Livre étrangement poétique. Qui a d'ailleurs été primé.
A travers une série d'évocations, autour de la guerre de 14 et du printemps 1940, mêlant des artistes et son histoire familiale, Michel Bernard cherche des traces de ce que peut être la corps de la France. On croise Maurice Genevoix, Jehan Alain, Léon Werth, les fantômes de Landowski ...
La simplicité de ce livre est redoutable : il ne donne pas de prise aux insultes habituelles de la bien-pensance et, pourtant, il est une contradiction cinglante de toute la vulgate actuelle qui exige que la France soit une entité abstraite, désincarnée, qu'être Français n'ait rien de charnel.
Par petites touches, il invite à une réflexion sur la fidélité à son pays, cette chose bien oubliée qu'on appelait le patriotisme.
Par exemple, Michel Bernard explique que le 2 août 2014, il sera face à la tombe de son grand-oncle, mort à Verdun (on retrouve le genre de fidélité de Jean Rouaud dans Les champs d'honneur).
Le lecteur se sent inviter à y songer : où serai-je le 2 août 2014 ? Probablement aux Eparges, face à la tombe de Robert Porchon, si je n'ai pas retrouvé d'ici là la tombe du Boizard mort des gaz.
Puis s'enclenchent d'autres questions : où sera Carla Bruni, le 2 août 2014 ? Zinedine Zidane ? Martine Aubry ? Yannick Noah ?
C'est le genre de question qui ouvre un abime sous les pieds des tenants de «l'aFrance d'après».
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