Bertrand Tavernier, quand il s'exprime en public, paraît l'archétype de l'anti-Armagnac, du salopard gauchiste, bobo, immigrationniste, sans-papieriste. De ceux qu'on fantasme d'envoyer en exil aux Kerguelen.
Et pourtant, il arrive que ses films donnent à voir tout autre chose, le patriotisme, la nostalgie, le conservatisme, les valeurs les plus traditionnelles, à son corps défendant, semble-t-il, puisque, dans les entretiens, il rejette toujours cette interprétation, pourtant évidente, de certains de ses propres films.
Prenez Capitaine Conan. Tavernier nous raconte que c'est un film contre la guerre, un film qui montre l'horreur et le traumatisme de la guerre. C'tte bonne blague !
Certes, on y voit des traumatisés. Mais on y voit surtout sous un jour sympathique un guerrier, un type qui se révèle dans la guerre, qui exulte dans la guerre, et qui meurt dans une existence médiocre après la guerre.
Une erreur de parcours ? Un accroc ? Bizarre. On ne pouvait déjà pas qualifier La vie et rien d'autre de film anti-patriotique. Et puis, Dans la brume électrique n'est pas hostile aux Sudistes, loin de là. Sudistes qui sont les héros du romantisme conservateur.
Il y a aussi La princesse de Montpensier, qui peut sans beaucoup d'efforts être interprétée comme une ode à vieille France (le seul «immigré» du film est un dromadaire ! Ca devient rare les films sans «issus de la diversité», y compris parmi les acteurs (1). Il n'est pas indifférent que Tavernier en fasse un).
Bien sûr, sur les 35 films de Tavernier, je ne vous ai pas cité la litanie des films gauchistes caricaturaux, très majoritaires.
Mais cela me réconforte de voir que la sensibilité de l'artiste Tavernier arrive quelquefois à contredire les foutaises progressistes qui peuplent la tête de l'homme Tavernier.
Peu importe ce qu'il raconte ensuite. Une fois diffusés, ses films ne lui appartiennent plus, chacun est libre de son interprétation.
Si l'amour de la tradition et de la France n'est pas mort chez un tel homme, la flamme de l'espérance n'est pas éteinte.
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(1) : Le petit Nicolas nous avait gratifié d'un Français moyen des années 50 joué par Kad Merad ! Quand on voit ce qu'on voit ...
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