde est devenu une sorte de souk où toutes les valeurs sont pesées au poids de l'or.
L'avènement du mercantilisme a répandu une sorte de fureur de posséder le monde au sens matériel du mot et a éclipsé une vision plus exigeante, plus élitiste, plus héroïque, plus difficile de la vie. Avant nous, Rome et Athènes et d'autres civilisations encore avaient connu ce phénomène lié à l'abandon des anciennes valeurs.
- Chaque civilisation porte-t-elle à sa naissance les germes de sa destruction?
- En tout cas, elle semble se comporter comme un organisme vivant. On dirait qu'elle a une enfance, une adolescence, une maturité et une sénescence. La sénescence fait parfois illusion parce que rien n'est plus proche du gâtisme que l'infantilisme. Les vieillards sont souvent de grands enfants: ils mangent des bonbons, ils déconnent, ils regardent les petites filles au trou de 1a serrure. D'où l'illusion qu'on nourrit sur notre société: "Regardez la jeunesse! Regardez les enfants!". C'est faux: une civilisation est forte non pas quand elle adore ses enfants mais lorsqu'elles honorent ses anciens. De Moïse au général de Gaulle, ça s'est vérifié cent fois: c'est quand les patriarches marchent à sa tête qu'un peuple est fort, pas quand les enfants cassent la vaisselle.
Ajoutez à cela qu'on ne fait plus la guerre. La guerre redistribuait les cartes, nettoyait les valeurs, saignait les peuples comme au XVIIième siècle on saignait les corps trop chargés de venaisons. Dans cette paix continuée, nous sommes obligés d'accumuler des forces énormes, des arsenaux atomiques. Aux Etats-Unis, en Union Soviétique, en France, en Chine, en Angleterre et, demain, en Inde, en Israël et un peu partout.
Des forces si terribles qu'on n'ose plus les employer et que les peuples ne peuvent plus faire craquer les corsets, faire fuser comme naguère leur volonté de puissance.
Cette paix armée dans laquelle nous vivons ne permet pas de bouger un pion sans risquer de faire sauter la planète. Autrefois, les Prussiens et les Français pouvaient s'expliquer les armes à la main; c'est devenu extrêmement difficile sans déclencher le feu nucléaire qui anéantirait tout.
La violence comprimée à l'intérieur des nations, des collectivités des sociétés, des villes mêmes, explose en guerre intérieure, en prise d'otages, en meurtres, en attaques à main armée. L'épée ronge le fourreau. Notre violence patine sur place, se dévore elle-même. La violence c'est une guerre intérieure que nous nous menons à nous-mêmes parce que nous ne pouvons pas la faire l'extérieur. D'où l'énorme, la prodigieuse violence américaine qui n'arrive pas à s'exporter.
- Comment extirper le mal, autrement dit comment en sortir?
- Je n'en sais rien. Je crois que nous allons vers une crise économique qui va nous faire beaucoup de bien et que j'appelle de tous mes vœux.
Si nous traversons une situation difficile, tragique, peut-être perdrons-nous notre graisse et recouvrerons-nous, en même temps que nos muscles, nos sains égoïsmes. Car ce qui motivera une réaction, ce sera comme toujours l'égoïsme.
Si les Occidentaux étaient sensibles aux affronts politiques, il y a longtemps qu'ils auraient réagi mais le jour où ils seront touchés en un point humblement sensible peut-être appelleront-ils la violence des chefs et même des héros.
Décapant !!
RépondreSupprimerSans forcément partager l'ensemble des points de vue exprimés par l'auteur , je crains qu'il n'est raison sur la perte de valeur et la maternisation de la société.
Ces premiers paragraphes me font penser au livre de M. Schneider Big Mother...
Penser, construire, se blesser à la réalité, que d'efforts et de sueurs... vous n'y pensez pas Franck ...
Cordialement
Maternisation des sociétés développés (et pas seulement occidentales), oui.
RépondreSupprimerMais c’est une nécessité, car la technologie rend la « virilité » très dangereuse. La 2ème guerre mondiale l’a prouvée. Les instincts guerriers, surtout masculin, se défoulent maintenant dans les jeux vidéos. Les valeurs masculines sont dévalorisées, c’est triste surtout si on est un homme. Mais voilà c’est une question de survie.
Nos civilisations, nos valeurs sont menacées de dissolution ? Sans aucun doute. Cela a t’il une importance fondamentale ? Non. C’est la technologie qui fixe les limites et de fait gouverne notre destin. Et dans très bientôt le temps de l’Homme sera révolu. C’est le sens de l’Histoire, c’est comme ça.
JB7756,
RépondreSupprimerVotre commentaire est intéressant et justifié par l'histoire : les promoteurs du maternalisme, les soixante-huitards, sont nés avec Hiroshima et la guerre froide.
Cependant j'ai plusieurs objections :
> si l'on suit votre thèse, le maternalisme ne se justifie nullement en interne de nos sociétés parce qu'il n'y a pas eu de progrès notables des armes de guerre civile (bien que l'usage de la Kalachnikov soit à la mode dans les cités françaises contrôlées par les envahisseurs).
De plus, les sociétés maternalistes sont extrêmement violentes et anarchiques : elles sont gouvernées par le sentiment irrationnel, la pulsion sans frein et le désir sans entraves. Les «Monchéri-Moncoeur à leur mamans» sont des frustrés n'ayant pas appris à surmonter leur frustration qui ne savent qu'exploser.
J'admets cependant que le maternalisme est un tout : si, du fait de la puissance de nos armes de défense, il est nécessaire de vivre couchés vis-à-vis des agresseurs extérieurs pour sauvegarder l'humanité, il faut aussi que les gens soient habitués à vivre couchés en interne.
> «Nos civilisations, nos valeurs sont menacées de dissolution ? Sans aucun doute. Cela a t’il une importance fondamentale ? Non.»
Je m'incris en faux : qu'un Chinois s'en foute de la préservation de la culture française, je le comprends. Mais je ne suis pas chinois, je suis français.
> il n'y a pas de sens de l'histoire et l'histoire est ce que les hommes en font, erratiquement.
> voici mon objection principale. Comme toutes les utopies qui sortent du cerveau enfiévré de nos intellectuels fous, le maternalisme ne fonctionne que si tout le monde s'y convertit.
Comme, bien sûr, ce n'est pas possible, il reste de virils paternalistes (par exemple, les envahisseurs «divers» à l'intérieur, l'Iran à l'extérieur) qui sont prêts à marcher sur les maternalistes qui se sont couchés.
Le maternalisme n'empêche donc pas les violences, il nous empêche juste de nous défendre.
Vous avez une thèse basée sur la première guerre mondiale : deux sociétés guerrières, la moindre étincelle entre eux suffit à provoquer un insupportable carnage. Mais on peut très bien avoir deux socétés guerrières qui se font face sans guerre directe : c'est la guerre froide.
> enfin, je conteste votre lien causal : le maternalisme n'est pas né de la guerre et de son refus, mais de l'absence prolongée de guerre.
@fboizard
RépondreSupprimerLa Guerre Froide, il y en a déjà eu une. Le régime « masculin » a perdu car ces citoyens ne supportaient plus les sacrifices nécessaires à cette lutte sans vainqueurs. Une société militariste qui ne fait pas la guerre, perd sa raison d’être et s’effondre. Pourquoi y a t’il des guerre entre gangs ? Parce que sans guerre ces organisations se dissolvent.
Donc si la technologie rend la guerre non souhaitable, les gens vont naturellement vers la facilité et le plaisir, c’est la nature humaine. Les voyous de banlieues ont la « haine » parce qu’ils se sentent exclus des plaisirs de la société de consommation.
Les sociétés maternalistes sont moins violentes. Suffit d’aller faire un tour en Russie ou dans les pays arabes pour voir la différence (plus de : tortures, corruptions, mafias, suicides, meurtres…)
Vous pensez que l’Homme contrôle son Histoire, c’est bien naïf. Pour moi nous sommes toujours le jouet de la Nature. Et l’Homme n’est pas le but de la Nature, ce n’est qu’une étape.
Je suis proche des idées sur la Singularité technologique : le progrès biologique puis technologique suivent la même courbe exponentielle. Tout est lié et notre histoire est guidée par une loi similaire aux lois physiques. L’Histoire a donc un sens inflexible même si on sait pas ou elle peut aboutir. La 2ème guerre Mondiale dans ce processus n’est qu’une anecdote.
Le progrès technologique va rendre autonome nos machines mais va aussi changer physiquement la nature de l’Homme. D’ici 50 ou 100 ans l’humanité telle que nous la connaissons aura disparu ainsi que tous les repères culturels liés. Il n’y aura plus ni français, ni chinois, ni hommes, ni femmes sans pour autant que l’on soit tous morts.
On peut trouver ces idées absurdes ou monstrueuses (elles sont peu répandu en Europe mais plus communes aux USA et au Japon). Moi qui ait une culture scientifique cela me semble probable et logique et donc j’y adhère froidement. C’est vrai que les littéraires qui comprennent généralement rien à la technique peuvent se sentir largué.
Un jour prochain vous aller décrocher votre téléphone et vous aller sentir l’intelligence dans la Machine. La vous saurez que les choses vont changer. En fait si vous parlez anglais je vous conseille d’aller sur ce site pour voir une vrai IA à l’œuvre : http://www.smartaction.com/
Singularité technologique : http://fr.wikipedia.org/wiki/Singularit%C3%A9_technologique
«Vous pensez que l’Homme contrôle son Histoire»
RépondreSupprimerJe me suis peut-être mal exprimé : l'homme «fait» mais ne «controle» pas.
Il agit, mais sans maitriser en aucune façon les conséquences.
Je ne vous suis pas opposé : je considère que les mœurs modernes résultent de la contraception (changement des rapports à la procréation) et des progrès de la médecine (changement des rapports à la mort et à la finitude).
RépondreSupprimerCependant, on est libre de ne pas aimer le monde qui se fait sous nos yeux : il est d'une vulgarité et d'une laideur terrifiantes.
La démocratie, c'est le règne du mauvais goût, Tocqueville le pressentait. Nous ne reverrons plus de Michel-Ange.
Il y a aussi une hypothèse qui contredit la vôtre : que la société technicienne ne soit pas viable (elle ne fait pas d'enfants) et que ça ne reste que les sociétés arriérées, qui elles font des enfants. Demain, nous serons tous Africains ?
@fboizard
RépondreSupprimer> Il y a aussi une hypothèse qui contredit la
> vôtre : que la société technicienne ne soit
> pas viable (elle ne fait pas d'enfants) et que
> ça ne reste que les sociétés arriérées, qui
> elles font des enfants. Demain, nous
> serons tous Africains ?
La finalité de la société technicienne c’est la Machine. Quand la Machine sera devenu autonome (cad pourra se construire et évoluer seule), peu importe le sort des humains. Il est probable que l’espèce animale humaine disparaîtra plus ou moins rapidement. Toutefois probablement pas dans un scénario à la Terminator mais plutôt parce que nous même nous deviendrons des machines (infiniment plus perfectionnés que nos machines actuelles bien entendu).
Je vous conseille la lecture des ouvrages de Raymond Kurzweil. Ingénieur du MIT, il a lancé plusieurs produits et firmes. Ainsi il est l’inventeur des synthétiseurs électroniques qu’a utilisé en son temps Jean Michel Jarre. Il a aussi mis au point les premiers OCR (scanner avec reconnaissance de caractères) avec sa société scansoft. Il conseille aussi le gouvernement américain.
Son dernier livre date un peu (2005) car entre temps de nouvelles percées ont été accomplis mais on ne fait pas mieux pour l’instant en terme de vulgarisation (à coté les trucs d’Attali c’est de la m…).
Références : The Singularity is Near : when Humans Transcend Biology
Il y a aussi une traduction française: Humanité 2.0, La bible du changement (mauvaise traduction, le livre est bourré de termes techniques et les traducteurs ont été à la peine)
http://entretiens-du-futur.blogspirit.com/archive/2007/12/02/humanite-2-0-la-bible-du-changement.html
Bref vous vous rendrez compte que tous les problèmes actuels ne sont pas les vrais problèmes. Le problème pour nous humain c’est comment allons nous négocier ce virage technologique et évolutif qui est maintenant très proche.
Je reviens de Syrie et je peux vous affirmer que cette société est beaucoup moins violente que la société française (c'est d'ailleurs la même chose en Egypte). Je ne sais pas à partir de quelles sources vous qualifiez ces pays "patriarcaux" de violent, je pense que vous n'y êtes jamais allé. En outre, d'un point de vue politique, il me semble que le pays le plus agressif du monde est les états-unis, soit le pays féministe par excellence...
RépondreSupprimerLes sociétés maternalistes favorisent une violence anarchique, extrême et sauvage par laxisme, faute de répression des instincts violents dès le plus jeune âge (les chers petits ont une excuse pour être violents : ils sont fatigués, ils ont été provoqués, ils ne pensaient pas à mal, etc ...)
RépondreSupprimerLes sociétés paternalistes (cf Sparte) favorisent une violence organisée.
Toute société a une forme de violence, mais vous avez raison, les sociétés féministes sont probablement à terme beaucoup plus violentes, faute d'ordre.