Dans mon plaisant petit livre Dans la tête d'un réac, Eric Brunet remarque qu'on n'est pas de droite «parce que» mais «à cause».
Je suis de droite à cause de mon professeur d'histoire de seconde.
Pour moi, ce fut très simple, en seconde en 1986, j'ai participé sans excès aux manifestations contre la loi Devaquet, c'est au cours d'une de ces joyeuses «manifs» que je me suis soudain retrouvé au coude à coude avec mon professeur d'histoire, gauchiste labellisé (mais aux qualités professionnelles indéniables). Sur le moment, je n'ai pas compris, mais j'ai puissamment ressenti, l'incongruité de cette situation. Plus tard, est venue l'analyse avec les vilains termes : manipulation, propagande, instrumentalisation, détournement de mineurs ...
Il faudrait des années pour décanter tout cela, pour affiner ma réflexion, mais l'essentiel était fait : j'avais perdu la foi gauchiste, j'étais protégé contre la propagande bien-pensante comme par un vernis imperméabilisant.
Ensuite, je fus engagé dans une polémique avec un camarade que j'estimais fort, tout naturellement, il fut du coté de Sartre et moi de Camus. La lecture précoce de l'Archipel du goulag (j'étais fou) complétait le tableau. Tout cela et le fait de descendre de familles de paysans qui se faisaient un devoir de ne rien attendre de l'Etat suffisait à rendre impossible mon basculement à gauche.
Je n'étais pas encore de droite, mais je ne pouvais déjà plus être un gauchiste convaincu.
Bon, donc un livre de plus à lire...
RépondreSupprimerJe trouve ce billet fort modéré...
RépondreSupprimerM. Boizard devait savoir que je l'attendais au tournant, sur ce sujet, avec gourmandise et délectation. Il n'a pas résisté aux quelques mots de vocabulaire classiques du Figaro de décembre 1986, stéréotypes répétés depuis 24 ans : "manipulation, propagande, instrumentalisation, détournement de mineurs" ... Il nous a épargné les maternelles, les crèches et les couches-culottes, c'est déjà pas mal. Il a mis à la place Soljénitsine, c'est d'une autre pointure...
Mais, rassurez-vous, si vous me laissez sur ma faim, Raymond SOUBIE, le conseiller de Sarkozy, m'a donné toute satisfaction, en me débordant sur ma gauche.
Un jour il dit "irresponsable" d'appeler les les lycéens à manifester mais le lendemain il appelle les lycéens et les COLLEGIENS à manifester pour la réforme. Je dis bien "Et les COLLEGIENS".
J'en suis tout retourné. Je n'avais jamais osé réclamer la démocratie collégienne. Je viens de me faire doubler sur ma gauche par Sarkozy et son conseiller ; je suis étourdi, j'en ai encore la tête qui tourne.
On avait bien dit qu'avec lui tout était possible, non ?
"...devait savoir que je l'attendais au tournant..."
RépondreSupprimerPédant Narcisse est de retour !