De très nombreux imbéciles médiatiques nous ont expliqué il y a deux ans au début de la crise qu'il fallait s'attendre à un «retour de l'Etat». Je n'y ai jamais cru : d'une part, que signifiait le retour d'un Etat qui n'était jamais parti ? D'autre part, je ne voyais pas par quel mécanisme mystérieux une crise provoquée par un excès d'étatisme (1) pouvait provoquer un retour de l'Etat (2).
En revanche, je vous annonce un retour du devoir.
Nous vivons dans une orgie de droits. Tout le monde veut le maximum de droits et aucun devoir. Je me souviens d'une assistante sociale, à qui je parlais de droits et de devoirs, me reprenant en ces termes : «nous préférons parler de droits partagés». Symptomatique, non ? Mais ces droits, pour la plupart, sont des faux droits, des droits non financés.
Avec la mise sur le sable des Etats sur-endettés, les faux droits vont être financièrement asphyxiés. Dans le même temps, la société va se faire plus dure et plus exigeante. L'amortissement des blessures d'amour-propre et des difficultés de toutes sortes par des subventions et des allocations, c'est fini.
Parallèlement, les efforts demandés vont susciter une soif de justice et donc de vérification que chacun fait son devoir. Les privilèges, les petits arrangements, les passe-droits ne vont pas disparaître (il ne faut pas être naïf) mais ils vont devenir moins supportables.
Là où on nous propose comme icônes médiatiques des jouisseurs narcissiques, je ne serais pas surpris qu'on en vienne parfois à nous proposer des héros altruistes.
Bien sûr, ce qui a été détruit est perdu à jamais. Après notre période folle d'exaltation de la jouissance, on ne reviendra pas comme si de rien n'était à l'antique équilibre des droits et des devoirs. Tous les repères religieux et philosophiques qui justifiaient la dialectique du devoir ont disparu. Cependant, on peut espérer quelque amélioration.
Mais ce n'est pas demain qu'on entendra : «"Devoir" est le mot le plus sublime de notre langue» (général Lee).
********************
(1) : rappelons pour ceux qui l'auraient oublié que cette crise est due à l'excès d'endettement des pays occidentaux pour maintenir momentanément et sans effort leur niveau de vie malgré le vieillissement de leurs populations et la concurrence des pays émergents ; que cet excès d'endettement a été mis en place directement (en Europe) ou indirectement (aux USA) par les Etats pour satisfaire des clientèles électorales (cette crise peut au fond être analysée comme un échec de notre forme de démocratie).
(2) : je suis content d'avoir prédit que ce retour de l'Etat était une foutaise, comme on le voit bien aujourd'hui.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire