Karlo Kopp est un obsédé du F-22, ses opinions sont un un peu trop manichéennes, mais ce qu'il raconte mérite toujours d'être médité.
Que dit-il dans cette présentation ?
La protection contre les avions ennemis est une nécessité dans la guerre moderne. Les avions ont un potentiel de destruction si important que toute armée (ou marine) exposée sans protection aux attaques aériennes est condamnée à la défaite.
Or, toute la doctrine américaine en cas de guerre dure repose sur la supériorité aérienne, la fameuse Air Dominance.
Les voies alternatives de la Défense Contre Avions (DCA), qui étaient l'usage de la Wermacht de la fin de la guerre ou des armées soviétiques, ont été complètement abandonnées par l'US Army. Il n'y a aujourd'hui plus un missile sol-air américain en développement (à part le système MEADS-CAP qui a du plomb dans l'aile) et la doctrine US en rejette explicitement la nécessité.
Donc les aviateurs américains sont condamnés à balayer du ciel leurs ennemis ou la guerre est perdue.
Or, les Chinois, les Russes ou les Coréens (du nord) ont un arsenal beaucoup plus diversifié (ils n'ont pas abandonné les SAM, au contraire, ils les ont perfectionnés) et beaucoup plus d'avions aux capacités non négligeables. Cette combinaison de la diversités des menaces et du nombre pourrait créer beaucoup de difficultés aux Américains pour gagner la supériorité aérienne.
La Chine semble s'être fait une spécialité des bases aériennes «durcies».
Un point complémentaire : une armée de l'air qui gagne est avant tout une armée de l'air qui dure plus longtemps que son ennemi. Dans le Fana de l'Aviation, il y a eu une étude fort intéressante sur la Luftwaffe lors de invasion de l'URSS en 1941 : elle avait la complète supériorité aérienne, pourtant elle perdait des avions et des pilotes plus vite qu'elles ne les renouvelait, contrairement aux Russes. Dans cette usure, la future défaite était en germe.
Bref, la quantité compte : il faut avoir des réserves de matériel et de pilotes si l'on veut durer. Or, les armées occidentales, prises par la logique comptable et les modes manageriales font exactement le contraire : stocks «optimisés» (c'est-à-dire réduits à peau de chagrin), «juste-à-temps», «partenariats public-privé». Tout un insupportable jargon technocratique pour dissimuler une vérité toute crue : «Mon bon monsieur, on n'a déjà pas le rond pour s'acheter le matériel de dotation, ce n'est pas pour en plus faire des stocks au cas où.»
Tous les ennemis ne sont pas aussi faibles que l'Irak.
On notera que la France, à cause de sa pauvreté, n'a pas adopté une doctrine aussi radicale que les USA et vient de faire entrer en service les missiles sol-air Aster. Point secondaire puisque, de toute façon, la France est de plus en plus incapable d'opérer sans une aide américaine (on se gargarise de discours sur la position particulière de la France, mais nous ne finançons pas une armée capable de donner de la réalité à ces fanfaronnades).
Finalement, cet accent américain exclusif sur la supériorité aérienne signifie peut-être que l'US Army ne croit pas à un conflit avec un pays militairement avancé. Espérons que l'avenir ne démentira pas ces vues optimistes.
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