Notre système éducatif est le rendez-vous des cuistres, des imbéciles et des salauds. Car on hésite à qualifier des gens qui font passer leurs fantaisies idéologiques avant l'efficacité éducative. Imbéciles ou salauds ? Probablement les deux.
Parmi les perles dont cette engeance nous gratifie, j'en ai trouvé une excellente dans Le Point, par un certain Antoine Compagnon : «L'école de la IIIème République qui laissait tomber les cancres».
Les pédagogos ont trente ans de retard. Seulement aujourd'hui, ils se rendent compte de ce que sait le bon peuple depuis trente ans : l'école d'avant les fantaisies constructivistes était meilleure.
Comme les pédagogos sont bien obligés, sous peine de lynchage, de faire des concessions à ce connard de peuple, ignare et crédule, mais tout de même plus lucide que ces messieurs, ils admettent du bout des lèvres, avec l'air dégouté de la bonne sœur dans un hôtel de passes, que certes, l'école de papy n'était pas si mal mais en assortissant cet aveu de tant de bémols, de nuances, de repentirs, qu'ils le vident de sens. Ca leur écorcherait la gueule de reconnaître que leurs prédécesseurs étaient intelligents et qu'eux sont cons comme des buches.
Alors nous avons droit à ce genre de flatulences :
«L'école de la IIIème République qui laissait tomber les cancres»
Encore un épisode de la fatigante émeute contre les morts. Bravo, c'est original.
Regardez comme je suis moral. Les enfoirés de hussards noirs de la République laissaient tomber les cancres, c'est-à-dire qu'ils ne permettaient pas à un bon à rien de faire Polytechnique, ils lui apprenaient juste à lire, écrire et compter mieux que la plupart des élèves d'aujourd'hui et il trouvait du boulot avec ça. Ah, les canailles ! Ah, les nazis !
Tandis que moi, Jean-Pierre Dugland, président de la section locale de la FEN, fils spirituel de Meirieu et de Bourdieu, j'aime tellement les cancres que j'en fabrique par millions, dans le strict respect de l'égalité républicaine. «Que du bonheur !» comme on dit chez les festivistes à rollers.
Mes cancres à moi, pas un pour rattraper l'autre. Tous aussi aussi ignares, quels que soient leurs talents et leurs dispositions. Tous égaux dans le chomdu et dans la mouise (sauf si papa a des ronds). Ca, c'est de l'égalité républicaine ou j'm'y connais pas ! Les crétins de Ferry (Jules, pas l'autre abruti) peuvent aller se rhabiller. Et Polytechnique, le fils d'ouvrier, il sait même pas ce que c'est, il peut toujours se brosser, le pauvre.
Alors, hein, les mecs ! Notre fabrique du crétin, c'est quand même mieux que «L'école de la IIIème République qui laissait tomber les cancres».
Frank,
RépondreSupprimerDans le même genre d'âneries, il y avait hier dans le Monde un article intitulé "Les étudiants contestent la méritocratie scolaire"...
Les commentaires heureusement montraient que tout n'est peut-être pas perdu dns notre beau pays.
Merci pour ce coup de gueule salutaire, Franck! Au fait, Hash n'aurait-il pas fait des émules ;))
RépondreSupprimerPlus sérieusement, je ne peux que souscrire à ce constat que je constate quasiment tous les jours de mes propres yeux...
Malheureusement, je crains que nous n'ayons à boire le calice jusqu'à la lie : les pédago sont implantés à tous les niveaux du mammouth de sorte qu'il me parait impossible en l'état de le réformer...
Je réponds à une remarque qui ne m'a pas été faite et à laquelle je m'attendais.
RépondreSupprimerCompagnon n'est pas le pire des pédagogos. Il préconise l'autonomie des établissements.
Alors pourquoi m'attaquer à lui ?
Parce que l'enjeu de cette guerre idéologique est trop important pour tolérer les états d'âme. Pas de prisonniers.
Hahaha, j'aime ce ton sain et roboratif. L'heure n'est plus aux ronds de jambe.
RépondreSupprimerJe ne connais pas l'intervention d'Antoine Compagnon. Ce n'est pas un pédago du tout. En rien. Au surplus son parcours est très intéressant. Ce que j'ai lu sous sa plume est très intelligent. Inutile de se déchaîner sur lui, alors qu'il y en a tant qui mériteraient vos foudres.
RépondreSupprimerVoila longtemps que je n'avais pas lu un billet aussi fort.
RépondreSupprimerNon que votre production habituelle puisse être prise en défaut, mais je suis d'accord avec vous que ce thème est si essentiel qu'il ne supporte pas la moindre tentative de justification de la politique menée depuis des années.
Quelque soit la qualité d'Antoine Compagnon, laisser accréditer en permanence les réécritures de l'histoire, comme une offrande conciliatoire aux thuriféraires de la doxia actuelle est un leurre.
Car les parents d'élèves pris en otages, et démunis dans un tel conflit, seront les premiers à devoir accepter tête basse, qu'on leur resserve ces mêmes arguments comme légitimes si on ne veille pas à les discréditer.
Concernant Antoine Compagnon et d'autres, je me suis souvent demandé ce qui pouvait expliquer cet enferment intellectuel. Si on fait abstraction des zélotes politiques et idéologues pervertis qui se livrent de manière déterminée à la destruction de l'éducation, et dont c'est le combat d'une vie, qui sont les autres? Sont-ils amendables et pouvons nous les y aider?
Car je ne peux me résoudre à laisser nos enfants boire le calice jusqu'à la lie, et je ne crois pas que daredevil non plus. Un des problèmes majeurs vient du risque pour les parents (et leurs enfants) d'appartenir à un syndicat de parents d'élèves qui soit ouvertement en conflit avec le système. Or, seuls les parents d'élèves peuvent souscrire à de telles instances "représentatives". On remarquera d'ailleurs que contrairement aux syndicats de salariés, il n'est prévu aucun statut de "parent d'élève" protégé.
"Je réponds à une remarque qui ne m'a pas été faite et à laquelle je m'attendais."
RépondreSupprimerJe ne suis plus invité ici... Mais la démonstration de ce que j'écrivais il y a peu était éclatante.
Alors, malotru, je ne résiste pas à enfoncer le clou. Compagnon est un des pires crânes d'oeufs néolibéraux technocrasseux pourrissant le HCE, forniquant avec les Thélot et les Pochard.
Pour moi, c'est justement parce qu'il est pour cette foutaise d' "autonomie des établissement" qu'il est le pire des pédagos. Et il est combattu par le seul syndicat résistant au pédagogisme : le SNALC. Les autres, en particulier les loches du SGEN, lui sucent le fion.
Ancien polytechnicien, c'est un traître qui crcahe dans la soupe et refuse aux générations futures ce dont il a lui-même bénéficié. Typique de l'ex-chienlit de mai 68 (génération de sales gosses gâtés qui fournit tous les mandarins libidineux qui veulent augmenter les frais d'inscription à l'université alors qu'ils ont bénéficié de la gratuité).
CQFD.
Non, Curmudgeon. Ras le bol !
RépondreSupprimerLes ménagements et les nuances, c'est toujours en sens unique.
Ce sont toujours les bien-pensants, qui sont intraitables et ne concèdent jamais rien, qui exigent des concessions des conservateurs.
La seule raison, mauvaise, qu'ont les conservateurs de concéder, c'est le manque de couilles.
La situation ne permet plus ce genre de tortillements du cul. Je classe les conservateurs qui n'assument pas au même rang que les bien-pensants.
Tant pis pour Antoine Compagnon.
A propos de bien-pensance dégoulinante, en voilà un beau :
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