Synthétisons : un incident bénin (1) conduit à perdre un avion et tous ses passagers, avec cette circonstance extraordinaire que trois pilotes n'ont pas réussi pendant 3'30 à comprendre la situation.
Il sera facile d'incriminer les pilotes, mais la conception de l'avion est fondamentalement en cause : c'est toute la philosophie Airbus qui est touchée.
Comme je le disais précédemment, tout le monde est atteint par la merde qui gicle du ventilateur : avionneur, certificateur, autorité de contrôle, formateur et exploitant.
Mais le plus atteint risque d'être Air France :
> les autorités sont payées avec nos impôts, le fait d'être discréditées ne les empêche pas de vivre (et pourtant, de tous les acteurs du drame, je me demande si ce ne sont pas elles les plus fautives, même si leur rôle frappe moins le grand public).
> Airbus est protégé par son duopole avec Boeing et par le fait que les avions Boeing ne sont guère différents dans leur philosophie. Donc les compagnies n'ont pas vraiment d'alternative, c'est bonnet blanc et blanc bonnet.
> en revanche, Air France est en danger de mort. En effet, les compagnies aériennes sont les organes de l'aviation commerciale les plus fragiles économiquement. Il suffirait que 15 % des passagers actuels décident de ne plus voyager sur AF pour raisons de sécurité, décision radicale mais pas infondée, pour que s'enclenche une pente possiblement fatale : moins de passagers, moins d'investissements, moins de réputation, moins de passagers, faillite. C'est ce qui est arrivé à Swiss Air. Or, après Concorde, Toronto et AF447, le bilan sécurité d'AF sur les dix dernières années n'est pas brillantissime, on sent bien qu'AF est au bord du gouffre question réputation.
C'est en fonction de ces enjeux qu'il faudra lire les différentes déclarations des prochains jours.
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(1) : perdre un pitot n'empêche pas plus un avion de voler que perdre votre indicateur de vitesse n'empêche votre voiture de rouler.
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