Le piège de la pénibilité (Valeurs Actuelles)
Voici un extrait :
le gouvernement avait envisagé un seuil minimal d’incapacité plus raisonnable de 20 %, estimant que cela pourrait concerner 10 000 retraités par an pour un coût de 200 millions d’euros. Avec un seuil de 10 %, il a logiquement rehaussé les estimations : 20 000 à 30 000 personnes pour un coût de 550 millions d’euros. Ces prévisions au “doigt mouillé” semblent hasardeuses. Ce qui l’est moins, c’est l’inévitable effet d’aubaine que pourrait provoquer une demande massive de dérogations. Des dérogations que certains syndicalistes et médecins du travail, membres des commissions d’évaluation, se feront un plaisir d’accorder avec une grande générosité. [...]
Cette question a en effet déjà été longuement débattue en Suède, pays qui a mené une réforme des retraites beaucoup plus ambitieuse qu’en France, mais toutes les solutions envisagées ont été finalement écartées, car jugées trop complexes, voire inapplicables. En Italie, la loi Prodi de 2007 prévoyait bien un dispositif de départ anticipé pour les travailleurs ayant exercé des métiers pénibles, mais le gouvernement a fait marche arrière et les textes d’application n’ont jamais été publiés.
Déjà, la réforme Fillon 2003 avait subi l’attaque d’un cheval de Troie. Pour arracher le soutien de la CFDT, le gouvernement de l’époque avait instauré le dispositif “carrières longues”. Les personnes qui ont commencé à travailler avant 16 ou 17 ans – et dont les métiers sont souvent les plus pénibles physiquement – ont la possibilité, depuis, de partir à la retraite entre 56 et 59 ans, selon les cas, si elles ont validé une carrière complète. Généreux dans son intention, ce dispositif, non financé, a suscité un véritable engouement : plus de 600 000 personnes en ont déjà bénéficié, pour un coût de 8 milliards d’euros. Résultat : les fruits des efforts consentis lors de la réforme 2003 ont été en partie annihilés. Pourquoi alors ne pas retenir les leçons du passé ?
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