A la fin des années 80, au lycée, nous étions deux camarades à disputer, lui était sartrien, moi camusien. Il y a de heureux hasards : Alphonse Boudard expliquait qu'il avait rejoint la Résistance parce que son ennemi intime dans le quartier était pour la Milice.
Certes, Sartre était plus brillant que Camus, mais où cela l'a-t-il mené ? Cette aisance supérieure à manier idées, concepts et mots l'a-t-elle conduit à une meilleure analyse ? Que nenni, l'intelligence est chose fugitive. Il ne suffit pas d'épater le germanopratin pour avoir raison. Avec le recul, on s'aperçoit que Camus tient bien mieux la route que Sartre.
Camus a été un vrai résistant. Sartre a joué au résistant (de la dernière heure). Parmi mille faits, celui-ci dit bien la différence entre les deux.
Les années de jeunesse sont des années de formation. Elles marquent. J'ai eu la chance d'avoir de bons maîtres et de saines lectures, c'est-à-dire des lectures exigeantes. Je comprends, à ce qu'on me raconte, que de moins en moins d'élèves de l'école publique ont cette chance et je le regrette amèrement.
Il y a longtemps que je n'ai pas ouvert un livre d'Albert Camus, peut-être vingt ans, les œuvres de Camus dans la Pléïade sont quelque part chez mes parents.
Pourtant, j'en garde l'empreinte. Je dois à Camus une bonne part de ce que je suis intellectuellement.
Un fasciste ?
RépondreSupprimerSalut Franck,
RépondreSupprimerje partage ton admiration et ton goût pour Camus. J'ai été marqué, à 19 ans, par la lecture du Mythe de Sysiphe.
Je l'ai relu il y a peu. Et je le relirai encore. C'est une pensée puissante, exprimée dans une langue merveilleuse.
à bientôt