On entend souvent que des notions traditionnelles, comme le patriotisme, l'honneur ou la décence sont totalement dépassées. Et même quand on ne le dit pas, qui en fait usage n'en est pas moins classé dans la pire ringardise.
Je crois en la sagesse de la tradition. Si les anciens avaient l'usage de ces notions, on peut présumer leur utilité. J'entends utilité au sens le plus pratique du terme, je ne rentre pas dans des considérations morales qui ont aussi leur importance.
Prenons l'exemple de l'honneur d'un pays. Aujourd'hui, qui se réclamerait de l'honneur de la France, au sens viril, cornélien, pour réclamer des décisions difficiles serait aussitôt ridiculisé. On ne parle plus de l'honneur de la France que pour exiger des renoncements à nous-mêmes, pour justifier l'à-plat-ventrisme devant telle ou telle cause étrangère. C'est l'honneur de la France, selon certains, de se laisser envahir.
Mais à quoi pouvait donc servir l'honneur au sens antique ? La réponse est assez simple : c'est une abstraction qui permet de s'élever au-dessus de la facilité des renoncements successifs, qui peuvent chacun être justifiés.
Prenons l'exemple célèbre de l'ascension d'Hitler au pouvoir européen : cela valait-il la peine de faire la guerre pour empêcher la remilitarisation de la Rhénanie ? Cela valait-il la peine de mourir pour Dantzig ? Bien évidemment, non. Mais l'honneur commandait de réagir dès la première infraction, et il n'y a guère de doutes qu'on se fût épargné bien des drames.
On voit qu'une décision commandée par l'honneur aurait été bien plus intelligente que toutes les «bonnes» raisons des «intelligents» de renoncer à l'honneur. De Gaulle, qui, dans ses mémoires, écrit qu'une décision conforme à l'honneur peut se révéler un bon placement à long terme ne dit pas autre chose.
On peut faire le même genre d'analyse pour le patriotisme ou la décence.
Bien sûr, il est arrivé que, par excès, ces notions aient des conséquences néfastes. Mais le monde parfait n'existe pas. A choisir entre un pays sans honneur et un pays un peu tatillon sur l'honneur, je crois que le second est plus pérenne.
Je partage entièrement votre analyse. Il ne semble pas que ce soit le point de vue d'en haut: "http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/jean-guisnel/les-soldats-francais-blesses-au-front-seront-bientot-rapatries-par-des-allies-25-08-2010-1228533_53.php"
RépondreSupprimerJ'ai honte pour mon pays.