Khadafi est fou, mais intelligent.
Sa première manœuvre suite à l'ingérence occidentale, qui a été de proposer un cessez-le-feu, était bien vue : elle désamorce en grande partie les raisons que se sont données les interventionnistes.
Si j'étais lui, que ferais-je ?
Rien. En tout cas, rien d'offensif. L'intervention coûte cher, très cher. En cette période de crise économique, ça compte. Autrement dit, tant qu'il arrive à tirer des revenus du gaz et du pétrole, le temps joue pour lui.
J'organiserais quelques perturbations (interceptions de bateaux, par exemple), histoire de rappeler mon pouvoir de nuisance, de faire monter le prix du pétrole et de foutre la merde à Wall Street, mais rien de spectaculaire, que des choses qui puissent être mises sur le compte de partisans exaltés, rien qui justifie que les alliés brusquent la partie.
Pendant que j'y suis, j'utiliserais quelques boucliers humains, des femmes et des petits gnenfants, pour brouiller le message des attaquants humanitaires.
L'opinion publique occidentale a une cervelle de colibri. Si il tient deux mois, il a gagné, comme Gbagbo en Côte d'Ivoire (1).
Dans cette situation, au pire, il y aura partition de la Libye, mais mieux vaut être dictateur d'un demi-pays qu'ex-dictateur poursuivi par un tribunal international à la con pour des crimes imprescriptibles (2).
Dernière minute : alors que j'écrivais ce billet, Khadafi vient d'annoncer une «guerre longue». Je vais proposer ma candidature comme conseiller et me faire payer en valises de pétro-dollars !
Tout de même, courage à nos marins, soldats et aviateurs, ils ne sont pas responsables des engagements dans lesquels des gouvernants inconséquents les fourrent.
*************
(1) : Gbagbo se livre à une épuration ethnique d'Abidjan, sans susciter d'intervention étrangère, de manière à rendre possible une partition de la Cote d'Ivoire. C'est très pénible pour le présent, mais peut-être un gage de stabilité pour l'avenir. On en revient à ma fameuse thèse que faire vivre ensemble des populations de races différentes est une provocation à la guerre civile. Remarquons que la «désintrication» ethnique fut la politique européenne de 1945-1946, avec des déplacements de populations absolument massifs (plusieurs millions d'Allemands, de Polonais et de Tchèques déplacés).
(2) : on baptise n'importe quoi «crime contre l'humanité». L'effet de ces foutaises sentimentales, c'est que les dictateurs prennent des risques en partant en exil et qu'ils sont ainsi poussés à s'accrocher au pouvoir jusqu'au bout, avec toutes les tueries que cela suppose. On ne devrait pas mêler les sentiments à la politique. Mais cette sagesse des rois est perdue par notre époque roturière.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire