Pas grand chose à ajouter, je suis globalement d'accord. Tout juste puis-je préciser que si internet prend une telle liberté, c'est que les élites se sont complètement coupées du peuple.
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Comme la colonne d'une tornade, le tourbillon médiatique poursuit maintenant son chemin aveugle vers d'autres victimes. À qui le tour ?
Voici venu le temps des humoristes, l'époque où Stéphane Guillon remplacera définitivement Raymond Aron. Ainsi le veut la folie médiatique qui déploie chaque semaine sa démentielle cohorte de faux débats qui appellent la dérision.
Jugez-en par vous-mêmes : en quelques mois, il nous a fallu, séance tenante, nous prononcer sur des sujets aussi divers que les montres de Julien Dray, l'Hadopi d'Albanel, le travail du dimanche, le financement des cancres, l'avenir de Polanski, le passé de Mitterrand, la main de Thierry Henry, la castration chimique, le Goncourt de Raoult, les Auvergnats d'Hortefeux, la nation de Besson, le Corrézien de Chirac, les minarets de Suisse, la terminale de Chatel, le clip de l'UMP, les musulmans de Morano, le drame européen de Rachida, les médecins de Johnny, le pseudo-traité de Copenhague, le grand emprunt de Sarkozy, la burqa de ces dames, la béatification de Pie XII, j'en passe et peut-être même de meilleures ! Comme disait Coluche : jusqu'où s'arrêtera-t-on ? Le plus grotesque, c'est que dans tous les cas de figures, nous sommes sommés d'avoir de toute urgence une opinion ferme et définitive, de prendre parti, si possible avec la plus grande véhémence, afin de hurler notre indignation, fût-ce dans la méconnaissance la plus complète des «affaires» qui défilent devant nos yeux ébahis. Le sommet fut sans doute atteint avec l'ignoble lynchage, d'abord médiatique puis bel et bien physique, du médecin de Johnny, Stéphane Delajoux. Trop charmant et talentueux pour être honnête aux yeux de procureurs jaloux, il fut jugé, condamné et exécuté dans l'ignorance la plus totale du dossier médical auquel nul n'aura eu si peu que ce soit accès. Répugnant. Peu importent les faits, peu importent ses proches, il fallait à tout prix apaiser la foule, trouver un bouc émissaire face au calvaire du vieillard qui fut naguère encore l'idole des jeunes. Comme la colonne d'une tornade, le tourbillon médiatique poursuit maintenant son chemin aveugle vers d'autres victimes. À qui le tour ?
Face à ces déchaînements aussi féroces qu'insensés, quatre leçons s'imposent. La première, c'est qu'à défaut d'avoir le temps d'analyser au fond chacun de ces dossiers - lesquels, au demeurant, sont loin, très loin d'en valoir tous la peine - c'est bien la dérision qui prévaut. Comme ce personnage de Proust, si stupide qu'il doit sans cesse épier les autres avant de décider s'il faut rire ou pleurer pour être comme tout le monde, nous affichons en permanence un brin d'ironie : elle confère aux plus niais un air averti sans engager pour autant à rien. D'où la prééminence, désormais irréversible, des humoristes sur les experts dans le paysage médiatique.
La deuxième leçon figurait déjà dans Pascal : la vraie morale se moque de la morale. Elle est aux antipodes de cette «moraline» aussi facile que funeste dont le tourbillon est désormais le lieu privilégié. Pourquoi ? Parce que l'exigence éthique, la vraie, s'applique d'abord à soi, pas aux autres. Ne nous y trompons pas, l'indignation, si chère à nos nouveaux Tartuffe et si prisée dans l'univers intellectuel, est une passion plutôt médiocre. D'abord parce qu'elle est par essence réservée à autrui, ensuite parce qu'elle traduit bien davantage le désir de faire l'intéressant que le souci réel du bien commun. La troisième leçon, nous la connaissons tous, nous qui œuvrons à des degrés divers dans les médias : c'est que le but ultime de tout ce tapage est bel et bien de vendre du papier ou de l'image, le monde dût-il en crever.
En veut-on un indice ? Voyez la pétition lancée contre la prétendue suppression de l'histoire en terminale S. Étrangement - et sauf erreur, c'est une première ou peu s'en faut - elle émane, non d'une poignée d'universitaires, mais d'un journal qui a compris tout le profit qu'il pouvait en tirer. Ajoutons pour finir le fait que la fabrication d'un maelström serait impossible sans l'Internet, ce formidable accélérateur de particules. Il faut toute la parano de l'antisarkozysme actuel pour ne pas voir qu'il est bien davantage un lieu de conformisme qu'un espace de liberté. Certains prétendent que notre président contrôle la presse et qu'il n'est plus de liberté que sur le Net. Quelle blague ! Jamais président ne fut aussi critiqué. Quant à l'Internet, il fonctionne comme les bancs de poissons dans un film de Cousteau, sans chef d'orchestre aucun pour régler le ballet des rumeurs. Et c'est bien cela, justement, qui le rend inquiétant. Rien là, à vrai dire, qui prête vraiment à rire...
C'est plutôt la presse qui m'inquiète, moi. Entre l'Obamania et le Copenhaguaton, pas un journal pour me rassurer ; les rumeurs d'internet à coté, c'est du pipi de renne !
RépondreSupprimerVous avez parfaitement raison mais, d'une certaine façon, c'est déjà de l'histoire ancienne : tout le monde sait que la presse est vérolée jusqu'à la moelle.
RépondreSupprimerLes journalistes se prennent pour les gardiens de la liberté. Mais il n'y a plus qu'eux. Les autres savent qu'ils sont, surtout en France, les gardes-chiourmes de la pensée conforme. Qu'ils vivent en troupeau bêlant et qu'ils ne sont pas très futés, pour ne pas dire souvent complètement cons.
salut,
RépondreSupprimermerci d'avoir fait suivre ce texte effectivement très juste.
à bientôt
Au passage, la vérole est également présente dans l'éducation nationale, je crois.
"La deuxième leçon figurait déjà dans Pascal : la vraie morale se moque de la morale. Elle est aux antipodes de cette «moraline» aussi facile que funeste dont le tourbillon est désormais le lieu privilégié. Pourquoi ? Parce que l'exigence éthique, la vraie, s'applique d'abord à soi, pas aux autres."
RépondreSupprimerEn effet, 1°/ la morale ne consiste pas à "faire la morale" et 2°/ pour beaucoup de gens la morale, ça ne concerne que le cul
Peut-on avoir votre adresse mail Franck?
RépondreSupprimeraetius2008@hotmail.fr
excellent article sinon, Luc Ferry nous avait habitué à pire.