L'article qui suit, sur la grande fatigue de nos dirigeants, n'est pas aussi anecdotique qu'il y paraît.
La grande fatigue
Le sommeil de Napoléon est resté célèbre. Il a bien dormi la veille d'Austerlitz et très mal la veille de Waterloo. Paul Reynaud s'est plusieurs fois plaint, dans le tourbillon du terrible printemps 1940, de ne pas pouvoir se reposer autant que de besoin. De Gaulle, reçu avant-guerre par Léon Blum, raconte son malaise de la frénésie qui l'entourait.
Dans ses journées démentes, Churchill savait prendre des pauses.
L'histoire est faite par des hommes. Il n'est pas indifférent qu'ils sachent se ménager ou non. Et j'ai bien peur que la fatigue de Nicolas Sarkozy soit le symptôme de son incapacité à prendre de la distance vis-à-vis des détails du quotidien.
Il s'agite pour de se donner l'illusion de gouverner. Il «fait des choses», ainsi il pourra venir nous expliquer, quand tout aura échoué, qu'il s'est démené comme un beau diable, mais il ne fait pas les choses qu'il devrait, celles qui nécessitent de la réflexion, de la méditation, du recul.
On notera également que faire écrire ses discours par des nègres n'aide pas à appréhender la situation : on n'imagine pas les deux discours du 18 juin 1940, celui de Churchill et celui de De Gaulle, écrits par quelqu'un d'autre qu'eux-mêmes.
Alors, évidemment, quand il s'agit d'utiliser le pouvoir pour autre chose que susciter les flatteries, sauter les femmes faciles qui gravitent autour des puissants et faire ouin-ouin avec les motards en bleu, N. Sarkozy doute de lui-même, et il a bien raison, il perd le sommeil.
Il paye là, et nous payons avec lui, sa faute originelle : la politique politicienne, la recherche du pouvoir pour jouir des attributs du pouvoir. Il n'a jamais médité sur ce qu'il voulait faire du pouvoir.
Claude Reichman soutient la même idée dans Sarkozy, l'homme qui ne sait pas gouverner.
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