Philippe Herlin dans Atlantico
Des économistes ont signé une tribune dans Le Monde pour soutenir François Hollande. La question se pose tout naturellement : pourquoi n'a t'on pas assisté à une initiative comparable en faveur de Nicolas Sarkozy ?
Parce qu'être libéral en France est mal vu et que s'afficher comme tel est risqué. Parce que la crise est mise sur le dos du libéralisme alors qu'elle est due à l'intervention de l'Etat (l'endettement public) et des banques centrales (la Fed qui baisse ses taux en 2001 et favorise ainsi la bulle du crédit immobilier). Le "crony capitalism", le capitalisme de copinage (entre les Etats et les grandes banques) y a également une part déterminante, bien sûr. Et aussi parce que quasiment tous les économistes universitaires sont keynésiens et donc favorables à une forte intervention de l'Etat.
Nicolas Sarkozy porte aussi une part de responsabilité
Nicolas Sarkozy est trop interventionniste pour susciter l'adhésion des milieux libéraux. Mais surtout, le problème de fond est qu'il n'y avait aucun candidat authentiquement libéral à cette élection présidentielle, personne n'était là pour dire "l'Etat n'est pas la solution, c'est le problème". Le débat a été complètement faussé. "Ultralibéral" était l'insulte la plus communément utilisée, ils auraient mieux fait de se traiter d'ultraétatistes !
Mais il y a tout de même des points positifs. Nicolas Sarkozy s'engage sur la baisse des dépenses publiques et la règle d'or, des points fondamentaux qui le distinguent du candidat socialiste. C'est celui qui défend le mieux la liberté d'entreprendre, n'oublions pas la réussite du statut d'autoentrepreneur. Pour moi, clairement, pour le deuxième tour, toute personne attachée à la liberté d'entreprise et au marché doit voter pour lui, et s'il s'abstenait il le regretterait rapidement.
A savoir si François Hollande est dangereux pour la liberté d'entreprise, il y a des paroles dont il faut bien prendre la mesure. Vouloir taxer à 75% ceux qui gagnent plus d'un million d'euros, c'est une sorte de racisme social. On entre là dans une logique de bouc émissaire et d'exclusion sur des critères non pas raciaux mais sociaux. Et où cela s'arrête-t-il, on commence à un million d'euros de revenu annuel, puis ensuite on rabaisse la barre (on est encore "riche" à 800.000 euros par an, 600.000, etc.) ? C'est une logique très dangereuse, basée sur le ressentiment, cela me révulse profondément.
Avec François Hollande et son programme de hausse de la dépense publique, nous serions à coup sûr rapidement dans la situation de la Grèce ou de l'Espagne. Nous ne serions pas garantis d'échapper à ce destin funeste avec Nicolas Sarkozy, mais outre un programme économique clairement plus sérieux, il y a chez lui une volonté réformatrice qui peut nous permettre de nous en sortir. La crise que nous connaissons est profonde et durable, l'incertitude grande, mais en ce qui concerne le choix à faire le 6 mai prochain, pour un économiste libéral, les choses sont très claires.
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