Dans tout ce que j'ai lu, ce texte de Gilles-William Goldnagel sur Atlantico est celui que je partage le plus et que j'aurai aimé écrire moi-même :
Ainsi, le président vilipendé aura été battu sur le fil du rasoir. Ainsi, c’était pour rire, Nicolas Pétain, ne méritait pas, finalement, autant d’indignité, mais du respect, comme l’a indiqué hier soir son victorieux rival dans un discours dont la hauteur n’était pas qu’habileté.
Ceux qui, surtout à gauche, veulent, évidemment pour son bien, empêcher la droite d’être la droite, expliquent doctement sa défaite par l’ignoble « droitisation » et les clins d’œil aux électeurs du Front National, auront du mal à le faire croire au regard du résultat final.
En dépit d’une campagne de dénigrement rarement observé depuis le général De Gaulle, en dépit d’une crise économique et financière qu’il serait euphémique de qualifier d’exceptionnelle et qui a sanctionné tous les sortants en Europe, le nouveau président élu l’aura été à la minorité des électeurs votants [allusion au vote blanc plus important que l'écart entre les deux candidats].
Bien au rebours, si ce retour au peuple avait été à la fois moins tardif et plus franc, donc plus crédible, il est permis de penser que le pari impossible aurait été tenu.
Si l’on décide d’organiser un débat sur l’identité nationale, on ne choisit pas pour le tenir un transfuge du PS qui en avait honte.
Si l’on décide de mener une campagne électorale décomplexée, on ne choisit pas comme porte-parole une femme, certes gracieuse et élégante, mais dont le principal titre littéraire aura été de morigéner la représentante de la droite extrêmement décomplexée.
Il est des erreurs de casting et de timing que comprend le Français.
Il n’empêche, le petit homme tant raillé, y compris pour sa taille, n’aura pas été dégagé par la fenêtre, mais sorti par la porte.
La grande.
Avec la bienveillance qui la caractérise, on peut imaginer, sans grande spéculation intellectuelle, la réflexion de la gauche et de ses relais, si d’aventure le président sortant l’avait emporté avec une majorité aussi étroite : « un président légal sans doute, mais vraiment légitime ? »
Fort heureusement, ce qui caractérise le camp vaincu, c’est précisément, son légitimisme démocratique qui fait de François Hollande, désormais, le président de tous les Français.
Il faut lui reconnaitre une habileté politique dont le mérite est à peine diminué par la complicité de la classe médiatique idéologisée.
Il faut reconnaître également à la gauche d’avoir su, elle, mener cinq années un combat culturel que son camp adverse n’aura finalement mené qu’un trimestre.
François Hollande, il l’a dit, ne pratiquera pas d’ouverture à droite.
A l’aune de l’intelligence politique et de la cohérence intellectuelle, sa victoire est méritée.
A ce stade, il faut, encore et encore, écrire que la droite française aura été la victime docile d’une escroquerie intellectuelle légale que je n’aurais cessé de dénoncer vainement.
Alors que le camp des droites, le premier tour l’aura encore montré, est plus nombreux que son antipode, c’est un président de gauche qui l’aura emporté.
L’explication réside toute entière dans le surmoi qu’aura réussi à imposer la classe médiatique à une partie de la droite française tout en décomplexant la gauche de ses propres liaisons autrement moins platoniques.
Alors que Gérard Longuet aura été tancé pour avoir suggéré que Marine Le Pen, contrairement à son père, était une interlocutrice possible, François Hollande remercie publiquement et impunément son interlocuteur Mélenchon et s’apprête à mener campagne avec un PCF, dans le cadre d’une alliance que même les représentants de la droite démocratique ont oublié hier soir de critiquer dans son principe.
Lorsque la victime est aussi sottement dupe, ce n’est plus, juridiquement, une escroquerie.
Mais il est une autre escroquerie, récidivante, qui aura été commise délibérément et impunément dans la dernière quinzaine : celle de dénoncer la dérive vichyssoise du président aujourd’hui battu.
J’aurais passé une bonne partie de ma vie d’homme à dénoncer et démonter cette escroquerie trentenaire en bande organisée.
Dans sa dernière séquence, il a été reproché à Nicolas Sarkozy de marcher sur les plates-bandes minées de Marine Le Pen.
Le Monde, alors que les jeux étaient faits, dans un article du samedi 5 mai, a reconnu, mais sans le critiquer le « glissement idéologique du PS ». : « Force est de constater que sous la double pression du score de Marine Le Pen au premier tour et d’un Nicolas Sarkozy décidé à faire de cette question le champ majeur de l’affrontement présidentiel, les socialistes, depuis le premier tour, usent d’un registre lexical jusqu’ici plutôt inhabituel ».
« Il y a trop d’immigrés en situation irrégulière » a déclaré le candidat socialiste « celui qui aurait dit ça dans un congrès se serait fait étriper. Jamais personne n’aurait osé, même pas Manuel Valls » déclare un responsable de la rue de Solferino.
Et pourtant, qui a osé dire que Hollande devrait désormais s’appeler Allemagne ?
Un dernier mot : Il ne s’est pas trouvé, un journaliste, un commentateur, un responsable politique pour protester contre la sortie de nombreux drapeaux turcs, marocains et algériens, à la Bastille.
Je le fais. En Français et en républicain.
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