Une contribution de Robert Marchenoir
Un certain mouvement de gauche tente de nous convaincre aujourd'hui que les désastreuses performances de l'Education nationale (pourtant bastion de la gauche s'il en est) seraient dûes à la droite et au libéralisme.
Il en irait ainsi de cet énième projet de suppression des notes à l'école, qui serait le résultat d'une tentative délibérée du "capitalisme" pour dégrader la qualité de l'enseignement.
Le "patronat" et les "libéraux" seraient ainsi complices d'une stratégie destinée à former des abrutis, simplement intéressés à "consommer", que l'on pourrait ensuite employer à des salaires dérisoires sans qu'ils songent à "contester".
Je ne perdrai pas de temps à démontrer en détail l'absurdité intrinsèque de cette hypothèse, qui suppose, à rebours de toute vraisemblance et de toute expérience, qu'un patron cherche à embaucher les candidats les plus bêtes et les plus malhabiles possibles ; hypothèse qui est contradictoire par elle-même (s'il existait un complot des "patrons" et des "libéraux" pour susciter un peuple de "consommateurs" à peine humains dans l'unique but d'écouler leur "camelote", ils ne s'emploieraient pas à comprimer les salaires, mais à les augmenter).
La "consommation effrénée" que dénoncent les anti-libéraux nécessite un peuple de riches. Sinon, avec quoi les "abrutis" achèteraient-ils la "camelote consumériste" des "ultra-libéraux" ?
Comme d'habitude, les Degauche sont tellement pressés d'asséner leur idéologie qu'ils ne s'arrêtent pas à des incohérences aussi énormes.
En revanche, mon propos ici consistera à rappeler quelques points de l'histoire des idées. On peut toujours essayer de soutenir n'importe quoi, mais enfin les faits existent.
Le pédagogisme, terme sous lequel on désigne l'idéologie égalitariste et anti-autoritaire qui se traduit, par exemple, par la haine des notes, et qui est la doctrine en vigueur à l'Education nationale, est un mouvement de gauche.
Il est présent dans de nombreux pays occidentaux, y compris à tendance libérale, y compris "anglo-saxons". Les doctrines de gauche ne sont nullement absentes des Etats-Unis et du Royaume-Uni, bien au contraire. L'école et l'université, dans de nombreux pays, sont, de façon disproportionnée, aux mains de la gauche.
La suppression des notes est une vieille revendication. Elle était mise en avant dès les années 1930 par le mouvement pédagogique Freinet, nommé d'après son fondateur, l'instituteur français Célestin Freinet (1886-1966). Ce mouvement a aujourd'hui des ramifications dans le monde entier.
Dans Les Invariants pédagogiques, Code pratique d'Ecole Moderne, l'un des textes de doctrine de Freinet, on lit en effet :
" Toute la technique de l'Ecole traditionnelle est basée sur l'échec. Les premiers de la classe réussissent certes parce qu'ils ont des aptitudes particulières, mais aussi parce qu'ils ont toujours de bonnes notes, des Bien et des Très bien, et qu'ils réussissent aux examens. Mais l'Ecole accable les autres sous l'avalanche des échecs : excès de rouge dans les devoirs, mauvaises notes […]."
On notera la stupidité du raisonnement qui consiste à prétendre que "les premiers de la classe" réussissent parce qu'ils ont des bonnes notes. Certes, la bonne note favorise la réussite en ce qu'elle constitue un encouragement, mais cet effet rétroactif n'a d'efficacité que parce que la relation causale fondamentale va dans l'autre sens : c'est le bon travail qui fait la bonne note.
" INVARIANT n° 19 : Les notes et les classements sont toujours une erreur. […]"
" C'est là, manifestement, la plus fausse des mathématiques, la plus inhumaine des statistiques. […]"
" Voilà la situation actuelle. Nous y pallions : […]
-en mettant au point un système de graphiques et de brevets qui remplaceront un jour prochain l'usage abusif des notes et des classements."
"(Nous notons avec satisfaction que les récentes circulaires ministérielles des classes de transition préconisent justement la suppression des notes et du classement)."
http://tinyurl.com/2a5dy9t
Ce texte figure dans une brochure du mouvement Freinet éditée en 1964, à deux ans de la mort de son auteur. Il serait intéressant de retrouver la date de sa rédaction, qui peut être très antérieure. En 1964, en pleine période gaullienne, "l'ultra-libéralisme" n'existait pas, même dans la loghorrée de la gauche…
Le système de "graphiques et de brevets" préconisé ici par Freinet est très exactement ce par quoi certains des prétendus "ultra-libéraux", au pouvoir aujourd'hui, voudraient remplacer les notes… Quarante-six ans plus tard (et peut-être beaucoup plus), nous en sommes exactement au même point…
S'agit-il d'élucubrations théoriques, complètement oubliées sous la poussière des ans par les héritiers mêmes de Freinet ? Pas du tout ! Dans la rubrique "Comment démarrer en pédagogie Freinet", sur l'un des sites du mouvement, on trouve les conseils suivants d'authentiques instituteurs contemporains (pardon, de professeurs des écoles) :
" Les enfants ne peuvent pas s'entraider tant qu'ils n'ont pas accepté qu'il n'y a plus de classement, plus de note... […] Si on diminue les contraintes (suppression des notes, des punitions, des images...), il faut trouver d'autres stratégies pour que les enfants fassent quelque chose d'efficace. (Patrice Ducrou)"
http://tinyurl.com/2apg3cy
Mais qui était donc Célestin Freinet ? Né en 1886 dans les Alpes-Maritimes, il était membre actif du parti communiste (qu'il a quitté en 1948). Freinet s'est rendu en Union soviétique avec une délégation syndicale en 1925. Il y a rencontré la femme de Lénine, ministre de l'Education à l'époque.
Voici comment Perspectives, revue trimestrielle d’éducation comparée éditée par l'Unesco, relate, dans un article de 1993, la vie de Célestin Freinet, et replace son œuvre dans son contexte politique :
"Il trouve également le temps de s’intéresser au développement de son village natal où il fonde une coopérative de travailleurs pour l’électrification de sa commune."
"De 1929 à 1933, le couple Freinet va approfondir et développer le mouvement lancé. Mais Saint Paul de Vence n’est pas Bar sur Loup. La petite ville est déjà un centre touristique réputé, et l’installation d’un couple d’instituteurs communistes est d’autant moins tolérée que son action nationale et internationale se poursuit et s’amplifie."
"De sombres et sordides histoires de toilettes bouchées et non nettoyées sont le prétexte, pour la municipalité de droite, de demander et d’obtenir la mutation d’office de ces instituteurs encombrants : pensez-donc, les textes rédigés en toute spontanéité par les enfants mettent en cause des notables ! L’année 1933 verra la montée en France, comme en Allemagne, en Italie et en Espagne des mouvements d’extrême droite."
"C’est ainsi qu’est née l’idée d’une école libre expérimentale. En 1934 et 1935 Freinet réussit, avec l’appui du mouvement, d’amis politiques et de la presse de gauche, à bâtir son école à Vence."
"1939-1940. La seconde guerre mondiale s’annonce et éclate. Freinet, communiste connu, est jugé dangereux pour les éventuelles menées de son organisation. L’U.R.S.S. s’est alliée aux Nazis. Freinet est arrêté et placé en camp de concentration, puis en liberté surveillée."
"On peut tenter de mieux comprendre cette personnalité exceptionnelle en rappelant quelques-uns de ses traits fondamentaux : [...] son dévouement à la cause du peuple et son sens de la justice sociale qui l’avaient amené à concevoir son action pédagogique comme d’une libération intellectuelle de la classe ouvrière et l’avaient conduit à adhérer au Parti communiste."
http://tinyurl.com/25t3wl9
Donc, il n'y a aucun doute : Freinet était un homme de gauche et un communiste proclamé, militant et influent. Quelle est l'idéologie de son mouvement aujourd'hui ? La Charte de Pau, rédigée en 1968 par l'ICEM, branche française du mouvement Freinet, dit ceci :
"L'éducation est épanouissement et élévation et non accumulation de connaissances, dressage ou mise en condition."
C'est ce qui a abouti à la doctrine officielle de l'Education nationale aujourd'hui: l'interdiction de la transmission des connaissances. Des professeurs sont sanctionnés par des inspecteurs pour avoir voulu transmettre des connaissances.
"Soutenus par l'oeuvre de Célestin Freinet et forts de notre expérience, nous avons la certitude d'influer sur le comportement des enfants qui seront les hommes de demain, mais également sur le comportement des éducateurs appelés à jouer dans la société un rôle nouveau."
L'école comme fabrique de l'homme nouveau -- l'homme de gauche, bien entendu. On fustige le "dressage" et la "mise en condition", mais c'est pour mieux revendiquer, quelques lignes plus loin, "l'influence sur le comportement des enfants". Eternelle malhonnêteté de la réthorique Degauche.
"Nous sommes opposés à tout endoctrinement."
Tout endoctrinement de droite, bien entendu, car :
"Nous nous appliquons à faire de nos élèves des adultes conscients et responsables qui bâtiront un monde d'où seront proscrits la guerre, le racisme et toutes les formes de discrimination et d'exploitation de l'homme."
Ce qui n'est en aucune manière un endoctrinement, bien entendu : prôner le pacifisme, l'anti-racisme et le marxisme en classe ("un monde d'où sera bannie l'exploitation de l'homme"), ce n'est pas de la propagande, c'est de la Vérité Degauche...
"Nous rejetons l'illusion d'une éducation qui se suffirait à elle-même hors des grands courants sociaux et politiques qui la conditionnent."
Mais à part ça, toujours pas d'endoctrinement...
"L'éducation est un élément mais n'est qu'un élément d'une révolution sociale indispensable."
Le mouvement Freinet fait de la pédagogie une simple brique de la révolution, mais à ce détail près, il est opposé à tout endoctrinement… Le culot et l'aptitude au mensonge de la gauche ne datent pas d'hier…
"L'école sera centrée sur l'enfant. C'est l'enfant qui, avec notre aide, construit lui-même sa personnalité."
Cela a donné le fameux "l'enfant au centre de l'école" des pédagogistes. De plus, l'école n'est pas destinée simplement à instruire. L'éducation est soustraite aux parents pour être confiée aux professeurs, armés de la Bonnepensée.
"La Pédagogie Freinet est, par essence, internationale."
Une branche de l'internationalisme communiste, donc.
Mais, me direz-vous, ce sont des âneries soixante-huitardes, sûrement reniées par les héritiers de Freinet ? Pas du tout :
"Même si la rédaction de la charte de l'Ecole Moderne date un peu (1968), sa philosophie reste tout à fait d'actualité. Elle constitue un texte de base auquel les membres de l'ICEM et ceux de la FIMEM (Fédération Internationale des Mouvements de l'école Moderne) adhèrent toujours."
Je n'invente rien : ils le disent eux-mêmes.
http://freinet.org/pef/charte.htm
Donc, il n'y a aucun doute : un communiste revendiqué, militant, influent, lié à l'Union soviétique, a défini une idéologie et mis sur pied une organisation internationale pour l'appliquer à travers les écoles du monde entier. Cette idéologie a pour héritière directe celle de Mai 68.
Philippe Meirieu, chef de file du mouvement dit pédagogiste en France, inscrit Célestin Freinet en bonne place dans son panthéon personnel des théoriciens de la pédagogie, présenté sur son site. Y figure notamment l'article de Jacques Pain pour l'Encyclopaedia Universalis de 2007.
L'auteur, clairement favorable à Freinet, écrit :
"L'hypothèse est que des enfants 'instruits" et éduqués différement feront une société différente."
Voilà qui contredit directement la charte des écoles Freinet : le but est clairement d'endoctriner politiquement les enfants. Il est vrai que pour la gauche, les mots n'ont pas le sens qu'ils ont en français.
"Dès la mort de Freinet, le 8 octobre 1966, [les techniques Freinet] sont le canevas des Instructions Officielles françaises, et le resteront."
La mainmise communiste sur l'école a réussi. La méthode gramsciste a fonctionné.
Sous une appellation anodine ("Institut coopératif de l'école moderne" : qui peut être contre la coopération ? qui peut être contre la modernité ?), une poignée de militants résolus a imposé silencieusement sa loi, sans débat démocratique, sans vote, à l'ensemble du pays. Le mouvement Freinet est implanté dans une cinquantaine de pays aujourd'hui.
"Michel Barré nous donne, dans sa proximité avec Freinet, ses indicateurs : […]
- Le savoir n'est pas hiérarchique nous 'faisons ensemble'.
- Rompre avec la scolastique 'médiévale' : le 'par cœur', le commentaire des textes, sans retour au terrain, la 'glose' en université, loin du monde…"
http://tinyurl.com/2aehk6w
Nous somme en plein pédagogisme. Nous sommes au cœur de l'idéologie de l'Education nationale.
On sait que l'un des exploits du pédagogisme a été de supprimer, dans les faits, l'enseignement de la grammaire à l'école (avec les résultats prévisibles que l'on constate).
C'était une revendication de Célestin Freinet, exprimée dès 1937 dans ce texte, figurant en bonne place sur l'un des sites du mouvement :
"Aujourd'hui, nous vous disons :
PLUS DE LEÇONS DE GRAMMAIRE.
La rédaction vivante et joyeuse
chemin royal vers la perfection grammaticale"
Notons aussi ce titre :
"Désankyloser la grammaire"
Aujourd'hui, l'obsession demeure, seul le mot a changé : on parle plutôt de "dépoussiérer". Je suppose que personne ne comprend plus le verbe désankyloser – ce qui montre que la désankylose est en bonne voie, et que la poussière n'est plus qu'un souvenir.
http://tinyurl.com/2fkl7fl
Phlippe Meirieu, toujours dans son panthéon Internet de textes pédagogiques, publie cet article de Freinet, datant de 1959, où ce dernier prend la défense de la méthode globale d'apprentissage de la lecture, avec des arguments que l'on retrouve mot pour mot aujourd'hui dans la bouche des Degauche, dès que le sujet revient sur le tapis :
"La méthode globale n'est employée dans aucune école français comme méthode de base, mais elle n'est pas moins déclarée responsable d'un désordre et d'une carence […]"
Ouvrez n'importe quel journal, aujourd'hui, un jour de débat sur la méthode globale, et vous aurez des professionnels de la profession issus de l'Educ' nat' qui vous expliqueront que personne ne l'utilise. On se demande bien, alors, pourquoi les parents s'en plaignent. Si elle a disparu depuis 1959, les familles ne devraient même pas être au courant de son existence…
Si vous lisez l'article en entier, vous noterez, une fois de plus, le mécanisme typique de la mauvaise foi Degauche : la méthode globale n'existe pas, personne ne l'utilise, elle ne peut donc créer de dégâts –- et d'ailleurs c'est la meilleure, il faut l'employer, elle a d'excellents résultats, nous le savons puisque nous l'utilisons.
"Il fallait un exutoire à la crise actuelle de l'Ecole. La classe est surchargée, les locaux trop étroits […], les éducateurs en nombre insuffisant."
Vous aurez reconnu l'argument inoxydable du "manque de moyens". Un demi-siècle plus tard, l'Education nationale française est devenue l'un des premiers employeurs du monde, mais ses salariés et leurs défenseurs dégainent toujours le même joker dès qu'on prétend mettre en cause leurs méthodes : le "manque de moyens".
"Et on ne sait par quel miracle, ce ne sont pas les instituteurs eux-mêmes qui portent cete accusation, mais des pères de famille, des ouvriers, des artisans, des chefs d'entrerprise fort peu soucieux d'ordinaire des choses de l'Ecole."
http://tinyurl.com/25h2bjd
Aujourd'hui encore, les blogs et les médias sont pleins de profs qui se plaignent que les parents prétendent se mêler de ce qui se passe à l'école. Les parents, disent-il, ne connaissent rien à l'éducation ; c'est aux professeurs et à eux seuls de décider des méthodes d'enseignement, et d'ailleurs les parents ne sont jamais là quand les profs ont besoin d'eux (ce qui paraît pour le moins contradictoire – mais les Degauche ne sont pas à une contradiction près…).
Rien n'a changé. L'Education nationale pense toujours comme l'instituteur communiste de 1925 qui allait prendre des leçons chez la femme de Lénine, ministre de l'Education de l'URSS.
Alors le libéralisme, hein…
Les Degauche, qui ont fait de l'irresponsabilité un élément de doctrine, commencent à s'apercevoir du désastre que leur idéologie a provoqué à l'école et à l'université, depuis un demi-siècle qu'ils l'appliquent avec obstination et férocité. Maintenant que le réel se venge, il leur faut bien trouver un coupable.
Un billet extrêmement intéressant qui donne des éléments concrets pour étayer ce que l'on pressentait depuis bien longtemps.
RépondreSupprimerMerci.
J'ai beaucoup aimé le "chemin royal vers la perfection grammaticale". Il y a quelque chose de souverainement inaltérable dans l'image royale, ça me plaît. C'est toujours très rigolo d'entrendre des trucs du genre "Le communisme est la voie royale vers..."
RépondreSupprimerSynthèse très intéressante, merci Robert.
Ca c'est de la bonne lime !
RépondreSupprimerVous semblez toutefois oublier que le capitalisme actuel n'a besoin que d'un petit nombre de gens qualifiés ; pour le reste, ce sont bien des ilotes que l'on recrute, abrutis et surtout peu exigeants. Sinon pourquoi tant de recrutement d'immigrés clandestins ?? Et même aux postes à "responsabilités", pas besoin de gens cultivés : le plus bel exemple est le vide cérébral de Luc Châtel, inculte crasse, DRH à la con (pléonasme) et diplômé d'un DESS en marketing.
Expliquez-moi aussi pourquoi l'Union Soviétique s'est toujours préservée des délires constuctivistes et pédagogistes, notamment ceux du communiste Freinet ? COmment expliquer qu'en Russie, le niveau scolaire reste élevé et demeure peu touché par nos tares occidentales ?
Vous pouvez toujours arguer du mélange des idées, qu'il n'y a pas de pures gôchisses ni de purs libéraux. La preuve : cette collusion pédago-libérale ets dénoncée non par une certaine gôche mais bien par une certaine droite, notamment Oriane Borja.
Et Meirieu lui-même s'est convertie à la dernière foutaise managériale à la mode et en cela est le parfait émule de JF Copé :
http://www.meirieu.com/DICTIONNAIRE/entreprise.htm
Votre connaissance d'un seul individu (Freinet) est remarquable ; mais vous ignorez aussi le rôle du béhaviourisme américain dans cette tendance, avec Skinner, dont la principale était de transposer en éducation ce qu'il apprenait en conditionnant des rats avec des décharges électriques (cages de skinners, conditionnement skinnérien que l'on oppose classiquement au conditionnement pavlovien, ce premier étant beaucoup plus salement élaboré). Ce monsieur n'était pas exactement un gôchisse !!!
Et d'ailleurs, pourquoi toutes ces "réformes" sont mises en place dans leurs pires déclinaison sous Sarkozy, Darcos et Châtel ? Vous allez m'expliquer que ces messieurs sont de bons gôchisses ?
Vous ne pouvez donc pas balayer d'un revers de la main mes dires, Monsieur Marchenoir !
Freinet, même détaillé avec excellence, érudition, précision... ne peut à lui seul répondre à ces interrogations !
"Vous semblez toutefois oublier que le capitalisme actuel n'a besoin que d'un petit nombre de gens qualifiés ; pour le reste, ce sont bien des ilotes que l'on recrute, abrutis et surtout peu exigeants. Sinon pourquoi tant de recrutement d'immigrés clandestins ??"
RépondreSupprimerJ'en ai déjà vu des foutaises, mais comme celles-ci,..........c'est du lourd !
L'article de Robert Marchenoir est très instructif mais je ne suis pas convaincu qu'on puisse tout coller sur le dos du couple Freinet.
RépondreSupprimer1) Quelle a été l'audience réelle de Freinet chez l'ensemble des instituteurs, spécialement chez ses contemporains ?
2) La méthode globale a été prônée aussi dans d'autres pays, comme les Etats-Unis, où on n'a jamais entendu parler de Freinet. Mais, en sens inverse, Freinet a subi, semble-t-il, l'influence de John Dewey, homme de gauche, mais pas communiste. Dewey est rendu responsable de mille maux par certains Américains.
Il est vrai que les justifications proposées naguère pour cette méthode globale, par exemple par l'inspecteur Foucambert, sont assez étranges. Foucambert, et d'autres, exhibait le parallèle supposé de l'écriture chinoise ! C'est évidemment ne rien comprendre à la différence entre une écriture alphabétique et une écriture logographique. On attendait mieux de spécialistes de la pédagogie. Je me souviens d'un de mes enfants lisant "oiseau" dans un texte où il était écrit "flamant rose"... En réalité, la perception globale est le fait des lecteurs entraînés, qui ont vu les mots réapparaître un grand nombre de fois, et non pas, évidemment, des débutants. C'est donc mettre la charrue avant les bœufs. En tout cas Robert Marchenoir décrit parfaitement le discours totalement incohérent qu'on entend régulièrement, du genre "On n'a jamais utilisé la méthode globale. Euh, et d'ailleurs on ne l'utilise qu'au début de l'apprentissage". C'est sûr que si on pense qu'elle n'est pas bonne, il ne faut pas y recourir du tout.
3) La méthode globale, pas plus que la vogue des messages SMS, n'expliquent la chute avérée et mesurée du niveau de l'orthographe : voir le rapport "Lire, écrire, compter : les performances des élèves de CM2 à vingt ans d'intervalle 1987-2007" (note d'information DEPP de décembre 2008, disponible sur le site de l'Education nationale). Je ne suis pas certain qu'on "n'enseigne plus la grammaire", comme on le répète souvent. Mais il est possible qu'on y consacre moins de temps, il faudrait le vérifier précisément. On continue d'ailleurs, à ce que je constate dans mon coin, à enseigner l'analyse grammaticale, comme dans ma lointaine jeunesse, mais sans doute à moins haute dose. C'est une des vieilles spécificités de l'école française, qui a fait l'admiration, par exemple, de parents américains dont les enfants sont scolarisés en France.
4) Ce que dit Phoebastria sur l'Union soviétique semble exact. On a l'impression que, une fois passée la fièvre des débuts, l'URSS avait en fait gardé des vieilles méthodes d'enseignement conservatrices. Comme elle a maintenu le ballet classique, la peinture figurative pompière, ou des orchestres à l'ancienne, une fois éliminée l'expérience étonnante (et instructive par son caractère éphémère) du Persimfans (ça n'est pas sans évoquer "Prova d'orchestra" de Fellini).
1/2
RépondreSupprimerL'article de Robert Marchenoir est très instructif mais je ne suis pas convaincu qu'on puisse tout coller sur le dos du couple Freinet.
1) Quelle a été l'audience réelle de Freinet chez l'ensemble des instituteurs, spécialement chez ses contemporains ?
2) La méthode globale a été prônée aussi dans d'autres pays, comme les Etats-Unis, où on n'a jamais entendu parler de Freinet. Mais, en sens inverse, Freinet a subi, semble-t-il, l'influence de John Dewey, homme de gauche, mais pas communiste. Dewey est rendu responsable de mille maux par certains Américains.
Il est vrai que les justifications proposées naguère pour cette méthode globale, par exemple par l'inspecteur Foucambert, sont assez étranges. Foucambert, et d'autres, exhibait le parallèle supposé de l'écriture chinoise ! C'est évidemment ne rien comprendre à la différence entre une écriture alphabétique et une écriture logographique. On attendait mieux de spécialistes de la pédagogie. Je me souviens d'un de mes enfants lisant "oiseau" dans un texte où il était écrit "flamant rose"... En réalité, la perception globale est le fait des lecteurs entraînés, qui ont vu les mots réapparaître un grand nombre de fois, et non pas, évidemment, des débutants. C'est donc mettre la charrue avant les bœufs. En tout cas Robert Marchenoir décrit parfaitement le discours totalement incohérent qu'on entend régulièrement, du genre "On n'a jamais utilisé la méthode globale. Euh, et d'ailleurs on ne l'utilise qu'au début de l'apprentissage". C'est sûr que si on pense qu'elle n'est pas bonne, il ne faut pas y recourir du tout.
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RépondreSupprimer3) La méthode globale, pas plus que la vogue des messages SMS, n'expliquent la chute avérée et mesurée du niveau de l'orthographe : voir le rapport "Lire, écrire, compter : les performances des élèves de CM2 à vingt ans d'intervalle 1987-2007" (note d'information DEPP de décembre 2008, disponible sur le site de l'Education nationale). Je ne suis pas certain qu'on "n'enseigne plus la grammaire", comme on le répète souvent. Mais il est possible qu'on y consacre moins de temps, il faudrait le vérifier précisément. On continue d'ailleurs, à ce que je constate dans mon coin, à enseigner l'analyse grammaticale, comme dans ma lointaine jeunesse, mais sans doute à moins haute dose. C'est une des vieilles spécificités de l'école française, qui a fait l'admiration, par exemple, de parents américains dont les enfants sont scolarisés en France.
4) Ce que dit Phoebastria sur l'Union soviétique semble exact. On a l'impression que, une fois passée la fièvre des débuts, l'URSS avait en fait gardé des vieilles méthodes d'enseignement conservatrices. Comme elle a maintenu le ballet classique, la peinture figurative pompière, ou des orchestres à l'ancienne, une fois éliminée l'expérience étonnante (et instructive par son caractère éphémère) du Persimfans (ça n'est pas sans évoquer "Prova d'orchestra" de Fellini).
Désolé du doublon : j'avais eu un message disant que mon commentaire était trop long, donc je croyais qu'il n'était pas passé....
RépondreSupprimerJe vois que Freinet a été très violemment attaqué par le PCF. Voir, sur un site anarchiste, le CIRA, "Freinet et le PC", en deux parties.
RépondreSupprimerMerci à fromageplus de me prouver que ce que j'avance sur l'immigration est faux !
RépondreSupprimerhttp://www.nationspresse.info/?p=86485
La majorité des "invariants pédagogiques" de Freinet sont des plus raisonnables. Il n'aime pas beaucoup ce qu'il appelle la "scolastique", mais bon, il n'est pas le premier, ni le dernier, à parler de la scolastique sans savoir ce que c'est. La "Grammaire française en quatre pages par l'imprimerie à l'école" (1937), que je trouve en ligne, n'est pas si scandaleuse que ça. Freinet déclare "Plus de leçons de grammaire", ce qui fait froid dans le dos, mais si on regarde bien, on voit qu'il fait "décortiquer la langue", avec, par exemple, "la recherche et la construction de mots nouveaux par les affixes", et, via des exercices variés, il "accord[e] surtout une grande importance à la mécanique de la conjugaison des verbes". Il me semble d'ailleurs que tout instituteur français qui n'est pas un psychopathe sait pertinemment qu'il doit enseigner (par la méthode A ou B ou C ou ce qu'on voudra, ça c'est une autre affaire) les conjugaisons, les règles d'accord, etc., notamment à cause des différences entre l'oral (sœptikanar / septikanar) et l'écrit ("ce petit canard" / "ces petits canards", avec des "s" de pluriel qui, ici, ne s'entendent pas quand on parle).
RépondreSupprimerJe vais être provocateur : si on n'avait pas d'Edunat, aucune école publique, et un marché scolaire totalement libre, sans aucune stipulation des pouvoirs publics, il me paraît assez évident que, spontanément, et en dehors même de la tendance à la routine, les différentes écoles arriveraient à un cursus assez semblable par son contenu et ses objectifs. D'ailleurs on peut dire que c'est ce qui se passe au niveau universitaire. De Séoul à Buenos Aires, tout le monde arrive à la conclusion qu'on ne peut pas faire d'études de physique si on n'a pas maîtrisé les bases de la mécanique classique en début de cursus. On n'a pas besoin d'un Super-ministre de l'Etat mondial pour fulminer des oukases à cet effet. Des professeurs d'université, même avec la bride sur le cou, savent parfaitement ce qu'ils ont à faire.
Sous réserve d'étude plus approfondie, je dirais qu'il faut distinguer les convictions philosophiques et politiques de Freinet, qui ne sont pas du tout les miennes, et ses idées pédagogiques, qui me semblent détachables, et à estimer pour elles-mêmes.
Curmudgeon,
RépondreSupprimerJe crains que vous ne fassiez une erreur d'analyse radicale.
Vu de haut, en effet, tout se ressemble et tout n'est pas loin de se valoir. Mais, en pédagogie, il faut perdre un peu d'altitude et se montrer attentif aux détails.
Au niveau du parquet de la classe, il y a un monde entre le cours de grammaire magistral structuré et «l'observation réfléchie de la langue» où on demande aux élèves de se transformer en petis grammairiens. Dans un cas, on apprend ; dans l'autre, on batifole ou on s'ennuie.
Et, pour en revenir au lien entre pédagogie et philosphie (voire politique), le texte de Bob me paraît très clair. Là encore, tout ne se vaut pas.
« l'Education nationale française est devenue l'un des premiers employeurs du monde »
RépondreSupprimerLe sixième, pour être précis. On notera que le troisième est le National Health Service (NHS) de l'« ültrâlibérâl » Royaume-Uni...
Réponse à Franck Boizard. "En pédagogie, il faut [...] se montrer attentif aux détails". Oui. Par exemple, si on fait un "cours de grammaire magistral", il y a intérêt à ce qu'il soit effectivement "structuré" et qu'il ne tangue pas dans toutes les directions. Oui. Mais justement, ce qu'on enseignait traditionnellement et ce qu'on enseigne toujours aujourd'hui peut se révéler assez mal structuré, et donc constituer un écueil pour l'élève. Exemple. Je fais réciter à ma fille, en 6ème, une leçon de grammaire où il fallait ranger les mots en classes selon deux critères : nature, fonction. Tant que c'est la nature, on connaît la liste classique : nom, adjectif, verbe, etc. Mais pour ce qui est de la fonction, ça flotte, il y a des trous, on ne sait pas bien. En d'autres termes, les auteurs du livre, qui ne font que suivre ce qu'ils ont appris (je ne sais pas bien où), n'ont évidemment pas réfléchi sérieusement, c'est-à-dire systématiquement, à leur taxonomie à double entrée. Franchement, ça n'est pas très drôle pour un enfant.
RépondreSupprimerD'un autre côté, sur certains points, l'enseignement actuel de la grammaire est supérieur à ce qu'il était dans mon enfance (l'Age d'Or regretté de tous : j'en viens). Ainsi on me faisait faire des analyses grammaticales et "logiques" (hum...) non dénuées de vertus, mais pulvérisantes, incomplètes et incohérentes. Je peux le vérifier, car j'ai conservé mon vieux manuel d'analyse (abbé Prigent, Traité d'analyse à l'usage des candidats au Certificat d'études primaires et pour la scolarité prolongée, dépôt légal 1950). Aujourd'hui on peut enseigner qu'une proposition standard comporte un groupe nominal et un groupe verbal (curieux, mais les diagrammes américains de Reed & Kellogg datent de 1875, nous on a mis le temps pour comprendre...). L'abbé Prigent et ses contemporains français l'ignoraient. Donc, en fait, quand on regarde bien, l'analyse dite "logique" était bancale. C'est bien la peine de l'appeler "logique". Par ailleurs l'abbé Prigent m'apprend qu'une proposition est constituée d'un "sujet" et d'un "verbe". Malheureusement "sujet" est le nom d'une "fonction", et "verbe" est le nom d'une "nature" (il manque "prédicat" pour s'opposer à "sujet", plus l'opposition "groupe nominal" / "groupe verbal", afin d'avoir une terminologie systématique). Bon, je suis un petit écolier, on me fait des cours dans ce style. Comme je suis sage et obéissant, j'apprends ce qu'on me dit, et je ne perds pas complètement mon temps. Mais au fond, on m'enseigne une affaire très mal foutue. Alors je comprends un peu pourquoi Freinet parlait (abusivement) de "scolastique".dgeon
Robert Marchenoir mentionne la plainte usuelle du "manque de moyens". Des auteurs anglais, en particulier E. G. West, ont étudié le niveau d'instruction en Angleterre et aux Etats-Unis (en particulier l'état de New York) au XIXème siècle. Les résultats sont intéressants pour tous, mais spécialement pour les Français, qui attribuent à l'Etat et à la République des exploits spéciaux. L'article de West, "The spread of education before compulsion: Britain and America in the nineteenth century" (1996, The Freeman) est très instructif. On voit que l'enseignement, essentiellement privé, et antérieur à l'enseignement obligatoire imposé par la loi, avait obtenu des taux d'alphabétisation remarquables, et cela avec une bureaucratie réduite.
RépondreSupprimerNe nous méprenons pas : l'étatisation de l'instruction n'a rien à voir avec la volonté d'élever le niveau d'instruction, ce n'est qu'un alibi, les initiatives privées sont tout à fait capables dans une société prospère d'élever le niveau d'instruction.
RépondreSupprimerDes écoles comme Centrale ou Sup'Aéro furent d'ailleurs fondées par des initiatives privées (et moins avancées). A un niveau moins avancé du cursus, on trouvait aussi moult instituts, religieux ou non.
L'étatisation de l'instruction a tout à voir avec l'endoctrinement. Les fondateurs ne s'en cachaient pas plus que nos propagandistes scolaires actuels.
Ce n'est pas une mince conséquence de la faillite de l'Etat-providence que l'espoir de voir l'étau idéologique qui enserre l'instruction en France relâcher sa pression faute d'argent pour continuer ses dégâts.
Pourtant, cher M. Boizard, les premiers jalons de l'étatisation que vous fustigez remontent à fort loin. Sans parler des universités, sur le modèle de Sorbon descendu du nird de la Champagne, je pense en particulier à la création de l'agrégation et des écoles vétérinaires, sous Louis XV. Le mouvement qui a suivi la Révolution, en ce domaine comme en d'autres, n'a fait que poursuivre l'oeuvre des rois. L'étatisation en est l'aboutissement.
RépondreSupprimerVous n'allez tout de même pas nier que ces deux initiatives du règne de Louis XV - comme d'autres qui ne me sont pas venues spontanément à l'esprit - ont augmenté le niveau d'instruction et n'ont pas créé d'endoctrinement.
On ne peut pas en dire autant de certaines initiatives privées à l'initiative de sectes, que vous voulez préserver au nom de la "liberté" (du moins pas celle de ceux qui subissent ces formes d'endoctrinement).
Bravo, Louis XV le Bien-Aimé. L'agrégation, créée, je le rappelle, à la suite de l'expulsion des jésuites (ça, c'est malin), n'a pas provoqué d'endoctrinement, dit Phoebastria. Tout de même, dans les disciplines des lettres et sciences humaines en tout cas, elle a pu favoriser au minimum un certain académisme et une certaine rhétorique, à l'occasion tout de même bien artificielle. Cette institution n'a donc pas que du bon. Le monde entier, paraît-il, nous l'envie, mais en fait n'en a jamais entendu parler. En France, on s'en gargarise un peu beaucoup, au point que pas mal d'agrégés tendent à s'attribuer (de bonne foi, mais à tort) le titre complètement imaginaire d'"agrégé de l'université". Voici ce qu'écrit François Bayrou, agrégé de lettres classiques : "Ce titre-là me faisait battre le cœur : "agrégé de l’Université". J’ai décidé de passer l’agrégation pour une raison toute simple : il me semblait que ce titre était l’un des plus beaux que nos études pouvaient offrir. Dieu sait que beaucoup de titres me laissaient indifférent. Mais celui-là me faisait battre le cœur : agrégé de l’Université. Encore aujourd’hui, c’est mon plus beau titre, à l’égal du suffrage universel." Cette exaltation n'est pas ridicule, elle montre même un côté sympathique et touchant dans la recherche d'une "noblesse" méritocratique. Mais on peut la trouver légèrement excessive.
RépondreSupprimerPour ce qui est de la rhétorique, et même, disons, du galimatias sophistique, certaines fois ça donne des choses surréalistes. Les amateurs de littérature anglaise qui disposent de vastes loisirs et d'un estomac en acier dur type roulement à billes peuvent par exemple inspecter une section du rapport du jury de l'agrégation (externe, comme on dit maintenant) d'anglais 2004. A partir de la page 14 (jusqu'à 23), on trouve le "corrigé" (sic) de la dissertation à composer (en sept heures, c'est du style des concours du mandarinat dans l'Empire du milieu) sur un sujet portant sur le roman "Lord Jim" de Joseph Conrad. A la lecture de cette prose derrida-esque, voici l'hypothèse à laquelle je m'arrête : l'auteur de ce corrigé, pince-sans-rire malicieux, a voulu dérider les futurs agrégatifs pour les arracher quelques instants à leurs austères et angoissants travaux. La phrase finale est : "En d’autres termes, préservons le voile, relisons et faisons en sorte que tout dévoilement ne montre jamais autre chose qu’un mouvement du voile." En bon français : dissertons et dissertons, pour ne rien dire. Encore merci, Bien-Aimé Louis, quinzième du nom. Heureusement que le jury teste, à ce que je crois, la qualité de l'anglais écrit et oral. C'est déjà ça.
Et si vous tenez le jury d'une agrégation (du second degré) pendant quelques années, vous faites passer vos idées sur n contingents d'agrégés. Les candidats doivent passer sous les fourches caudines. Dans les agrégations de l'enseignement supérieur (économie en particulier), cette fois, la chose est encore plus nette.
Je précise que de mon point de vue, il est probable que Freinet n'a pas dit que des conneries.
RépondreSupprimerIl est même tout à fait possible qu'à son époque, voire plus tard, sa critique de l'enseignement magistral, par exemple, ait eu quelque pertinence.
On remarque aussi qu'il ne niait pas complètement l'intérêt de la grammaire. Si les élèves d'aujourd'hui n'en connaissaient que ses "quatre pages", ce serait déjà pas mal.
Et l'on peut certainement trouver des justifications très intelligentes et très sensées de ses méthodes dans le contexte de son époque, avec les élèves qu'il avait, etc.
Toujours est-il que, tous comptes faits, la lecture de ses textes, ses prises de position politiques, celles de ses adeptes, ainsi que l'histoire de l'école et des idées par la suite, étayent solidement le titre que j'ai donné à ce billet.
Le funeste héritage de Célestin Freinet se retrouve dans un autre domaine, que je n'ai pas cité. Lisez les textes que j'ai indiqués, et vous constaterez l'incroyable pathos qui en dégouline.
Freinet secrète une espèce d'amour gluant pour l'enfance et pour l'humanité ; grâce à lui, et pourvu que l'on applique ses recettes, l'enfant va "s'émanciper" (de quoi ? du réel ?) ; tous les hommes vont se donner la main ; une espèce de socialisme vaporeux et mal défini va enfin remplacer la guerre, l'ignorance et la misère.
Bref, Freinet a inventé le Bisounoursisme avant la lettre.
Il est très difficile de résister à ce pathos. En gros, Freinet vous promet le bonheur éternel ici-bas, à condition d'être gentil avec les gosses à l'école. Son enthousiasme et sa passion sont communicatifs.
C'est la même éloquence de représentant en encyclopédies qui a "vendu" le communisme à tant de non communistes, et qui continue de lui valoir une indulgence coupable.
C'est pour le bien de l'humanité, n'est-ce pas. Nos intentions sont bonnes. C'est dommage que les communistes aient disparu. Eux, au moins...
Les monchéri-moncoeur de 2010 sont déjà dans les propos de Freinet avant-guerre, et dans les espoirs messianiques, déraisonnables et somme toute pervers qu'il met dans les enfants.
"Quel monde laissons-nous à nous enfants ?" ; "Nos enfants vont nous en vouloir, et ils auront raison" ; "La France de demain est chez les jeunes des quartchés".
Toutes ces postures perverses, caractéristiques de la période contemporaine, sont déjà en germe dans l'anarchisme scolaire de Freinet, qui, en mettant l'enfant au centre de l'école, prépare le monstre incontrôlable que celui-ci est devenu, encouragé par l'irresponsabilité des adultes.
Merci Curmudgeon...
RépondreSupprimerEtant de formation scientfique, je vois que j'ai du mal à suivre pour rivaliser dans la qualité des références...
Toutefois, dans mon domaine, pas d'endoctrinement !
Dans la propagande d'idées à la con nuisibles, JJ Rousseau est une bombe atomique à lui tout seul.
RépondreSupprimer1/2
RépondreSupprimer1/2 (aïe !)
RépondreSupprimerA Phoebastria : Oui, je comprends que, dans les disciplines dures, l'endoctrinement est très difficile. Ce qu'il peut y avoir, c'est des modes intellectuelles, qui se répandraient de toutes façons autrement, mais qu'un système d'état centralisé, une beau steamship avec de jolis concours de recrutements nationaux, et toute la machinerie en-dessous du pont, favorise puissamment. Exemple. Je me souviens d'avoir entendu Benoît Mandelbrot, récemment décédé, expliquer que, ayant réussi à la fois au concours d'entrée de la rue d'Ulm et à celui de Polytechnique, il avait choisi Polytechnique, à la grande stupeur de son oncle, Szolem Mandelbrojt, lui-même professeur de mathématiques au collège de France. Mandelbrot junior estimait que Normale Sup était dominé par la bande bourbakiste (à laquelle était affidée tonton Szolem), qu'il jugeait étouffante et insupportable (ensuite Mandelbrot est parti aux Etats-Unis). Les bourbakistes ayant acquis le pouvoir universitaire et malaxé entre leurs mains puissantes la pâte estudiantine, ont ensuite impulsé d'en haut la fameuse réforme des "maths modernes", qui n'avait pas que du mauvais, mais qui avait été conçue et diffusée sans aucun sens pédagogique, et qui avait abouti dans l'ensemble à des résultats piteux, spécialement dans une tendance à la liquidation de la géométrie (ensuite, réaction, parfois excessive). Alors quand ça a foiré, eh bien des gens comme Dieudonné (le mathématicien, pas l'humoriste...), Lichnerowicz, se sont lavés les mains. Ils n'y étaient pour rien, ces péquenauds du secondaire n'avaient pas compris, etc. Il faut voir qu'une fois que certains inspecteurs influents se sont emparés d'une lubie, et qu'ils la propagent en activistes enragés, ça donne des choses incroyables. [Par exemple un beau jour, la dictée est interdite, comme étant "anti-pédagogique". Si vous faites faire des dictées, vous êtes sabré, on vous sermonne. Plus tard la dictée revient, "ah oui, elle a du bon, hein, cette bonne vieille dictée". Bon, c'est comme la meilleure façon de faire dormir les bébés en puériculture : sur le dos, pas sur le dos, et ainsi de suite.]
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RépondreSupprimerIl est vrai que les "maths modernes" ont eu leur heure de gloire ailleurs, dans des systèmes d'enseignements organisés différemment du nôtre. Aux Etats-Unis Feynman (celui du célèbre cours de physique de Berkeley) racontait qu'un collègue physicien lui dit un jour : "C'est dingue, ma fille, au primaire, on lui fait faire des calculs en système binaire". Ils étaient pliés en deux. Quand la cuistrerie incompétente fond sur vous, ça fait mal. Il serait intéressant d'étudier comparativement, pays par pays, comment se déclenchent, se propagent, puis refluent, ce genre de modes. Et de voir comment influe le système.
Or, faire dessiner des patates ensemblistes en intersection, c'est très bien. Il y a des musiciens, il y a des Polonais, alors il y a des musiciens polonais. Les quantificateurs, parfait. L'ennui, c'est quand on regarde certains manuels de géométrie de l'époque. Quand la brave droite apparaît sous ce déguisement mystérieux : "famille de bijections g de (D) sur R telles que pour deux quelconques de ces bijections g et g' et pour tout point M de (D), il existe deux réels a et b tels que: g' (M) =ag (M) + b" (programme de 1971 : même le Canard enchaîné l'a fait connaître aux populations tétanisées). Ou bien quand les gamins de l'école primaire se font gourmander quand ils parlent de "nombre de", alors qu'il faut dire "cardinal d'un ensemble". Là, du coup, la "scolastique" que déplorait Freinet, oui, on patauge en plein dedans.
Robert Marchenoir : Merci pour les nuances apportées sur Freinet lui-même. Ce que je me demande, c'est si les freinetistes, qui avaient souvent de fortes convictions sociales, politiques, etc., se laissaient effectivement influencer par elles dans leur pratique professionnelle.
Pendant que j'y suis, une interrogation innocente. En France, il y a une belle et ancienne tradition (républicaine ?), qui est que des inspecteurs généraux de l'Education nationale, comme qui dirait les généraux de la Grande armée, dirigent, sinon une manœuvre hardie de hussards noirs contre les farouches ennemis qui viennent jusque dans nos bras égorger nos fils, ainsi que nos compagnes, du moins une collection de manuels. Généralement en faisant s'activer des sous-fifres, et même parfois des nègres anonymes. Ça ne s'appelle pas du tout un conflit d'intérêt ? Non, impossible, parce que ça n'a rien à voir avec "le privé", où règne la cupidité sans frein (greed). J'ai vu des vieux manuels de géographie du primaire (début XXème siècle) qui étaient conçus par des professeurs à la Sorbonne, lesquels, au moins, n'étaient pas les supérieurs hiérarchiques des instituteurs. Mais le coup de l'inspecteur général, ça, c'est beau.
Je reformule : un système distribué est plus robuste qu'un système centralisé, il persiste moins dans l'erreur.
RépondreSupprimerBien entendu, c'est une évidence mais les sectateurs de l'instruction sovietoïde feignent de l'ignorer ou considèrent, ce qui revient au même, qu'ils sont infaillibles et que la question de la résistance de leur système à l'erreur ne se pose pas.
Curmudgeon, je ne suis pas bien sûr de comprendre votre question. Les freinetistes avaient, et ont, des convictions politiques fortes, qui ne sont pas séparées de leurs convictions pédagogiques. Les unes découlent des autres.
RépondreSupprimerL'une de leurs caractéristiques les plus marquantes, c'est que non seulement ils sont influencés par leurs convictions, mais ils influencent aussi les autres.
C'est un mouvement militant informel, mais tout à fait efficace, au sein des écoles françaises (et au-delà).
On pourrait, après tout -- c'est la vision libérale -- admettre qu'il y ait des écoles Freinet, des écoles Hitler, des écoles Besancenot : ce serait marqué sur la porte, et chacun aurait la liberté d'y aller ou pas. On verrait bien l'efficacité des unes ou des autres, et, mon Dieu, si certains choisissaient d'envoyer leurs enfants dans les écoles ayant prouvé leur capacité à produire des abrutis, eh bien on ne peut pas éradiquer la connerie par décret présidentiel.
En Fraônce, ça marche pas comme ça : il y a des écoles Freinet, mais c'est subreptice. Ce sont les "militants" qui décident, c'est pas officiel, et personne n'a rien à dire.
Et puis, comme je l'ai montré, les adeptes de Freinet ont piquouzé toute l'Education nationale jusque dans ses textes officiels.
Freinet est le réglage par défaut, de même que la France est Degauche par défaut (mais ça ne se voit pas, parce que les médias interdisent de dire que l'Empereur est nu).
Il peut y avoir une dose de freinetisme dans les instructions officielles. Maintenant, leur application est probablement variable. Et puis les jolis discours sur "mettre l'élève au centre", etc., ça n'a rien de choquant, c'est une reformulation de ce qui s'est toujours fait. Les instructions Ferry du 2 août 1882 pour les écoles primaires disent ceci : "La seule méthode qui convienne à l’enseignement primaire est celle qui fait intervenir tour à tour le maître et les élèves, qui entretient pour ainsi dire entre eux et lui un continuel échange d’idées sous des formes variées et ingénieusement graduées".
RépondreSupprimerMaintenant, le second degré. Je regarde les Instructions officielles pour la classe de 6ème. "L’enseignement du français au collège a pour finalités de permettre à chacun de former sa personnalité et de devenir un citoyen conscient, autonome et responsable.". Bon, ça, c'est une petite lichette d'idéologie à la mode, sans plus. Maintenant, au fond, les Athéniens auraient applaudi (la rhétorique au service du citoyen !). Les instructions Ferry de 1882 (pour les écoles primaires) mentionnaient sous "Education civique" : "Explications très familières, à propos de la lecture, des mots pouvant éveiller une idée nationale tels que : citoyen, soldat, armée, patrie ; commune, canton, département, nation ; loi, justice, force publique, etc.".
Au collège, en français, l'insistance est mise sur les types de discours (narratif / argumentatif au niveau 6ème), sur les genres (conte, poésie, théâtre). Il est question de "s’approprier des éléments clefs d’une culture commune: les origines gréco-latine et judéo-chrétienne de notre civilisation.". On fait étudier des textes complets. On cite : Textes issus de l’héritage antique La Bible; Homère, l’Odyssée; Virgile, l’Enéide; Ovide, les Métamorphoses. Pas mal, non ? Et ça ressemble beaucoup aux instructions de 1963. Pour ce qui est de la "grammaire" (le mot apparaît trois fois, mais ensuite c'est rebaptisé "les outils de la langue", peu importe) il y a une liste des contenus pour ce qui est du "discours" et de la "morphosyntaxe" Tout ça est très classique. Au collège et lycée, s'agissant de littérature, ce qui semble s'être effondré, c'est Corneille et Racine. Molière a tenu le coup. Racine me rasait déjà (maintenant je le relis) ; je lisais Shakespeare. Néanmoins mon fils, en seconde, a cette année "Esther" au programme (je vois que dans les programmes d'il y a une cinquantaine d'années, "Esther" apparaissait dès la 5ème).
J'ai fait mes études secondaires sur la base de programmes de français de 1937 (pas très différents de ceux de 1925) retouchés 1947, 1953 (oui, je descend de ma machine à remonter le temps, frais comme un gardon !). Je ne sais pas si c'était aussi mirifique que ça. Cependant, il est indéniable que je ne serais jamais entré en 6ème (il y avait un examen d'entrée) si j'avais eu l'orthographe calamiteuse de ma fille, qui vient d'y entrer, et a eu de fort bonnes notes de français en CM2.
Attention ! Il y a une erreur très importante dans l'article : les enseignants qui pratiquent la pédagogie Freinet ne font pas du tout la méthode gobale en français, mais ce quon appelle "la méthode naturelle" et qui n'a rien à voir !!!
RépondreSupprimerAlors, peut-être ne pas dire n'importe quoi en faisant semblant d'être au courant ?
Ensuite, nous ne sommes pas si nombreux que ça dans le mouvement Freinet pour être responsable d'autant de maux !
L'article ne tient donc pas debout.
Joëlle, CE 1
Excusez-moi,
RépondreSupprimerJe voulais écrire "Nous ne sommes pas si nombreux pour être responsables d'autant de maux"
Joëlle, CE 1
«Je voulais écrire "Nous ne sommes pas si nombreux pour être responsables d'autant de maux"»
RépondreSupprimerLe nombre ne fait rien à l'affaire en matière d'idées. Il suffit qu'une seule personne avec un peu de génie ait de très mauvaises idées et sache en faire la propagande pour provoquer une catastrophe (Rousseau, Marx, etc.).
Vous vous voudrez bien m'excuser d'être un butor, mais je ne vois guère de différence entre méthode globale et méthode «naturelle» sur le point qui, à mes yeux, les différencie fondamentalement de la méthode analytique : il s'agit toujours de «faire découvrir» et non d'enseigner d'une manière rigoureuse.
Il y a là un désaccord fondamental et irréconciliable dans la manière d'envisager l'élève, le savoir et l'enseignement.
La racine de ce désaccord se situe à mes yeux dans la philosophie. Disons pour simplifier, comme je le signalais supra, dans la querelle entre le rousseauisme et l'anti-rousseauisme.
A mes yeux, l'enfant n'est pas un être naturellement bon, ayant en lui toutes les potentialités de bonnes choses qu'il ne s'agirait que de cultiver, devant l'innocence duquel l'adulte devrait s'extasier et prendre des leçons.
C'est un monstre d'égoïsme et de perversité en puissance (1) et il appartient aux éducateurs de le civiliser et de lui apprendre.
C'est pourquoi la civilisation est extrêmement fragile : dès qu'une génération renonce à son rôle d'éducateur de la suivante, comme l'a fait celle d'après-guerre, le fil de la civilisation est rompue et la barbarie menace.
C'est pourquoi je trouve d'un humour grinçant que ceux qui se plaignent de l'hyper-individualisme et de l'égoïsme de notre société sont souvent ceux-là mêmes qui, en renonçant à éduquer leurs enfants, ont préparé ce monde d'enfants gâtés.
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(1) : exemple qui me vient spontanément : mettez un enfant face à un animal de compagnie pour la première fois, il ne faudra pas longtemps avant qu'il lui vienne des idées de torture.
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RépondreSupprimer1) Expérience de pensée. Supposons que je donne à un élève : papa, pipi, tata, tutu, caca, baba, bibi, bobo, gaga, gogo, nana, lolo. Est-ce que, en le guidant un peu, il est inimaginable que l'élève n'arrive pas à intuiter que, au moins dans cet échantillon de mots écrits du français, il y a des bidules (les syllabes) tels que pa, pi, ta, ti, etc. Et puis que ces bidules, à leur tour, se décomposent en sous-bidules, p, t, k, etc., d'un côté, a, i, o, u d'un autre côté ? Ou bien, au lieu de laisser l'élève découvrir, avec une aide, comment la machinerie fonctionne, on peut lui expliquer d'emblée sans susciter son activité.
Maintenant, on peut choisir une direction inverse, en remontant : b, a, ba, puis baba. C'est ce qu'on a fait pour moi jadis. Là encore, n'est-il pas possible, soit de laisser un peu l'élève découvrir par lui-même, soit d'être complètement directif ?
En d'autres termes, même si on utilise la "méthode analytique", il y a a priori 2 x 2 = 4 façons de faire (analyse top/down, construction bottom/up ; auto-apprentissage / instruction explicite). Tout ça est un peu théorique, mais je cherche à voir si on ne se bat pas à propos de causes fictives. Et je cherche à clarifier des choses comme "analytique", "global".
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RépondreSupprimerMaintenant Joëlle Martin peut-elle nous dire en quoi la méthode naturelle de Freinet diffère de la méthode globale ? Son témoignage serait très intéressant. En lisant sous la plume de Freinet "nous le verrons [l'élève] alors scruter le texte globalement", on peut penser qu'on est dans le "global". Mais je crois que "global" est ambigu. Ça peut vouloir dire qu'on commence par le haut, puis qu'on descend analytiquement vers le bas : mot > syllabe > lettres (je simplifie), comme j'ai dit plus haut. Auquel cas, "global" veut dire "analytique en commençant au niveau du mot et en descendant jusqu'à la lettre". Ou alors ça peut vouloir dire que, au moins pendant une période, on reste fixé sur le haut (mot perçu globalement sans aucune tentative d'analyse), et ça c'est le global dans l'acception commune, celui qui fait lire à ma fille "voiture" quand le texte a "automobile". Par ailleurs, qu'est-ce que Freinet veut dire par "scruter le texte globalement" ? C'est quoi, le texte ? Pour moi, visuellement, c'est une série de paragraphes, divisés en phrases, divisées en mots, divisés en lettres. Sûrement Freinet n'a pas pu vouloir dire qu'il lâchait les gamins dans un "texte" ? Il s'agirait alors d'un tour de force du type, mettons, de ce qu'a fait l'abbé Barthélemy en 1758 quand il a déchiffré les inscriptions phéniciennes (bon, pour lui la tâche était plus rude, parce qu'il n'y a ni paragraphes, ni ponctuation, ni majuscules, ni séparations de mots en phénicien ; Barthélemy pensait que la langue des inscriptions devait avoir une ressemblance avec l'hébreu ou le syriaque, et le gamin sait que la langue des inscriptions n'est autre que celle qu'il parle tous les jours). Donc c'est autre chose. Quoi ?
2) Franck Boizard. Votre enfant est hobbesien, c'est une engeance infernale à mater. Je ne crois pas à l'enfant rousseauiste. Mon enfant (et d'ailleurs mon adulte) a une nature bonne, mais limitée, et "blessée", pour reprendre une métaphore classique. Question passionnante sur le papier, mais accablante dans la réalité (programme de recherche sur quinze ans) : est-ce que les conceptions pédagogiques sont dérivables de manière fiable des conceptions "anthropologiques" (au sens philosophique) ? Quelles étaient les convictions philosophiques de Dewey, Freinet, Cousinet, Pestalozzi, Montessori, Decroly, Makarenko, des Jésuites, des Frères des écoles chrétiennes, de Comenius et ainsi de suite ?
«est-ce que les conceptions pédagogiques sont dérivables de manière fiable des conceptions "anthropologiques" (au sens philosophique) ? »
RépondreSupprimerJe le crois, sans pouvoir le prouver.
@ Curmudgeon,
RépondreSupprimerVous dites :
"pas mal d'agrégés tendent à s'attribuer (de bonne foi, mais à tort) le titre complètement imaginaire d'"agrégé de l'université""
Pouvez-vous expliquer ce que vous entendez par là ? En quoi le terme "de l'université" est-il imaginaire ?
pedro
J'explique à Anonyme pour l'agrégation (des professeurs du secondaire). Les seuls titres officiels comportent le nom de la discipline comme : agrégé de mathématiques, agrégé de sciences physiques, agrégé de lettres classiques, agrégé d'allemand, etc. Sauf erreur de ma part, l'expression "agrégé de l'université" ne correspond à rien d'existant. C'est un "titre de courtoisie" qui fait joli, au lieu d'"agrégé" tout court. Il ne fait de mal à personne, mais il est bel et bien imaginaire, à ma connaissance, en dépit de ce que dit Wikipédia sous "Agrégation en France". De toute façon, il n'y a aucune justification logique à ce titre, puisque ce n'est pas l'"université" qui agrège ces fameux agrégés : l'agrégation est un concours organisé par le Ministère, et non pas par les universités. Les gens qui pourraient peut-être légitimement s'affubler du titre d'"agrégé de l'université" sont, par exemple, les agrégés de droit, parce qu'il s'agit d'une agrégation pour désigner des professeurs d'université. Mais, par un paradoxe amusant, eux ne s'appellent jamais ainsi. Le site du Ministère de l'éducation nationale emploie uniquement le terme "professeur agrégé".
RépondreSupprimerTout ça n'est qu'un minuscule détail. Mais il est symbolique. Je ne sais pas si vous avez remarqué que sur la quatrième de couverture de certains livres, on déroule la titulature de l'auteur dans ses moindres détails : Tartempion est "agrégé de l'université" (inclinaison du tronc : 10° par rapport à la verticale), mais attention, avant il est "ancien élève de l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm" (inclinaison du tronc : 20°), et enfin il est "professeur à l'université Trucmuche" (inclinaison du tronc : 30°). On se demande pourquoi le dernier titre ne suffit pas, comme indication professionnelle. Quelqu'un qui, dans sa jeunesse, rédigeait les quatrièmes de couverture pour des livres de ce genre m'a indiqué que les éditeurs poussent à ça, parce que "ça se vend mieux".
Vous me direz, la formule d'appel des lettres expédiées aux Secrétaires (et sous-Secrétaires) d'Etat est "Monsieur le Ministre".
Hahaha, fascinant, Curmudgeon. Et les agrégés, ils sont agrégés par quel ministère ? Celui des écoles, ou celui des universités ?
RépondreSupprimerJ'ai toujours été sidéré par les querelles de chiffoniers entre agrégés et non-agrégés, sur les sites de profs.
A Robert Marchenoir : C'est le Ministère de l'éducation nationale qui organise le concours de l'agrégation. C'est de lui que dépend la nomination des agrégés.
RépondreSupprimer