Ce que j'écris là va peut-être paraître évident à certains, je ne sais.
La vie des partis politiques coûte fort cher, des dizaines de millions d'€ tous les ans. Une partie des frais de campagne électorale est remboursée par l'Etat, mais il y a nécessairement une part occulte : payer une voiture à la fille d'un journaliste complaisant ne peut apparaître dans des comptes officiels.
Il existe une multitude de sources de financements occultes : les comités d'entreprise (1), les rétro-commissions de grands contrats internationaux (2), les municipalités (3), les entreprises et les fortunes privées (4). Il y a un équilibre de la terreur entre partis politiques : «Tu me laisses tranquille avec mes magouilles et je te laisse tranquille avec les tiennes.»
Quelle est la grande nouveauté en politique depuis vingt ans ? C'est le basculement des pouvoirs locaux à gauche, or ces pouvoirs sont d'intarissables sources de corruption.
A cette lumière, vous devinez mon interprétation de l'affaire Woerth : la gauche s'est sentie assez sûre de ses propres financements pour attaquer ceux de la droite. Le minutage est remarquable : à moins de deux ans des élections présidentielles, la droite devrait commencer à collecter sérieusement des fonds. Elle ne peut pas, l'affaire Woerth bouche une part importante de ces canaux de financement en plaçant sous les projecteurs des gens qui préfèrent l'ombre.
La droite s'en remettra, mais avec difficulté.
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(1) : vous êtes vous jamais demandé pourquoi, chaque fois que la majorité change dans un CE, l'urgence semble être de changer de prestataire de services de restauration ?
(2) : la fameuse affaire des frégates de Taïwan.
(3) : études d'urbanisme payées cent fois leur prix et emplois fictifs.
(4) L'Oréal, Dassault, etc.
La gauche n'as pas le monopole de la corruption.Chirac et Pasqua sont toujours libre,les patrons de l'UIMM toujours en croisière,et Woerth nous prends toujours pour des cons !
RépondreSupprimerSi vous avez cru que j'écrivais que la gauche a le monopole de la corruption, vous m'avez vraiment mal lu.
RépondreSupprimer"C'est le basculement des pouvoirs locaux à gauche"
RépondreSupprimerExcellente remarque. Comme c'est plus dur d'arriver à l'Elysée qu'à la tête d'une grande ville ou d'une région, les socialistes préfèrent être premier dans telle ville ou région que deuxièmes à Paris. Ce qui a eu pour effet la notabilisation d'une partie d'entre eux et par voie de conséquence la mise en place de réseaux pour s'acheter des clientèles et des soutiens. Quel intérêt pour une ville comme Montpellier de filer 68 millions pour une salle de merde sinon pour préparer les prochaines échéances électorales ?
Une remarque : il n'y a pas de droite en France.
RépondreSupprimerCe que vous appelez la "droite" n'est qu'une partie de la gauche. Celle située un peu plus à droite que les autres...
Bien sûr. Vous connaissez Maurice Druon : «Il y a deux paris de gauche en France dont l'un s'appelle par convention la droite.»
RépondreSupprimerOn le voit encore sur les «réformes» : où la capitalisation ? Où est la fin des régimes spéciaux ? Où est la libéralisation ?
Mais dans ce texte-ci, les appellations droite et gauche me servent à différencier les deux partis de gauche qui se disputent le pouvoir.
et vous ne pensez vraiment pas que Woerth puisse être un Candide de l'ère sarkozyenne, qui ne comprend sincèrement pas qu'il soit mal de mélanger le fric de l'Etat et celui d'un parti, d'abuser d'une position ministérielle pour privilégier un contribuable (avec renvoi d'ascenseur) ou pour caser sa femme, de mentir sur ses démarches tant qu'on n'a pas un écrit à lui opposer et même, pendant quelques jours, quand on finit par l'avoir, etc. ?
RépondreSupprimerNon, François, Woerth n'est pas une particularité du sarkozysme. Il y avait les mêmes sous Mitterrand.
RépondreSupprimerMon interprétation de cette affaire comme révélateur d'une évolution des rapports de forces n'enlève rien au fait que nos politiciens sont immoraux.
L'affaire des "écoutes" montre que Woerth a été flingué par son propre camp, en particulier MAM qui s'est débarrassé d'un candidat au poste de 1er Ministre.
RépondreSupprimerVous remarquerez que plus personne ne parle du pot de confiture et de l'affaire des "micros-partis" …
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