On sait que les systèmes politiques sclérosés ne se réforment pas : ils vont jusqu'au bout de leur logique, puis s'écroulent.
Nous assistons à ce phénomène en France : le pays crève de trop de socialisme et que proposent nos politiciens ? Supprimer le bouclier fiscal, c'est-à-dire encore plus de socialisme.
Ca me fascine. Car c'est une chose de lire ces phénomènes d'inexorable décrépitude dans des ouvrages érudits, c'en est une autre de le voir en vrai. J'ai l'impression de me retrouver en 1788, en 1870, en 1938, en 1957.
Je suis victime de l'hypnose de la vigie du Titanic face à l'iceberg.
Comme l'histoire semble se répéter, je peux décrire les étapes qui viennent (1) :
> encore plus de petits pas et de grosses ficelles, d'augmentations d'impots et de baisses des prestations, mais aucune vraie réforme. Encore plus d'assistanat et d'euthanasie des entrepreneurs (2).
> la ruine progresse, puis un jour, comme la mer se retire, les créanciers rechignent à financer l'Etat français. Aussitôt, il se trouve des politiciens pour nous rassurer sur nous-mêmes : tout ça, ce n'est pas de notre faute, nous ne sommes pas responsables, nous sommes de bons petits gars, victimes de méchants spéculateurs. Non, notre situation n'a aucun rapport avec le fait que nous vivons au-dessus de nos moyens depuis quarante ans. Un ou deux politiciens essaient bien de tenir un discours «du sang, de la sueur et des larmes», mais ils sont rabroués par la bien-pensance.
> malheureusement, quel que soit le discours lénifiant, la réalité est là. L'Etat ne peut plus payer les missions régaliennes et les faux droits. Bien évidemment, on commence par rogner sur les missions régaliennes parce que, contrairement aux faux droits, elles ne touchent pas à des clientèles électorales.
> l'anarchie s'installe. Un pouvoir qu'on croyait fort s'avère soudain très fragile, les requins en profitent. Chacun commence à limiter son horizon, à restreindre son cercle de confiance, à se replier sur sa communauté. La classe politique, touchant le fond du discrédit (mérité), est balayée.
> Jusqu'à ce point, nous sommes dans le prolongement du présent. Maintenant, l'histoire bifurque : établissement d'un pouvoir fort, à la Napoléon, ou dissolution du lien national ?
Nous avons devant nous quelques années difficiles mais passionnantes.
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(1) : notons qu'il y a une alternative au scénario de la continuité dans la chute : le thatcherisme.
(2) : je me demande dans quelle mesure les Français sont dupes du prétendu «modèle social français». D'un coté, ils déclarent, dans les sondages, le soutenir. D'un autre coté, ils sont d'un pessmisme constant qui tient notamment au doute sur la pérennité de ce système. Quel est le sens de louer un système dont on croit qu'il ne va pas durer ?
Entre deux, une nouvelle crise financière, un peu plus forte que la 1ère pourrait accélérer le scénario mais en effet le décor est planté.
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